There are nights when the wolves are silent and only the moon howls - Tristan, Alva, Sasha

La louve restait silencieuse, gardant cette apparence calme et un peu distante qu’il lui avait se réputation d’iceberg à la Ligue ou même au poste de police. Mais ici, au milieu des bois, dans un vêtement plus décontracté bien que parfaitement en ordre, son visage était plus serein et moins glacial que ce qu’elle avait l’habitude de servir. Elle était sur son territoire et arpenter les sentiers de la meute pour gagner cet endroit si particulier qui en était le coeur lui faisait beaucoup de bien.

Cette cérémonie était une occasion pour la co alpha de renforcer encore son lien avec la meute et de continuer l’apprentissage de son nouveau rôle au sein de celle-ci. Elle ne s’était élevée au côté de son père que depuis six mois et encore les quatre derniers avaient été particulièrement pénibles. Elle avait cette sensation de gravir une pente où chaque faux pas la renvoyait tout en bas mais la conviction d’être plus forte, était revenue depuis peu.

Elle n’avait que les informations de son père pour comprendre pourquoi Monsieur Finn faisait ce choix aujourd’hui, et même si elle le connaissait peu, l’estime que lui portait son alpha lui suffisait pour l’accueillir parmi les siens. La présence de Ashton était plus sujette à controverse mais une fois de plus, elle se fia au jugement de son père et les quelques regards et gestes prouvaient à quel point il avait sans doute eu raison. Il restait à espérer que ce jeune homme d’apparence frêle ne tourna pas de l’oeil ou ne se mette pas à ressentir trop de peur le moment de la morsure venue.

La petite réplique mentale de son père lui fit esquisser un léger rictus. * S’il ne tourne pas de l’oeil à la morsure ou à la première transformation, peut-être. *
*Il serait dommage qu’un agent de la Ligue soit si sensible ou manque de courage.* commenta Tristan.
* Et pourtant... * ajouta t’elle plus taquine jugeant les humains souvent bien moins résistants face à la bestialité que d’autres créatures. * Mais tu sais aussi que c’est toujours plus difficile quand la vie ou l’avenir d’un proche est en jeu. * tempéra t’elle
*Oui. J'espère ne pas être déçue par un comportement trop humain. Sinon, Huck n’aura jamais le soutien approprié de la part de son ami.*

Alva acquiesça mentalement aux propos de son père, même si à partir du moment où Huck accepterait la morsure, il aurait toujours la meute pour l’accompagner, il semblait avoir un besoin profond du soutien de son ami et il serait en effet dommage qu’il ne se montre pas à la hauteur. Elle récupéra le bol contenant l’infusion que Huck devrait boire et s’avança vers Sasha.

« Vous pouvez vous asseoir ici ou rester près du feu, mais n’intervenez pas durant la cérémonie, sauf si on vous y invite. » dit-elle en lui indiquant une large souche en périphérie du camp d’où il aurait une vue sur tout ce qui se passerait.

Puis elle s'éloigna et se déchaussa pour rejoindre son père dans l’eau en attendant que Huck range soigneusement ses vêtements. La musique de Aïcha emplissait la zone et maintenant que le jeune homme avait donné son accord, son père entonna la chanson rituel tout en dessinant les motifs bien particulier sur la peau de celui qui avait émis le désir de devenir un loup.

La louve prit une légère inspiration et entonna aussi le chant, choisissant l’anglais pour que Huck puisse comprendre les paroles. Rare étaient les personnes ayant eu l’occasion d’entendre la voix de la louve... même au mariage de Andrew elle s’était contenté des mains sur les touches du piano laissant au dragon le soin d’accompagner de sa voix. Son père devait être le seul à connaître ce timbre... et aujourd’hui quelques uns allaient s’ajouter. C’était un effort pour elle mais elle le faisait de bonne grâce car c’était pour la meute et qu’en temps que co-alpha cela devenait son rôle aussi.

« Créature, de la nuit,
Jadis ni bête ni homme,
Sous la lune tu seras loup, un loup pensant
Ni homme ni bête, tu seras l’unions parfaite
Deviens, fils de la lune
Cœur de la meute
Embrasse ta mère, ronde comme l’hiver
Chasse, hurle et vie
Sois, fils de la lune »

Une fois le chant terminé, Alva vint se placer devant Huckleberry.
« Tu as formulé le vœu de devenir loup. » dit elle d’une voix profonde et calme « Boit cette infusion des fleurs qui ne s’ouvrent qu’à la lumière sélène et ouvre ton esprit pour découvrir ce qu’être loup signifie. » Elle leva le bol pour le tendre à celui qui réclamait d’être mordu.« Ensuite, tu nous diras si tu souhaites toujours devenir un fils de la lune. »

Le bol contenait une décoction à base de plantes comme l’avait précisé Alva dans ses paroles, principalement des fleurs qui avaient la particularité de fleurir la nuit venue, s’épanouissant dans toute leur beauté sous l’astre lunaire. Il y avait aussi quelques herbes particulières prélevées dans la serre de Tristan et qui offrirait à Huck un aperçu des sens lupins. Le monde lui paraîtrait plus précis qu’il ne l’avait jamais été, plus lumineux, plus bruyant, plus odorant... une révélation aussi déroutante que spectaculaire pour un humain. Et la magie d’Aïcha lui apporterait un aperçu de l’instinct qu’il devrait apprendre à apprivoiser chaque fois que sa nouvelle mère se ferait ronde dans le ciel.

En même temps Aïcha s’était levée et marcha vers Sasha pour l’invité d’un signe de tête à appliquer ses mains sur l'instrument et concocter une autre musique pour la suite de la cérémonie.
« Toi qui semble faire battre le cœur et être le guide du futur loup. Joins toi à moi pour son voyage.  » dit-elle en se mettant en tailleur près du jeune homme. Les cordes de son instrument brillaient de la couleur des peintures sur le corps d’Huck, avec la couleur qu'inconsciemment il s'approprie lui-même.

Lorsque mon futur alpha s'approche et commence à tracer des motifs sur mon corps avec une espèce de peinture, je dénoue mes bras et les laisse pendre le long de mon corps. Mes doigts rencontrent l'eau un peu trop fraîche et je frissonne bien malgré moi.
J'ai peur qu'il ne touche mon dos. Mais je ne dis rien. Je serais prêt à le supporter au mieux. Je veux aller au bout, pour de bon.
Je me laisse emporter par la musique et la voix des deux loups, attentif aux paroles prononcées par Alva autant qu'aux couleurs changeantes des motifs peints sur mon corps. C'est beau. Cela a quelque chose de pur et de sauvage à la fois, j'ai l'impression qu'une énergie nouvelle m'envahit au fur et à mesure que les paroles s'enroulent autour de moi et que les signes dessinés par Tristan se font de plus en plus nombreux.

Je ferme les paupières lorsqu'il traces les derniers traits sur mon front, ne les réouvre que lorsque le contact physique est rompu. Et laisse échapper un léger soupire surpris en découvrant la couleur définitive de la peinture. Un vert très tendre, teinté de jaune, lumineux et doux à la fois. Vert pomme, ou chartreuse, il me semble. L'une de mes couleurs préférées.

Je lève les yeux sur Alva, plonge mon regard dans le sien sans hésiter un instant. J'acquiesce solennellement pour confirmer que j'ai compris ses paroles et m'empare délicatement du bol. L'odeur qu'il dégage est étrange, sucrée, un peu acidulée, peut être légèrement écœurante aussi, et surtout, extrêmement végétale. Pourtant je n'hésite pas une seconde à y tremper mes lèvres. Le goût est à l'image du parfum, particulier, assez indéfinissable, mais pas désagréable pour autant.
Je bois tout, grimaçant légèrement sur la fin parce que finalement, c'est effectivement un peu écœurant. J'ai l'impression que la nuit est plus claire, la musique plus forte, plus bruyante aussi, j'entends… la nuit. Des hiboux, un engoulevent au loin, le bruissement des feuilles, le chant de l'eau, l'odeur de la concoction me paraît encore plus forte, tout s'accentue progressivement. C'est effrayant. Mais exaltant, aussi. Des effluves nouvelles chatouillent mes narines, une légère odeur de vase me parvient de la berge, quelque chose de nouveau aussi, un peu musqué et sauvage, que je ne parviens pas à rendre à son propriétaire légitime.

-Je… j'ai l'impression que tout est… plus fort… je murmure, de peur de casser quelque chose dans le rituel si je parle plus fort. C'est… étrange. Et je souhaite toujours devenir un loup. j'affirme finalement sans l'ombre d'une hésitation.

Je ne reculerais pas. Quoiqu'il arrive.

Les gestes de Sasha semblaient allés à Aïcha, elle lui indique par des gestes et quelques grognements son appréciations aux quelques fausses notes, avant de se pencher vers elle et de lui murmurer : « Cela se vie avec le cœur, même si ce n’est pas harmonieux.  » dit-elle sans appel, signe qu’il devait y allé au feeling et non sur une processus défini.

Du côté des loups (et du futur lupin), le schéma de peinture représentant ce nouveau loup était terminé, la couleur était un beau vert vif, peut-être même pomme ? Tristan était bien incapable de le voir tel qu’il devait être réellement, il était daltonien et sa particularité renforçait chaque teinte un peu plus fort et les dérivés issus du bleu était les plus fort… donc aux yeux de l’alpha, ce vert était une tonalité aussi vive que la lumière. L’homme déverse le contenu de son bol dans l’eau, celle-ci encercle les trois protagonistes dans cette teinte commune aux symboles sur le corps de l’homme brun. Droit et patient, Tristan observe Huck prendre conscience des effets de cette drogue.

 « C’est le cas. actuellement, je chuchote, pourtant vous aurez l’impression que je vous parle simplement. » répondit l’alpha dans une voix si basse qu’elle semble presque normale pour l’humain tellement ses sens sont stimulés.    « Je me doute, mais votre réponse est après ce qui va arriver.  » répondit Tristan amusé, posant une main sur l’épaule dénudée d’Huck, en le peignant tout à l’heure, il avait bien revu ces immenses cicatrices dont il lui avait confié l’origine en avril… et par respect il avait évité de les toucher, adaptant son dessin à ce support meurtri. Tristan attendit qu’Alva face de même sur l’autre épaule et ils ramèneraient les bras de l’humain croisées sur poitrine.  « Prenez une grande respiration Finn et fermez les yeux… et ne luttez pas.  » la lutte ne devait pas être là non… et dès que ce fut le cas sous l’intensité de la musique d’Aïcha et Sasha, les deux alphas basculent en arrière l’homme, le soutenant pour qu’il soit immergé dans l’eau et y reste pendant … les longues minutes d’une apnée, jusqu’à la rupture où le corps demande de l’air.

A genoux dans l’eau, Tristan observait la peinture flotter au-dessus de l'eau, vibrant au rythme de la magie de leur sorcière Koumba. Son regard bleu acier se figea sur sa fille, hochant la tête. Et la laissa maintenir sous l’eau l’humain, alors qu’il sortait d’un mouvement souple. L’alpha disparaît derrière la cascade.

Pour Huck, il vivait autre chose, il se voyait courir dans la forêt non aps en tant qu’homme mais en loup, chassant son gibier favoris, galopant jusqu’à en perdre haleine, pour hurler à l’unisson avec une meute, connaître l’ivresse d’être un et plusieurs à la fois… la sensation sur ses pattes de l’herbes ou bien même du vent, le sentiment de liberté la plus forte et totale ! Et Quand il était temps de remonté à la surface, l’homme put se voir dans le reflet de l’eau, un loup ébène avec le dos blanc et quand le loup perça l’eau, dans la réalité Huck était ramené à la surface par Alva, le laissant reprendre de l’air. Tout cela était un symbole particulier : celui de la renaissance.

La musique du côté de Sasha et Aïcha avait été présente tout du long et elle se termina selon l’inspiration du jeune homme. Peut-être même que durant son songe d’ivresse, Huck avait pu entendre cette musique faite avec le cœur ? Surement. L’humain n’avait plus aucune peinture, mais le vert dans l’eau se dissipait pour disparaître.

Tristan apparu, mais il n’était plus homme, il était loup, immense créature majestueuse argentée et blanche. La noblesse dont il était mué humain était perceptible aussi dans ses gestes de loup. Il s‘approcha silencieusement, figeant l’ambre de son regard sur le futur loup. Pourtant, il ne le rejoignit pas, il tourna la tête vers la cascade et bondit sur plusieurs rochers, grimpant au-dessus de celle-ci. Attendant donc Huck qui devait de lui-même le rejoindre.

Mes doigts viennent discrètement à la rencontre de la couleur qui se diffuse tout autour de nous, dans l'eau. J'ai envie de tout toucher. J'ai l'impression de découvrir une texture nouvelle. Et plus les minutes passent, plus mes sens s'aiguisent. Les sons, les odeurs, même un peu le goût de l'air sur ma langue, se font plus puissants, plus savoureux, plus précis. C'est tout aussi effrayant qu'exaltant.
Mes yeux cessent enfin de courir sur les environs -beaucoup plus clair, comme si l'aube était là- pour se fixer sur Tristan. Non sans difficulté. Le moindre mouvement attire mon regard, qu'il s'agisse d'un écureuil ou d'une feuille agitée par la légère brise qui caresse nos corps. C'est également parce qu'enfin je m'immobilise, attentif aux paroles de l'alpha, que je réalise que jusqu'ici je me balançais légèrement en rythme, comme une barque qui tangue.

-C'est… extraordinaire…

Je ne peux m'empêcher de m'esclaffer.

-Pardon… je suis un peu… pressé.

Je tressaille au contact des mains des deux loups. Ce n'est pas désagréable, mais tellement plus intense qu'avant. Mon regard survole rapidement l'onde. J'ai cru voir un poisson sauter. Je le fixe de nouveau sur mes guides, même si je n'ai qu'une seule envie: tout explorer. Tout découvrir. Me perdre dans les bois pour tout voir, tout entendre, tout sentir.
J'agrippe mes bras et acquiesce simplement pour confirmer que j'ai bien compris leurs consignes.
Ne pas lutter.
Je n'ai pas peur de l'eau, à vrai dire, je crois que je n'ai même plus tellement peur du changement maintenant que le rituel est initié. Mais je ne sais pas si, instinctivement, je vais réussir à me laisser aller. Je ne sais pas si c'est quelque chose dont je suis capable de base.
Je prends plusieurs petites inspirations, puis deux autres, plus longues, et enfin, une dernière que je bloque, avant de fermer les yeux tandis que les deux alphas me font basculer.
Je sursaute lorsque mon visage est immergé à son tour. L'eau me parait moins froide qu'au début du processus, mais ce n'est pas cela qui pose problème.


Non, ce qui m'a arraché ce haut le corps… c'est la sensation d'être deux à l'intérieur de moi.
Les ténèbres essaient de m'engloutir et malgré moi, je m'efforce de rester proche de la lumière. Pour éviter ce regard ambré qui m'attend dans l'ombre. Je ne sais pas qui il est. J'ai peur de lui.
Non Huck. Ne lutte pas. Ne lutte surtout pas… cède, laisse toi aller…

Je tourne le dos à la lumière, tends la main en direction des yeux presque brillants qui semblent m'attendre. Mes doigts effleurent quelque chose de doux, et j'ai l'impression de basculer en avant, de perdre conscience…


Pourtant je suis là. Je me déplace sans bruit dans les bois, la gueule entrouverte pour mieux suivre les effluves divines de ma proie, la truffe pleine des parfums délicieux de la vie nocturne. Humidité, herbe, hummus, sentes de lapins, de souris et même d'un cerf solitaire et majestueux.
Mais ce n'est pas lui que je suis ce soir. Ce soir, c'est un jeune faisan que je traque. Pas par jeu. Mais par appétit.
Mes pattes se posent en battant le rythme sauvage de mon coeur, lui même guidé par une étrange mélopée composée de percussions et de cordes. Je secoue légèrement les oreilles, agacé par la plainte aiguë et insistante d'un petit duc. Un bruissement soudain, dans un buisson, quelque part sur la gauche. Je bondis, referme mes crocs sur le corps de l'oiseau. Les os craquent sous la pression de ma mâchoire, le goût sucré du sang envahit mes sens. Ce n'est pas très très propre. Mais pour une première chasse, c'est plutôt correct.
J'achève la créature, commence sans plus attendre à me repaître de sa chair avec délice.

Un chant perce soudain les bruits nocturnes. Douceur, chaleur, unité. Je me lèche les babines, lève ma truffe vers le ciel et joins ma voix à celle de mes compagnons. Notre union n'en est que plus forte.

Je ferme les yeux.

Je cours au milieu des miens, la queue en l'air, la langue pendante, joueur et taquin. Quelques claquements de mâchoires, et je roule sur le dos, laisse mon ventre et ma gorge accessibles, soumis mais non contraint. Un flot d'émotions m'envahit au contact des compagnons avec qui je me chamaille. Il m'est impossible de les démêler, mais l'ensemble est plaisant, réconfortant. Maladroit je le relève, chute, glisse un peu dans les feuilles mortes, percute un loup argent et me redresse pour partir à la poursuite d'un autre au pelage clair, peut être blanc, mais il s'est déjà fondu dans l'obscurité. Je ne prête plus attention à mon environnement, à la discrétion dont je pourrais faire preuve, enivré par le jeu. Je tombe truffe à truffe avec un camarades dans les tons de beige et marrons, gronde brièvement avant de lui lécher le museau, la queue et les oreilles basses.

Je ferme les yeux.


J'inspire lourdement, dans un hoquet convulsif. Je recrache un peu d'eau, ouvre les yeux, grelottant, tremblant de la tête aux pieds. Je déteste claquer des dents. Mon regard s'attarde sur mon reflet et je laisse échapper un petit bruit de surprise.
C'est un gros loup au pelage noir comme une nuit sans lune qui me fait face, ses yeux ambres plongés dans les miens. Je détourne très vite les miens, incapable de soutenir plus longtemps cette intensité, et sens une tristesse infinie m'envahir quand je remarque les cicatrices blanches qui strient son dos, redescendant parfois finement à la lisière de ses cuisses, ses épaules et ses côtes.

Le silence est assourdissant. La solitude pesante. Le souffle court, hagard, je cherche à savoir quelle est la suite du rituel en fouillant l'obscurité du regard, avant de remarquer que Tristan s'est changé en loup.

Alors c'est maintenant que tout bascule…

Je me tourne brièvement vers Sasha. Elle est toujours là, et je trouve l'once de courage qui me manquait pour être parfaitement serein. Le coeur battant, intérieurement réchauffé par sa présence autant que par mon moi-loup que j'ai rencontré en… songe ?... je m'avance vers les roches et entreprends de les escalader. Ma progression est lente, je glisse à cause de l'humidité, mais j'avance, ne prenant de pause que pour assurer mes prises. Et bientôt -ou peut être pas si rapidement que cela, mais qu'importe- je me tiens face à Tristan, haletant à cause de l'effort fourni. J'ai moins froid, d'ailleurs. Je m'accroupis instinctivement pour être à hauteur de son regard. Je reste coit, dans l'expectative. J'aimerais lui dire que je tiens toujours à devenir loup parmi ses loups, mais j'ai peur de briser quelque chose si je parle sans y être invité.

Huck avait été bien surpris et à la fois sans aucun doute fasciné par ses « nouveaux » sens, la drogue lui octroyait qu’un avant-goût de sa prochaine vie. S’il trouvait ça merveilleux actuellement, il allait vite être encombré et son corps allait maudire ces changements, pour cela qu’il devait s’isoler et surtout ne pas se laisser emporter par l’ouragan de ses sens. Ici, dans une forêt, ce n'est que curiosité, aventure et folie qui l’attend. Dans la capitale ce n’est que bruits détestables oppressant et migraineux. A croire, que la vie urbaine n’était pas faite pour la sensibilité des loups, pour cela que beaucoup de petite meute vivait en ermitage dans des bastion ou même des coin perdue… cependant, ils en oubliaient qu’ils étaient aussi des hommes et se couper de la civilisation est simplement avouer que la bête à gagné et qu’on ne peut se considérer autrement. Et même vêtue de son manteau d’argent, Tristan resterait à jamais un gentleman, un homme pouvant prendre l’apparence d’un loup et non une bête.

Dans l’eau, teinté de peinture verdoyante, l’alpha ne pouvait guère savoir se qu’il vivait, peut-être leur raconterait-il ? C’est son choix, son expérience la plus intime. Dans tous les cas, il était temps de passer au moment le moins plaisant, le plus douloureux et celui qui fait foi dans ce renouveau. En haut de la cascade, le grand loup patientait, observant les gestes du futur membre de sa meute. Le courage était une des valeurs de cet homme, quelque chose d’admirable et d'appréciable. Même si pour cela, il semblait avoir besoin d’un roc, d’un phare au travers de ce petit homme qu’était Aston. Ce lien semblait fort et solide, cependant Huck ne devait pas se reposer sur l’aval du petit brun… c’est son choix et le courage devait être le sien !

Au bout d’un petit moment, entre glissade éprouvant – volontairement- la conviction de l’homme, tout était symbole, celui de grimper pour s’élever dans une autre condition, celle de lutter pour affirmer son choix… oui tout cela était des épreuves, faite pour l’esprit et assuré que le mordue voulait au plus profond de ses tripes devenir un loup ! Accroupie face à lui, l’alpha déroule sa queue duveteuse de ses longues pattes blanches, pointant du nez le bras gauche d’Huck, il compte le mordre à la main non directrice. Et dès qu’il tendit son membre vers lui, il retrousse les babines et lui plantant les crocs luisant d’un liquide amer et après, celui de venin… et les planta dans cette chair ou le sang coula le long de ses crocs. non, le goût n’avait rien de très bon avec le venin, cela était quelque chose de presque salvateur, puisqu’il aurait beau clamé haut et fort qu’il ne donnait pas dans l’anthropophage, on ne chassait pas des générations et générations de loup-garou nourri dans le passé aux humains… à croire que cette saveur avait celui de l’interdit et de la folie. De plus, son ancien alpha, était un consommateur, quelque chose de révoltant et à cet instant, il se satisfaisait d’avoir tué ce lâche, ce violeur et ce fou ! Car jamais, il ne pourrait mettre au menu d’un humain, comme il l’avait fait, ce n’était que de la dégénérescence même si le goût était plaisant. Enfin bon, avec le venin tout ceci n’était qu’une émotion.

Puis Tristan relâcha le bras, meurtrie, la sensation brûlante du venin devait se diffuser dans le corps d’Huck, peut-être même qu’il allait tomber dans les pommes quelques secondes ou simplement avoir très chaud. L'argenté se redressa et se pencha au-dessus de la cascade, nettoyant sa gueule et crachant le sang qu’il ne voulait pas avaler. Puis sans prévenir il poussa Huck du haut de cette cascade, le laissant plonger dans le bassin en bas, la fraîcheur de l’eau allait apaiser la brûlure dans son corps et surtout l'éveiller au monde. Voilà un second baptême. L’alpha sauta en contrepas, revenant près du bassin et entra dans l’eau pour chercher l’humain et glisser sa tête son bras, l’invitant à remonter vers la berge et à revenir vers « eux »… se remettre de ses émotions, pour la suite, que annoncerait Alva une fois que les deux humains se seraient assurément prit dans les bras ou autre. Il ignorait ce qu'ils feraient mais Huck avait assurément besoin d’acter dès maintenant que sa vie venait de changer.

Le bel alpha, pencha la tête vers le ciel, vers la lune et poussa un hurlement profond, puissant mais surtout mélodieux, oui les loups sont loin d’être des monstres… ainsi, ce soir un nouveau lupin est né.

Le rituel se déroulait sans accroc, malgré les craintes toutes légitimes de Monsieur Finn, il se pliait à chaque étape sans hésiter et Ashton restait en retrait, respectueux des rites tout en acceptant l’invitation de Aïcha à accompagner par la musique son ami.

L’étape suivante allait être la plus forte et la plus perturbante pour l’humain, il commençait à découvrir ce que ses sens deviendraient quand il serait un des leurs, mais une fois sous l’eau de ce nouveau baptême, il allait découvrir ce qu’être loup voulait dire. Alva et Tristan plongèrent Huckleberry dans l’eau, lui maintenant les épaules de sorte qu’il soit totalement immergé et ne puisse reprendre sa respiration.

La louve croisa le regard de son père qui lui passait un relais silencieux avant de se redresser et de partir vers la cascade. La louve continua de maintenir le jeune homme sous l’eau qui s’était prêté à l'exercice avec une forme de courage ou de confiance tout à fait honorable. Et si son corps resta simplement inerte les premières minutes alors que son esprit partait en chasse de sa future vie, Alva sentit le corps se contracter sous l’effet de spasme et de lutte pour s’accrocher à son ancienne vie. Elle dut forcer un peu pour le maintenir sous l’onde encore quelques instants. Tout celà était avant tout symbolique mais le corps devait lutter et prouver sa force, car si le but des visions étaient d’aider Huck à découvrir et accepter sa future nature, son corps et son esprit devaient aussi prouver qu’ils seraient assez fort pour dompter la part du loup et garder ce qui différenciait le loup-garou de la bête.
La louve maintient encore l’homme en apnée forcée, encore un soubresaut puis le calme et d’une traction fluide, Alva redresse le buste du futur membre de leur meute. Elle reste dans son dos, une main sur son épaule, veillant à la reprise de sa respiration, veillant sur son futur compagnon de chasse. Alors qu’il recrache l’eau et découvre un reflet qu’il est le seul à voir, la louve se laisse aller à un sourire chaleureux sous la blancheur polaire de son visage et recule discrètement, laissant l’homme gravir la roche à la rencontre de son avenir.

Alva rejoint la rive et observe le coeur du rituel prendre place aux yeux de tous. Voilà comment une transformation devrait toujours se passer, voilà ce dont elle avait privé Esther cette nuit fatidique... pauvre adolescente transformée à la va vite pour éviter la mort... mort dont Alva était et serait à jamais l’unique responsable... une mort que la jeune fille s’était donnée quelques mois plus tard, parce que pour elle devenir louve n’avait pas été un choix. Elle porterait ce fardeau à jamais comme bien d’autres, mais en observant Huckleberry et son père à cet instant, elle avait la conviction que cette fois, les choses étaient bien faites, qu’accueillir cet humain parmi les leur était dans l’ordre des choses. Un jour, elle serait peut-être à la place de son père, plantant ses crocs dans la chair d’un autre être désirant devenir ce qu’ils étaient, distillant ce venin qui cette fois n’aurait rien de mortel. Oui, elle savait maintenant, que si ce jour se présentait, elle pourrait le faire et laver un peu la honte d’Esther.

C’est le cri de Ashton qui la fit se retourner d’un bloc, prête à s’interposer entre le jeune homme timide et les affaires des loups. Mais le garçon sembla comprendre qu’il n’avait pas encore sa place dans cette ultime moment et elle n’eut pas besoin de le retenir, toutefois, elle le garda à l’oeil, suivant d’une oreille le plongeon de son père et leur retour sur la berge. Sasha sembla comprendre et lui demanda d’un regard la permission de rejoindre son ami. Alva hocha la tête et s’effaça pour laisser libre accès aux retrouvailles, observant le visage d’Ashton qui ne parvenait plus vraiment à cacher son émotion.

Puis son père hurla bientôt rejoint par toute la meute dans leurs esprits et même Alva bien que sous sa forme humaine, se joignit au chant mélodieux de la nuit.
Elle s’éloigna, laissant le temps à Huck et Sasha de se remettre de leurs émotions, même elle devait bien reconnaître être touchée par tout cette cérémonie.

Elle avait sentit la musique battre dans sa poitrine avec fougue, lui rappelant qui elle était, et qui elle était devenue en trouvant sa place auprès de son père. Lorsque l’alpha s’était rappelé en elle, elle avait bien cru tout perdre, y compris cet homme qui était l’être le plus cher à ses yeux. Mais aujourd’hui, malgré les épreuves, la lutte contre son père et la soif qui la rongeait, elle savait avoir trouvé sa juste place. Et puis, ce n’était pas tous les jours qu’un humain clamait vouloir devenir un loup... Les contes ne faisant pas bonne presse à leur race, un tel acte était une belle preuve de réussite de la politique bien plus moderne et respectueuse de Moris Luna, une véritable fierté.

Alors qu’elle s’éloignait pour aller chercher les chevaux, elle échangea ses constatations avec son père. * Ils sont vraiment très... proche. Ashton arrive à peine à respirer encore. Au moins aura t’il un personne particulière pour l’ancrer dans son humanité.* confia t’elle avec une pointe d’amusement dans laquelle Tristan saurait voir une douceur chaude du souhait de sa fille que tout se passe pour le mieux pour leur nouveau loup. Les prochaines étapes seraient difficiles pour lui mais il ne s’en relèverait que plus fort.
* Je crois qu’ils s’aiment d’un bel amour très tendre. * répondit alors Tristan par ce canal, observant le duo. La louve acquiesça mentalement, elle partageait ses doutes sur le lien profond qui semblait avoir poussé Huck à réclamer la présence de l’autre jeune homme. Oui, ce genre d’amour caché parce que... compliqué.

Lorsqu’elle revint, elle tenait deux chevaux, une petite jument palomino et un hongre pur sang arabe gris. Elle s’avança jusqu’à Finn et Ashton et leur tendit les rênes.
« Le moment est venu pour nous tous de chasser. Que le cavalier le plus confiant prenne le gris, il s'appelle Ashes. L’autre s'appelle Sunlight, vous devez peut-être la reconnaître Monsieur Finn. Ils sont habitués à courir avec les loups, vous retrouverez votre propre cheval tout à l’heure Monsieur Ashton ne vous inquiétez pas. » expliqua la louve avec politesse avant de s’éloigner de quelques pas et de se tourner vers l’assemblée tout en gardant les deux humains dans son champ de vision et avec un sourire qu’on ne lui voyait jamais dans les couloirs de la Ligue ou même dans les rues de Londres, la louve donna le départ de la clôture de la cérémonie du jour.
« Que la chasse soit bonne ! »
John avait déplacé quelques cerfs sur la zone de chasse à la demande de Tristan, le festin serait à la hauteur de l’événement. En reposant les yeux sur Sasha, la louve se demanda si le jeune homme avait conscience de l’honneur qui lui était fait de pouvoir assister à ce rituel et d’avoir la chance de participer à une chasse lupine sur leur territoire... Voilà autre chose qui n’était pas offert à tout le monde.

La louve s’éloigna de quelques métres et sans pudeur ni gêne ota ses propres habits, son corps se vouta, sa colonne vertébrale s’arqua et s’allongea alors que progressivement un poil blanc et touffu recouvrait sa peau, cachant les modifications osseuses qui soumettait à chaque transformation, le loup à une douleur salvatrice devenue amie avec le temps et annonciatrice de liberté. Si d’aucun pouvait être surpris par la résistance des lupins face à la douleur... qu’ils essuient une transformation mensuelle et alors ils comprendront.

Un instant de flottement, d'hésitation. Puis je comprends le geste du loup. Mon bras gauche. Je le tends vers lui et ferme le poing, comme si cela pouvait atténuer le léger tremblement de mes mains. J'ai peur malgré moi, malgré le fait que ce soit mon choix, que je veuille véritablement tout cela. Le doute reste ancré, l'appréhension présente, et les "et si…" effleurent encore et toujours mon esprit malgré la fermeté de ma décision.
Si j'ai assez de courage pour tendre mon bras et l'exposer aux crocs luisants de… je ne sais pas, au juste, un mélange de salive et de venin, je suppose, il m'en manque beaucoup beaucoup trop pour continuer à regarder ce que fait Hennessy. Je détourne les yeux du changement définitif qui m'attends, juste le temps de la morsure. Bien malgré moi, je sursaute et émets un son étrange, à mi-chemin entre le hoquet, le miaulement et le grognement quand ma chair est mutilée.
Grand dieu de bordel de merde, ça brûle ! Ça ne brûle pas juste comme quand on est mordu par un animal ou une créature -les plus récents qui me viennent à l'esprit sont la bérane et cet enfoiré de renard en Russie, pour ne pas citer les dents plates de ma jument- non, ça brûle vraiment. J'ai l'impression que mon corps entier s'embrase en moins de quelques secondes, probablement le temps qu'il faut à mon sang pour en faire le tour. Le coeur au bord des lèvres, pris de vertiges, j'ai à peine le temps de reporter mon attention sur l'alpha, mon alpha, qu'il me pousse du haut de la cascade.
Et cette fois, c'est un cri qui m'échappe. Un cri de surprise, de peur, et d'incompréhension, un poil rauque et inarticulé. Je me tortille et, si l'atterrissage ne se termine pas en un sublime plongeon digne d'un martin pêcheur, j'évite au moins le plat sur le dos.
La fraîcheur de l'eau soulage la brûlure des flammes du venin. Un peu. Suffisamment en tout cas pour que je décide de nager jusqu'au fond et de m'accrocher à une grosse pierre, le temps de laisser l'onde apaiser mes sens, mon corps, et… mon moi tout entier en fait. Mon esprit bouillonne, tout est confus, j'ai l'impression d'être deux en un seul, ou plus, ou moins, il y a du bruit puis soudain le calme… alors je me concentre sur le chant du courant. L'apaisement se fait de plus en plus facile.
Je ne sais pas pourquoi, je sens que je vais particulièrement apprécier de prendre des bains froids dans les jours qui viennent. Tout entier. Tête comprise.
Je n'ouvre les yeux que lorsque quelque chose de poilu vient se glisser sous mon bras et m'accroche à Tristan malgré ma folle envie presque irrépressible de rester ad vitam aeternam immergé dans ce calme frais et salvateur. La fourrure est tellement douce sous mes doigts qu'il me faut également toute ma volonté pour ne pas caresser et papouiller les joues et les oreilles du loup. Le fait que je garde en tête que cet être puisse reprendre une forme humaine masculine me permet de réfréner mes ardeurs câlines avec plus d'efficacité que si je risquais de perdre mes mains dans la bataille, Dieu merci. Puis. Il reste mon supérieur hiérarchique. A la Ligue. Gênant à souhait.

Je prends une grande inspiration en refaisant surface et grogne. J'ai l'impression que tout est trop fort, les odeurs de la forêt, celle du poil mouillé du loup, mon odeur à moi, celle de Sasha qui m'entoure de ses bras. Je ferme les yeux, me coule dans son étreinte en agrippant convulsivement son poignet d'une main, porte l'autre à ma tête quand les loups hurlent. J'ai l'impression… de les avoir entendus de l'intérieur. Même le simple bruit de ma respiration m'agace. Je grogne. Et en même temps, je ressens une forme de… d'énergie nouvelle… une exaltation étrange, intermittente, comme si mon être tout entier ne parvenait pas à en trouver intégralement la source.

-Ça va… ne t'en fais pas… je parviens finalement à murmurer.

Tout commence à trouver son équilibre. Je m'écarte en douceur de mon amie et repousse les mèches mouillées qui s'acharnent à tomber sur mon front, presque devant mes yeux.
Je crois que j'entends mieux, je vois mieux aussi. Tous mes sens sont plus forts qu'avant ma morsure, mais… mais pas aussi puissants que dans ma vision, pas aussi puissants que lorsque le venin commençait à m'attaquer. Le calme est revenu. Sauf dans mon esprit, où un léger brouhaha persiste, un brouhaha qui ne m'appartient pas. Ce ne sont pas mes pensées. Celle du loup en moi ? Celle de la meute ? C'est encore trop faible pour que je sache. Trop tôt aussi, probablement.
Je me relève en voyant Aicha toute proche. Elle s'empare de mon bras marqué par les crocs de mon alpha et l'enserre d'une bande couleur verte. Le même vert que celui qui peignait mon corps. Étrange.

-Un nouveau hurlement entre dans le cœur de meute. elle dit avec solennité.

Juste avant de me pousser les fesses de son bâton. Ce qui m'arrache un nouveau couinement de frustration et de surprise. Qu'est ce que les gens ont avec mes fesses nom de Dieu ?! Par son geste, elle m'engage à rejoindre Alva, qui revient avec deux chevaux. La nuit va être longue.
Je lance un regard à Sasha avant de m'emparer des rênes du gris. Malgré la fatigue et la douleur sourde et lancinante de la morsure, avoir une monture pas forcément facile me permettra de trouver un semblant de normalité dans cette soirée bien trop exceptionnelle.

-Si je ne m'abuse, il s'agit de la jument que votre père a récupérée lors d'une mission que nous avons effectuée tous les deux…

Et durant laquelle j'ai également ramené un hongre gris à l'oreille coupée à la Ligue. Cendres. C'est ainsi que je l'avais appelé. Il m'arrive de le prendre comme monture lorsque j'ai besoin de calme. Et parfois, je m'attarde à le panser même si je ne l'ai pas monté, volant leur travail aux palefreniers de la Ligue, mais également à… le récompenser de carottes bien juteuses.
Au plus grand dam de Khamsin, qui me fait ensuite la tête. Jalouse, la bête.

-Elle a pris du muscle. j'achève en couvant la palomino du regard.

Je souris. Sans plus attendre, je me mets en selle, me concentre sur les réactions du gris. Ashes, de son nom. Nous faisons tout deux connaissance et je parviens à atténuer un peu le feu nouveau qui brûle en moi et les sensations étranges et parfois trop fortes qui m'habitent depuis… le début du rituel.
Chevaucher est si normal, si simple, si banal après tout cela. Si reposant.
Je lève le nez de la crinière d'Ashes pour remarquer que seule Aicha est restée humaine. Une grande louve blanche se tient à la place d'Alva. Mais je n'y prête que peu d'attention, car le départ de la chasse a été donné et que l'excitation toute qui m'envahit à cette idée est dévorante.

Il fallait avoir du cran pour tendre son bras, ou de la volonté et c’est bien ce qu'il attendait d’Huck quand il lui offrit son membre et qu’enfin il allait recevoir sa nouvelle vie. Est-ce une bénédiction ? En soit oui, mais elle allait être arrachée au prix de souffrances et sa délivrance ne serait pas anodine, elle serait digne d’une lutte, celle d’un corps poussé dans un changement non naturel. Ce n’est pas un baiser d’un ange qu’il lui offre, mais la morsure de la vie, celle qui hurle haut et fort qu’après tout ça, qu’après un mois de lutte il sera plus vivant que jamais !

Le cri de l’homme plongeant dans l’eau fit presque un écho à celui poussé par Sasha, peut-être un tantinet trop aiguë pour un jeune homme. Cependant, l’espion n’a jamais été un symbole de virilité prononcé, à croire que sa mue était tardive, ses traits fins, voir presque androgyne lui donnait un aspect à mi-chemin entre le masculin et la féminité. Dans tous les cas, il s’inquiétait fortement pour son ami, un peu trop. Huck ne risquait rien, sauf peut-être un plat sur le ventre. Enfin, cela était presque vexant.

Dans tous les cas, le grand loup avait rejoint son futur lupin, le tirant du bonheur de la fraîcheur d’une onde glaciale. Ils remontèrent le bassin, avant que l’humain reçoive une accolade de soulagement de celui qui semblait être son phare dans cette vie. Petit moment touchant, qui laissait sous-entendre aux deux alphas qu’ils avaient un amour sincère et peut-être charnel entre eux. Qu’importe. Ni Tristan ni Alva ne jugerait ce point, il serait presque mal avisé de le faire, ils acceptaient les goûts jugés déviant dans la meute, après tout l’ami d’enfance de Tristan aimait les hommes, même s’il n’était que l’ombre de lui-même depuis des mois et qu’il ne serait plus jamais lui-même… c’est triste mais malheureusement Tristan ne pouvait plus rien faire pour l’aider, Owen avait choisi sa triste existence. Le deuil de cette amitié, de ce frère avait été difficile et au fond quand son regard se pose sur la silhouette frêle de son « frère » son cœur se serra toujours un peu plus ainsi que la culpabilité, non il ne pouvait pas l’aimer de la façon dont Owen aurait aimé. En tout cas, si Huck aimait les hommes, ou plutôt l’esprit de Sasha qui s’avérerait être un homme, ça ne le regardait pas et aucun des deux n'irait se faire pendre pour ce crime. De plus, ni lui ni Alva n'avaient demandé confirmation de leur hypothèse.

Aïcha s’occupe de la plaie de l’homme, lui laissant sa magie en œuvre dans un bandage assez atypique, alors que Tristan s’approche de sa fille, pour laisser l’intimité à ce duo.

La belle blonde, apporte donc les chevaux et va se transformer en belle louve immaculée, dès qu’elle est sur quatre pattes, l’argenté se redresse et presse le pas dans sa direction frottant sa tête sur l’encolure puissante de ce jeune alpha. Il gardait une certaine retenue dans son geste, néanmoins il était suffsiament doux et sincère pour que chacun puisse sentir l’amour qu’il portait à son enfant. Il était plus facile de s’adonner à un contact sous forme animale qu’humain, puisque tout le monde vous perçoit autrement. De plus, c’est un réflexe naturel entre loup s’affectionnant. Il inspira la douce fourrure de son étoile, et lui donna une petite lèche sur les babines en frottant son nez, signe non aps de soumission m’ais d’égale et d’amour.  Sa queue s’agite très légèrement, les loups ne sont pas des chiens à remuer à tout moment ! Non, c'est des frémissements ou bien pour communiquer. Il attendit donc que les deux humains soient à cheval, avant d’approcher d’Aïcha et lui donner un coup de queue évitant son bâton.

« Faites attention, alpha ou non, je peux quand même vous mettre au coin de votre grâce ! ». réprimanda la femme.
Tristan, lui répondit mentalement une petite taquinerie qui fit soupirer la femme sans humour et il se mit en marche attendant que sa fille vienne avec lui pour prendre la tête. La sorcière allait rester ici dans la carrière jouer une musique douce et surtout garder les brasiers, de plus la chasse n’est pas pour elle.

Les deux chevaux n’avaient pas peur de la présence de créature immense et prédatrice, au contraire ils étaient assez calmes, en particulier Sunlight, celle-ci avait pris du muscle a force d’être travaillé dans le respect et le bon sens. Une belle jument palomino avec du sang américain. le regard attentif mais surtout le museau en train de pister, ce soir ils avaient le choix niveau proie… mais la noblesse d’un cerf pour pareil événement serait plus adapté qu’un sanglier. Ainsi, le loup partit en direction des traces de ce mâle solitaire, un des nombreux arrivages ramenés de France pour offrir du sang neuf aux cheptel présents sur le territoire de la meute. Celui-ci avait dû jouer son rôle de géniteur et la future génération allait naître bientôt…

Dans une clairière, il avait donc l’animal majestueux mais assez affaibli par l’hiver et il semblait avoir dû mal à reprendre la totalité de ses forces. Bon, il ne serait pas non plus faible et offrirait une chasse très respectable. dans les sacoches des deux chevaux, il avait un couteau de chasse et un fusil pendait sur le côté de l’épaule, Aïcha l’avait précisé avant qu’ils partent. Tristan se tourna vers les deux humains et se montra puis Alva et fit un cercle de sa patte, signe qu’ils allaient contourner les fourrées, puis montra du museau les deux humains puis le cerf… signe qu’ils pouvaient tenter un coup de fusil…

Tristan se mit à marcher, tapis évoluant silencieusement dans cette forêt qu’il connaissait presque par cœur.


Visuel Ashe
Visuel SunLight