LUCIFER ERME
▬ 12 janvier 1902 - Deux jours après Sodome
Le temps était trop court pour organiser quoi que ce soit. Mais c’est ainsi, j’avais passé les jours suivant Sodome à m'occuper de mes affaires, sachant que la nuit de Sodome je l’avais passé avec Alva dans … cet étrange moment entre dispute et petite révélation qui me faisait prendre conscience de milles choses… Alva avait voulu me rejeter pour Ermelinde, pensant que je l’aimais autant qu'il pouvait m’aimer, c'est triste pour Ermelinde mais je ne partageais pas ses sentiments. J’en avais d’autres mais il n’était pas de cet ordre. J’avais des ambitions pour la sorcière, en faire une partenaire dans mes affaires, quelqu’un de confiance pour qu’elle s’épanouisse dans ce côté magique qui l’attirait trop, qu’elle ne soit pas juste qu’une lady mariée au premier crétin ayant de l’argent, qu’elle aile au-delà d’une condition de femme ! Qu’elle soit une sorcière merde ! Mais notre relation ne pouvait plus continuer ainsi, sinon cela allait s‘approcher d’un lien comme avec Sam et je sais comment se termine cette affaire. De plus, je suis persuadé que la petite sorcière d’ombre, n’aime en moi que le pouvoir et ce que je peux lui apporter, rien de plus et comme elle est passionnée elle s’est emportée. Un enfant qui vient de grandir d’un coup et qui est instable en prime. De toute façon, je suis incapable d’accepter et de comprendre qu’on puisse m’aimer comme ça gratuitement pour ce que je suis au fond et non pour ce que je représente. On m’a toujours utilisé, on a toujours voulu me mettre une laisse par rapport à tout ce que je suis, qui je suis et ma puissance… donc pourquoi soudainement il aurait deux personnes dans ce monde (or mes gosses et Blanche) à me trouver si bien ?
Si quelque chose semblait se clarifier dans l’affection impressionnante que je portais pour la louve, il restait celle pour la sorcière, qui était bien moindre mais suffisamment importante pour que je sois en train d’y penser. Il était certain, qu’on ne pouvait pas continuer ainsi, elle avait fait un acte de foi inattendu, elle avait été détruite pour ça et je devais lui donner quelque chose en échange, un soutien qu’elle avait décidé d’obtenir auprès d’une inconnue. Oui je me devais quand même d’être là pour Ermelinde, même si elle ne voulait plus rien… et niveau relation, je pense qu’on devait changer des choses, j’avais une vague idée de ce que je voulais, refusant de bazarder à la poubelle mes ressenties pour cette petite chipie qui me fait tant péter un câble. Avant je l’aurais fait, je serais venu pour être odieux et briser tout. Mais là, si je me pointe devant chez elle à 12h30 c’est bien pour discuter entre adultes et changer les choses. Je ne pouvais lui apporter ce qu’elle désirait : un couple, un amour éternel et très culcul. Et parce qu’elle m’avait dit par deux fois qu’elle m’aimait que le travail à Avalon eût porté ses fruits, je ne pouvais pas la faire espérer. Et puis bon, je crains dans ce domaine, mon affection pour la louve se rapproche grandement de ce sentiment que je m’interdis, donc ça ne serait pas sain pour toutes les deux. Et je ne comptais pas perdre Alva non plus, je ne pouvais même pas envisager cela, est-ce de l'amour ? J’en sais trop rien, et si je ne sais pas définir mes sentiments, pour la sorcière je sais que c’est bien moins… et pourtant mon affection pour elle est sincère et différente de ce qu'elle éprouvait. J’avais du mal à mettre des mots, car je ne suis pas habitué à apprécier vraiment quelqu’un et que ça tombe dans ce registre sentimental là… Ermelinde était quoi pour moi ? Pas une compagne, ni une petite amie, elle était mon amante principale jusqu'à maintenant et une future partenaire d'affaires. Oui voilà, je voulais qu’elle marche à mes côtés, mais en tant que partenaire… élève et mentor ? Mouai, ami serait plus simple, mais dans des buts commun avec cette belle fidélité qu’elle m’avait prouvé, une partenaire dans le monde magique sur qui compter sans pour autant redouter qu’elle va me la faire à l’envers. j’avais besoin de personne fiable, surtout avec ce qui se trame en enfer. Des personnes fiables que j'estimais et appréciaient suffisamment pour ne pas m’en servir comme appât. Et Ermelinde avait du potentiel pour être une grande dame ! Oui, je veux quelque chose de plus “saint” entre nous, sans envie, sans jalousie pouvant la conduire à être une Sam deux…Oui c’est moi qui parle de « saint » à croire que quand tu es dans mon petit cercle d’affection, je suis moins connard…c’est mon souci ça, quand je commence à apprécier quelqu’un j’ai tendance à être loyal… et m’accrocher jusqu’à la fin, qui se finit toujours en trahison de l’autre. Et je dois dire que j’avais sentie de drôle de chose après mon combat avec Bibiche venant d’Ermelinde qui m’avait poussé à m’éloigner. Mais je pouvais lui apporter autre chose…
Enfin bon, j’étais mitigé, j’avais réfléchi longuement et je vais bien voir se que cela va donner, je vais essayer de la garder, puisque je l’apprécie suffisamment et que bon … elle est perdue au fond, c’est une gamine qui manque de beaucoup de chose et qui veut plaire à tout le monde tout en gardant son petit côté royal. Son potentiel m’est intéressant et je pense qu’on peut trouver une autre dynamique plus saine et plus équilibrée… en espérant que tout cela soit entendu et ne parte pas en éclat quand elle sera avec l’autre sorcière. De toute façon, je la laisse faire ses choix, en réalité elle a toujours fait sa vie comme elle l’entendait. Et elle devait apprendre de ses leçons et ma foi si c’est pour tomber avec la copine toxique… je serais là dans l’ombre à la récupérer quand elle connaîtra le goût infect de la trahison.
Un paquet sous le bras, puisque je lui avais ramené un souvenir d’Avalon, je grimpai les marches du pavillon prussienne. J’avais quelques minutes de retard en regardant ma montre, le passage pour voir ma fille m’avait pris plus de temps… engueuler les soignants ça prend toujours du temps de toute façon. Même si cela n’allait pas aider Tabitha à sortir du coma, mais ça soulage les nerfs. Je transplana immédiatement dans son atelier, j’avais hésité à faire la blague de passer par la porte, mais cela n’était pas foncièrement drôle soyons honnête. Surtout que j’avais mes pouvoirs. Je me retrouvai donc vers le fond de la salle.
« Quel est le thème du jour ? » fis-je en la rejoignant, d’un pas félin.