Un grain de sable entre les pages - Amélia & Ciara - Juillet 1902

Un grain de sable entre les pages

CIARA & AMELIA ▬ Son livre s'appelait le livre de sable, parce que ni ce livre ni le sable n'ont de commencement ni de fin.

Celà faisait quelques mois maintenant qu’en plus de son travail pour la Halley corp et de ses quelques vols pour Monsieur Calloway, Amélia offrait aussi ses services de pilote à la Ligue. Après ce qui était arrivé à Anastasis en début d’année, les divers questionnements des phénix avaient finalement eu droit à des réponses et si Amélia n’avait aucune intention de rejoindre les rangs de cette organisation, elle souhaitait tout de même apporter son aide à sa manière, déjà parce que Ani en faisait parti, tout comme son tendre ami Alexan et aussi parce qu'elle ne pouvait pas croire qu’une organisation en partie représentée par le Duc Hennessy qu’elle tenait en si haute estime, soit une mauvaise organisation, au contraire vu ce qu’il lui avait expliqué de la mission qu’ils se donnaient, elle trouvait leurs buts des plus louables.

C’est pourquoi elle avait revêtu sa tenue de travail aujourd’hui pour préparer l’aéronef que la Ligue lui demandait aimablement de piloter. Un petit avion donc la cabine pouvait accueillir deux personnes et dont l’arrière était adapté pour recevoir un fret léger. Sa mission était toute simple de ne devrait prendre que trois jours. Départ en ce début d’après-midi pour cinq heures de vols, Amélia et sa passagère seraient accueillis pour le souper à l'ambassade d’Angleterre et logées dans un grand hôtel du Caire, le lendemain la journée serait consacrée à la vérification des manuscrits et l’organisation de leur transport et si le temps restant le leur permettait, Eos espérait bien faire un peu de tourisme. Enfin, après une dernière nuit au Caire, les deux femmes pourraient reprendre leur avion direction Londres pour déposer leurs petits trésors dans la bibliothèque de la Ligue. Vu le planning proposé, c’était quasiment un voyage d’agrément.

Jon Halley avait autorisé sans problème cette courte absence, Fulmir pourrait prendre le relais sur les derniers ajustements du moteur du Vinci sans souci. C’est pourquoi à cet instant précis Amélia Mary Earhart était penchée sur un tout autre moteur. Malgré la présence bourgeonnante de Jeffrey, elle avait tenu à inspecter chaque élément de l’aéronef, sa mésaventure avec Tomoe au dessus du plateau tibétin la poussait à d’autant plus de minutie dans l’inspection de ses appareils, surtout lorsque ce n’était pas un avion qu’elle avait l’habitude de piloter. Enfin, elle connaissait ce modèle pour être l’un de ceux qui avait vu l’un des exploits qui faisaient aujourd’hui sa renommée, mais ce serait la première fois qu’elle piloterait celui-ci en particulier.

Elle referma le capot avec un sourire satisfait. « Jeffrey, vous faites un travail admirable, cet avion est parfaitement entretenu. » dit-elle en acceptant le mouchoir que le mécanicien lui tendait.

« Merci Madame. » répondit il ne sachant plus trop s’il devait être vexé de l’avoir vu tout vérifier ou flatter qu’une aviatrice renommée le félicite sur son travail, d’autant que son sourire était bien souvent qualifié de désarmant par la sincérité qu’il offrait.

« Merci à vous » ajouta t’elle d’un air jovial tout en lui rendant le morceau de tissu qui avait permis d’effacer les petites traces d’huiles sur ses mains.  Elle prit une petite inspiration tout en observant ce hangar aux milles merveilles. Comme souvent dans sa vie, Amélia était heureuse d’être là où elle se trouvait, convaincue d’être à sa place et heureuse de se rendre utile pour autrui. Et aujourd’hui, ce “autrui” n’était autre que Ciara Connelly ce qui la réjouissait d’autant plus.

Alexan lui avait déjà parlé de cette toute jeune femme pleine de joie de vivre et aimant les patates, elle avait d’ailleurs fait sa connaissance au mariage de son autre patron... bon sang, elle en était à avoir trois patrons et trois hommes qu’elle appréciait grandement.  Non, décidément, elle se sentait à sa place dans cette vie.  
Bref, la jeune femme ne devrait plus tarder, il était donc temps de faire un petit tour par les commodités pour soulager sa vessie qui devrait ensuite tenir cinq heures durant. Et puis, ils allaient être accueilli à l’ambassade à leur arrivée, la rouquine ne pouvait décemment pas se présenter là bas en salopette de mécano et elle avait emporté une tenue de pilote, la plus féminine et élégante qu’elle avait trouvé pour l’occasion, il était temps de l’enfiler maintenant que la partie salissante du travail était terminée.

Un grain de sable entre les pages

CIARA & AMELIA ▬ Son livre s'appelait le livre de sable, parce que ni ce livre ni le sable n'ont de commencement ni de fin.

Amélia réajusta sa veste et se pencha au dessus du petit lavabo des toilettes pour vérifier que la poudre de riz masquait bien ses tâches de rousseurs, ces petits points qu’elle trouvait bien ingrat sur sa peau laiteuse.trois renaissances et elles étaient toujours là, c’est un comble! Mais soit, ces petites tâches de son restaient inlassablement dissimulées par un maquillage de pure coquetterie mais sans extravagance.

Elle ressortit enfin avec son petit paquetage qu’elle alla déposer à l’arrière de l’avion; elle le plaça derrière un des filet de protection qui permettait d’éviter que les petits paquets ne se promènent dans la carlingue au moindre mouvement de l’appareil. Bien, tout était prêt, il ne manquait plus que le principal : sa passagère.  Et c’est en descendant les trois marches qui permettaient de passer de l’avion au sol qu’elle entendit la voix guillerette de Ciara.
Un sourire chaleureux jaillit instantanément sur son visage et elle fit quelques pas à la rencontre de la jeune femme qui se reprenait d’avoir... utiliser son prénom ? Ce que les humains pouvaient être marrant !

« Ciara ! » dit elle en écartant les bras pour offrir une accolade sans manière à la jeune femme. Elle risquait de sentir la chaleur un peu au dessus de la norme du phénix, mais bon Eos n’allait pas se priver de contact juste pour ça.

« On va faire simple. Vous m'appellerez ‘O grande pilote émérite” et moi je vous appellerais “O jolie dénicheuse de livres amoureuse de patates” !   » proposa la pilote en levant le nez pour se donner un air faussement hautain qui généralement ne trompait jamais personne.

« Ou alors, on se tutoie et on s'appelle par nos prénoms. A l'ambassade, nous serons suffisamment obligées de donner du Sir ou du Lord pour ne pas s’embêter avec tout ça dans l’avion. »

L’aviatrice suivit le regard de la bibliothécaire qui observait les contours de l’aéronef aux courbes élégantes et intrépides, du moins, c’était ainsi qu’elle les voyait elle.
La question de la jolie demoiselle était charmante et prouvait que ce serait donc le premier voyage en avion de Miss Connolly.

« Non, les ailes ne bougent pas et ce sont des moteurs qui permettent de le propulser jusqu'à une altitude où l'air aide à le porter. » expliqua l'aviatrice avec entrain en invitant d'un geste la jeune femme a la suivre pour faire le tour de l'appareil et lui expliquer grosso modo le fonctionnement des principaux éléments.

Un toussotement se fit entendre non loin des deux femmes et Amélia se tourna vers l'origine de ce bruit incongru et découvrit le mécanicien qui l'avait aidé à préparer l'avion.

« Ah oui Jeffrey, c'est l'heure, je sais, il faut respecter l'horaire prévu au plan de vol ! » s'exclama t'elle joyeusement avant de se tourner vers Ciara.

« tu as beaucoup de bagages à monter à bord ? »

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CIARA & AMELIA ▬ Son livre s'appelait le livre de sable, parce que ni ce livre ni le sable n'ont de commencement ni de fin.

En plus d’être souriante et joviale, Ciara ne manquait pas d’humour et c’était fort agréable. Amélia n’était pas très sûre de savoir à quel genre de personne s’attendre pour les vols qu’elle effecturait pour la Ligue. Bien sûr, elle connaissait Anastasis et Alexan et Tristan et Tomoe et chacun était merveilleux à sa façon et Ciara semblait s’ajouter de ce type de personnalité ce qui était une excellente nouvelle.

La jeune femme semblait boire ses explications ce qui était tout aussi agréable au moins elle n’avait pas l’impression de parler dans le vide mais Jeffrey les interrompit pour leur rappeler l’heure. Elle s’enquit donc des bagages de la demoiselle qui n’en avait en fait pas ou presque pas. Sa besace était bien ronde mais ça restait très léger pour une jeune femme de cette époque.

« Dans ce cas, en voiture ! Enfin, en avion ! » fit Amélia avec enthousiasme « Et, tu as réussi a faire entrer une jolie robe pour ce soir dans ta besace ? » interrogea la rouquine.

Mais si le phénix avait des questions, la brunette en avait tout autant sur l’aviation et ses régles et comme toujours l’aéronaute mis un point d’honneur à fournir les explications demandées. Comme c’est agréable d’avoir quelqu’un qui s’intéresse et dont l’esprit est aussi curieux qu’éveillé !

« Oui, c’est assez important, pas vital mais pratique dirons nous. A notre époque, il y a de plus en plus d’aéronef dans le ciel et il faut veiller à ce que tout le monde ne veuille pas s’élever en même temps. L’autre raison étant qu’en sachant notre heure de départ, notre port d’arrivée peut calculer notre heure d’atterrissage approximatif et si nous ne dépassons de trop, signaler notre absence. »

Tout en répondant, elle invita Ciara à prendre le petit escalier qui servait aussi de porte, pour monter dans la carlingue où elle la suivit.

« Pour ce qui est de l’essence, c’est un calcul entre la consommation du moteur et la distance à parcourir, nous ajustons ce calcul en fonction des prévisions météorologiques et du poids à transporter et on ajoute une marge de sécurité pour ne pas risquer de tomber en panne sèche. Pour le mal aux oreilles, oui c’est vrai, celà vient du fait que nous allons prendre de l’altitude rapidement. Si vous commencez à avoir mal, faites ceci »

Amélia fit un mouvement des mâchoires comme si elle mâchait un gros morceau de pomme de terre brûlante, ce qui devait lui donner une mine ridicule dont elle ne se soucia pas une seconde. La technique marchait pour la plupart des gens. Puis l’aviatrice sortit un petit paquet de la poche de sa veste jaune.

« Sinon, vous pouvez mâcher ceci, vous connaissez ? C’est de la gomme à mâcher, j’en trouvais facilement en amérique mais à Londres j’en trouve plus difficilement. » expliqua t’elle en tendant le petit paquet à la métamorphe.

Elle indiqua un endroit où CIara pouvait poser son sac, une sorte de filet solidement accroché à la paroi de l’arrière de l’avion, il y avait aussi de ce coté un petit banc sous ce filet et sur la paroi d’en face, un siège près de la porte qui était encore ouverte. Une fois le petit bagage en sécurité, Amélia invita la jeune bibliothécaire à avancer vers le cockpit qui déclencha une vive réaction qui fit d’autant plus sourire la rousse.

« J’appui sur les boutons au hasard et ça finit toujours par marcher. » plaisanta Amélia avant de reprendre avec un peu plus de sérieux. « C’est comme tout, ça s’apprend et j’ai appris à force de tester et au contact d’autres passionnés. Oh, je vous rassure, j’ai bien mon brevet de pilote ! Je pourrais te raconter ma vie d’apprentie pilote mais nous devons décoller. Installe toi et attache ta ceinture. »

Après avoir indiqué quel était le siège du passager, elle reparti sur ses pas et lança quelques indications à Jeffrey pour qu’il libère les roues, et attrapa la lanière de la porte pour la remonter et en bloquer le mécanisme. Elle revint ensuite à l’avant et prit place sur le siège du pilote. Elle attacha sa ceinture et alluma le moteur alors que devant le nez de l’avion Jeffrey lançait l’hélice. Le vrombissement s’étala dans tout l'habitacle et fit trembler les parois de l’aéronef. Les portes du grand hangar furent ouvertes et l’avion commença à rouler vers la piste de décollage.

« Ne vous inquiétez pas, ça fera un peu moins de bruits après, nous pourrons reprendre notre petite discussion. » cria Amélia par-dessus le bruit ambiant.

L’avion avança sur la piste, la pilote activa plusieurs boutons poussoirs et arma le manche avant de donner de la vitesse. L’avion roulait de plus en plus vite sur la voie dégagée pour le décollage secourant un peu les deux femmes sur leur siège à cause des légères irrégularités du sol sous les roues. Elles accélérateur encore et les secousses se firent plus fortes jusqu’à ce que d’un coup, elles disparaissent totalement au moment où l’engin quittait le contact du sol. Le petit avion monta ensuite par une série de petits paliers successifs qui colla les deux femmes au dossier de leurs sièges. L’habitacle était encore envahi par le bruit du moteur tournant à plein régime et les vibrations qui se répercutaient dans toute la carlingue donnant l’impression que l’avion était bien plus fragile qu’il ne l’était réellement... quoique.... un avion, c’est fragile.

« Altitute de croisière atteinte. » fit Amélia en basculant un levier qui fit baisser drastiquement le son du moteur. Le “vrrrvrrrr vrrr vrrr” était encore bien présent, mais au moins maintenant, les parois tremblaient bien moins et elles pouvaient maintenant parler normalement.

« Les oreilles ça va ? » demanda t’elle à la jeune femme à ses cotés.

L’avion flottait dans l’air, au milieu d’une vaste étendue bleue et Amélia se tenait bien plus détendue sur son siège, une main toujours sur le manche alors que pour le décollage, les deux y étaient fermement agrippées. « Alors dites moi Ciara, comment êtes vous arrivé dans la Ligue ? »

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CIARA & AMELIA ▬ Son livre s'appelait le livre de sable, parce que ni ce livre ni le sable n'ont de commencement ni de fin.

Rouge ? Est ce que le rouge pourrait poser souci ? Amélia n'en avait aucune idée ! Elle avait survolé l'Egypte mais jamais mis les pieds là-bas, pas plus que dans ses vies précédentes..

« Je ne vois pas pourquoi il y aurait un souci, d'autant que ce sera très joli avec la couleur de vos cheveux. » pourquoi en serait-il autrement ? Cette jeune femme était d'une beauté innocente et son sourire ne pourrait que ravir les gens de l'ambassade.

De discussion de mode, elles passèrent à un sujet bien plus technique qui intéressait rarement les femmes et seulement certains hommes jusqu'ici et Amélia était toujours heureuse de dispenser son savoir et partager son expérience. Et si celà pouvait en plus rassurer la jeune bibliothécaire sur la sécurité de ce vol et les risques de tomber pour faute de carburant... et bien tant mieux!
Il restait à espérer qu'elle n'avait pas discuté avec Miss Gozen... vu le crash qu'elles avaient subi en mars... Non, elle serait comme cet homme du Nord qui refusait de monter dans son avion ! Enfin, elle n'avait pas dit son dernier mot le concernant et s'était promis de le réconcilier avec les objets volants.
Amélia sourit face à la crainte de les voir faire le plein au bec (enfin les humain disait au nez non ?) ... Le pire, c'est qu'elle n'avait pas tout à fait tort.

« Le pire, c'est que vous n'avez pas tout à fait tort. Maintenant, ça ne se fait plus, mais au début de l'aviation oui, il y avait tout à apprendre, ou lorsque le moteur est un prototype tout neuf, le premier plein se fait un peu au hasard, enfin un hasard éclairé et le premier vol sert souvent d'étalonnage. Mais ne vous inquiétez pas ! Ca ne se fait plus maintenant et ce coucou est déjà rôdé ! » fit la phenix avec entrain en tapotant la coque métallique du coucou en question.

Il fut rapidement temps de monter à bord. Amélia aurait pu continuer à converser ainsi pendant des heures mais comme Jeffrey le leur rappela, elles n'en avaient pas autant devant elle et elles étaient attendues là bas. Elle laissa néanmoins Ciara découvrir l'intérieur et s'émerveiller de tout ce qu'elle souhaitait, avoir quelqu'un d'aussi naturel et expressif était un pur bonheur et la rouquine avait l'impression qu'elle pourrait lui faire un gros câlin qu'elle ne s'en offusquerait pas ou ne s'en sentirait pas génée contrairement à Tomoe.. ou Lucian... ou Miss Hennessy... même Tristan, même si il les appréciait plus qu'il ne l'avouait, pour preuve, il ne lui en avait jamais refusé ! Il n'y avait que Alexan et Anastasis qui les aimaient et les partageaient avec autant de naturel... peut-être Ciara était de ceux-là, elle avait trois jours pour le découvrir et quelque chose lui disait que ça lui prendrait moins que ça.

Pour le moment, la brunette s'inquiétait d'avoir mal aux oreilles et Amélia lui partagea sa technique maison que la jeune femme imita et les deux finirent sur un petite fou rire avant qu'Amélia ne lui présente l'autre solution, qui consistait à macher de la gomme.
« Alors, ça ne s'avale surtout pas ! Ce n'est pas bon a digérer et certains disent même que ça peut coller l'intestin, je ne sais pas trop si c'est vrai, je ne suis pas médecin, mais du coup, je ne me suis jamais risquée à en avaler un. »

Elle aurait pu, au pire si elle s'étouffait avec, elle renaîtrait, mais bon avoir les intestin collé devait être atrocement douloureux et une mort lente... et puis ça voudrait dire aussi retourner plusieurs dizaines d'années au nid et devoir mettre en suspend cette nouvelle vie et les beaux projets de cette renaissance... quel dommage ce serait !

Avec les vous et tu, la jeune femme s'empêtrait mais ce qui valait surtout ses exclamations c'était le fait d'avoir une 'américaine" devant elle. Bon, elle n'avait pas vraiment l'accent américain ou du moins pas autant que Jon Halley mais bon, un phénix était de partout et de nulle part et les accents, ça va, ça viens aussi vite qu'un pinson affolé !
« Je suis américaine, enfin pour cette vie. J'ai commencé l'aviation là bas, je ne suis venue à Londres qu'il y a.... un peu plus d'un an. Mais j'ai beaucoup voyagé oui, je pourrais te raconter l'Amérique pendant le vol si tu veux. »
Si Amélia commençait sur ce thème, Jeffrey allait devoir revenir pour les coller de force dans le cockpit !

Ce fut d'ailleurs une autre partie de l'avion qui fit s'arrondir les yeux de la femme au visage rond et elle lui fit un superbe cadeau de part ses mots. Etre un modèle c'était une autre façon d'inspirer les gens qui vous entourent et c'était ce qu'Amélia avait toujours été et ce qui lui rendait tout la lumière qu'elle dispensait autour d'elle, cette belle croyance, élément indispensable au bonheur d'un phénix, gonflant ainsi, non son égo, mais sa capacité à la redistribuer et à en nourrir le coeur de leurs protégés.
« Je te remercie Ciara, peut être que de voir que c'est possible inspirera d'autres personnes de tous horizons à déployer leurs ailes. »

Et il était temps de déployer les leurs, enfin techniquement elles l'étaient déjà mais il était temps de prouver qu'elles pouvaient voler. Le départ fut bruyant et tremblant et c'était dommage que ces engins ne soient pas encore capable d'offrir aux "sans ailes" des sensations de vol aussi paisible et libératoire que le vol d'un oiseau, que cette douce sensation de sentir l'air glisser sur votre tête et votre dos tout en vous portant sous vos larges ailes... Oui, ces engins étaient encore imparfaits et la crispation soudaine de sa copilote du jour en était une preuve édifiante. Elle aurait voulu la rassurer en la prenant dans ses bras ou même en lui serrant juste la main mais hélas dans cette phase de vol, elle ne pouvait pas décoller les doigts du manche ! Ciara allait devoir subir, tout ce que pouvait lui offrir Amélia c'était un sourire rassurant et quelques mots pour lui dire que tout allait bien se passer.

Puis, elle put enfin faire décélérer le moteur pour faire renaître un peu de calme dans l'habitacle et reprendre une discussion plus agréable avec sa copilote du jour. La jeune femme semblait aller mieux que pendant le décollage et peut être que de voir la pilote prendre une posture plus détendue maintenant qu'elle avait atteint l'altitude requise l'aiderait à se détendre elle-même et puis, ça allait moins secouer ce qui aidait souvent. Et pour l'aider à oublier un peu qu'elles étaient à une hauteur vertigineuse la phénix engagea la discussion sur ce qui avait conduit Ciara à intégrer la Ligue.. Ohlala qu'il était plaisant de ne plus avoir de secret sur ce sujet... enfin plus avec les gens qu'elle côtoyait pour le Ligue et Anastasis et Alexan.... Bon il restait ses collègues de la Halley corp à qui elle ne pouvait pas tout dire mais elle avait plein d'autres choses à leur raconter et d'ordres à leur donner ! Bon, il y avait bien pire qu'elle en cheffe d'équipe... il y avait Fulmir et sa tête de grognon mais il avait un bon fond.

Elle écouta donc attentivement la jeune femme à ses cotés qui parla plus qu'elle ne s'y attendait. Oh ! Pour une fois qu'elle avait une passagère aussi bavarde qu'elle! Quelle chance!
Une cultivatrice de patates ! Voilà d'où venait son goût pour ce légume, elle comprenait mieux pourquoi Alexan l'avait présentée par ce détail, puisqu'à l'époque il ne pouvait pas lui dire grand chose de plus. En tout cas, ses raisons de s'engager dans l'organisation étaient noble et belles, ce qui gorgeait la phénix de joie et la renforçait dans son propre choix d'accepter la proposition de Monsieur Hennessy.

Mais voilà qu'il y avait un mariage dans l'affaire et des parents refusant le départ de leur fille en solitaire. Dans un sens ils étaient un peu comme ces vieux phénix du nid qui peinait tant à accepter que les oisillons même devenus adultes quitte le nid... car ils étaient trop rares et précieux et que le monde rimait avec danger. Bon sang qu'ils avaient tort et si le phenix se frottait un peu plus souvent au danger, peut être auraient ils moins de mal à faire des oeufs ! Bref, la question n'était pas là mais au mariage de Ciara qui semblait moins joyeux qu'elle ne l'avait espéré. Elle n'aimait pas son mari, enfin juste comme un ami si elle avait bien compris. Amélia préférait les beaux mariages, ceux fait par amour... enfin l'institution comme la voyait les humain n'avait aucun sens à ses yeux, mais comme celà semblait central pour les "deux pattes" comme disait Rion, elle trouvait dommage que tous ne soient pas comme celui de Andrew et Keira, fait en symbole d'amour et non pour les conventions... comme elle et Ani étaient censé le faire d'ailleurs, celà allait bientôt faire une année de fiançailles, les humains de leurs connaissances allaient finir par se poser des questions s'ils ne voyaient pas venir la publication des bans...

Enfin, aussi étrange que soit ce mariage pour la bibliothécaire, il était synonyme de liberté et c'était peut être là l'essentiel. Et voilà qu'elle lui retournait la question pour son désir de devenir pilote... Pouvait-elle lui donner la véritable raison sans trahir son espèce... oui, il restait là un secret encore même au sein de la Ligue... Elle pouvait peut être... elle avait l'air si gentille et avait l'affection d'Alexan, il ne donnerait pas sa confiance à n'importe qui... bon au pire ce ne serait qu'un indice.

« Pour être honnête, jusqu'à il y a quelques années, ça ne m'avait même pas traversé l'esprit. C'est en rencontrant des passionnés que j'ai compris que c'était là un merveilleux moyen d'offrir aux humains l'occasion de s'approcher de ce qu'on peut ressentir en volant. Voir le monde de haut permet de se rendre compte que nous ne sommes que de petit organismes peuplant le monde, ça apprend à remettre les choses en perspective à être meilleurs pour les autres » Amélia avait un sourire encore plus large et ajouta en appuyant sur ses mots laissant éclater son enthousiasme. « Et puis c'est un tel sentiment de liberté ! »

Elle tourna un instant la tête vers Ciara avant de laisser son regard suivre les contour de la coque métallique, perdant un peu de l'étirement de ses lèvres.

« Bon, coincés là dedans, ce n'est pas encore tout à fait ça mais j'espère qu'un jour les techniques permettront d'offrir mieux. Enfin, voilà, je suis tombée sur des farfelus qui bricolaient un avion dans leur garage et ça m'a mis les mains sur le manche et je ne l'ai plus lâché. » conclut elle avec un petit mouvement d'épaules.

« Si j'ai bien compris, ton mari et un ami pour toi mais tu ne l'aimes pas ? En quoi est ce différent pour toi l'amour qu'il te porte et celui que toi tu lui portes ? Enfin, si ce n'est pas trop gênant, je sais que les autres n'aiment pas toujours parler de ces choses là. »