Arthur Conan Doyle ▬ "Hide what you have to hide"

(Doyle naquit un vingt-deux mai à Édimbourg en Écosse. Deuxième enfant d'une famille nombreuse, il attachait une grande importance à prendre soin de ses cadets ; une habitude qui le poursuivait encore aujourd'hui. Ce côté paternel que l'on retrouvait chez lui venait du fait qu'il avait remplacé un père absent ; Charles Altamont Doyle était un peintre qui ne pouvait vivre pleinement de sa passion, de ce fait plongea dans la dépression et trouva réconfort dans les bouteilles d'alcool. Le jeune Arthur grandit sans sa présence, puisque celui-ci vivait en retrait dans son bureau, ne montrant aucune émotion quand il lui arrivait d'en sortir. Il ne lui en avait jamais voulu, malgré tous les problèmes que cela avait apporté à leur famille. Lorsqu'il eut six ans, son père victime de crises d'épilepsie, fût interné à l'asile, laissant à Mrs Doyle la responsabilité de maintenir la famille et gérer les problèmes financiers. Elle inculqua à ses enfants les valeurs de la chevalerie, et de ne jamais abandonner quoi qu'il arrivât. Des idéaux qui restèrent pour toujours avec Arthur - telle une malédiction.)

Du moins, c’était ce qu’il racontait. Crawford avait, tout comme Doyle, grandi dans une famille nombreuse et bourgeoise, à Edimbourg, parmi ses sœurs et une mère aimante d’origine française. Son père était un homme d’affaire alcoolique et violent, qui avait choisi le suicide pour échapper à tous les scandales de son fait, qui avaient sali le nom Crawford. Madame Crawford avait découvert que son mari l’avait trompé pendant des années, lors de ses voyages à l’étranger, et que certaines de ses amantes avaient eu des enfants de lui. Elle avait préféré ne pas en savoir davantage. La famille endettée, les rumeurs déjà trop destructives pour réparer ce qui avait été fait, Madame Crawford choisit de se prostituer dans les plus hautes sphères de la bourgeoisie.

Après une enfance loin d'être facile, avec beaucoup trop de poids sur les épaules d'une personne si jeune, Arthur partit à Londres lorsqu'il eut l'âge d'étudier.

(Il entra en faculté de médecine, puis, diplôme en poche, obtenu facilement, ouvrit un cabinet d'ophtalmologie. N'ayant peu de clients, voir aucun, et besoin d'argent, il commença à rédiger quelques écrits, puis publia « Le Mystère de la vallée de Sasassa » dans l'espoir d'en tirer quelques sous. Intrigué par les enquêtes d’un certain Holmes, il commença à inventer des histoires sur ce dernier. Lorsque ses écrits commencèrent à gagner en popularité, il fit appel à une connaissance pour prendre sa place en public…)

Arthur partit pour Londres, afin d’étudier la médecine, souhaitant devenir docteur. Ce fût lors d’un salon littéraire qu’il fit la rencontre de l’écrivain, de dix ans son aîné, et avec qui il devint rapidement ami. Peu après sa remise de diplôme, Doyle lui demanda de participer à un mensonge qui semblait innocent, jusqu’à ce que la situation ne soit hors de contrôle des années plus tard : il prit l’identité de l’écrivain pour les apparitions publiques. Le temps passait, Arthur alternait entre ce service et son travail de médecin – mais Crawford s’effaçait, et ce faux Doyle le remplaçait. La vérité se perdit avec un autre accord ; et les papiers prouvèrent qu’il était Arthur Conan Doyle – (le vrai ? Disparu. Il ne savait ce qu’il était devenu. Ce n’était pas bien grave, Arthur Conan Doyle n’était pas encore une célébrité, on pensait que cet écrivain seulement connu de quelques amateurs de fictions policières faisait une pause. Qu’il reviendrait.)

(Arthur Conan Doyle avait, lorsqu’il était encore ophtalmologue, épousé Louisa Hawkins…)

Ils vécurent heureux ; Arthur se voyait passer toute sa vie avec elle. Il imaginait les enfants courir dans le jardin verdoyant d’une maison de campagne, loin de sa propre jeunesse chaotique. Mais la vie n’était pas un conte de fée - des enfants, ils n’en n’eurent aucun. Lydia tomba malade. Arthur spectateur impuissant, regarda sa santé se dégrader, essayant de la sauver en vain. Il ne pleura pas à l’enterrement, gardant sa peine pour lui, trop violente pour être exprimée.

Arthur, désespéré d’avoir perdu sa femme, fatigué de devoir jouer le rôle de Doyle, s’engagea dans l’armée. Excellent tacticien, doué avec les armes, il monta rapidement les grades, soignant parfois les blessés et malades quand il était au campement. Après plusieurs jours à la guerre, qui devinrent des mois, il n’eut plus peur de sa propre mort – il la cherchait activement, souhaitant se rendre utile avant, tomber pour sa nation. Tomber en héros, pour se racheter de son mensonge. La mort ne vint pas à lui sur le champ de bataille.

La guerre finie, il dû rentrer. Gagné rapidement par l’ennui, il passa ses journées et ses nuits d’insomnie à écrire un livre patriotique, et le signa Conan Doyle, pour voir s’il était toujours capable d’avoir ce rôle. La Couronne britannique apprécia le geste, et Arthur comprit que Crawford était mort il y avait maintenant bien longtemps, lorsqu’on lui décerna le titre de « Sir » - qu’il haït bien vite car pensant ne pas le mériter.

Lorsqu’il fut approché par un membre de la Ligue, annonçant qu’elle souhaitait qu’il la rejoigne pour ses capacités, il vit un moyen de protéger le Royaume-Uni et la possibilité de ne jamais s’ennuyer – il accepta rapidement.

Il oubliait parfois quels éléments de sa vie était de Crawford, lesquels étaient de Doyle. Ils se confondaient pour ne former qu’un immense mensonge. Arthur savait qu’il était trop tard pour faire machine arrière – alors il enterra définitivement Crawford et écrivit sur Sherlock Holmes. Il observa avec un certain amusement, ce nom d’un autre, qui était désormais le sien, devenir populaire parmi les bourgeois. Personne ne saura.