Ayln - If it must end in the flames, then we will burn all together

Après cette description des plus flatteuses d'une personne sans aucun doute très « pure », on peut se demander comment elle est devenue ainsi ? Ou plutôt quel est le passé d'une créature aussi enflammée ?
Voici donc son histoire…

« Tu es la descendance d'un dieu, alors montre toi digne de ton destin ou tu mourras ».

Voilà la première phrase que lui dit sa mère quand elle fut en âge de comprendre l'enchaînement complexe de mot dans une phrase.

« Tu es une Jörmungandr, ma fille »

Depuis des siècles et des cycles les dragons de Norvège sillonnent le ciel de la grande terre de neige, inspirant les hommes de nombreuses légendes et d'affiliation avec leurs dieux dont Loki qui aurait engendré bon nombre de créatures mythologiques. Le grand serpent des mers et grand ennemi de Thor n'y échappe pas. Même si selon certains textes c'est un dragon. Ayln peut confirmer que c'est bel et bien le cas, un cousin au corps plus long que la moyenne qui donna naissance à cette histoire et ses enfants continuent d'incarner cet esprit.

Une belle légende qui sert bien aux traditions et à l'égo de bon nombre d'écailleux, s'en servant pour moraliser la jeune génération que trop rare maintenant. Slange, la mère de notre dragonne était issue d'une très vieillie lignée qui se pensait être plus proche de la divinité que de la mortalité, faut dire que la mort ne les atteint pas de manière naturelle, alors pourquoi se considérer égale aux autres ? Et par les autres nous parlons de toute créature sur terre et même des dragons non Norvégiens.

Ce qui permit à Ayln de vivre fut sa couleur, elle était dorée comme le casque du dieu de la taquinerie. Dorée, comme l'or, dorée comme les trésors que collectionnent les dragons… Slange « la mangeuse de serpent » s'était laissée amadouer par un jeune mâle issu d'un autre pays, un dragon européen et elle s'était promis que jamais elle ne laisserait vivre un dragon autre que sa sous-espèce. Mais le destin avait voulu qu'elle ne puisse pas tenir parole.

« Tu es née de la lumière et pour mériter ta place tu devras lutter dans les ténèbres »

La violence est devenue son quotidien. Slange maintenant mère, se devait d'enseigner à sa fille la vie comme elle était réellement : dure et sans pitié. Elle se portait le devoir ultime de faire vivre les pires horreurs à sa fille, pour que jamais elle ne soit surprise du malheur qui pourrait l'atteindre. Si sur le papier, ce sont de bien louables ambitions, dans la pratique la petite fut violentée, torturée, violée, enfermée, séquestrée, brulée, congelée... sa mère profitait de sa formidable régénération pour aller au-delà de l'entendable, quitte à rendre sa fille folle. Si la folie n'a pas atteint Ayln ce n'était pas un coup de chance. Les dragons élèvent leurs enfants à deux et le père était contre ce genre d'éducation, mais il ne pouvait combattre une dragonne trois fois plus âgée (un jeune dragon contre une matriarche cela était peine perdue) que lui… alors en compensation, il offrait son amour le plus doux et le plus réconfortant à sa fille meurtrie.

Pour 200 ans.

« Ton père t'a offert l'amour, mais cela n'a pas suffi à te donner de la lumière. Les ténèbres seront toujours plus fortes sache-le. La bienveillance et la bonté ne sont que des pansements qui ne guérissent rien. »

La jeune dragonne était blessée à plusieurs reprises, mais sa haine, la maintenait en vie et elle rêvait d’arracher la tête à cette mère qui ne la considérait pas comme un être intelligent mais comme une sous merde, une tique… une incapable ! Elle méritait de mourir, elle méritait qu’elle lui dévore le cœur ! Cette haine, elle ne l’avait pas avant. Cette haine avait éclaté il y a peu de temps. Les sévices physiques étaient devenus une habitude durant ses entrainements, les larmes une amie et elle s’était résignée depuis longtemps à souffrir … mais la souffrance mentale jamais elle n’avait connu ça.

Elle tomba amoureuse…

Amoureuse de l’interdit : d’un fils de chasseur de dragon. Un homme qui devait être en tout point bon et altruiste, refusant de suivre la tradition familiale. Tout comme elle. Elle voyait en lui, son sauveur, celui qui allait pouvoir lui permettre de partir, le dernier élément de sa fuite vers un autre monde…la clé de ses espoirs.

L’amour rend aveugle.

Et elle s'échappa avec cet homme, qu'elle pourrait tuer s'ils consommaient leurs ébats…mais qu'importe son cœur battait pour son regard vairon et sa crinière rousse. Elle ne voyait que lui et elle espérait trouver une solution pour sa faiblesse. Et cette faiblesse serait compensée par une pratique chamanique demandant une écaille de dragon. Elle lui offrit sans hésiter et en compensation, il coupa un bout de sa propre peau. Échangeant leurs « dermes » sur cette partie précise de la nuque. L'homme eut sa potion. Ayln ne sut vraiment si cela avait marché. Ce qu'elle sut cependant, c'est qu'une fois l'échange fait, l'homme la poignarda dans cette zone.

Quand elle se réveilla, il y avait les écailles bleues de sa mère.

« Ton cœur est trop faible. Un chasseur restera toujours un chasseur, l'amour ne transforme rien, il affaiblit. Maintenant tu vivras avec ta faiblesse et assumeras tes erreurs ! »

Ce jour-là, elle aurait pu mourir … elle aurait dû mourir, si l'homme qu'elle aimait n'avait pas eu l'ordre de l'épargner... Il n'avait pas fait honneur à ses ancêtres pour une raison simple : jadis il s'était lié d'un pacte avec Slange… et il s'acquittait de ce pacte aujourd'hui. Maintenant, il pouvait maintenant vivre librement avec sa femme… sa vraie femme, une humaine pathétique qui allait lui donner une myriade de gosses éphémères voués à finir en casse-croûte.

« Je ne te dis pas adieu… mais à bientôt »

Au bout de 200 ans, son père partie, lui promettant d’être toujours là pour elle. Il ne pouvait rester plus longtemps, une nouvelle fois le terme du contrat qu’il avait avec Slange. Mais elle ne revit jamais son père et ne chercha jamais à le retrouver non plus.

« 70 000 jours, pour notre enfant pas un de moins pas un de plus. Et tu disparais ».

Et c’est aussi au bout de ces siècles de vie que la mère emmena sa fille sur le plateau rocheux le plus haut du pays.

« Voyons si tu mérites la lumière »

Il eut un combat, un féroce combat qui ébranla la montagne de glace. Ayln savait qu'elle ne pourrait battre un dragon si vieux, mais elle y mit toute son énergie, toute sa haine pour tenter d'arracher la chair de celle qui l'avait fait naître et qui était son bourreau. Sans surprise, elle perdue, mais après avoir livré un terrible combat. Slange avait fait d'elle une guerrière ! Une battante, une créature sans cœur. Proche de l'inconscient, sa mère lui souffla ses derniers mots :

« Tu es mon éclat de lumière dans les ténèbres… »

Et sur ce elle s'envola, laissant sa fille dans la neige… la neige était rouge sang... Quand Ayln se releva et put voler à nouveau, ses ailes la guidèrent dans le seul endroit qu'elle estimait sûr. Un paradoxe, alors qu'elle avait vécu l'enfer dans cet endroit… leur maison brûlait. Elle n'avait plus rien. Sa mère lui avait laissé, dans sa grande bonté, quelques affaires pour qu'elles survivent. Mais les collections et tout ce qu'elle avait de précieux, étaient partis en fumée.

Tout bascula, tout l'enseignement de bonté de son père lui apparut comme étant une belle farce… depuis tant d'années qu'elle se voilait la face à croire qu'elle pourrait être une « bonne fille » …non elle ne valait rien. Si les autres ne lui accordait aucune importance, s'ils l'abandonnent et se servait d'elle alors pourquoi ne ferait-elle pas de même ?

**** Petit extrait d’une pensée innocente ****

Elle avait 20 ans ce jour-là. Le ciel était magnifique et la jeune femme pensait avoir toute la vie devant elle. Elle comptait bien épouser le petit fermier aux grands yeux bleu. Il serait un noble chasseur de dragon et son père serait fier de l'aider à construire sa maison. Mais ces beaux rêves partirent en fumée quand « Pépé » entra l'œil brillant. Cet œil luisant qui fit savoir à toute la famille, qu'il avait un bon coup à se faire, le bon coup était un dragon. Un magnifique dragon blessé aux écailles d'or. La rareté de l'animal allait valoir de nombreuses richesses et une belle prospérité à la famille ! Alors, tous se mirent en chasse, alléchés par le gain et l'honneur de tuer la bête. Cette bête qui avait brulé tant de villages déjà, comme si elle voulait attirer les foudres des meilleurs chasseurs du coin. Quel stupide dragon !

Mais le stupide dragon les emmenèrent dans un piège… sur ce plateau en haut de la montagne des "dieux"… il avait autrefois une jolie maison qui avait brulée. Et dans les ruines de souvenirs d'une autre vie, la famille fut piégée… quand ils rouvrirent les yeux ils étaient enchaînés et une magnifique femme se dressait devant eux. Elle était nue, mais ses parties intimes masquées par des écailles ... des écailles en or…

Des frissons…

Le dragon !

« Lys, je t'en supplie épargne ma famille ! »
« Oh mon amour … tu sais bien que c'est le prix de ta trahison. Mais je t'accorderai une faveur : J'épargnerai celle que tu aimes le plus. »

L'homme vacillai... le choix était terrible et le prendre lui arracha le cœur ainsi que son âme.

« Épargne Ayln ! Elle a 20 ans c'est ma perle ! C'est ma fille ! Mon ainée ! »
« Pourtant, tu en as quatre autre… » Elle eut un rictus sardonique, alors que les autres filles du chasseur se mirent à pleurer... elle était certaine que les petites devaient souffrir du terrible choix de leur père...

Elle attrapa l'homme et elle se transforma en dragon, brulant la famille entière sous les cris du chasseur qui autrefois avait été l'unique de cette dragonne… Ayln fut épargnée… la jeune femme se précipita dans les bras de son père…mais elle s'écroula ... ses jambes lui faisaient mal… atrocement mal… le dragon les lui avaient sectionnées.... la douleur était le commencement... la torture qui suivit la fit hurler sous l'impuissance de son père. Et la pauvre enfant fut démembrée... et ouverte comme un poisson, alors que ses organes étaient retirés un par un... elle mourra de douleur.

« NON !!! Tu m'avais promis LYS !!! »
« Non Arlyn mon amour, je suis Arlyn … »

Elle l'embrassa alors que sa bouche avait le goût de la cendre et du sang de son enfant… puis elle lui arracha le cœur. Elle dévora la pompe de sa vie…et fit brûler le reste des corps pour ne plus jamais remettre une patte dans ce lieu. La boucle était bouclée.

**** Londres

Ayln eut une histoire compliquée, assoiffé de vengeance, elle perdra quelques siècles à chercher sa mère tout en testant ses capacités pour amasser des richesses et être quelqu'un. Elle eut plusieurs vies, teintées d'échecs et de réussites, mais chacune la forgea et la renforça à être la personne qu'elle est maintenant.

Son arrivée à Londres fut mouvementée, 5 ans plus tôt, à la suite d'un grand incendie qui avait ravagé le sud de l'Espagne, elle trouva refuge dans la capitale des bottes de cuirs et chapeaux melon pour commencer une nouvelle vie. Le problème étant qu'il y avait la Ligue… et ce fichu recensement. Elle devait s'y plier, mais hors de question d'avouer sa véritable nature. Elle se fit enregistrer comme une banale sorcière en pyrokinésie avec un faux nom et elle disparut des radars de cette ligue de bouffon qui prône la discrétion et le musellage des êtres supérieurs.

Aujourd'hui du haut de 650 ans, elle a le contrôle d'un territoire de Londres, elle est ce qu'on nomme une marraine du crime. Elle fait partie de la « famille »