Tomoe Gozen ~ Fiche de Liens

Aussi, dire de Tomoe qu’elle était une femme prudente serait un doux euphémisme. Si elle est toujours là aujourd’hui, c’est avant tout parce qu’elle a su s’adapter en déplaçant ses cartes avec une mesure et une précision toute nippone. Mais cette prudence ne fait pas d’elle une femme couarde et prompte à se cacher derrière autrui pour se défendre. Elle a su prendre des risques, elle a perdu des batailles et elle a remporté des guerres, que ce soit grâce à la force de son bras agile ou à celle de son cerveau d’airain.
Il n’est pas rare qu’on la trouve, de fait, assez psychorigide, tout juste amène et particulièrement peu loquace, héritage d’une culture centrée sur elle-même et qui ne s’ouvrait au monde que par la force des choses et depuis peu de temps. Pourtant, Tomoe est l’exemple même d’une intégration réussi dans la bouillonnante et hétéroclite Londres, car elle trouve dans l’étiquette victorienne, une certaine forme de familiarité avec qui elle est au fond. Cette rectitude honorable l’enchantée, et elle trouvait dans le peuple anglais un certain flegme classieux qui était bien plus attrayant que la bonhomie toute française que l’on retrouvait par-delà la Manche.

Qui s’accordait ses faveurs pouvaient bénéficier de sa conversation, riche et intelligente, et elle savait être d’une mondanité toute british quand il le fallait, sans jamais renier ses origines. Elle a toujours aimé la culture, développant la finesse de son esprit par la pratique de la calligraphie, de la musique et du théâtre, développant la droiture de son corps par la pratique du katana et de l’arc, ainsi que des arts martiaux qui les accompagnent. Douée d’empathie comme un esprit renard lumineux peut l’être, elle a appris au fil du temps à ne plus se laisser envahir par ce genre d’émotion et à canaliser ce sentiment pour ne pas prendre en pitié les plus malheureux. Elle peut apaiser les désagréments, mais pour avoir souvent été déçue par la nature de ceux qui s'apitoient, elle ne distribue qu’avec parcimonie ce don qui lui a été offert.

Derrière ses bonnes manières, se cache une femme intransigeante, qui n’a pas peur de se salir les mains et de faire ce qu’il faut pour les intérêts qu’elle défend. Jouer la comédie, se fondre dans la masse, agir dans l’ombre, user de différents ressorts pas toujours reluisant, mais toujours dans une certaine mesure, et sans tomber dans des bassesses propres à des esprits renards sombre, ne lui était pas inconnu. Elle a toujours essayé de vivre selon un certain code d’honneur tiré des concepts et préceptes japonais liés à la voie du guerrier, mais au fil du temps, elle se rendit compte que ce n’était pas le suicide qui lui sauverait la vie. Immortelle, elle avait l’éternité pour laver son nom, et la postérité pour devenir quelqu’un. Elle a toujours essayé de compenser certaines actions déshonorantes mais nécessaires par des actes plus bienveillants. Cependant, la fin peut justifier le moyen quand cela est inévitable, et cela, la vie s’est chargée de le lui apprendre, en lui imposant quelques leçons et en lui mettant du plomb dans la tête.