(mission) Gran Mèr Kal Quelle heure i lé ? (+ Alexan)

Franchement, il avait pesté tout du long dans sa tête de prendre une boîte de conserve volante ! Il aurait pu s’y rendre en volant, il aurait mis plus de temps certes, mais cela aurait été un voyage plus agréable. Là dans cet avion, ne battant nullement des ailes, il avait l’impression de découvrir la fadeur d’une vie… l’avion retirait tout charme à la sensation de voler ! Non, cela était à peine grisant, sauf peut-être l’atterrissage un peu difficile du pilote… vraiment lui aussi devrait apprendre à voler, mais vraiment voler ! Alors, c’est sans aucun regret, qu’il se leva pour gagner le sol de l’île. Non ! Plus d’avion, un aéronef pourquoi pas, cela était « passable » mais plus d’avion ! Ils avaient été secoués ! Bon, il trouva toutes les raisons du monde pour râler et c'est en sentant les rayons du soleil et l’humidité de l’ile qu’il eut un rictus. Il partait en mission et il adorait ça ! Voilà de quoi le remettre de bonne humeur. De plus, il se rendait avec … eh bien le faux garçon avec qui, il avait fait équipe pour l’attaque du Lupus Dei. Ils ont bien fonctionné ensemble.

Son regard couleur orage se tourna vers un homme leur donnant la lettre, pour une fois, il en avait une sur place et non au départ. Soit, il ne se formalise pas… hochant la tête tout en remerciant cet homme affable. Le manque de confort ne le dérangeait en aucun cas. Peut-être était-ce le cas de son coéquipier ? Bon, il n’avait pas fait grand cas de sa véritable apparence, prenant par respect celui qu’il lui avait donné.

« Et surtout de la lire en public. » confirma naturellement le lion. Sasha a un rang de plus que lui, donc il va mener la mission. Enfin aux yeux du lion, cela allait être une collaboration entre deux adultes, dont un plus âgé certes mais il n’aurait qu’un lien ténu de hiérarchie. En voyant leur « carrosse », il manqua de soupirer … il avait déjà du mal avec les fiacres tirés par des steaks sur pattes… mais celui-ci semblait encore plus lent et appétissant que les autres. Enfin bon, il décida de ne pas s’en formaliser et taire son instinct de prédation que sentait déjà la pauvre et frêle créature qui pressa le pas.

« Oui et c’est aussi ton cas ? » puisqu’il avait utilisé le tutoiement, il garda cette manière de faire. « C’est la première fois que nous partons ensemble en mission. Comment fonctionne-tu ? Pour ma part, je pars du principe que nous sommes une équipe et qu’on doit communier et pas s’imposer nos choix. Enfin je fais cela avec Tomoe Gozen. » s’enquit-il de sa noblesse habituelle. « Tu acceptes aussi la communication… non orale ?  » demanda t’il prudemment, même si le paysan ne parlait que Français et ne comprenait rien aux paroles des deux étrangers qu’il trouvait trop pâle.  

Il hocha la tête, un peu pensif, cet endroit leur était inconnu à tous les deux. C’est une bonne chose pour leurs connaissances personnelles mais à la fois, ils étaient à l’aventure la plus totale.
« Je suis d’origine d’Assyrie. Je connais ce continent dans sa majorité. » répondit-il avec sa bienveillance habituelle et son ton grave. Cette conversation découla sur la manière de fonctionner, élément important pour le Lamassus surtout qu’ils devraient vivre ensemble quelques jours. Autant mettre le tout au clair. La jeune femme qui était un jeune homme pour la façade semblait d’accord avec ce principe voir même satisfaite de cet accord.

« Nous verrons, je ne pense pas que nous aurons des désaccords trop marqué…surement ceux de « civilisation mais rien de plus ». » il avait employé ce mot exprès, pour ne pas dire de race. « Tu es loyal, je le suis aussi et la bonté en toi, me fait dire que nous aurons sûrement plusieurs avis en commun. Dans tous les cas en cas de désaccord nous discuterons, je ne suis pas un li…un homme fermé d’esprit. »

Et surtout qu’il ferait une concession, Alexan est facile à vivre, il à son petit caractère mine de rien, mais ce n’est pas une personnalité difficile ou même instable. Comme souvent, il vit quelques mots flatteurs à son égard dans la tête de Sasha et quelques autres un peu brouillons, qui ne le regardaient pas vraiment, sur le fait qu’elle était tête brûlée ? Il ne chercha pas plus loin.
Puis qu’elle accepte, elle sentie dans son esprit une salle blanche, leur salle où elle pouvait mettre ce qu'elle voulait. Cela n'était pas toujours facile et le Lamassus allait l’aider mais au moins elle serait rassurée qu’il n’a pas accès à autre chose que ça.

* Ma race parle ainsi naturellement. Néanmoins, je m’adapte aux autres, je n’utiliserais cette salle que pour te parler en cas de besoin. Tu peux faire de même. Je n’ai pas accès à ta psyché ici donc je ne risque pas de lire des éléments involontaires. * rassura t’il. Généralement les gens acceptent volontiers avec ce principe de salle mentale, sauf une : Huck qui avait très mal réagi.

La lettre était pauvre en information, comme souvent. Les briefings plus cadrés étaient pour des missions plus risquées ou bien des mini guerre contre des organisations dangereuses, ayant subi infiltration ou même un espionnage en règle. Enfin cela ne dérangera pas le lion, il faisait avec.

« Bien, nous verrons sur place avec les parents. Je vais aussi dormir, j’ai des heures à rattraper. Sinon je suis grognon. » finit’il avec humour, s’installant dans cette chariotte de sa grandeur. Sasha faisait vraiment mini modèle à côté de lui. Il passa une main sur son visage et essaya de s’endormir bercé par le bruit des sabots - qui donne presque faim – et le balancier de leur moyen de locomotion trop lent ! Mais au moins la sieste de deux heures fut salvatrice !

 

Bon, il semblait qu’ils soient tous deux d’accord sur la manière de fonctionner et le respect des autres concernant les idées et avis. Il se contenta alors d’hocher la tête en signe d’accord. La suite, notamment l’intrusion dans sa tête fit sursauter la jeune femme, qui ne s’y attendait pas du tout.

« Les deux me vont. »

Chacun réagissait différemment, des personnes comme Amélia allaient directement dans le mental oubliant les paroles, alterner les deux ne dérangeait pas le lion, il s'adapte à son entourage. Il bailla et se mit en place comme il le pouvait dans cette charrette regrettant de ne pas être sous forme originelle pour mieux somnoler. Le soleil sur sa peau est plaisant et il retenu un ronron dans le creux de sa gorge. Il dormie la plupart du temps, entrecoupé de mini réveil par des bruits d’animaux ou les railleries de leur cocher sur son âne feignant… ainsi, quand l’arrêt fut définitif, il crut que ce n’était qu’une énième preuve de l’inconfort de leur voyage. La pression de Sasha le tira des songes et il s‘étira, observant le paysage de jungle autour d’eux. Il faisait assez chaud et il s'étonnait de sentir la moiteur de ses vêtements sur son corps. Pas très appréciable tout ça.

Il fit de même avec ses affaires saluant l’homme les ayant menés à cette cabane forestière.

« Je rejoins cet avis. »

Alexan ne parlait pas pour rien dire, alors il se mit en marche vers leur bâtisse, qui était loin d’être aussi confortable qu'à Londres, mais suffisamment à ses yeux. Cela était spartiate, deux hamacs, une cuisine, une salle d’eau à l’extérieur … l’eau n’était pas courante. L’intimité était à oublier aussi. L’homme déchargea leur affaires et sortit de la cabane observant le paysage complètement différent, lui arrachant un rictus … toute cette nature donnait envie d’exploration.

Ils marchèrent vers le village un peu plus bas, les maisons étaient atypiques avec de drôles de lézards dodues, apparemment des margouillats… ils chassent des moustiques. Fort utile pour le soir tiens !

L’habitation du premier couple se trouvait non loin et l’accueil fut… étonnamment chaleureux, a peine arrivé et présenté, qu’ils furent invités dans le jardin luxuriant de cette île avec un rhum arrangé dans la main et quelques fruits et autres denrées… bon cela manquait de viande pour le lion, qui ne fit guère de remarque. L’heure de l’apéro ? Oui, en tout cas, il était un peu difficile au lieu de comprendre le patois créole de leur hôte… il lançant un regard à son coéquipier au double sexe … espérant qu’il soit plus loquace que lui. Pour sa part il se concentrait sur les pensées des deux parents, certes joyeux mais ils avaient cette tristesse au fond de leur cœur, suite à la perte de leurs enfants.


 

Lui aussi était en accord sur l’achat de denrée même si chasser lui semblait être plus profitable. Il aurait bien de nouvelle créature dans cette île fort goûteuse non ? Enfin bon, si elles sont aussi fameuses que l’accueil des habitants, il allait envisager de faire ce que nomme les deux pattes des vacances ici ! Plutôt résistant (et merci sa carrure), l’alcool ne lui faisait pas peur et il accepta son verre de rhum aux milles saveurs sucrées, mais qu’il ne sentira pas du tout à cause de sa condition féline.
Pauvre parent, aussi chaleureux qu’ils sont, leurs cœurs étaient lourds de tristesse… peut d’espoir était dans leurs esprits. Souvent, ce n’est même pas de trouver la personne vivante qui importait, mais juste un corps et une explication. Afin de faire un deuil.

« Des détectives ? En quoi cela peut intéresser des indépendants… nous n’avons pas d’argent vous savez. »

« Nous sommes dans un service autre, enquêtant sur les phénomènes étranges et irrésolus. Vous n’avez pas à nous offrir autre chose que votre incroyable accueil.  » rassura le lion, pour encourager les parents à leur parler un peu plus en toute confiance.

« Oh… Je ne connais pas ce genre de service. Mais si vous voulez reprendre l’enquete. On peut vous dire la même chose qu'à la maréchaussée… notre fils s'est perdu en forêt avec des amis et Gran Mer Kal à du les prendre.  »

« Qui est Gran mère Kal ?   » demanda Alexan

« C’est une légende, pour les étranger mais pour nous c’est un esprit pris de chagrin qui hais les enfants.   »

La femme s’éclaircit la voix et se met à chanter une comptine :

« Les enfants jouent, ils chantent, et l'un d'entre eux rigole, un gros châle sur la tête.
"Gran Mèr Kal, quelle heure i lé" Scandent t-ils tous.
"I lé tôt... I lé tôt"
Ils jouent, à cet étrange jeu du chat et de la souris. La nuit commence à tomber, mais les petits continuent leur jeu, bien insouciants. Le piaillement agonisant d'un enfant se fait entendre... Mais les enfants, dans leur jeu, n'y prennent pas garde.
"Gran Mère Kal... Quelle heure i lé ?"

Ils s'éclairent désormais à l'aide de petites lampes à huile. Un bruit étouffé leur fait lever le nez.
"Minuit." leur répond une voix froide d'une femme. Elle se saisit alors de l'enfant, et l'emporte avec elle dans les forêts sinueuses de la plaine des lianes. Là où personne ne l'entendra plus jamais crier. »

La chanson est pleine de sens et à la fois bien obscure… mais généralement les légendes naissent avec des faits. Il en savait quelque chose.

« Et où serait cette Gran mer kal selon vos légendes ?   »

« Partout et nulle part à la fois…  »

Alexan hocha la tête et complimenta l’hôtesse de sa cuisine pour lui donner un peu de bonheur après cette chanson fort triste.

* « Là où personne ne l'entendra plus jamais crier. », une grotte, un lac ? Qu’en penses-tu ? * demanda le lion par pensée à sa coéquipière.
 

Leur enquête les menait vers cette petite comptine plus que sombre. Il y avait plus joyeux… mais au moins il semblait y avoir une piste sur la disparition des enfants. Le sursaut de Sasha amusant le lion qui ne laissa rien paraître, elle allait finir par s’y habituer.

* Les ondines d’eau douces existent pourtant si je ne m’abuse. Cela peut-être aussi un humain qui donne corps à cette chanson… Il faudrait trouver un lac bordé de forêt afin qu’il ne soit pas si facile à trouver. *

Sinon, les habitants auraient les corps et surtout un responsable. En tout cas, celui-ci prenait ses victimes dans ce village, ce qui est limité et peut-être qu’il ou elles vivaient avec eux ? Hum, vu la durée, cela ne constitue pas des crimes très récents non plus… la piste de l’humain ne semblait pas marcher, à moins qu’il eût une famille ? Drôle de tradition familiale.

* Hum, peut-être ou plusieurs créatures… mais elle ne doit pas se nourrir que des enfants, sinon c’est un repas très espacé.  *

Il n’en savait rien à ce stade, il avait parfois des explications farfelues et complètement inattendues dans ce monde. Ils continuent leur discussion avec cette famille avant de se lever et de rencontrer d’autres… Ils confirment les mêmes récits et ce fut donc un vieil homme qui leur évoque dans ses souvenirs bien lointain le lac en haut de la montagne, difficile d’accès à cause de l’épaisse forêt tropicale… surtout qu’il avait plu il y a peu.

« Je te propose qu’on parte demain matin en forêt, on va mettre au moins deux jours pour atteindre le lac. Mais c’est notre meilleure piste. »

Cela leur laissait le temps du reste de la journée pour prendre des vivres et s’organiser dans cette randonnée qui allait être assez périlleuse. Le temps passa relativement vite, quand le Lamassus s’égara un peu sur la plage et la beauté d’un soleil embrassant l’onde salé. Pour le repas du soir, ils avaient décidé de faire griller quelques poissons sur le feu… Alexan eut un rictus et rejoignit Sasha sur le sable.

« Pourquoi caches-tu ton identité à la Ligue ? » demanda t’il affable, tout en croisant ses jambes. L’odeur du poisson était alléchante.

* « Là où personne ne l'entendra plus jamais crier. », une grotte, un lac ? Qu’en penses-tu ? * demanda le lion par pensée à sa coéquipière.