Cause i’m a monster △ Alva

« Parfait dans ce cas…on peut continuer la nuit blanche. » vu l’heure, on va soit s'écrouler de sommeil dans les minutes qui arrivent … soit pas du tout. « Oui, ma cave est vide par ta faute. » simple taquinerie. « J’ai beaucoup de choses, donc dis-moi ce qui te fait plaisir. »
« Tu as du Porto ? » elle reboutonna sa chemise et ajoute « Je paierais ma dette. »
« Oui… j’espère bien, je tourne à sec en attendant ce grand jour ! »

Je la fis sortir de l’infirmerie où on passa dans un couloir et un escalier menant à un autre tout deux décoré mais on pouvait déjà voir quelques œuvres animés sur les murs. Je la guidai vers le second salon, le plus proche de là où nous étions et assurément mon favori, la pièce était vaste, mais surtout elle était particulière. Outre la décoration de bon goût, l’endroit semblait être un écrin de nature en pleine ville. Le sol était de l’herbe, un pommier sur la gauche rose avec des pommes d’or trônait, étalant ses branches au plafond. Quand on arriva, il n'y avait pas de lumière, sauf des petites lucioles au ventre bien rond éclairant l’endroit avec leur douceur, le plafond était une composition d’un ciel étoilé qui bougeait selon l’heure de la journée. Il avait au centre un canapé ainsi qu’une Kline, fauteuil antique ou chaise longue rembourré pour une posture demi allongé où on pouvait tenir à deux. Une table basse particulière était présente, elle était animée d’un petit monde, comme si on pouvait observer un univers vu du haut. Il avait aussi une petite rivière serpentant dans l’endroit avec des poissons colorés, un bureau au fond où des dessins de Mia trainaient, divers décoration magique, une horloge intriguant et surtout au fond, une baie vitrée donnant sur le jardin et le parc où se trouvait mon cheval maudit Outrageous, un magnifique étalon hanovrien bai (ou plutôt feu) le regard rouge et l’air féroce. Il avait aussi une autre créature, mais à voir si Alva le perçoit, il fallait avoir vécu une expérience de mort instantané ou être mort. Un Skieck, une créature qu’on avait découvert avec Tomoe, une sorte de cheval squelettique avec des ailes, pas dangereux juste moche. Dès qu’on pénétra dans le lieu, il avait une petite musique d’ambiance qui se distillait.

Je me dirigeai vers l’un des meubles, un bar à proprement parler, où je lui servais du porto venu du Portugal tant qu’à faire et je me servit –sans surprise – du whisky. Je lui tendis son petit verre à ballon, m’installant sur la kline, relevant mon genou après avoir quitté les chaussures dès mon entrée dans le salon, savourant la texture moelleuse et douce de cette herbe loin d’être normale.
« Et voilà. » je la laissa découvrir l’endroit, la tête de mon étalon s’était relevée en voyant du mouvement dans le salon, avant de s'intéresser à son colocataire pour le chasser de quelques pas et lui prendre sa nourriture.

Alva suivit le dragon dans les couloirs de son manoir. Si l’infirmerie semblait normale, quoique incongru dans une demeure de ce type, les quelques tableaux mouvant qu’ils croisèrent sur leur chemin la plongèrent dans une ambiance plus empreinte de magie et la porte qu’ouvrit Lucian pour l’inviter à entrer ne fit qu'accroître cette impression.

Tout ici ressemblait à un jardin, le sol, l’arbre, une petite rivière, un ciel étoilé et la lumière douce de lucioles. Une ambiance nocturne qu’aucun d’eux ne semblait avoir envie de quitter. Seule la grande baie vitrée au fond, laissait voir le jour qui se levait paresseusement au-delà du jardin.
« C'est impressionnant...»

La louve laissa son regard se porter partout tout en avançant dans la vaste pièce... pouvait-on encore appeler ça une pièce ? Un morceau de nature au beau milieu d’un bureau. Elle s’avança vers la baie vitrée, laissant sa main longer le bureau lorsqu’elle passa à côté. Elle baissa les yeux sur les dessins, en prit un pour l’observer.
« Elle s’améliore pour dessiner les dragons.» constata t’elle avec un sourire chaleureux.

Elle reposa le dessin pour prendre le verre qu'elle fit tinter contre celui du dragon en question puis porta son attention au-delà de la large fenêtre.
« Il est impressionnant ton cheval; son regard, qu’est ce qu’il a ?»
Lucian l’avait rejoint observant l’étalon qui avait repéré leur présence et s’approchait d’eux en soufflant de la fumée de ses naseaux.
« Outrageous. Il est maudit. » il but une gorgée de son whisky « Il est plus intelligent que les autres, aime un peu trop la viande même s’il broute et il a un sacré caractère. Néanmoins, si tu aimes le saut d’obstacle, il saute 1m40 sans aucun problème et il adore ça. »
« Blanche recueille tout ce qui bouge et toi tout ce qui est maudit ?»
Je me mis à rire, oui ce n’était pas faux. « Le seul que j’ai choisi c’est cette carne d’Outrageous. Ou tout ce qui est bizarre. Il y a trois autres bestioles dans la maison. Etoile, le chat que m'a ramené en cachette Mia qui est malheureusement normal, Arkan, une sorte de petit dragon râleur, doit dormir avec elle. Et le dernier… je pense que tu ne le vois pas. Il est à coté d’Outrageous. »
Elle scruta un peu plus par la fenêtre et se retourna vers lui « En effet, je ne vois que Outrageous. Pourquoi je ne vois pas l’autre ? Qu’est ce que c’est ?»

Oui, cela l’ait, j’ai pensé et décoré chaque pièce au fil de mes envies et j’en suis assez fier mine de rien. Je jetai un regard amusé aux croquis de la gamine, elle aimait dessiner des dragons – comme papa – ou des représentations de sa famille en loup.

« Oui ce n’est plus des saucisses avec des triangles pour les ailes. » fis-je plus doux en parlant de ma fille. La discussion alla ensuite sur la particularité de mon étalon. Il me semble qu’elle aime beaucoup les chevaux, cela se voyait bien au Moyen Orient, elle avait récupéré les chevaux arabes. Je ne pouvais pas, Outrageous les auraient bouffé et puis j’en avais nullement envie. en tout cas, elle ne pouvait pas voir … il faut que je lui trouve un prénom à cette bestiole décharnée… pas étonnant, même si elle avait une vie riche, ce n’est pas le genre de créature qu’on souhaite apercevoir, pourtant, elles sont d’une gentillesse incroyable. C’est un peu le monstre qui veut de l’amour mais qui effraie tout le monde.

« Une créature équine un peu effrayante, mais elle pacifique et très sociable. Elle n’est vue que par ceux ayant expérimenté la mort. Tomoe Gozen en a aussi un, nous les avons récupérés en mission. » dis-je simplement mettant ma main sur la vitre ou je voyais le drôle d’animal. Je me détourna pour ouvrir la baie vitrée et naturellement le cheval bai passa la tête pour sentir Alva, je savais qu’il ne l’attaquerai pas, puisqu’elle sentait le prédateur et qu’elle était surtout avec moi.

« Malgré ma curiosité, je vais espérer ne pas la voir trop tôt cette créature alors. D’où vient elle ?» Alva glissa sa main, paume ouverte vers le nez du cheval pour voir s’il acceptait le contact et tester à quel point il avait sale caractère.

Naturellement Outrageous se laisser toucher avant de lever le nez pour ouvrir la bouche et la provoquer en simulant l’action de la mordre.

« Outra ! Commence pas ! Elle n'a pas à manger ! » fis-je irrité, et le cheval émit une sorte de grognement comme un rire moqueur et claqua les dents avant de pénétrer dans le salon et attrapé un dessin de Mia et repartir avec la tête haute avec cette fierté propre, il était taquin et très charismatique comme cheval. Il le savait, comme tous étalon il se la pète ! Il se mit à trotter alors que le Skiels essayait de lui reprendre. Je roulai des yeux, sortant un peu dans le jardin assez boisé ou on entendait le bruit d’une cascade elle se trouvait non loin derrière l’immense bosquet de plantes.

« Certes. Pourtant, c’est une créature d’une grande bonté et très affectueuse. Elle pourrait te plaire. En plus elle vole ! » une gorgée de whisky. « On a trouvé une ferme de morts-vivants. Ils importaient des créatures, type wendigo et baykok ou bien les fabriquaient. Il en avait de toute sorte, au début nous étions sur un trafic de goules… et plus en découvraient des bâtiments plus c’était festival, il y avait une Willie et un nécrophage par exemple. Puis cet enclos d’animaux zombie dont ses créatures un peu étranges et inconnues. Tomoe a flashé sur l’une d’entre elle et j’en ai ramené une pour l’observer. Je n’en avais jamais vu. C’est rare. »
Le dessin revenu, pour Alva cela devait être étrange, puisqu’il se baladait dans les air, le skiels me le tendi et je lui fit une caresse sur le chaufrein avant qu’il reparte faire l’idiot ave le cheval maudit en battant des ailes. On put sentir son petit mouvement d’air.

Le cheval de Lucian ne perdit pas une seconde pour montrer de quel bois il était fait. En voilà un qui mènerait la vie dur à Thanatos et qui lui rappellerait bien plus férocement que Thooz qu’il n’était pas un étalon lui.
Elle le regarda s’éloigner avec le dessin de Mia en fanfaronnant comme un dandy, l’encolure levée et la tête bien dressée, la queue vers le haut laissant ses crins rdescendre en panache au rythme de son trot, il était d’une élégance folle et faisait son petit numéro pour la gallerie.
« Il te ressemble. »
« On a souvent son reflet en monture… mais il n’aime pas le poisson ! » annonça Lucian assumant clairement ses ressemblances avec l’étalon, qui se cabrait et couinait, signe qu’il jouait avec quelque chose d’invisible.

Il avait raison, c’était probablement pour ça que Thanatos été réputé pour avoir mauvais caractère, ce qui était vrai, il se montrait toujours difficile et intransigeant avec les cavaliers qu’ils ne connaissaient pas. Mais une fois entre les mains de sa cavalière attitrée, il se donnait à fond. Cette pensée la fit sourire alors qu’elle observait le spectacle, pouffant parfois d’une facétie de l’étalon avant d’observer le dessin revenir dans leur direction comme s’il flottait dans l’air. Lucian lui raconta d’où venait la créature et son caractère. Elle aurait aimé être capable de la voir mais cela restait une créature invisible dont seul le dessin volant, ou ce courant d'air qui fit voleter ses mèches encore brunes étaient les traces visibles pour elle.
« Une autre mission qui ne devait pas être de tout repos, enfin c’est rarement le cas à la Ligue ces derniers temps.» déclara t’elle en prenant une autre gorgée dans son verre.
Le soleil pointant sur l'horizon annonçait une nouvelle journée estivale pourtant l’air était de nouveau frais si tôt le matin et prédisait que l’été atteignait son dernier quart. Alva se tourna de nouveau vers la pièce, ne se lassant pas de la magie de l’endroit.

« Il doit bien avoir des mission pour guimauves, mais on ne les confie pas aux personnes comme nous. »
dis-je sans état d’âme. Une mission de tout repos ? Non, elle ne l’avait pas été, même si à comparer de celle des Hiboux, cela ressemblait à une colonie de vacances.
« Elle date d’avril, ma première avec ma mentor. Même si bon, cela me paraît toujours aussi ridicule d’être novice. Je n’ai pas à me plaindre de l’avoir en mentor. Bien au contraire. Tu la connais ? Enfin tu étais en mission avec elle en mai. »

Et je savais que c'était nécessaire, il est juste ironique que vu mon expérience et âge que je le sois. Au fond, cela me dérangeait que moyennement, je pouvais simplement prendre et évaluer la ligue dans les ombres et partir avec des gens différents. On ne me mettait pas en équipe avec des débutants, fort heureusement. Et je n’avais pas à me plaindre de Tomoe, bien au contraire. Tristan, l’avait bien choisi sans se douter que nous nous connaissions déjà et qu’elle m’avait déjà répertorié à la Ligue.

« Je la connais un peu, une femme honorable et redoutable. Mais nous n’avons que peu eu l’occasion de partir en mission ensemble à part en Mai. Nous sommes le plus souvent envoyés avec des novices ou des initiés parfois mais rarement entre intronisés ou mentor. » elle reprit une gorgée de son verre «J’imagine qu'à ton âge te retrouver novice soit paraître étrange mais c’est un passage obligé autant pour toi que pour la Ligue que chacun puisse s’évaluer en quelque sorte. Mais ce statut n’est pas définitif et au vues des missions qui t’ont été confiées, je pense que tu ne le seras plus très longtemps. »

Je ne pouvais que la rejoindre, de plus j’avais cette nostalgie sur l’ancien temps japonais, un point commun que nous partagions.
« Que ça doit être chiant de partir avec certaines bleusailles… » moi ça me gonflait. Après je suis trop électron libre pour me soucier de faire le mentor d’un jeune gamin… ou même d’un plus ancien. Cela ne m’intéresse pas et si je suis à la Ligue ce n’est pas pour faire la nourrice. Mine de rien, cet organisme était intriguant et il avait moyen de faire quelque chose de ce truc.

« Je le conçois bien. Avec mon départ pour Avalon, ma période sera augmentée pour compenser. Ce qui n’est pas dérangeant en soi. »
«Parfois. Certains bleus sont plus prometteurs que d’autres... et certains plus chiants que les autres. » précisa t’elle avec une petite pique d’humour. « Mais c’est intéressant aussi de transmettre quand la bleusaille n’a pas 3 450 ans de plus que nous bien sûr. »
Je pouffai amuser. « Et certains sont les deux … Ce n’est pas parcequ’on est vieux, qu’on ne peut rien apprendre. » dis-je sans appel, je suis tellement curieux, qu’il suffisait de peu de chose pour que ça m’intéresse… ou du moins le temps suffisant pour capter mon attention.
« On apprend toujours de toute choses. Enfin, voilà qui est rassurant de voir que les millénaires ne t’ont pas rendu blasé de tout. Et tu peux même prendre ça comme un compliment. » dit-elle avant de se tourner pour retourner à son inspection des lieux.

« Owwwww… un compliment ! C’est Noël ! Merci mon seigneur ! »
Comme un compliment ? Mais on va inviter la licorne tous les jours pour que tu sois de si belle humeur ! Et oui j’en fais des caisses !
« Plus sérieusement, si la curiosité et la soif d’apprendre ne m’animait pas, je serais bien mélancolique. C’est bien beau d’être immortel, mais c’est plutôt long quand on n’ait jamais bousculé, surpris ou même enrichi. » déjà que je suis un solitaire alors bon, si je suis aussi seul en savoir je ne vois pas l'intérêt de vivre si longtemps… certes pour faire de grandes choses, mais en 3 500 ans… j’en avais déjà fait pas mal. Pour cela que j’aime l’art, la culture et toutes sources d’apprentissage… et pour cela que je fais plein de plans tordus, pour m’occuper mon cerveau constamment en ébullition.

« Tu serais un bien triste Sire. »
« Et je ne le suis jamais ! » dis-je enjoué ! Même si c’est faux au fond, cela m’était arrivé et ce n’est pas une émotion que je laisse s’épanouir, elle disparaît derrière ma colère. Elle acquiesça d’un petit hochement de tête suivi d’un rictus que je lui rendit par mimétisme.

Je la suivis dans le salon, revenant dans cette pièce que j'aime beaucoup. Mia aussi, elle adorait embêter les petits gens dans la table basse.

« C’est quoi cette horloge ? » demanda t’elle en pointant du doigt l’objet qui avait relevé son attention après avoir refait quelques pas dans la pièce.
Je m’approchai de l’horloge, elle était particulière, d’un matériau doré en cercle avec des écritures grec, l’heure s’affichait par un mécanisme issu de lumière et d’un peu de magie médiocre mais suffisante pour capter les changements de luminosité et donc le temps qui passe. Comme une horloge solaire.

« Une expérimentation de Thales. Bourré de calcul et inspiré de l’horloge solaire, elle fut améliorée avec de la magie, elle capte la lumière dehors pour donner l’heure. Elle ne marche pas toujours très bien. Mais je le trouve esthétique. »

« Et de ce que je vois ce n’est plus vraiment l’heure du Porto ou du Whisky » dit-elle sans vraiment se formaliser avant de bifurquer vers la table. « Et toutes les pièces sont comme ça ? Pleine de magie et d’objets particuliers ? »

« Ah… il y a une heure pour ça ? » dis-je avec une certaine ironie, je bois n’importe quand … et sûrement trop. Mais cela ne me faisait plus rien, il en fallait pour me bourrer et mon foie se régnerait autant que mes cellules. « Bien entendu. Tout comme la galerie. Très peu pour moi, la simplicité. » j’aime un peu trop la magie, c’est mon hobbie et mon lieu d’habitation était à l’image de mes passions. J’aime aussi décoré un endroit, enfin réfléchir à chaque chose et le créer. Tabitha m’avait déjà traité sous la colère d’avoir le complexe de dieu… mais si je lui dit que la religion a été créé sous mon influence, c’est fini, elle me nomme “dieu tout puissant” juste pour faire chier.

« Tu n’aurais pas dû me dire ça, je vais vouloir tout visiter maintenant. » elle s’étira pour essayer de chasser la fatigue de son corps avant de se pencher sur la table. « Et ça ? On dirait un mini monde... »

Je lui fis un ritus innocent avec une moue disant “oups”. Tu fatigues louvette ? Après tout… on avait pas fait d'activité très reposante au début… quoique après ce fut émotionnellement parlant.

« Tu as quelque chose de plus important à faire ? » dis-je amusé et encore soumis aux émotions de joie vécues dans la forêt. Et puis bon…j’avais une envie latente au fond. « C’est un peu le cas. Un objet que j’ai trouvé chez un sorcier. J’ai trouvé ça fascinant et son fonctionnement est inconnu, il a peut-être enfermé des gens dedans … et depuis sa vie dans un petit pays miniature. Évite de taper sur le verre, ils sont terrifiés après. »
Elle se redressa d’un coup l’air perplexe. « De vrais gens ? Et tu as cherché un moyen de les sortir de là ? A moins qu’ils soient naturellement si petits qu’ils sont ainsi protégés ? »

Pourquoi faire ? Ils sont bien ici ! On ne sauve pas tout le monde, en se pensant être un héros ! Qui sommes-nous pour les « libérer » de leur monde ?
« Aimerais-tu qu’un jour, un géants te prenes et te mette dans un monde inconnu en te disant « c’est ça la vie » alors que tu vie depuis des générations et des générations dans ce petit monde où tu as ta vie, tes habitudes et ton bonheur ? »

« C’est une question de point de vue en effet. S’ils appartiennent à ce mini monde depuis des générations, j’imagine qu’on pourrait établir qu’il s’agit bien d’un monde et que les en sortir serait alors moralement discutable. Et ce serait leur imposer un choix qu’ils n’auraient pas fait. Mais les laisser dans l’ignorance est aussi une façon de faire un choix à leur place. » tout en parlant, elle se passa une main dans le cou.

Elle réfléchissait tout en discutant de ce début de débat, qui en soit serait très intéressant. Mais, tout comme moi, la fatigue se ressent… quoique pour ma part, je suis plutôt enclin à avoir encore de l’énergie… je bue une gorgée de mon verre, observant la table.

« Et choisir à la place de quelqu’un d’autre revient donc à lui imposer notre volonté. La question étant : qui sommes-nous pour jouer à dieu ? »
« Personne. La logique voudrait qu’ils trouvent leur réponse par l’observation et la recherche et si un jour ils parviennent à communiquer alors nous serions tenu de leur répondre honnêtement afin de leur laisser leur libre arbitre. Cet objet est tout un problème éthique en fait. Nous pourrions avoir un tel pouvoir et une telle influence, et nous en avons peut être même une sans le savoir en ce moment même... c’est fascinant » Elle se tourna vers moi « Et trop complexe pour s’y pencher avec si peu de sommeil et après avoir été touchée par une licorne je crois. »

« Tout est l'intérêt de l’objet, comme de savoir si c’est bel et bien des personnes réelles dedans ou bien un miroir sur un pays ? » tant de question, j'aime cet objet qui soulevait tant de questions de débat et surtout d’intrigues. Je lui adressai un simple rictus. « Pourtant tu irradies de joie, tu n’as pas eu l’énergie en plus ? »

Cet endroit était plein de surprises et de magie, un peu à l’image de Lucian finalement. Ca n’aurait donc pas dû la surprendre et pourtant, elle l’était tout comme elle était émerveillée par ça, tous ces objets étranges, ces animaux maudit ou invisible, ses anecdotes passionnantes et cet endroit irréel au milieu de Londres.

Et elle devait bien reconnaître que le dragon lui-même exerçait une certaine fascination sur elle depuis peu. Enfin, ça avait commencé par ce puzzle qu’elle avait appris à découvrir au début du mois et ça s’était renforcé encore au Moyen-Orient où il s’était montré plus présent pour elle et aidant qu’elle ne l’aurait cru possible. Ca l’avait beaucoup dérouté mais là, avec ce petit shoot de joie offert par la licorne sa curiosité semblait se muer en intérêt et bien que la fatigue ait fait son entrée, sa curiosité était piquée et elle avait envie de découvrir plus sur cet endroit car bien souvent le lieu où vit une personne vous en apprends beaucoup sur elle.

Et cette petite discussion sur la table qui contenait ces gens minuscules...ou aller savoir quoi exactement, prouvait encore que loin d’être un jemenfoutiste crétin, Lucian était quelqu’un de réfléchi avec qui il était passionnant de débattre.
« Mais, tu disais qu’ils étaient terrifiés si on tapait dessus, ça ne peut donc pas être juste le reflet d’un autre pays, ou alors pas sur notre plan et ils verraient aussi notre reflet ou le miroir serait leur ciel et ils auraient peur qu’il leur tombe sur la tête si on le touche... » Elle releva un regard amusé vers Lucian « Tant de questions et je crains que l'énergie liée au don de la licorne ne soit en train de s’épuiser doucement. »
Elle prit la dernière gorgée de son verre « A moins que ce ne soit ça. » dit-elle en le relevant. « Et les pommes, elles sont comestibles ? »

Il y avait une foule d'émotions chez la belle, des émotions de l’ordre du positif et j’avais l’impression que cela me concernait aussi. Elle était émerveillée, curieuse … comme la majorité des personnes qui ont la chance de venir dans ma maison. Je suis toujours étonné qu’Andrew n’ai rien dit à ce sujet à sa meilleure amie, comme quoi il savait tenir sa langue. Je me contentai de l’observer autant avec mon regard qui perdait un peu de sa belle couleur verte pour jaunir, que par mes sens de démon. Enfer, que je commençais à avoir de plus en plus envie d’elle… cela était frustrant à souhait et je chassais cette montée sexuelle d’un revers de la main. De toute façon, il y a une chance qu’elle ne dorme pas dans son lit quand la fatigue va la prendre…de manière irréfutable. J’avais aussi cette envie idiote … à croire que le Moyen orient me filait des désirs de doudou. Enfin bon, je n’avais surtout pas envie de dormir, je sais très bien ce qu’il va arriver. Et ça m’énerve d’avance.

Je pouffa, comme les gaulois, ayant peur que le ciel s‘écroule ? C’est peut-être le cas.

« Comme les gaulois ? cela ne serait pas étonnant. Ou que cela créer un orage dans leur monde ?! j’ignore comment ils le perçoivent. Ou si bien, ils voient la tête de Mia les observer tous les jours et penses que c’est leur déesse. » idée amusante en soit… bien elle commençait à fatiguer alors ? Je marchai un peu vers elle, tout en déposant mon verre sur l’accoudoir de l’un canapé.

« Cela aurait été bien cours…» comme un orgasme de licorne !

Le pommier ? oh oui il est magique… Il permet de donner une fausse âme et de cacher une autre âme. Bref, un brouilleur. Une référence du paradis, où croquer le fruit interdit vous transforme. Cela marche pendant 24h. mais pour cela il fallait prendre celles qui avaient la queue rouge. Les autres étaient juste des fruits extrêmement bons. Du genre à vous filer des frissons de plaisir !

« Oui. » je pris l’une d’entre elle et lui tendis avec rictus légèrement tentateur. J’avoue que la référence m’amuse grandement. Le fruit était plus goûteux et sucré. J’en mangeais de temps à autre. Je lui tendis donc un fruit non magique, le pommier ne pouvait pas produire des merveilles tout le temps, c’est de l’ordre du 1/3.

Le pic d’énergie de la Licorne semblait baisser, ou alors c’était la fatigue du corps qui l’emportait graduellement sur l’énergie de l’esprit. Elle devrait rentrer, il était plus que l’heure et elle n’avait pas dormi, et assez mal les nuits précédentes à cause de... de tout ce qui s’était passé. Sa dernière bonne nuit, elle l’avait passée entre Lucian et son père, et le lendemain s’était assorti d’un mal de crâne atroce. Alva buvait très très rarement plus que de raison, car elle avait ce besoin viscéral de garder le contrôle sur son esprit et son corps et ce soir là, débarrassée de la soif, elle s’était laissée aller plus qu’elle ne l’avait jamais fait, sans finir totalement ivre morte non plus puisque bon... On ne se refait pas.

Elle devrait rentrer et pourtant, elle sautait d’un sujet à l’autre, son regard toujours attiré par un autre objet et une part d’elle n’avait pas envie de partir maintenant. Elle voulait profiter de cette émotion que lui avait offert l’animal mythique (bien que plus perfide qu’elle ne le pensait) et puis, cette soirée lui changeait tellement les idées qu’elle n’avait pas envie de la voir se terminer et rentrer c’était être l’alpha en devenir qui devait apprendre à gérer ses instincts, être la louve assoiffée qui cachait encore ce secret à l’homme qui comptait pour elle au point de prendre le risque de le blesser à nouveau pour qu’il goute a quelques jours de bonheur sans tâche avec sa belle.

Chose qu’elle n’aurait jamais cru possible, elle se sentait bien là, dans cette pièce magique avec un vieux dragon qui venait encore de lui voler un rire en apportant dans son esprit l’image de Mia en déesse toute puissante d’un monde minuscule.
« Mia, déesse du soleil, ça lui va bien. »
« Oui… une petite Eos. » concéda Lucian avec un rictus très rapide et presque une illusion sur une douceur fugace. Et elle entraperçu une micro seconde le père qu’elle avait découvert sur l’île.
Ce petit éclat de rire, c’était bien le signe que le don de la licorne avait encore son effet en tout cas.
« Je ne sais pas combien de temps c’est censé durer, mais son cadeau est toujours là. » dit-elle en posant une main sur son ventre.

Et pour ce qui était de toutes les curiosités qui décoraient l'endroit, le pommier en était une autre, portant encore ses fleurs roses tout en donnant des fruits à la teinte dorée, il semblait tenir plus de l’ornemental que du véritable arbre fruitier. Pourtant Lucian confirmait qu’il produisait bel et bien des fruits comestibles tout en lui en tendant un dont elle se saisit. L’image du jardin d’Eden lui passa par la tête, un jardin, un pommier, un monde avec des humains minuscule qu’on pouvait observer de haut et le serpent sur la tempe du dragon. L’idée était amusante et elle se demanda un instant s’il avait le complexe de dieu, peut être un peu.

Elle croque dans la pomme, elle avait un goût délicieux, la pomme était sucrée, juteuse, un peu plus que la moyenne, elle dû retenir du bout des doigts quelques gouttes de nectar de couler sur son menton, alors que le goût explosait sur ses papilles.
« Elles sont divines, je n’en ai jamais mangé d’aussi bonnes. » Elle reprit un morceau de fruit avec un peu de gourmandise. « Et dans la pièce suivante, tu as un potager qui produit les meilleurs légumes de tout Londres aussi ? »

J’ignore combien de temps, cela dépend de la licorne et ce qu'elle a voulu te donner. Elle peut se la jouer perverse et vouloir te faire revenir tel une toxico…
« Gaffe à l’addiction de joie. » dis-je simplement avant de finalement dire la suite de mon idée, je suis trop méfiant et cette licorne… j’avais senti son envie au plus profond d’elle. Alva tu es trop sublime, tu attires toutes les créatures et même les non humanoïdes. À moins que ça soit le côté brisé aussi ? Les deux. Et après tu te penses monstrueuse, un monstre ne fascine pas autant.

« J’espère qu’elle a pas essayé de te donner un petit avant-goût, pour que tu aies envie de revenir et te faire avoir. Tu semblais vraiment lui plaire. »
« Elle doit vouloir toutes les femmes qui entrent sur son territoire. Et puis, je ne saurais même pas y retourner, voyager dans les ombres c’est pratique mais avec ta manie de ne pas me laisser regarder je n’ai même pas pu repérer le chemin. »

« Pas forcément… » non pas toutes les femmes, ce n’est pas des putes qui prennent le premiers client pour lui soulager les bourses biologique et en cuirs de veaux… « De toute manière tu ne pourras pas retrouver ton chemin dedans. Et non, tu ne regarderas pas. » je pris une moue dégoutante comme si elle venait de me proposer quelque chose de particulièrement sale. « C’est intime ! Tu ne me prêtes pas tes culottes, alors tu ne regardes pas mes ombres ! » fis-je avec humour. Chose amusante étant que j’avais filé mes fringues au Moyen Orient, comprenant sous-vêtements aux deux loups.

« Je t’ai proposé mon corset la dernière fois, c’est toi qui n’en a pas voulu. »

« Bah j’attends toujours que tu me noues les lacets ! » qu’est ce que je ne dis pas là moi ? C’est l’horreur cet instrument de torture.
« Si tu savais comme c’est horrible à porter tu ne réclamerai pas. »

« Qui te dis que je me suis pas pris des petits délires de transformistes ? » je retroussai mon nez fortement amusé. « Je dis, qu’il faut vivre les expériences. C’est juste toi qui n’oses pas ! »

« J’attend encore de te voir en femme. Moi je n’ose pas vivre d’expériences ? »

« Oh bah … un jour ça peut arriver. Tu me fileras tes robes, comme ça on fera une sortie entre copine… » je me rends compte de ma connerie en imaginant une drôle de journée shopping. « Nah… mais tu me mets des idées scandaleuses en tête ! » je secoua cette dernière. Cela partait n’importe comment.
« La fille du Duc Hennessy se promenait dans tout Londres avec un travesti... Voilà de quoi faire la une de la gazette! »
« Quel dévergondée ! Vraiment c’est un scandale !»

« Tu as une très mauvaise influence sur moi je crois. » affirma Alva.

« Totalement, je te fais faire des choses discutables ! Je devrais avoir honte ! Je ne suis même pas noble dans cette identité. berk berk. »
« Tu n’es pas noble ? Je crois que je devrais rentrer immédiatement., côtoyer un roturier... berk»

Je rigolai de plus belle, c’est la première fois que je vois la louve se lâcher autant et mine de rien c'est un trait peu connu de sa personnalité que j'aime bien. La bouillotte rigolote.
« Mais quelle honte vraiment ! »

Elle a pris ma pomme et j’eu un rictus amusé la voyant faire. Les pommes sont mon fruit favoris, je devais juste faire attention avec Blanche qui était phobique, même si avant je m’en foutai, je fais un peu gaffe… enfin bon, il n’empêche que j’ai une consommation de pomme irraisonnable si je m’écoute.

« Ces pommiers sont soi-disant des pommiers d’Eden. C’est plus une belle image. » cette pomme dans ses mains, me rappela la mission Hiboux et j’eu l’envie de lui prendre pour l’emmerder mais je me retenais quand elle mentionna le potager ? Mais oui bien sûr il est chez Anastasis ! haha, je crois pas qu’il t’ai raconté cette anecdote… hum moi si me semble bien.
« C’est une manière de demander poliment une visite guidée ? »

« Ce n’était pas encore assez subtile apparemment. Je t’ai dit que ça me rendrait curieuse si tout est magique.»
Je pouffai lui tendis mon bras. « Si tu aimes tout cela, je t’emporte à la galerie c’est à côté… et là tu auras de quoi en avoir pleins les mirettes. »
« Allons y. Et si je m’écroule avant la fin de la visite, tu n’auras qu’à me déposer dans le jardin du manoir..» dit-elle sur un ton badin en enroulant son bras dans le mien.
Tu parles ! Je vais te poser autre part… « Comme le daim, prête à être mit dans le garde mangé. Tu me prends pour un goujat ? Bon… remarque, tu n’aurais pas tors … mais quand même ! Que va dire papa loup quand il va revenir de sa petite nuit en charmante compagnie et te voir dans le jardin avec des moustaches dessinées ? » je me tournai vers elle.
« Il se dira que tu es un goujat !» répondit elle avec aplomb

« De quoi alimenter encore de beaux compliments sur ma si charmante personne ! » fis-je en l’emportant dans les ombres après lui avoir mit ma main sur les yeux. On était dans la troisième salle, en rapport avec un souvenir de la maison hantée, enfin … l’endroit était circulaire et sur les murs une fresque immense du plafond 4 mètres jusqu’au bas était peinte de petits personnages, vivaient et faisant de guerres ou des passages importants des conquêtes de la famille de Blanche ainsi que les Belfirst. Si elle cherche bien, elle me trouvera ainsi que Blanche (nous étions en plusieurs exemplaires). Il avait aussi quelques épées de ce temps, dont une dans un rocher et une autre suspendu dans les airs au centre. Sur le sol, une grande structure aérienne, avec des coussins blancs et du bois, ou s’écoulait un filet d’eau comme les fontaines japonaises en bambou. Il avait de la musique d’un gramophone, récitant divers chants et musiques de ce temps ancien en prusse. Derrière nous, il y avait d’autres éléments issus de cette époque, dont une armure noire particulière avec un blason qu’elle pouvait reconnaître, cété la mienne. Autour d’elle, des enluminures en verre suspendues dans les aires tournoyant autour et montrant des scènes en vitrail.

« Salle trois. Je pense que tu as les références. »

La balade enchaîna donc avec la galerie, et plus précisément la salle trois. L’atmosphère était évidemment magique et épique. Elle mêlait histoire, guerres mais le son de l’eau apportait un apaisement tout comme la légèreté de la structure centrale. Elle laissa doucement glisser son bras de celui de Lucian tout en faisant quelques pas dans la pièce. Elle fit un tour sur elle-même, la tête levée pour découvrir les scènes colorées et lumineuses ainsi que l’épée suspendue, puis son regard descendit sur le mur, détaillant divers moment d’histoire d’un royaume qu’elle ne connaissait que depuis peu. Par ici, les armoiries des Belfort, par ici ceux de Lystera, une Blanche l’arc à la main, un chevalier roux se battant hardiment avec un sourire qui faisait pâlir de peur ses adversaires. Là, sans doute le jour où Lucian avait prêté serment à Blanche, là une exécution, peut être celle qu’elle avait vu dans ce tableau dans le manoir. Elle ne dit rien, observant, ajoutant des petites pièces dans son puzzle mental, apprenant indirectement l’histoire d’un royaume dont on ne parlait pas dans les livres de précepteurs.

Puis elle délaissa la peinture pour s’approcher d’un élément qu’elle avait déjà vu, l’armure de chevalier de Lucian, une armure sombre portant les armoiries de Lucian et des Belfort. Elle approcha la main, frôlant du bout des doigts le symbole du serpent.
« Elle t’allait bien. Tu étais noble à cette époque ?»
Lucian observa son armure toujours aussi impeccable, il avait deux armoiries sur le blason, comme si on pouvait en enlever une avec un ingénieux système.
« Merci, elle est belle mais c’est une chiée à porter, tu ajoutes le bison et la côte de maille… au total 35 kilos.» Même si par sa condition d’être surnaturel et sa force cela n'était pas tant un soucis « Oui, pour être chevalier il faut être l'aîné et noble. »
« Quel était ton titre ?» demanda t’elle en délaissant l’armure pour revenir vers le centre de la salle.
« Marquis Luciani Stellamane. » répondit-il en la suivant avant de s'attarder sur une scène, le mur était un mélange de temps de choses et les personnages semblent aussi faire leur vie, refaisant de nouvelle guerre ou de nouvelle stratégie.
« Est ce le plus haut titre que tu es eu sous tes diverses identités ?»
Il lui lança un rictus légèrement arrogant dans un but certain de la taquiner.
« Non. »
« Quel était le plus haut alors ?» vu son air, elle s’attendait à tout, même à ce qu’il se déclame Dieu ou autres balivernes.
« Devine, sinon ce n’est pas amusant, si je te donne tout sur un plateau en… platine. » il s’approcha d’elle avant de chasser une poussière sur le mur et les personnages évitent tous sa main, comme chassé par un vent invisible.
« Entre le pommier d’Eden et les petits bonhommes dans la table, je sens que tu vas me dire Dieu.» elle se pencha légèrement en avant et ajouta d’un ton plus bas comme si elle disait un secret « Mais Dieu n’existe pas.»
Il esquissa un rictus fortement amusé par son analyse, il est vrai que vu ainsi on pouvait s’imaginer un complexe de dieu.
« L’enfer existe bien, alors pourquoi pas Dieu ? » dit-il sur le même ton de la confidence.
« S’il existe alors c’est un bien mauvais père car j’ai vu bien plus de démon que d’ange visiter cette Terre..»