Anastasis était assez pris avec ces enquêtes dont une particulièrement sombre concernant l’enlèvement du petit Thomas de Vere. Une enquête spéciale puisque cela touchait le surnaturel et donc la Ligue y était mêlée. Il devrait partir fin décembre, avec Alva en mission oubliant les fêtes qui allait avec. Il ne croyait pas au dieu des humains, enfin pas ce panthéon là mais il appréciait la beauté de Noël et toute la chaleur qui s’en dégageait. L’an dernier, l’avait passé avec Blanche et cela avait été merveilleux. Cette année, eh bien cela serait sous le soleil brûlant du Moyen orient !

Il avait de quoi faire, surtout que sa sœur était revenue à Londres en octobre avec un atterrissage dans la marre, la gelant au passage… mais la pauvre avait été enlevée par un phénix corrompu et il en était que plus alarmant. Par chance, l’ami d’Eos avait été présent pour garder Akakos… le nid se remplissait et cela mettait en joie le phénix. Pour être franc, il était radieux d’une belle humeur dans son intimité, avec deux autres membres de sa race qu’il aimait de manière incommensurable, il se sentait prêt à abattre des montagnes ! Même si partir en voyage loin des deux femmes l'inquiétait. A cause de cette présence néfaste d’Ephya !

Et si habituellement, il finit le travail assez tard, ce soir il avait accepté l’invitation de son ami l’écrivain, avec qui il espérait bien que cette fois, ils n'auraient pas à vivre une soirée paranormale. Le bar qu’avait choisi Arthur était distingué et normalement aucune bande de malfrats viendrait lui faire de demande en mariage. Alala cette dernière soirée avant l’anniversaire de l’homme avait été quelque chose encore. Et il supposait que celui-ci allait lui parler de ses aptitudes. Le phénix n'était pas très joyeux à cette perspective…mais soit, il lui dirait honnêtement qu’il ne pouvait lui révéler sa race comme il l’avait fait avec Alva, avant qu’elle ne découvre par elle-même.

Il était légèrement en retard de quelques minutes, faute à son rapport sur l’enquête du petit Thomas.

« Bonsoir Arthur, vous pouvez m’appeler Gordon, je ne suis plus en service. » dit-il chaleureusement avant de regarder la devanture. « Très bien, j’espère qu’il servent aussi de quoi manger.  »

Il pénétra dans le bar et se mit à une table confortable où une serveuse ne tarda pas à leur apporter la carte des boissons. « Je vais plutôt bien et vous ? Je vous paie le premier verre. » il prit une bière ambrée pour sa part.

« Je crois aussi et cela ne m’a nullement dérangé, donc continuez. » l’encouragea t’il pour marquer un peu le fait, qu’ils étaient « ami » enfin n’est-ce pas ainsi qu’ils pouvaient se nommer ? Venir à l’anniversaire de l’un avec un présent et à une soirée chez un tiers pour l’honorer, c’est une preuve d’amitié. L’inspecteur pouffa, ce petit mensonge nié juste après était un humour particulier, souvent courant chez l’écrivain.

« La soirée était plaisante, pas besoin d’une ou deux bouteilles pour oublier. » lui dit-il pour le rassurer même s’il n’était pas certain qu’il attendait ça. En tout cas, s’ils servaient à manger, il était sauvé !

La réponse standard de savoir si l’un comme l’autre allait bien faite, l’oiseau s’étonnant que son vis-à-vis, ne dise pas un « simple ça va » de coutume, pour ne pas en dire plus… le « ça peut aller » était peut-être une vérité mais invitait à l’interrogation… mais le ton de la voix indiquait clairement qu’il ne voulait pas s’épancher plus. Bien soit, il ne va pas insister.

Pourquoi Arthur allait-il prendre la même chose que lui ? Une bière brune ? Bon…Gordon s’installa donc à la table. Et finalement … parfois il était difficile de comprendre les gens, voulait-il finalement parler de ses soucis ? Le travail ? Une panne d’imagination ? Ou bien son travail de mouche qui trempe dans du miel magique ?

« J’espère que cette soirée, vous remontera le moral. » conclut de son air bienveillant l’homme de loi. « Euh… je veux bien croire que nous n’avons pas une paie conséquente à la police, mais vous n’êtes pas obligé Arthur. Surtout que j’ai un grand appétit. » affirma l’homme d’un air taquin mais à la fois, il se sentait un peu gêné, préférant partager les frais. En tout cas, leur boisson arriva et immédiatement il s’en saisit pour trinquer.

« À cette soirée, pour chasser notre fatigue de travail ! »

Oui l’auteur avait un sérieux souci avec la boisson, est-ce après tous les maux qu’on est les artistes ? parfois, il se le demandait.

« Et vous semblez en avoir un peu trop souvent besoin. » souligna t’il sans jugement.

Et puis voilà que la phrase sur le moral de l’homme écopa d’un rire, à croire qu’il devait couvrir une forme de dépression ou bien cette mélancolie dans son visage n’était pas un trait pour plaire aux dames, mais bien un état permanent. Il devait bien être mal face à un être joyeux et lumineux comme le phénix. A moins, que justement la lumière attire, à ne serait pas déconnant, c’est malheureusement ou heureusement le cas. La nuance se cachait dans la personnalité des personnes alléchées.

L’air sérieux de l’écrivain le fit arquer un sourcil, allait-il se faire rabrouer ? Apparemment non. Rien que par cette phrase il venait d’en apprendre un peu plus sur cet homme préférant donner que recevoir cela devait le gêner voir qu’il devait même se demander s’il n’y a pas une intention cachée sous chaque présent. Qu’avait vécu cet homme pour se méfier même d’un acte de bienveillance ? Peut-être trop de choses, pour cela qu’il buvait autant.

« Je ne compte pas vous empêcher si vous désirez me l’offrir. Pour ma part, j’offre aussi, néanmoins j’ai bien noté que vous ne vouliez point de cette attention. Alors je vous vendrai mes présents. » dit-il pour finir sur une pointe d’humour, jamais il ne le ferait soyons clair.

« J’espère, j’aimerai passer une soirée sans me soucier d’un événement ! » assura l’oiseau, bien loin d’avoir envie d’assister à une joute de bar ou bien une activité paranormale. Parfois, savourer la simple vie sans action était salvatrice… et ce regard anxieux l'intrigue avant de se dire que non, tout ira bien ce soir et ils feront tinter leur verre de plus belle. Alors, qu’il buvait une gorgée de cette mousse généreuse, il manqua de s’étouffer sous la franchise déconcertante de l’humain… sérieusement ? Il avait dû voir son sang finalement dans la ruelle. Mais loin de se déconcerter, il reposa son verre essuyant la mousse sur ses lèvres.

« Je peux vous le donner, il faudrait donc consulter si votre sang n’est pas rouge mon ami. Ou bien vous achetez une paire de lunettes, vous souffrez de daltonisme. C’est regrettable. » il reprit sa bière avalant une nouvelle gorgée, bien s’il voulait jouer à ça … Après tout ils savaient qu’il avait un lien avec les créatures et la louve il l’avait bien mené quelque part, se doutant qu’ils pouvaient éventuellement travailler pour la Ligue tout les deux. « Est-il un peu tôt pour vous demander à quel organisme vous appartenez ?! »