Jungle Speed - Alexan & Cailean

Depuis ma transformation, j'ai l'impression d'être un nouveau-né qui veut tout toucher, tout voir, tout goûter et tout sentir. Le monde est plein de nouveaux sons, de nouvelles saveurs, de nouveaux parfums. Certains jours, cela m'agresse encore, comme si mon ancien moi humain en plein changement refaisait surface. Le reste du temps, cela m'exalte, et si je ne le laisse pas forcément paraître, je dévore la vie avec encore plus d'entrain et d'appétit qu'auparavant.
Et aujourd'hui, je crois que je suis encore plus heureux que d'ordinaire d'avoir de nouveaux sens. Parce qu'aujourd'hui, je re-découvre la jungle profonde, celle dont je pensais connaître tous les secrets à force de l'avoir parcouru en long, en large et en travers, autant pour la Ligue que pour Chester. Le chant de l'oiseau sentinelle, et les cris des martins chasseurs, si semblables au rire des singes, le bruissement de l'eau contre le bois de la pirogue, même la respiration de mes compagnons donnent un spectacle sonore qui complète si parfaitement la magnificence visuelle qui nous entoure qu'on croirait être dans un songe. Ou au paradis.
Et puis, je n'ai pas été malade. C'est ma première mission en dehors du Royaume-Uni depuis ma transformation et un voyage dans la jungle, un changement de climat tout du moins, était le test ultime et décisif pour savoir si j'étais réellement sauf et guéri.

Je cesse de pagayer pour récupérer ma carte et tirer ma boussole Ewing de ma chemise, dans laquelle elle est toujours cachée et protégée, tout contre ma peau. Je déplie l'instrument avec soin et vérifie notre position.

-Nous ne devrions plus être très loin de la zone où ont été recensé la majorité des attaques…

Je range mes instruments de navigation et reprends ma pagaie pour aider Cailean et Alexan à ramer.
Lorsque Nemo m'a proposé cette mission en Amazonie, je n'ai émis que deux conditions. Pouvoir emmener Cailean et Alexan avec moi -ce dernier aura suffisamment de force pour me contrôler en cas de problème durant la pleine lune si notre mission s'éternise, quant au premier, je tiens à garder un oeil tendre sur lui et puis, il s'agit de mon pupille, je dois le former- et voyager par tout autre moyen que les airs, tant pour aller d'un continent à l'autre que pour la suite. Le Capitaine n'a mis que quelques petites secondes à accepter. Peut être juste le temps de se rappeler que j'avais survécu à un crash de dirigeable et que cette partie là deviendrait à jamais non négociable dans le futur.
Plus. Jamais. Je. Ne. Volerai.
Sauf sur le dos d'une créature, éventuellement. Tant que celle-ci est bien vivante et peut naturellement voler.
Nous voilà donc tout trois à la recherche de deux féroces reptiles, que la Ligue soupçonne d'être des métamorphes redevenus sauvages.

Les beaux jours étaient de retour à Londres, Alexan était habitué à partir à l’autre bout de ce monde, cela lui allait bien pour être franc. Il avait un peu de mal à rester cloîtrer à Londres trop longtemps. Même si avec la mission réalisée en novembre avec Alva Hennessy, il avait un « copain » lion, un lion néméen qui gardait le territoire de Moris Luna. Cela donnait vaguement une forme de tribu féline au grand Lamassus. Il voyait de temps à autre Rasha avec l’accord des loups. C’est quand même un brin étrange mine de rien. Enfin bon, il était ravi de se rendre dans l’enfer vert d’Amazonie… rien ne pouvait lui faire peur et encore moins une forêt ! Il aurait mille chose à découvrir et surtout, cela voulait dire : avoir la paix pour qu’il ne soit pas contraint d’être toujours en forme de deux pattes ! Ils devaient rejoindre une partie sauvage et peu civilisée de cette immense forêt verdoyante, où deux métamorphes reptiles semaient la peur et l’horreur sur leur passage. Ils auraient apparemment perdu le contrôle de leurs instincts ou bien tout bonnement décidé de perdre leur humanité. L’un comme l’autre, cela donnait un sacré souci auprès des populations locales et la naissance de quelques mythes dérangeant menant à mal l’existence du monde magique, il était fort aimable que pour le moment cela ne se propage pas comme de la graine au travers du Brésil ! Pourraient-ils les raisonner ou bien est-ce trop tard ? Grande question.

En tout cas, il partait avec Huck, un deux pattes fiable et doué sur le terrain, qui avait apparemment changé de race. Devenant un loup de la meute de Moris Luna, ce qui était courageux aux yeux du Lamassus de vouloir changer son identité génétique. Selon Nemo, ce dernier avait demandé expressément sa présence, pour l’aider à se contrôler si leur mission déborde jusqu’à la pleine lune, afin de stabiliser d'éventuels instincts mal gérés (décidément tout était question de cet instinct). Le lion avait pris cela comme un honneur d’être cité avec une telle confiance.  En revanche il avait aussi le jeune Cailean, si Alexan était ravi de le voir enfin sur le terrain, il se demandait si le jeune homme avait pris plus de courage en lui et serait moins peureux. Enfin, cette mission serait le moyen de le confronter un peu à la réalité de ce qu’ils faisaient ici à la Ligue. Sinon, il faudrait qu’il envisage un emploi plus calme pour ses nerfs. Ce n’est pas un mal, d’être dans l’administration ou même dans d’autres services. En tout cas, en combat il se débrouille chaque jour un peu mieux. Pour ses pouvoirs, on va dire que son conseil d'aller voir Tomoe avait été un échec (et il en était désolé), mais on se demande bien qui était la raison (et donc il n’était pas surpris que la manière de faire de Lucian n’ait pas collé. En soit, mettre quelqu’un face au péril n’est pas une mauvaise idée, il est juste un peu présomptueux de penser que le jeune deux pattes était prêt) … et en ça, le gardien commençait à se demander comment allait réagir le sorcier face aux dangers… puisque ce monde n’en manquait pas. Même s’ils vont être deux à le protéger, il va bien falloir qu’il use des armes… au moins, cette fois le deux pattes était avec lui et il n’aurait rien à craindre sauf d’être piqué par des moustiques… enfin bon, il ne pouvait s’empêcher d’être un tantinet inquiet. Son inquiétude disparaît momentanément quand on leur indiqua dans « quoi » ils vont voyager pour gagner l’autre continent ! UN BOITE DE CONSERVE SOUS l’EAU ! Tous ses poils s’étaient alors irisés ! Déjà que bon, l’eau c’est bien pour se laver mais on ne va pas quand même pas lui demander de faire trempette comme ça …mais voyager ! VOYAGER sous des litres d’eau !!!!!!!!! Dans un endroit étroit où il ne tenait pas debout ! Non Franchement, le gardien passa tout le voyage dans sa cabine, détestant le bruit du sous-marin, le confinement et l’étroitesse des espaces ! Il décréta que PLUS JAMAIS il ne remontera dans cet enfer ! Et en prime il avait attrapé le mal des profondeurs, histoire que son séjour soit complet !


L’humidité constante apportait une drôle de sensation entre la chaleur et la moiteur, mais le mieux était quand même les paysages qu’ils découvraient en pagayant sur leurs pirogues contenant leurs trois corps, leurs sacs bien chargés et quelques vivres. Comme souvent, Alexan était silencieux, parlant pour répondre aux questions ou même commenter quelques découvertes locales, les montrant au plus jeune de la bande.

« On pourra relever des empreintes et enquêter… les attaques étaient au crépuscule. Enfin le plus souvent. » le regard du lion s’attarda sur un immense poisson qui serait parfait à la broche « On en profitera pour trouver un lieu de campement. »

J'acquiesce vaguement à l'adresse d'Alexan, pose ma pagaie quelques secondes, le temps de m'étirer et faire craquer mes vertèbres, puis reprends en rythme.

-C'est le meilleur moment pour les prédateurs qui veulent chasser. C'est le moment où tout se brouille et les proies en profitent pour aller boire.

Je plisse les yeux pour examiner les environs, mais les dires de mon petit protégé sont pour l'instant une vérité.

-On va finir par trouver une vraie rive, avec une vraie terre, un vrai sol, ne t'inquiète pas Cailean. D'ailleurs, certaines des attaques ont eu lieu dans la forêt. Par contre nous dormirons quand même dans des hamacs. De la même façon qu'il n'est pas conseillé de marcher pieds nus dans la jungle, il vaut mieux éviter de dormir au sol autant que dans les cimes pour éviter les insectes et les singes. Pour ne citer que cela.

Je me redresse un peu sur mes genoux, le regard attiré par un mouvement dans l'eau. Des vaguelettes.

-Ne laissez pas trainer vos doigts dans l'eau, il y a un banc de piranhas pas loin. Normalement ils ne s'attaquent pas à l'homme ni aux gros animaux… mais ne prenons pas de risques.

Tout me parait si…. Naturel ici. A force de missions et d'expeditions, je suis aussi à l'aise ici que dans ma chambre à la Ligue.
Nous pagayons encore un moment, avant de rejoindre enfin la rive, dans une zone où la végétation a été très abimée par des traces manifestes de combats.
Nous y sommes. Enfin.
J'attends que mes compagnons descendent de la pirogue pour la tirer à l'abri des flots. Je reste encore parfois surpris par la force nouvelle qui m'habite depuis que je suis devenu loup. Avant, j'aurais un peu peiné à le faire. Maintenant, c'est aussi simple que soulever un oreiller.

-Je propose que nous commencions tout de suite à chercher des indices sur les prédateurs auxquels nous avons à faire si vous n'êtes pas trop fatigué. Sinon, nous trouverons un coin où nous reposer avant.

Je lève les yeux vers la canopée, où un groupe de singes bondit de branches en branches en criant.

-À vue de nez, je dirais qu'il nous reste trois ou quatre heures avant la tombée de la nuit.

Et aussi, la nuit couvre les silhouettes et permet de jouer sur une vision moins fine que le jour. Ce détail, le lion, ne le formule pas, non pas pour ne pas vexer le loup, mais simplement parce que ça n’avait pas d'intérêt. Tous deux étaient des prédateurs et savent très bien comment attraper le plus facilement des proies… Quoique l’homme devenu loup devait sûrement encore apprendre et concilier avec son instinct. Cela rentrait en conflit avec son ancienne nature ? Bonne question.

Quant à celle de Choumie, oui bien entendu, ils trouveraient une véritable rive quitte à ce que lui s’envole pour trouver un endroit plus stable. Mais rallier via le fleuve l’endroit des attaques et donc non loin du village était la solution la plus rapide et surtout la plus logique pour observer la faune tout en étant protéger par l’onde… ouai enfin pour un gros chat comme lui cette eau était loin d’être sécuritaire ! Surtout avec des poissons aux petites dents redoutables dedans. Le Lamassus jeta un œil au remous de la pirogue et retrousse le nez. Oula non, il ne mettrait même pas une moustache dedans ! Déjà car c’est de l’eau et secondo… il n’avait pas envie d’avoir du poiscaille accroché au nez !

Quant à marcher pied nu dans la jungle… le lion se demandait bien pourquoi ils feraient de telle chose… coussinets nus oui mais bon, encore une fois, il se contenta d’hocher la tête à l’expertise d’Huck qui semblait bien connaître cette forêt nommée l’enfer vert. Dormir en hauteur ne le dérangeait pas, pour cela qu’ils avaient dans leur sac des hamacs proprement repliés pour tenir le moins de place possible.

Au bout d’un moment, ils arrivèrent vers une rive saccagée par quelques traces de combats… il avait des traces d’empreintes visibles, mais surtout un peu de sang. Alexan, sauta sur la rive sans toucher l’eau et attrapa la pirogue dès que le loup la ramena, et même s’il n’avait pas besoin d’aide, il souleva la barque avec. C’est une question de respect et ils étaient trois dans cette mission, il était normal de se partager les choses comme une meute ou une tribu.

« Choumie ?  » question al lion, il était le seul deux pattes et donc le seul à être potentiellement réellement fatigué. « On a déjà quelques empreintes, signe que nos deux méta ne font pas dans la dentelle, comme vous dites. Et ce sang séché est une trace comme une autre. On a surement affaire à deux métamorphe qui se lâchent complètement et donc avec potentiellement peu de moral et de limite. Mais on en saura plus en enquêtant, ce n’est qu’une impression. » commenta le lion, avant de se mettre en marche dans la forêt qui était magnifique !

« Suffisamment. Nous sommes deux nyctalopes, Choumie tu resteras entre nous deux. Pas besoin de signaler notre présence avec des torches.  »

Alexan laissa Huck prendre les devants, il avait un flair plus élevé que le sien. Il ouvrit la carte voyant que le village était à une bonne heure de marche s’ils ne se perdaient pas… et fort heureusement ce ne fut pas le cas, sans aucun doute qu’il avait un peu de magie lupine là-dedans… après tout il devait avoir des odeurs des deux pattes ?

Ils arrivèrent près d’un village sur une dizaine de cabanes montées sur pilotis ou le fleuve avait fait un décroché. Et à leur plus grande surprise (lui et le loup purent sentir le fumet différent comme voir un ara rouge reprendre forme humaine d’une jeune fille et courir se cacher.) … ce n’était pas un village d’humain, mais un clan de métamorphe. Alexan se rappela alors les dires de son ami Kieran… Les carnivores étaient souvent à part et attaquaient parfois les « herbivores »… ou étaient mis en dehors du village. Peut-être qu’originellement le serpent et le caïman étaient ici chez eux, avant d’être jetés dehors par le chef du village.

La barrière de la langue allait être assez difficile… mais Huck parlait ce dialecte et surtout les pensées n’ont pas de langue, le trio arrivèrent à trouver le chef, tout en déclinant leur identité et l’organisation afin de rassurer la méfiance naturelle des autochtones. Le chef qui était une femme, se trouvait dans le fleuve sous forme d’un dauphin rose, sortant de l’eau sans se soucier de la nudité de son corps… Pour être franc, les habits de cette civilisation n’étaient pas aussi stricts que ceux de l’Angleterre. Elle avait un certain âge et un plateau dans la bouche. Elle attrapa sa tunique et sa couronne de plume jaune.

« Je suis la cheffe du clan de la rivière, Enola. Vous êtes venu pour une raison particulière hommes de l’autre monde ?  » demanda t’elle. La Ligue ne disait rien à ce peuple, pour cause la remontée des accidents avaient été faite par des aventuriers ou des colons blancs venant distribuer des médicaments aux différents villages.

Village
Chef Enola

J'adresse un sourire affectueux à mon courageux petit protégé. Moi, je suis un peu inquiet. Pour lui. J'ai toujours l'impression qu'il est tout fragile.

Nous atteignons la rive, et je remercie Alexan lorsqu'il m'aide à tirer la barque. Cela va indéniablement beaucoup plus vite. Je me penche ensuite sur les empreintes et les traces de sang. Je les examine soigneusement, les mesures à l'aide de mes paumes et mes doigts.

-Caïman et un très très gros serpent. Je ne sais pas si c'est un boa ou quelque chose de plus gros, comme un anaconda… les traces de ses anneaux ne sont pas très nettes.

Je lève les yeux sur mes deux compagnons, puis me redresse.

-Chargeons nos sacs et allons-y.

Je récupère mes affaires et prends la tête de notre minuscule expédition, me fiant plus à ma vue qu'à mon odorat, que j'apprends encore à utiliser. En me basant sur ces deux sens, je parviens à remonter la piste sans trop de difficultés. Nous nous enfonçons dans la jungle, gardant toutefois un trajet parallèle à la rive, que nous rejoignons parfois, avant de finalement nous éloigner progressivement du fleuve. L'odeur d'eau se fait de plus en plus douce et chargée de quelque chose de végétal, de moins minéral et vaseux. L'humidité de la forêt, je crois.
Je sens le village avant même que les premières maisons ne se dessinent à travers la végétation. Le parfum étrange du fleuve revient progressivement chatouiller mes narines au fur et à mesure que nous nous rapprochons.

-On arrive au village… mais la piste continue plus loin, au-delà, il me semble… Je ne maitrise pas encore parfaitement mon odorat.

Et enfin, au détour de quelques buissons et de feuilles de songes gigantesques, la rive nous apparaît et le village également.
Et il ne fait pas encore nuit, merveilleux !
Les effluves animales et humaines sont plus fortes ici. Et plusieurs mouvements que je saisis du coin de l'oeil me confirment qu'il s'agit bien de métamorphes.

Il me faut essayer deux dialectes avant de tomber sur le bon, que je maîtrise suffisamment pour comprendre et me faire comprendre. Ce n'est pas parfait, mais c'est un bon début. Et à vrai dire, je pense qu'en quelques jours ici je pourrais parler couramment la langue de ce peuple.
C'est finalement un enfant qui nous conduit droit dans une petite crique cachée par l'une des habitations. Sa petite main lâche la mienne lorsqu'il prend la fuite en apercevant un dauphin rose. Surpris par le spectacle de cet animal rare, je sens mes lèvres s'entrouvrir sur un faible "C'est incroyable" avant de… rougir en réalisant qu'il s'agit de la chef du clan et que, Nom de Dieu, elle est nue.

-Chef Enola…

J'incline respectueuse la tête.

-Nous avoir… avons reçu… pardon, je suis Huck, et ici vous avez Cailean et Alexan… nous sommes venus vous aider. Nous avons entendu, reçu des messages sur des attaques et, mmh…

Je cherche un instant mes mots, sans les trouver.

-Pouvons-nous aider ?

La chef nous dévisage tous de haut en bas, longuement, avant de revenir à moi.

-Qu'êtes-vous ?
-Quoi ?
-Vous n'êtes pas comme nous.

Je n'hésite pas un instant.

-Je suis un loup qui se change à chaque lune. Cailean est un chaman de l'eau. Alexan un lamassus, un lion ailé vieux. Non, ancien. Pardon. Je ne parle pas très bien la langue de vous.

Nouvel examen sous son regard perçant. Puis elle nous regarde tour à tour.

-Fils de la lune. Petit chaman. Gardien d'un ancien monde.

Elle acquiesce.

-Je ne sais pas si je peux vous faire confiance. Il nous faut du temps pour décider de cela.
-Oui. Peut être on peut rester ici pour que vous décidez si vous pouvez nous faire confiance ou si nous devons partir. Attendez, s'il vous plait. Je traduire.

Je traduis notre échange à mes compagnons et conclus par quelques mots.

-Vous voulez dire quelque chose à la chef Enola ?

« Près de l’eau, c’est plus de l’anaconda si je me souviens bien des cours rudimentaires sur la faune locale. » répondit le lion au commentaire du loup. Enfin, il n’était pas certain, il n’était pas expert dans ce domaine. En tout cas, cela avait l’air d’être un gros reptile pas commode.

Bien si Choumie se sent de les suivre, tant mieux, néanmoins qu’il ne nécessite pas en, cas de grosse fatigue. Enfin Huck ou lui le verront très vite et le lion, serait tenté de laisser le jeune deux pattes pousser ses forces pour s’éprouver un peu lui-même et se connaître dans ses limites. En revanche, il ne comprend pas pourquoi il garde les pagaies dans ses mains, il compte faire un peu de musculation ? Enfin, qu’importe le lion ferme donc la marche.  En arrivant vers le village, Alexan essaie d’humer un peu mieux cette piste que le loup tient mieux que lui… Il semblait du même avis, or, il n’avait aucune certitude.

« On fera un tour, pour voir si elle continue. » dit-il en coupant la poire en deux, sans commenter sur les nouvelles capacités d’Huck qui apprennent chaque jour à maîtriser. Non, il n’avait rien de honteux à reconnaître qu’il était en apprentissage. Cela devait être même un sacré choc, de passer à un nez peu efficace à tout percevoir d’un coup… franchement, on ne se rendait pas compte de ce que pouvait vivre Huck, lui même ne pouvait que déduire et faisait un parallèle surement bien nul, se disant que si un humain pouvait devenir un Lamassus, il serait perdu et dérouté. Et même dans le cas inverse.

Enfin bon, il était ravi d’avoir quelqu’un parlant ou baragouinant le dialecte local ! Huck avait essayé plusieurs confirmant son expertise sur ce coin de monde ! L’homme lion, ne comprit pas en quoi cela était incroyable de voir une nouvelle espèce animale, un peu moche et étrange, avant de comprendre qu’il s’agissait d’une créature rare en plus de la cheffe du clan de métamorphe local. Nullement gêné par sa nudité, à laquelle il ne porte que peu d'intérêt, il laisse son ami canin, faire la conversation, hochant la tête à son prénom. La femme, ne savait pas si elle pouvait leur accorder la confiance ou non. C’est compréhensible et il sentit une autre méfiance, deux prénoms semblaient revenir dans ses nuages avec une forme d’inquiétude et une déception : Kama et JaKa…

« Tu peux lui dire que nous sommes là pour les aider et non en ennemis. Une fois, la menace neutralisée, nous ne les dérangeons plus. Hum, si elle peut nous informer des relations avec les colons blancs, qui sont les victimes prioritaires des attaques et si elle peut nous aider à ce sujet. Peut-être qu’elle connaît les deux métamorphes dissidents.  » il leva le nez vers la nuit qui tombait « Et si elle veut bien nous loger pour cette nuit, afin qu’elle puisse apprendre un peu de nous et nous offrir sa confiance ? Nous chasserons le repas. » proposa le lion pour faire bonne impression auprès du cheffe sans pour autant abuser d’une hospitalité généreuse.