Cause i’m a monster △ Alva

Nous sommes rentrés le 27 août avec notre lot de blessures et épuisement mental. Je m’étais ainsi dire, reposé le lendemain, traitant les affaires urgentes de mes différentes activités au fond de mon bassin situé dans ma chambre ou bien dans mon atelier pour finir les alliances d’Andrew et Kiera. Je n’avais pas la tête à vadrouiller même si mon acolyte Jazz me rappelait que je devais traiter des affaires pour mon idée de casino d’âme ! Enfin, bon il fallait que je lance le projet avant mon départ à Avalon, comme ça j’aurais déjà le bâtiment construit si on part plus de six mois. Bref, j’avais une liste de choses à faire aussi longue que le bras… si sur le coup cela m’avait saoulé en rentrant, finalement ça me stimulait et comme j’ai des nuits erratiques et pas reposantes… on va dire que j’ai le temps ! J’ai jusqu’au 10 septembre pour solder et surtout le mariage était le 7… le lendemain de l’anniversaire de Blanche, ça fera en même temps le fête et baste !
Nous étions le 30 … et il est vrai que je devais dîner avec Alva à la suite de son paiement pour les résultats sur le caméléon de la luxure et accessoirement sa bague bouclier. La veille nous avions donc fait la chasse d’enterrement de vie de jeune homme de mon fils.

****FLASBACK ****

Franchement, je suis mitigé entre l’excitation de chasser en compagnie de loups géants et celle de me faire chier. Toute la journée Andrew était dans un état extatique, pire qu’un chiot qui découvre le monde ! Tabitha n’était pas mieux au passage… et Mia en mode je boude « car je suis trop petite pour chasser »… oui chérie tu as six ans bientôt sept et ce n’est pas de ton âge ce genre de festivité : enterrer la vie de jeune homme d’Andrew… même si ça ne sera pas très cochon avec des danseuses en petites tenues ou même quelques anecdotes coquine, puisque ton frère est un coincé ! Bah ça ne reste pas un moment pour toi ! Enfin normalement, on est censé être en couille non ? Personnellement ça me va qu’il ait des nanas aussi… mais c’est assez amusant de voir que selon les espèces ce genre de chose change. Nous serions donc dix loups et un démon. Des amis de la meute d’Andrew, son alpha, sa sœur aînée et ses deux témoins.

Tabitha était en tenu cuir sombre… j’hésitais à lui dire qu’elle faisait tueuse à gage ou bien maitresse sado-maso… face à mon regard dubitatif elle me fit un rictus qui ne devrait pas avoir lieu sur le visage de sa fille et je l’ignorai. Et c’est avec un enthousiasme à me filer la gerbe qu’Andrew nous emporta dans … ah tiens ? Il a pris la voiture ?

« Ah non ! On prend les motos ! Tu dois avoir la classe un peu ! Un peu de rébellion, petite guimauve à poil soyeux ! »

Pas comme si j’avais pas nation Halley avec des pigeons pour qu’on les laisse dans le garage ! Bon d’accord, l’une d’entre elles étaient le cadeau d’anniversaire de Tabitha en avance, donc celle-ci j’avais daigné l’acheter avec mon argent. Elle était noire comme la nuit ! Bref, je poussai Andrew à prendre la seconde moto, qu’il ait l’air d’un beau gosse quoi ! Bon, il n’était pas rassuré au début puisque je lui avais appris à conduire ces engins … bah en 1h une fois sur le pouce quand je les avais reçus ! Tabitha avait tracé comme une grognasse… et je décidai de la rattraper en transplanant dans les ombres … on pensait avoir sécher Andy mais celui-ci grisé par la vitesse nous avait suivis et pris quelques risques, ayant manqué de causer un accident ! Mais qu’importe on se donna à cœur joie sur la route menant à la campagne, matérialisant des tremplins d’ombre pour s’envoyer en l’air… c’est une guimauve, mais c’est bien mon gamin sur un point : il aime la vitesse et faire des choses inconsidérés ! Je n’avais jamais besoin de trop le pousser même s’il hésitait pour le principe !

C’est ivre de sensation qu’il arrive au territoire de la meute où on laisse les bécanes près de la maison de campagne de meute des Hennessy. Je déposai les sacs de présents idiots contre le mur. On devait marcher vers la cascade où tout le monde nous attendait. Et si Andrew avait quelques commentaires sur son odeur et surtout sur le fait que le cuir ça lui aille bien. Bah oui… bande de troue de patte ! Parce qu’il est gentil que le style bad boy ça ne lui va pas ! Il est loup à demi-démon à la fin ! Pour ça qu’il est plus gros et qu’il a des facultés supérieures aux vôtres. Mais qu’il est trop modeste pour le montrer. Enfin bref, je m’énerve tout seul là. Tabitha elle a moins de sang démoniaque mais bon, elle utilise bien ses aptitudes et son héritage de Marie.

Bref, on se salua tous et les festivités commençaient par quelques boutades et cadeaux farfelus… quelques petites attentions, discours et surtout gages. Cela était amusant et je les observais restant un peu en retrait puisque beaucoup de choses étaient de l’ordre de la tradition lupine et je n’y avais pas ma place. Je sais au moins respecter ça. Tristan finit par me rejoindre et me choper avec toute la délicatesse du monde pour me rapprocher du cercle. Si ce n’est pas un alpha novateur lui … je retrouva entre lui et Alva, je me demande comment la meute prend le fait qu’elle soit aussi un alpha, cela avait l’air de bien se passer, Tabitha la surveillait comme du petit lait sur le feu et Andrew était confiant sur le fait que sa meilleure amie serait toujours une Beta du tonnerre. Il ne semblait pas avoir de déséquilibre, Tristan ayant pris les choses en mains et ce n’est pas le premier ni le dernier alpha sous lui. Sans aucun doute que cela serait encore plus une force qu’une faiblesse connaissant les deux loups !

Enfin bon, il était temps de se mettre à poil et de partir chasser. Tristan avait fait venir en début de mois trois cerfs de Chambord, des spécimens gérés par la meute locale, apparemment peu farouches (ils n'ont peur de rien) et qui ont la niaque. Il y aurait peut-être des blessés ? Cool. Au cas où, il avait aussi fait venir des sangliers, mais puisque qu’Andrew avait choisi le cerf, c’est donc les trois français qui allaient être au menu ! Ils avaient les bois peints en rouge dans une poudre spécifique pour les différencier des autres gibiers et surtout cela diffusait une odeur spécifique. Ils avaient pris leur marque et apparemment ils étaient bien hargneux donc ça ne sera pas des proies faciles ! Tant mieux !

 « Tu vas réussir à tenir la distance avec tes deux pattes ? Puisque vu ta taille, je crains que la forêt ne soit pas assez large. » dit-il avec son petit sourire qui file des envies de lui mordre le nez pour lui arracher et lui faire manger ! Je fis une moue de gamin. Je me retenais de lui sortir que le cul de sa mère était aussi étroit et pourtant j’y rentrait bien… mais non ça serait indélicat. Et surtout ça gâche un peu l’effet de la fête. Incroyable comme je fais des efforts. Bon, je sais très bien pourquoi je suis un peu grognon… même si je ne le montrai pas, c’est parce que j’avais pris le faux bracelet en cuir avec un petit loup dessus… mes gosses pensaient que c’était l’objet me permettant de me transformer en gros chien … puisque je leur avais appris à chasser sous cette forme et aussi à se battre, quand ils étaient des grosses bêtes… Andy m’avait tanné toute la semaine… et s’était en soit sa surprise comme il espérait bien profiter de ma présence en canin…

« Ne te fais pas de soucis, tu me porteras au pire. »
 « Je ne suis pas un cheval. »
Je lui lança une œillade de mon regard vert amusé, par rapport à une conversation sur les étalons et les chameaux, il secoua la tête alliant bien compris.
« De toute façon, j’aurais quatre pattes. Et le premier d’entre vous qui se fout de ma gueule, il apprend à voler sans aile. » autant il avait de l’humour mais le fond était une menace sombre. Voilà ce qui me faisait chier, c’est que je serais un clébard au milieu des loups ! Bon…

Andrew et Tabitha eurent un petit grognement de joie, eux avait compris. Je montrai un bracelet et je le mets en roulant des yeux quand tout le monde se fouta à poil… Tabitha me rappela que ce serait bien que mes vêtements soient indemnes cette fois… olalala… ouai pour le réalisme je dois donc faire comme eux. Je disparu dans les ombres simplement pour le fait que j’aime disparaître et laisser pas être observé pendant ma transformation qui serait similaire à celle de dragon. Et je ménage toujours mes effets ! Les loups s’organisaient tranquillement, je ne pourrais pas communiquer avec eux… j’avais doté Andrew d’un collier avec une pierre rouge qui brille quand il essai de parler. C’est un test magique, cela ne fonctionnait pas aussi bien puisque la pierre était en test mais au moins j’entendrai quelques ordres. Il le met et je discerne la voix un peu hachée de mon fils qui m'appelle.

Tristan compris très vite, l’enthousiasme de mes deux gamins, quand ils virent en haut des rochers de la cascade la masse
sombre ornée d’or que je suis. La version dorée était apparue avec mon changement de forme… et comme souvent j’avais de nombreuse modification dans ce totem du chien, j’avais une allure de berger allemand noir très imposant pour un chien et ce regard doré avec deux grandes larmes comme els guépard doré avec d’autres motif doré qui rappelait indéniablement mon apparence de dragon. Les pattes avant croisées, je les attendais. Plus tard, l’alpha me demanda pourquoi je n’avais pas pris l’allure d’un loup, je lui expliquai alors que l’objet était incomplet et moins stable, je n’avais pas réussi à faire un loup, alors que le chien était plus facile et que surtout cette métamorphose était comme si s’était moi le chien donc mon apparence jouait dessus expliquant le doré. Cela n’était pas faux.

On s’élança donc, j’étais un peu plus petit et je trouvais toujours que je faisais un peu tâche même si j’avais l’air quand même tout ce qui a ne pas « normal » niveau clébard. Je me secouai le pelage et me mis près de ma fille aussi sombre que moi. Alors qu’Andy était roux avec les yeux clairs. Ils se mirent tous à hurler, cela était mélodieux… et je sentie Tabitha me bourrer l’épaule pour que je fasse de même … non … ils insistaient bande de relou ! J’eu le droit à me faire charrier (Andy traduisait) comme quoi, un chien ça sait moins bien hurler et donc je n’avais qu’a aboyer… je planta mes griffes dans le sol pour ne pas lui mettre dans la gorge à lui… mais je fis un petit grognement avant de soupirer… ils veulent que je hurle ? Soit…



« Vous irez pas vous plaindre que je vous casse les tympans s ! . » dis-je alors que je poussai donc le fameux hurlement… et là ça cloua un peu le bec à beaucoup. Ce n’est pas un hurlement aussi mélodieux et beau qu’un loup garou… mais un hurlement de démon bordel de merde ! Donc ce fut un hurlement sombre à vous glacer le sang et vous rappeler que la mort est derrière vous et vous caresse amoureusement la nuque. C’est qui le prédateur hin ? Bah c’est le clébard ! Je sentais l’effroi remonté dans l’échine de plusieurs et je me stoppai en haussant les épaules avant qu’il en ait qui se chie dessus ou effrayé toutes les proies du coin. Bon, Tabitha était dans tous ses états d’émoustillements et j’eu le droit à me faire croquer l’oreille… je la repoussai… non mais tu ne me croque pas les oreilles !! Andrew était mitigé et à la fois pas étonné, puisque je reste un dragon donc pas un petit chiot, il toisa son pote et il devait surement le tacler, du genre « tu vois mon père il te fait peur connard ! » bon sans l’insulte mais au moins ça calmait… même si bon je me serais bien épargné de hurler.

« Je vous avais dit que je chantais faux, par chance j’ai une voix plus sympa en humain !  » dis-je pour détendre l’atmosphère et cela en fait rire plusieurs.

Personne n’eut à redire, car je savais bien que je ne chantais pas faux hin, ni hurlait…mais comme cela était étrange et inattendu … Il eut quand même un temps d’hésitation avant que l’instinct de prédation leur fasse intégrer que c’est « cool ». Bref, on partit en chasse et Andy mena la danse et il avait un vrai parcours du combattant ! Cela fut une très belle chasse pleine d'obstacles et le repas fut partagé de manière plus… sauvage. Pendant mes courses, je m’étais retrouvé avec Alva et une autre louve à pister le dernier cerf, je m’étais arrangé pour que la louve s’égare et j’avais charrier la louve blanche… la provoquant délibérément pour voir si elle était capable de réagir. Elle se lâchait un peu … puisqu’au début elle avait recadré gentiment et j’étais quand même curieux de voir quand elle allait craquer… surtout que j’étais aussi en canin… bon, j’avais évité de sourire ou de dévoiler mes crocs, puisque là aussi cela avait une gueule à foutre les pétoches, car j’avais ma double paire de canine plus tranchante et le reste était effroyable. Chien de l’enfer mes coco hin. Enfin tout cela s’expliquait qu’un dragon était en chien donc ça se voyait.  Et Alva avait finalement répondu à mon ultime provocation, m’envoyant dans les buissons. Suffisait qu’on soit seul pour qu’elle daigne lâcher un peu la pression … je me releva quelques feuilles dans le pelage les yeux brillants, un rictus provocateur et prédateur sur les babines, surtout quand elle s’approchait de moi avec cette lueur joueuse et surtout pleine de promesse d’un petit combat que j’attendais… EH BAH VOILÀ ! Petite victoire pour moi ! Quitte à être en canin, autant jouer sur la même longueur que les loups non ? Un claquement de mâchoire, j’avais eu l’impression de sentir quelque chose de plus, l’aura d’alpha ? Surement, on m’avait dit que les non-loups pouvait sentir cette pression dans l’air. Cela m’excitait…je ne vais pas le nier, la perspective de me battre avec elle et le côté dominant était quelque chose de plaisant. Mais on fut coupé par la présence des autres… frustré je fus recadré l’air de rien et je retenu mes railleries. Et ont repartis à la chasse…

Bref, si les loups couraient bien plus vite que moi, je transplanai ! Donc je passais mon temps à disparaitre et apparaitre par intermittence durant les phases de galopade… j’avais même finit par pousser la provocation, à les attendre sur une bûche, nonchalant en leur disant qu’ils étaient TROP lents… j’eu le droit à me faire sauter dessus par Andrew et sa sœur ! Ils rêvaient d’un combat amical les deux !  Alala. Je gagnai bien entendu, pas forcément par la force brute mais par les ombres… mais bon … Eux étaient heureux que je sois un toutou, cela leur donnait l’impression d‘être une famille complète de loup. Bon, j’embêtai un peu Tristan aussi, qui lui n’hésitai pas à me donner un ou deux coups de pattes pour m’envoyer dans la rivière par exemple.

*****FIN DU FLASH BACK *****

En tout cas, la soirée fut joyeuse et on dégusta la chasse a la manière lupine avant de reprendre forme humaine et que la soirée fut animée de chants, danse et quelques gages pour Andrew. La nuit se termina en camping en somme et on rentra tous chez nous vers les huit heures du matin… Il n'y avait pas eu beaucoup d‘alcool pas besoin. Et c’est aux alentours de 17h que McGregor eut l’appel de Walter le majordome des Hennessy pour m’informer que… putain j’en étais sur qu’elle allait me planter ! Mais ce n’est pas croyable d’être aussi prévisible ! Vu sa distance hier, je me doutais qu’elle devait essayer de trouver une excuse ! Non mais Alva ! remarque tant mieux … je n’aurais pas à lui faire changer de cap, car on ne serait jamais allé à La Toque du Loup.

Enfin bon, j’appelai Tristan dans la foulé dès que j’eu sa charmante voix de ténor :

« 20h30 à la Toque du Loup. Invite Blanche, table 7. » pas plus pas moins, j’avais l’air irrité ou dégoûté, les deux puisque c’est ce que je veux qu’il pense.
 « Bonjour Lucian, c’est un plaisir de t’avoir au téléphone, bien dormie ?  » dit-il avec son calme habituel. Tu te fous de ma gueule en plus ?
« Moi aussi mon cher, comme un bébé loup le ventre plein de bonnes choses. Ne sois pas en retard. Bisous ! » fis-je avec cynisme, tout à fait calculé.

Et je raccrochai. Même si Walter avait précisé de repousser à une date ultérieure, je ne suis pas né de la dernière pluie, ça veut dire « jamais ».  Je crois que j’ai bien fait mon effet, du mec pas content. Et donc ça laissera à Alva le loisir de penser qu’elle avait réussi son coup et que je boudai. De toute façon, je pense que son père va lui dire et j’espère qu’il va inviter Blanche ou même son autre fille à manger là-bas ! Bref qu’ils dégagent cordialement !

De toute façon, j’avais un plan B, comme je supposais qu’elle me planterait. J’avais réservé la Toque du Loup, juste pour le principe, comptant bien y envoyer Blanche. Puisque j’avais déjà prévu autre chose. Ainsi, à 20h45 je transplana au manoir Hennessy. Tout était en place de mon côté, de toute façon, je ne fais jamais les choses à moitié. Tristan n’était plus là… la rageuse rousse non plus. J’avais une tenue qui ne ferait pas bouffon, comme elle avait aimé le dire a quelque reprise, preuve que je sais être à la mode de cette époque( tenue de lulu), avec quand même une touche personnelle avec ma ceinture serpent et je n’avais pas mes lunettes.  De toute façon, elle avait l’habitude de mon regard de saurien. Mais cette fois, j'ai gardé mes yeux verts… franchement je suis déçue d’avoir encore les cheveux bruns, j’aimerai bien que cette couleur disparaisse aussi vite que la lumière… j’aime mieux ma couleur rousse… même si avec le brun sombre mes yeux ressortent comme des phrases en pleine nuit. En m’approchant de la porte, je tombai sur la majordome qui coupait des roses sur le buisson de l’entrée. Il fut étonné de me voir et je lui indiquait de ne pas m’introduire, que j’allais le faire tout seul comme un grand et je lui demandai où était Alva. Il hésita et finalement m'indiquait une salle dans le manoir, m’ouvrant la porte. Le bruit d’un violon était un chemin musical, alors je me fis discret pour me déplacer jusqu’à atteindre l’entrée où je m’adossai à la chambranle de porte, croisant les bras avec ma bouillotte dans l’une des mains. Alva était de dos en pleine composition. Et tu crois que vraiment ? Je t’aurais cru avec ton excuse à deux balles comme quoi tu te sens mal ? Franchement, tu aurais pu faire mieux ! L’autre excuses c’est : j’ai mes menstruations ?

J’attendis quelques minutes qu'elle adoucisse son morceau avant de m’approcher en raclant la gorge.

« Alors ? On a mal au bidou à cause d’un vilain champignon ? Tiens. » je lui tendis la bouillotte douce où dessus il avait un mot écrit : Je suis une mauvaise menteuse. « Tu pourras te la coller sur le ventre. Tu veux un grog aussi ?   » j’avais une voix « attentionnée » alors que mon regard était pleinement dans le cynisme. Je me mis en face d’elle, penchant la tête sur le côté.

« Sincèrement, tu trouves que j’ai une gueule de lapin de sept jours ? »

Le mois d’Aout allait enfin toucher à sa fin... Dieu qu’elle attendait de pouvoir tirer un trait sur ce mois maudit ! Si elle s’efforçait de faire bonne figure aux yeux de tous, elle commençait à sentir qu’elle tenait sur ses réserves et sans le mariage et le futur départ de Blanche qui affecterait son père, elle se serait probablement écroulée. Entre le retour incontôlé de la soif, la découverte d’un instinct d’alpha refoulé depuis telllement longtemps qu’elle ne se souvenait pas....ajoutez à celà une mission qui avait fait d’elle une tortionnaire canniblale, et une autre qui avait fait remonter à la surface des traumatisme qu’elle pensait avoir enfermé à double tour avec une efficacité qui avait bien du mal à revenir. Oh et soyons fou, ajoutons y un sentiment de culpabilité à son paroxysme alors qu’elle avait voulu se racheter en allant sauver Blanche de ses kidnappeurs pour finalement être passée à deux doigts de faire tourner le sauvetage en massacre d’alliers....
Pourtant, il fallait encore tenir... encore quelques semaines. Elle ne voulait pas que son père se prive de la compagnie de sa belle alors qu’elle se préparait pour un voyage au dénouement incertain et Andrew comptait sur elle; Elle était son témoin et son meilleur ami méritait le plus beau des mariages et un témoin fiable pour l’accompagner jusqu’à ses voeux.

Alors oui, elle se montrait forte, droite, et aussi solide que possible devant son père et la meute. Tristan n’était pas dupe mais il lui laissait le temps de venir vers lui, par respect ou par contrariété, elle n’était pas sûre peut être un mélange des deux.  Mais a peine rentrée du Moyen Orient, elle ne s’était pas encore sentie le courage de le confronter. Ca allait faire mal et faire ressurgir de vieux démons... et l’aura d’un nouveau qui l’effrayait tout autant; Elle devait encore combattre la soif...elle ne lui avait pas encore dit qu’elle était toujours là, il allait encore lui passer un savon... mais elle devait encore faire le tri dans ce qu’elle avait ressenti ce jour là... trois jours plus tôt seulement...

S’ils avaient profité d’une journée en famille des plus douces le lendemain de leur retour, Alva avait de nouveau ressenti ce besoin de mettre une distance avec celui qu’elle aimait le plus au monde... Peut être la présece de la meute, le retour sur le territoire, elle ne savait pas se l’expliquait et ça le mettait à la torture. Mais pour le bien de la meute, elle devait s’efforcer de l’étouffer encore un peu. C’était tout de même plus facile que lors de leur voyage dans le désert... preuve que la séance d’hypnose avec Lucian avait fait quelque chose. Tout comme pour la soif qu’elle se sentait encore la force de maîtriser ce qui n’avait pas été le cas quelques jours plus tôt.

Puis était venu le jour de la chasse pour l’enterrement de vie de loupiot de Andrew. Elle devrait s’y montrer fière et plus souriante puisque c’était pour son ami et avec quelques loups triés sur le volet par le futur marié. Bon, il y avait Lucian aussi, la chasse qu’elle lui avait promise, elle tiendrait sa promesse. Elle dut néanmoins surprise qu’il se tienne à l’écart et ne vienne pas réclamer sa place à ses cotés d’entrée de jeu, comme elle le lui avait promis. Bon, elle en prit son parti et n’alla pas plus le chercher; c’est Tristan qui le fit entrer dans le cercle.
Au moins, son aura d’alpha ne perturbait pas trop la meute, elle s’y efforçait, se plaçant comme le fidèle lieutenant qu’elle avait toujours été, et même si certains loups étaient suspicieux, comme les oeillades sombres de Tabitha le lui rappelait, la plupart voyait en ce duo un promesse d’avenir encore plus glorieux, comme Andrew.

Au moment de lancer la chasse, Lucian dévoilà son petit tour de passe passe, vu la réaction de ses enfants, ce n’était pas la première fois qu’il s’en servait mais ce fut la découverte pour les alphas et leur meute. Pour un chien, il restait assez impressionnant, tout comme son hurlement dissonant mais glaçant le leur montra à tous. Alva refoula la petite part qui avait été impressionnée pour se concentrer sur le fait que ce n’était qu’un chien ou un dragon... bref pas un loup. Et ils purent se lancer à la poursuite des cerfs.  La sale cabot se porta a sa hauteur tentant quelque approche un peu joueuse mais elle le recadra rapidement. C’était la chasse de son fils, par une scène pour son spectacle et elle ne comptait pas entrer dans son numéro ici sur son territoire avec la meute pour témoin.
Mais la chasse avait pour Alva, la même magie que la musique, la traque, les couleurs qu’elle associait aux odeurs et qui créer dans son esprit un tableau abstrait, et le vent dans son pelage de neige... Tout cela libère son esprit aussi efficacement qu’un concerto de Wagner. Et puis, il y avait la lune qui baignait tout de sa lumière et lui apportait l’ivresse de la liberté. Si bien que lorsque le dragon devenu chien revint à la charge alors qu’ils traquaient le dernier cerf, elle répondit avec un peu plus de légèreté, allant jusqu’à l’envoyer dans un buisson d’une bourrade un peu forte. La chasse éveillait ses instincts... tous ses instincts et elle laissa son aura d’alpha déborder un peu plus alors qu’elle avançait vers le chien noir et or pour un jeu un peu plus combatif. Auquel Lucian semblait parfaitement consentant et l’attendait de patte ferme, il devait attendre ça depuis le début !
Mais heureusement pour eux... du moins pour elle car elle n’aurait su dire jusqu’où aurait pu mener ce jeu, l’approche de deux loups, dont Andy, détourna son attention et elle remballa rapidement son aura et son humeur plus taquine pour reprendre la chasse et redevenir la bêta que Andy voyait en elle et dont il était un des rares à jouir de quelques attentions particulières.
Après la chasse, les loups fêtèrent le repas comme il se devait puis ils reprirent forme humaine pour terminer autour d’un feu de camp où Alva participa avec sourire et rire pour son ami, pour lui offrir la soirée qu’il méritait loin de ses soucis personnel qu’elle se permettait de mettre de côté le temps d’une soirée.
Mis à part cette petite retenue qu’elle devait s’imposer pour être sûre que rien ne dérape, elle passa un beau moment, un moment d’union avec les siens qui lui avaient tant manqué.

Le lendemain toutefois, elle en subit le contrecoup. Voyant en ces instants joyeux, des moments qu’elle risquait de perdre si elle ne parvenait pas à retrouver un réel équilibre. Elle se donnait encore un mois avant de se forcer à une décision à laquelle elle ne voulait pas faire face... un mois pour voir si ses sensations au contact de son père se calmaient... sinon, elle devrait partir.Elle n’était pas de très bonne humeur mais tempéra ses réactions derrière son masque pour ne pas faire subir aux autres ce bouillonnement tumultueux qui nouait ses tripes. Elle avait dit à Tristan qu’elle était censée diner avec Lucian ce soir du 30 août... la conséquence d’une énième négociation avec le dragon pour une bague qui protégeait des projectiles. Elle passa sous silence les résultats de recherches puisque cela impliquerait de parler du caméléon et de la nuit qu’il leur avait fait passé... non après les regards suspicieux de son père sur le duo qu’elle avait formé avec le dragon dans le désert, c'était une encore plus mauvaise idée de le lui raconter.
Elle l’informa tout aussi rapidement de sa décision de retarder ce dîner, car elle n’avait pas du tout la tête à ça, ni le souhait d’un tête à tête avec le saurien. Elle confia à Walter le soin d’en informer l’intéressé ou la personne qu’il parviendrait à avoir au téléphone tant qu’il ne s’agissait pas des enfants de Lucian.
 « Bien, je viens d’avoir le dragon au téléphone, il était de belle humeur. Et il me donne votre réservation. Bien entendu à la condition d'inviter Blanche.  » fit Tristan secouant légèrement la tête amusée par la ralerie de Lucian.
« Tant mieux, que toute cette histoire ne soit pas perdue pour tout le monde au moins. » répondit Alva avec un sourire un peu las.
Tristan fronça les sourcils et s’approcha d’elle pour l’embrasser.
 « Repose toi dans ce cas. Je t’aime. »
« Profite de ta soirée. Je t'aime papa. »

Voilà déjà un poids en moins pour la soirée et apparemment Lucian cédait sa réservation à Tristan et Blanche. Parfait !

Une fois le manoir vidé de ses principaux occupants, la louve rejoignit le salon pour laisser libre court à la musique, pour emporter son esprit aussi loin que possible.

Prise dans cette mélodie que l’archer jouait en faisant vibrer les cordes tantôt avec force, tantôt tel une caresse, elle n’avait pas entendu la porte, ni les pas du dragon et pas porté attention à l’odeur qu’elle aurait pourtant facilement reconnue. Enfin, pas avant que sa mélodie ne s'adoucisse et qu’il s’approche dans son dos.
Elle soupira, découragée... Il ne lâchait jamais l’affaire ? C’était fou, aussi acharné qu’un chien sur un os, cette forme lui correspondait plus qu’elle ne l’aurait cru !

Elle resta silencieuse, même après avoir récupéré une bouillotte avec un petit mot qui décrivait parfaitement ce qu’il avait déduit de l’excuse fournie par Walter auprès de son majordome. Elle posa la bouillotte sur la table à côté d’elle. Rangea calmement son archer et déplaça le violoncelle qui trônait entre ses jambes pour le reposer sur son support avant de se décider à se relever et d’octroyer un regard au visiteur imprévu.
« Bonsoir Lucian. Quel est le souci ? » dit-elle en maîtrisant sa voix.

J’inspirai, un peu plus profondément m’intéressant à ses émotions, constant qu’il avait encore… ce petit bouillon de colère au fond d’elle. Cela avait disparu un court instant dans le labyrinthe avant de revenir. J’avais tilté un peu là-bas, avant de l’occulter, puisque j’avais associé la colère à Alva et donc la sentir constamment comme une douce chaleur sur ma peau était « normal ». Mais en réalité, cela ne devait plus être dans cette normalité. Ce bouillon, c’est la soif. A moins, que ça soit son aura d’alpha ? Je ne pouvais le dire… mais cela commença à me faire réfléchir. La veille, j’avais senti justement cette pression dans l’air et par chance j’étais sous forme de chien, car sinon j’aurais vibré d’un désir certain pour un corps à corps combatif avec elle. En réalité, je le désirai avec une certaine ferveur, pour cela que je la cherchai … je suis un éternel joueur que ce soit avec les mots, les objets ou bien le corps…, et si j’avais eu mon petit combat amical avec ma fille et mon fils, je dois dire que j’avais été frustré de ne pas l’avoir eu avec la louve blanche. Mais bon, il avait une notion un peu moins saine là-dessus. Le côté dominant d’Alva m’avait très vite plus, sûrement trop, renforcé par son côté royal. Je la désirai sous différente couture et pas que sexuelle, cela était aussi du désir de la fréquenter. C’est un peu étrange quand même.
Et elle garda le silence… je m’attendais à ce qu'elle peste. Mais non. Elle fit tout son air calme et mesuré. Le genre de calme qui cache la colère… elle était agacée avec une pointe de fatigue. Franchement on ne tient plus les folles soirées à cinquante-quatre ans ? On devient mémé ? Qu’est-ce que je vais dire moi avec mes quatres chiffres ! Enfin, vu mon énergie, je suis toujours en phase de pré-adolescence !

Un souci ? Oh bah me faire planter avec une excuse foireuse. Tu aurais pu faire un effort et assumer en appelant toi, mais non tu savais que je discuterai et que tu finirais par dire oui. Comme à chaque fois. Non mais tu te fou de moi Alva … quel est le soucis ?! Tu sais bien, quand je pense que tu as osé me dire que tu préférais la franchise… alala fait se que je dis mais pas l'inverse hin ?
Elle portait un pantalon et un chemisier, il manquait une veste et ça sera bon pour partir. Parfait, elle aurait été en robe - certe c’est agréable - mais pas utile, là où nous allons.

« Oui. Il te manque une veste.» normal en plein mois d’août… Je croisai les bras, répartissant mon poids sur ma jambe droite.

« Tu as pourtant eu le message de Walter. Je ne me sens pas très bien donc, pas ce soir. »
« Tu as pourtant lu le message sur la bouillotte ? Ohhh excuse moi… ce n'était pas physiquement ? Mais dans ce cas, la bonne formulation c'est "aucun autre soir, Lucian et va chier" .» dis je en la toisant avant d'être sérieux . « Allé. Épargne nous les préliminaires. Tu sais que tu vas prendre ma main et qu'on va y aller. Comme je savais aussi très bien que tu me planterais. Pour cela que j'ai dégagé ton père exprès au cas où tu veuilles qu'on fasse la phase où je te convainc de venir.»

Une veste ? Comme s'il n'avait pas compris le réel sens de cette question !
Quant à son statut de menteuse, c'était assez injuste... bon peut être à moitié injuste. Était-ce si difficile qu'elle puisse ne pas aller bien ? Oui la veille elle avait fait bonne figure devant Andrew et la meute mais après tout ce qui s'était passé, il arrivait à s'imaginer que tout allait réellement bien ?

"aucun autre soir, Lucian et va chier" C'était donc ça le vrai souci ? Il le prenait personnellement. Bon ce n'était peut-être pas totalement faux. Après la labyrinthe et les illusions, elle s'était dit qu'il serait mieux de mettre une distance un peu plus professionnelle entre eux malgré.... malgré les quelques agréables moments partagés.

Après qu'il lui ait vu le monstre en elle, elle était sûre que les désirs plus douteux qu'il avait pu avoir envers elle lui était passé mais les illusions et le maintien de ce rendez-vous, lui avait fait craindre que non et que les quelques gestes qu'elle avait eu envers lui fussent alors mal interprétés. Donc même si elle pensait avoir été claire là bas, elle ne souhaitait pas prendre le risque surtout dans son état actuel. Elle faisait la forte mais se sentait fragilisée par tout ce qui s'était passé et les difficultés qui s'annoncaient. Alors même si il avait peut-être une part de vérité... Non éviter Lucian Morgenstern n'était pas la première raison de cette annulation.
« Il semble que tu l'ais pris de façon très personnelle. » elle attrapa la bouillotte avec le petit mot, le tenant en évidence. « Est ce si difficile à croire que je puisse ne pas me sentir d'humeur pour une sortie avec Lucian Morgenstern ou qui que ce soit d'autre après le mois qui vient de s'écouler ? »
Elle réduisit la distance entre eux pour lui coller sa fichu bouillotte sur le torse.
« Mais j'oubliais. Tu sais, tu avais d'ailleurs tout prévu pour jouer ton numéro ici ce soir. Bravo Lucian, tu sais. Tu sais tout mieux que tout le monde. Alors tu devrais savoir que ce n'est pas physiquement et que ce n'est pas non plus un mensonge. »
Si son ton s'était teinté de cynisme au départ, les dernières notes de sa voix étaient plus sombres et tranchantes.

Et voilà phase négociation en cours. Je devrai jouer aux courses, je suis certain que je le ferai un pognon fou ! Dommage que je ne sois pas avare… ah l'avarice un péché des plus ridicules à mon sens… j'ai bien fait d'envoyer papa loup au loin.

Non, je ne l'ai pas pris personnellement. Je savais que le jour où je t'ai proposé ce dîner en gage de paiement tu allais te défiler. Néanmoins tu n'as pas eu le temps avant… à aucun moment je n'ai espéré que tu acceptes de te rendre à la Toque de Loup. Réservation ayant pour but d'éloigner le ou les éléments gênants. Mais bon comme je ne fais rien à moitié et que je m'étais mis ce défi, puisque que tu le veuille ou non. Tu es un défi à toi toute seule. J'avais pris plaisir à faire mes suppositions pour t'emmener là où on va se rendre dans les prochaines minutes. Car tu viendras, je n'en doute pas. Ça me change des sujets plus sérieux. C'est le côté Hobbies. Enfin voilà, je la laissai s'approcher tenir le petit mot qu'elle n'était qu'une mauvaise menteuse… un petit rictus se fit sur mes lèvres, encaissant le fait qu'elle me colle la bouillotte encore chaude sur le torse.

Ah que je n’aime pas quand on me met prénom et nom dans la même phrase. Ça veut dire qu'on le site pour mieux reprendre le dessus. Allé complexe de dieu en prime. Je cumul. Tu es prévisible hin. C'est ainsi et j'avoue que j'aurais été comme une buse si tu t'étais pointé à la Toque du loup. J'aurais même demandé confirmation quelques minutes avant ton départ pour être certain que tu ne te défiles pas tellement… tellement cela me parait improbable que tu acceptes.

Enfin moi ou un autre. Tu veux faire ton ours dans ta grotte. Dès que tu dis "bravo" je fis une petite révérence.
Qu'importe le ton cynique et sombre, tu sais… je sais en effet. Peut-être pas tout mais c'est comme ça, faut donc de l'esprit. Cela ne le fit que plus sourire amuser… montrant que je n'étais pas atteint. Comme souvent. Tu as déjà perdu mais vas-y lutte. C'est toujours plaisant d'avoir un risque de perdre. Je pris la bouillotte, décrocha le mot, tournant la face écrite devant elle avec les doigts agiles.

« Amusant que tu penses que j'ai cet ego-là. Après je l'ai cherché avec mon petit mot. Il est vrai qu'on peut penser que c'est que pour ta piètre excuse…mais non je ne l'ai pas pris personnellement. Moi ou un autre, cela aurait été le. Lapin. » petit ton léger et amusé… avant de faire un pas vers elle. Je la regardai sérieusement yeux dans les yeux avec mes prunelles humaines.

« Ce n’est pas le mot, mais plus le.. “aucun autre soir Lucian, et va chier” » souligna t’elle en arquant un sourcil « Mais oui, toi ou un autre ça aurait été pareil. »
« Hum? Et alors ? Je ne l'ai toujours pas pris pour moi. Je t'ai refais le coup de parler à ta place. » dis je avec un petit rictus.
« De parler à ma place et de décider à ma place comment je devrais occuper ma soirée aussi. Parceque tu sais mieux que moi c’est ça »

Bah bien sûr et je vais aussi choisir tes fringues et ton savon pour les mains… Je soupire agacer. Je lui avais refait le coup de parler à sa place en référence à l'autre fois. Ou en effet elle pourrait me dire d'aller chier… et voilà qu'elle remet sur le tapis le fait que je décide à sa place… non mais à un moment… ouai j'ai déduit ton comportement comme j'essaie de le faire régulièrement… et je vais te convaincre mais ça sera toi qui va dire oui. Donc dans un sens… Tu acceptes ma proposition. Enfin bref. Si ça te chante. Mieux que toi ? Non.

« Olalala lala… tu es en crise identitaire ? »
« Va chier Lucian! » dit-elle en se détournant et ajouta moins colérique « Sors d’ici et laisse-moi. »

Cela me fit rire. Finalement j'avais raison sur ce point. Elle se détourna vers la fenêtre. Je repris un peu de sérieux m'approchant d'elle pour me mettre à côté.

« Oui je sais Alva. Tes épaules sont en train de ployer sous tes angoisses, tes soucis remontent depuis le début du mois, tu as mangé le sable et pourtant il semble encore y en avoir beaucoup trop dans ce bac où tu t’es noyée. Ils ont pris tes tripes en otage remontant jusqu'à la gorge et menacent de te dévorer l'esprit, en te faisant douter, t'angoisser et augmentant ta tristesse. Tu auras beau faire semblant devant les autres dans l'espoir de tenir jusqu'au mariage …» facile à déduire tu faisais tout cela pour le bonheur de ton meilleur ami… tu te sacrifies… je fis une autre pas proche d'elle. Pour lui dire plus bas : « Il ne reste pas moins que ton masque est fissuré. » et la tu vas grogner… car tu n'aimes pas quand on te met le doigts sur ta vérité.

Je lui tendis la main. « Ce n'est pas un restaurant, ni un endroit peuplé d'humanoïde. Tu peux déposer ton masque ou en prendre un autre moins abîmé si ça te chante. A la place prend ta veste et ton violoncelle. » dis-je plus doucement sans émotion négative.

Elle serrait un peu plus les mâchoires à mesure qu’il décrivait assez... un peu trop justement ce qu’elle ressentait. Elle était pourtant bonne comédienne et il le savait pour l’avoir vu à l’oeuvre chez les hiboux ou même la vieille. Pourtant, il savait bel et bien apparemment. Alors comment ? Était-ce son grand âge qui lui donnait une perspicacité hors du commun ? Ou y avait-il autre chose ?... Non, rien de bien compliqué au fond. Il avait été le témoin de tout ou presque et même s’il n’avait pas été là entre les murs maudit de cette maison hantée, il avait été le témoin de la détresse dans laquelle elle s’était retrouvée... Il l'avait vu au fond du gouffre, pas besoin d’être un vieux sage pour savoir qu’on ne remontait pas facilement une pente aussi vertigineuse.

Elle tourna les yeux vers lui quand il s’approcha, hors de question de lui montrer encore d’autres faiblesses. Ce n’est pas digne d’une louve et encore moins devant un autre prédateur. Et oui, ce masque, il allait falloir qu’il tienne le coup, encore un moment... jusqu’au mariage... jusqu’au départ de Blanche... jusqu’à leur retour d’Avalon peut-être...
« Mon masque m’a paru plutôt solide hier. Mais tu ne peux pas t’empêcher de t'engouffrer dans la moindre fêlure n’est ce pas? »
Lucian roula des yeux, il était assez patient, il gardait sa main en l'air en attente qu'elle la lui prenne.
« Tu ne penses pas que si j'avais voulu éclater ton masque en m'engouffrant dans tes fissures. J'aurais eu l'occasion il y a plusieurs jours ? »

Elle avait la sensation que si, qu’il s’était insinué sous la surface qu’il avait tout explosé... mais était-ce bien juste de lui mettre sur le dos sa propre implosion ? C’était plus facile, elle ne pouvait plus reprocher son merdier intérieur à Blanche, elle ne pourrait jamais le reprocher à son père... et Lucian, Lucian c’était facile de lui mettre ça sur le dos. Il était le témoin gênant, celui qui était là mais qu’elle n’avait pas choisi. Alors pour le faire passer de témoin involontaire à cause de tous les maux, il n’y a finalement qu’un pas que la colère pouvait faire franchir avec tellement de facilité. Mais n’avait il pas été la petite lueur qui l’avait conduite vers un mieux ? Qui l’avait aidé à recoller les morceaux de ce masque en miette ? N’était il pas celui qui lui avait fait décrocher une étoile pour lui changer les idées ou allez savoir pourquoi, finalement ça importait peu.

« Tu l’as fait » dit elle même si son ton était moins assuré.
Elle avait conscience d’être injuste envers lui mais ne pouvait il pas encore une fois, respecter son envie de solitude ? Bon sang, ils venaient encore de passer une semaine ensemble, obligés de cohabiter à quatre dans des conditions précaires et difficiles.

Il retenu un soupir… ainsi qu'un rictus amusé face à cette louve assez chiante.
« Et je l'ai réparé. Du moins, mit un peu de colle pour pas qu'il se gorge de sang » dit-il à son tour sans une once d'hésitation.
« C’est vrai. » que pouvait-elle dire d’autre.
L’homme tourna la tête vers la louve, adossant son épaule contre le verre de la fenêtre en croisant ses bras. « Tu vas chercher ta veste ? »
Après un long silence, la louve soupira. Après tout, c’était le deal et elle était femme de parole alors elle devait honorer celle ci même s’il n’avait pas encore partagé le résultat de ses recherches, il était sensé le faire ce soir. Et puis il avait dit un endroit sans humanoïdes... juste eux et la nuit... ça avait été pas si mal la dernière fois même si tout ça paraissait bien irréel maintenant qu’elle était de retour à Londres au sein de la meute.
« Le petit violon est plus simple à transporter. » finit elle par dire en s’écartant de la fenêtre.
« Prends celui-ci qui te plait. » répondit Lucian avec un rictus.

Elle se rendit dans le vestibule où elle prévint Walter qu’elle allait s’absenter un moment avant de revenir avec une veste pliée sur son bras.

Ah bah voilà ! Et après elle ose dire que c’est moi qui négocie ? Franchement, c’est qui la chiante hin ? Ceci-dit vu son humeur, ça va surement lui faire du bien que de ruminer dans sa salle de musique. Donc, finalement les bénéfices sont partagés, même si pour ma part, rien que me rendre dans l’endroit où je vais m'entraîner est un beau bénéfice ! Il y a pleins de choses à découvrir et surtout ça regorge de magie.

Puisqu’elle prit sa veste, j’avais ranger son violon pour l’embarquer aussi. Dès qu’elle revenu, je lui tendis la main, mettant ma seconde sur son regard et pouf ! Disparition ! La nuit n’était pas encore bien tombée, le soleil était en train d’embrasser la terre à l’horizon et il faisait une chaleur assez douce. Nous étions en hauteur sur un plateau où une forêt s’étendait dans le paysage, mais ce n’est pas ça qui nous intéresse, je lui fis signe de me suivre avant de tomber sur un grand arbre avec des nœuds sur son écorce.

« Donne-moi ta main et laisse toi faire. »

Alva avait suivi sans parler mais sans rechigner non plus et elle continua en me donnant sa main et en scrutant le moindre de mes gestes. J’avais l’impression d’avoir une autre paire d’yeux mais dans mon dos près à me dévorer si je faisais n’importe quoi. Alva, n’est pas le genre de louve à parler pour rien dire, c’est plus moi qui meuble le vide… elle, elle observe et attend.

Dès que ce fut le cas, je lui piquai le doigt avec une aiguille au bout de la perle de ma cravate, je déposai la goutte de sang dans l’un des nœuds de l’arbre puis je fis de même pour moi. A cet instant, la forêt derrière l’arbre apparut avec un voile translucide poudré. Je le traversai, lui faisant un signe de me suivre. Même pour des créatures peu magiques comme les loups elle pouvait sentir la vibration de celle-ci un peu partout. Il y avait une foule d'odeurs sucrées, à cause des nombreuses fleurs sur le parterre et dans certains arbres de cette forêt. Il faisait plus sombre, mais la lumière était diffusée par la végétation bioluminescente. Le bruit d’une cascade non loin était une mélodie. Je continuai mon chemin, allant vers la clairière où celle-ci était remplie de fleurs de plus d’un mètre toutes blanches, leur longue tige était recouverte de pétales et de boutons violet. On dirait des lys miniatures aux tiges bleutés. Il avait un chemin étroit entre la végétation, pour ne pas endommager la beauté de cette nature, une clairière de fleurs entourée d'arbres dans une pénombre illuminée par ses mêmes fleurs brillantes. Au centre de la clairière il y avait donc un cercle où j’avais laissé des affaires, le panier que m'avait fait Andrew, le nez fin de la louve avait déjà dû sentir son plat favori, de l’eau, du vin, des acras à la morue. Mais elle pouvait déduire avec les odeurs qu’il n’avait pas de plat. Puisque s’était sur le sol, il avait une couverture, donc pique-nique, bien loin d’un restaurant gastronomique. Et dans un sac, j’avais pris mon bracelet-chien ainsi que l’objet que testait hier Andrew pour parler sous forme humaine. Celui-ci contenait aussi une chemise en papier avec le rapport. Il faisait bon, mais très vite il ferait un peu plus frais. Un autre chemin s’étirait de l’autre côté du notre menant sûrement vers la sortie de la clairière où scintillait la cascade qui n’avait pas une eau cristalline, mais coloré. Je déposais son violon sur le sol.

« Il y a une chose très amusante ici…nous sommes entourés de sensitives. » je m’approcha des fleurs et passa ma main avec une certaine énergie dedans… les pétales se mirent à vibrer et comme si un jeu de lumière avait projeté une boule de couleur rouge, celle-ci se balada de partout s’éclatant dans des ton cramoisie allant du jaune au orangé passant par le rouge. Mais le plus impressionnant, n’était pas que les fleurs se passaient les couleurs comme dans un spectacle écarlate autour de nous, mais que ça produisait de la musique. Un concerto dynamique, plein d’énergie et très stimulant. Cela dure à peine une minute.

« Tu as quoi t’amuser pour ton concert... » quand j’avais découvert ça, j’avais passé des heures et des heures à faire différents essai, comme un gamin. Le seul souci était de varier ses émotions pour avoir des notes différentes. « Elles sentent ton émotion et l’impulsion de ton geste. »

« Rouge, jaune, c'est quoi comme émotion ? » demanda t'elle en effleurant à son tour l'une des fleurs. Et une autre farandole de couleur s’étendu sur la plaine… dans des couleurs plus froides, comme du bleu, du gris et du rouge.

« Hum. Je dirais joie et amusement… Le rouge semble être la colère comme cela apparaît aussi chez toi. » comme elle j’ai mon petit bouillon au fond des tripes qui se nomme : péché capital. Enfin bon, avec mon tempérament je ne peux pas avoir une mélodie douce ni fade.

« Tu es en colère ? » demanda t’elle.
« Pas spécialement. C’est mon émotion de base. » plus le temps passe et plus j’ai l’intime conviction qu’on en a tous une de base, celle qu’on à pour se protéger, aimer, vivre ou prendre des décision… celle qui vient en premier et facilement... en tant qu’empathe j’ai cette confirmation. Encore une de mes nombreuses théories.

« Une émotion “de base”, oui ça ne paraît pas si bête. »
Pas si bête, cela me fit rire doucement. « Parfois, je dis pas que des bétises. » dis-je pour la taquiner avant de l’observer avec ma nonchalance habituelle. « Comme tu souhaites être seule. Tu me trouveras, quand tu auras faim ou pas. » et sans attendre je m’engouffra dans le chemin menant vers la cascade.

Et voilà qu’elle troquait une soirée solitaire au manoir pour...une soirée quelque part avec Lucian. Il avait le don de s’imposer c’est fou et pourtant au lieu de le virer manu militari du manoir, elle l’avait laissé parlé et malgré lui avoir clairement dit de partir, il avait trouvé les mots pour la déstabiliser et l’amener sur un terrain ou elle ne pouvait le rabrouer éternellement sans sacrifier des valeurs qui lui tenaient à coeur.

Alors elle avait fait comme les autres fois et avait saisi sa main pour le laisser l’emporter quelque part. Elle ne craignait pas le voyage dans les ombres, elle ne le craignait pas lui, elle craignait plus ses propres réactions dans ces situations. Enfin, maintenant qu’ils avaient atterri devant cette forêt, elle n’avait plus qu'à suivre et voir où cela allait conduire.

Et pour la seconde fois, Lucian lui offrit un paysage “magique”, enfin cette fois la magie était bel et bien présente, elle avait pu la sentir dans l’air après qu’il ait utilisé leur sang sur cet arbre. Alva pouvait toujours jouer les filles désabusées et placides, son regard n’en perdait pas une miette. Une forêt sombre, illuminée par sa propre végétation, d’innombrables fleurs. L’odeur était presque entêtante tant la floraison était abondante.

Elle continua de suivre le dragon au son d’une cascade dont l’écoulement ressemblait presque à de la musique pour déboucher sur une petite clairière bordée de ces fleurs blanches qui levaient fièrement la tête vers le ciel tout en ondulant avec douceur dans l’air encore doux.
Son regard se posa sur le pique-nique, il avait en effet tout prévu, même ce parfum si familier, son dessert favori... Andrew était-il au courant de ce dîner ?
« Andrew t’as préparé le pique-nique? »
« Oui, si tu comptes sur moi pour faire le repas, tu aurais eu vraiment mal au ventre. » tout au mieux un repas japonais à base de poisson cru puisque ce n’est pas difficile à faire.
« Tu lui as dit avec qui tu comptais le manger? »
« Non. Il s'est fait une histoire tout seul dans sa petite tête. Je ne l’ai pas contredit. » répondit Lucian, pour cause Andrew était persaudé que son père allait mangé avec Ermelinde.

Alva hocha la tête, rassurée et alors qu’elle se perdait dans la contemplation du paysage, Lucian lui fit part d'un élément unique de ce lieu, lui faisant la démonstration en passant sa main avec énergie dans les fleurs, provoquant une petite animation colorée et musicale. Si l’expression sur son visage restait assez neutre, le mouvement de sa main trahissait sa curiosité et un certain émerveillement face à ce nouveau prodige de la magie. Puis Lucian la planta là, au milieu des fleurs avec cet air nonchalant qui lui était propre et traduisait si bien toute sa belle assurance.

Elle le regarda s’éloigner un instant ne sachant pas si elle devait s’en offusquer ou le remercier. Il l’avait arrachée à sa solitude dans le manoir familial pour la laisser seule ici au milieu des fleurs. Bon il ne prévoyait sans doute pas de la laisser seule toute la soirée, il finirait par vouloir manger le poisson frit dont elle avait perçu l’odeur aussi. Il n’en restait pas moins qu’il était déroutant.

Elle passa une main légère sur les fleurs pour en tester encore la magie; et des lueurs rouges et d’un bleu plus clair se mirent à danser de fleurs en fleurs avec une courte mélodie assez mélancolique. Le rouge était toujours là... la colère très certainement, elle ne l’avait jamais quitté... a part lorsque la géni avait fait disparaître la soif... puis elle était revenue comme avant. Lucian disait que la colère était aussi son “émotion de base”, c’était pour sa qu’il ne s’effrayait pas de la sienne ? Qu’il semblait la comprendre? Probable. Et vu ce qu’il était capable de faire subir à ses ennemis, elle n’avait aucun mal à le croire imbibé de cette émotion. Là où il avait sa nonchalance, elle avait sa froideur.

Elle fit le tour de l’endroit, habitude tenace d’un prédateur et d’un chef de meute, mais rien à l’horizon. Et puis, elle se retrouva là, au milieu d’un cercle de fleurs musicales avec un pique-nique... toute seule, et voilà que ça paraissait bête maintenant. Elle repassa une main sur les fleurs, même lumière, même mélodie, elle tenta de les agiter avec un peu plus de force et le petit air gagna en intensité, le geste avait donc son importance au même titre que les émotions pour trouver les notes. Elle recommença, obtenant quelques variations, voyant le bleu devenir un peu plus violet, puis, tiens, du vert, c’était quoi ça du vert... Son regard se tourna vers l’autre chemin. Elle finit par trouver ça ridicule et elle s’y engagea sans chercher à réfléchir à ce qui motivait cette décision.

Parfois, je remercie le fait que je sois empathe, pour la simple raison que sans ça, je me serais demandé si la gamine Hennessy avait la capacité de pouvoir encore s’émerveiller du monde. A son âge, il serait triste d’être désabusée. Même moi avec mes quatre chiffres, je prends plaisir à la beauté d’un lieu. Après c’est mon côté artiste et assez foufou, j’aime contempler et s’avouer, pour cela que j’ai cette appétence pour le spectacle et la magie. Sans cela, je crains que le monde serait bien triste et morne… Bref, elle avait tous les éléments à sa portée, je n’avais pas vraiment ma place de toute façon, je comptais la laisser seule, supposant qu’elle serait dans un état bien sombre pour ce soir. Et comment cela pourrait-il en être autrement ? Elle avait mangé dans la truffe tous les mois d'août et surtout il y a quelques jours, son état était digne d’un puzzle avec des pièces qui s‘emboite que trop mal. Blanche aussi était dans un état plus sombre et tout cela était tout ce qui à de plus normal après ce genre d’épreuve autant dans la maison de l’écho que du reste. Les pires des blessures ne sont pas physiques, mais bel et bien mental, on les garde avec nous, jusqu’au moment où les tiroirs débordent.

Comme souvent, je n’avais pas beaucoup dormi et surtout pas après la chasse, selon Tabitha j’avais piqué du nez sur le canapé alors que j’expliquai à Mia comme faire une vision. Les deux m’avaient laissé dormir, avant qu’un de mes sursauts n’emporte le vase près du sofa et le brise en mille morceaux, m’éveillant et inquiétant les louves.
Ainsi, je quittai la clarière, laissant la louve à sa contemplation silencieuse. Mes pas me portaient vers la cascade avec l’immense bassin, plus aux allures de rivières serpentant autour d’une petite île de mousse bleutée et recouverte de fleurs. L’eau était… particulière, comme si elle était opaque en attente qu’on la touche, quelques traînées de couleurs se faisaient à cause des poissons qui y nageant… cette eau était comme les fleurs de la clairière, elle diffusait des teintes selon nos émotions quand on les touchaient. A cet instant on pouvait clairement prouver que les animaux en avaient au même titre que nous. Même si un démon de ma race le sait déjà.

Je me transformai en dragon/démon trempant le bout de ma queue dans l’onde pour commencer à dessiner au pinceau rouge des motifs qui s’imprégnait dans l’onde assez chaude et apaisante. Il était assez plaisant de constater que mes sens empathe étaient encore plus développés, comme si je pouvais sentir à la perfection les émotions du petit poisson barbotant ou bien de cette grenouille sautant joyeusement … tout cela était mélangé et à la fois précis. J’en étais étourdis et surtout… je pouvais sentir sur le bout de ma langue fourchue chaque nuance aussi subtile soient t’elle. Niveau entrainement, il n’y avait pas mieux. Surtout pour contrôler et faire naître des émotions chez le comédien que je suis. Je continuai mes dessins, tout en allant toucher un poisson, comme la plupart des animaux ici, ils étaient blancs ou bleus. La couleur quittait le rouge pour aller vers le jaune, l’or et le rose signe d’un apaisement assez fort… je faisais mes expérimentations tranquillement, le chant de la cascade chantai en fonction des émotions l’habitant. J’entendais aussi les essais d’Alva non loin. Mon regard s’était porté plusieurs fois dans le paysage, si j’avais l’air calme et insouciant, mes sens étaient toujours en éveil, prêt à bondir ou même à déchiqueter un ennemi. Comme le disait si bien Blanche, j’étais toujours sur mes gardes, en alerte constatant et que je cachais très bien. De toute façon, il n’a rien de plus dangereux qu’un homme qui vous sourit.

De nombreux motifs ornaient donc l’eau du bassin et je fini par y tremper curieusement ma queue avant d‘être saisie d’un floppé d'émotions qui me montait dans ma gorge jusqu’au bout des papilles. Surpris, je la retirai brusquement… ah oui dis donc… c’est le shoot du siècle ça ! Faire du sexe là-dedans ça doit être juste incroyable ! Peut-être que j’y emmènerait Ermelinde, folette comme elle est et émotive en plus…

Un peu maso, je remis ma queue dedans essayant de canaliser ce flot enivrant me submergeant… j’eu un petit rire sombre … c’est de la folie ce truc ! Je suis certain, que sous forme humaine, j’aurais une trique d’enfer… déjà que je suis comme un chien, dès que je suis content je la remue… non mais vraiment je pense a de ses choses moi ! Le bassin avait des teintes chatoyantes, liées à mon humeur joyeuse, taquine et un peu excitée quand même par toute cette nouveauté. Si j’y vais complètement ça donne quoi ? Peut être pas sous forme de démon, je suis à pleine puissance et donc ça me rend ivre. Je repris forme humaine, sans avoir entendu Alva arriver il faut dire que les loups sont d’une discrétion légendaire. Je secouai un peu ma chaussure, avant de me baisser et tremper ma main… POPOPOPOPOPO ! C’est moins fort donc gérable mais c’est quand même de la folie ! Amusé, je continuai le motif avant de me redresser en sentant la présence de la louve. Je tournai mon regard émeraude vers elle, penchant la tête sur le côté. Tant pis, je ferais mes expériences de trempouille plus tard.

Déjà ?

« Tu veux peut-être que je te laisse seul ?» demanda t-elle. Je serais tenté de lui dire “oui” pour l’emmerder et surtout face au ridicule de cette question… bah non, j’ai pas besoin d’être spécialement seul, si je le voulais je ne serais pas venu te chercher… C’est quand même dingue la fausse politesse ! Sans aucun doute que si je lui réponds “oui”, elle me trouverai très culotté, après mon petit numéro au manoir. J’avais mille réponses chiantes à lui servir, allant de la plus sage à la moins sage.
« C’est quoi, cette question à deux balles ? » dis-je en pouffant légèrement et amusé. C’est complètement aberrant même. « Elle est bien bonne celle-ci. Ne t'encombre pas de politesse, a moins que ça soit du cynisme ? »

« Peut-être un peu des deux.» répondit-elle d’un ton égal en s’approchant. « L’eau aussi est spéciale ?»

Franchement Alva… tirer la gueule ça ne te rend pas plus hommage. Enfin bon, elle a ce visage neutre aussi expressif qu’un automate. Et si c’est du cynisme ? Tu oses me reprocher de t’avoir laissé seule ? Dans une clairière de concertos ?! Non mais … va falloir te dérider un peu ma grande. Je secouai légèrement la tête en roulant des yeux, avant de me tourner de trois quart vers l’eau.

« Oui, comme pour les fleurs, elle se teinte selon ton émotion. Et apparemment quand tu te trempes dedans tu as lesdites émotions. » enfin j’avais pas vraiment fait gaffe avec juste le bout de la queue qui dessinait, mais dès que j'avais mit plus… oh bordel festival !
Elle s’était accroupie aussi et avait avancé la main vers la surface, mais elle fit marche arrière dès mes derniers mots prononcés. « Celles des poissons ou des créatures présentent dans l’eau ?»

« Tout ce qui est dedans ... » je lui montra quelques poissons qui dessinaient de leur nages un filet de couleurs différents, du rose pour la plupart, l'apaisement. Je pris une ombre, en voyant son refus pour en faire une sorte de bol et préleva de l’eau opaque blanchâtre et lui tendit.
« Tiens, si tu ne veux pas connaître l'apaisement des poissons. » ce qui peut-être perturbant pour une non empathe.
« Merci» dit-elle en saisissant le bol où elle trempa le doigt avec curiosité. « Mieux vaut leur épargner les miennes.» une trainée bleu sombre bordée de rouge suivait le mouvement de son doigt alors qu’elle traçait quelques arabesques.

Rouge et bleu c’est plutôt joli, entre le froid et le chaud… hum, oui peut-être qu’ils auraient peur, enfin bon j’ai bassiné joyeusement ma queue (dit ainsi c’est bizarre) et ils ont gardé leur calme, sûrement habitués à se prendre les émotions des autres dans les écailles. J’eu une idée, oui je suis un emmerdeur mais au moins ça la sortira un peu de sa léthargie mélancolique… ça va lui donne un coup de fouet inattendu. Elle ne va pas aimer, elle va râler mais comme d’habitude. Je la laissai jouer quelques instants avant de tremper mon doigt aussi dedans et tracer un arc de cercle teinté de jaune/orange/rouge. Pour ma part, je sentais un peu plus intensément ses émotions que je connaissais déjà de toute manière. C’est juste plus intense quand même… mais je fis style d’être légèrement surpris, afin de ne pas faire le mec impassible.

Après les fleurs sensitives, l’eau empathique. Même si l’endroit n'avait pas de magique que ça nature et offrait un paysage fantasmagorique des plus plaisant, elle commençait à douter que ce soit une bonne idée d’être là surtout en ce moment, alors qu’elle avait un bouillonnement incessant d’émotions si fortes et douloureuses. Elle avait conscience de ne pas être de bonne compagnie et que ce n’était peut être pas très juste, mais la colère au fond d’elle disait qu’il l’avait cherché après tout.

Enfin quitte à être là, autant découvrir ce qui l’entoure et même si tremper la main sur cette immense toile liquide pour y ajouter de nouvelles couleurs pouvait être intéressant, elle recula bien vite sa main à l’idée de pouvoir y sentir des émotions étrangères ou d’y apporter les siennes aux animaux peuplant ces eaux. Lucian pourvu à ce problème en créant un récipient d’eau, geste délicat.

Ce qui fut bien moins délicat, ce fut de venir y jouer lui aussi. Elle fut frappée par des émotions plus joyeuses contrastant si fortement avec les siennes que cela l’immobilisa quelques secondes, et puis il y avait aussi ce petit bouillon de colère si familier qui venait de grossir comme si deux rivières venaient de s’unir pour être un fleuve. Elle retira vivement son doigt du liquide dès que son cerveau réussit à se reconnecter après le choc initial.

« Tu n’aurais pas dû. » dit-elle encore un peu déstabilisée. Les émotions qui ne lui appartenaient pas avaient disparu aussi soudainement qu’elles étaient venues, le bouillonnement de colère revenu à la normale et cette petite chaleur joyeuse évanouie elle aussi... un peu à regret.
« Tout comme te sortir ce soir. Et pourtant, je l’ai fait. » répondit-il avec un rictus en se relevant souplement. « C’est parfois bien de ne pas oublier ce que ça fait d’être joyeux malgré les soucis. Mais tu as raison, je n’aurais pas dû. » dit-il égal à lui-même sans être vexé ni même contrarié, juste calme et un peu piquant d’énergie. L’eau était encore coloré et petit à petit les arabesques s'éclaircissent pour disparaître.
« Ca reviendra un jour. » dit-elle en reversant l’eau dans la rivière. « Certains de mes sourires hier étaient sincères. » et c’était vrai. Cela lui faisait du bien de voir Andrew heureux et aussi insouciant qu’un futur époux peut l’être à une semaine du plus beau jour de sa vie.
« Oui. Il n'y a pas de raison. Quant à Andy tant mieux. Il était ivre de joie hier. » répondit Lucian avec ce qui ressemblait être de la sincérité dès qu'il parla de son fils.
« Il le mérite. Jamais je n'aurais pu lui apporter ça. » dit-elle avec douceur en laissant son regard se porter sur l'eau.
« Le bonheur ? » demanda Lucian avec une petite moue indéchiffrable.

Oh apparemment elle avait parlé tout haut... bon. Elle se releva restant face à l'étendue d'eau. Bonne question. Le bonheur, l'amour, la douceur... une vie sans rage, sans colère, sans soif... sans tragédie.
« Oui. Il aurait été heureux au début mais... Enfin tout ira pour le mieux pour lui maintenant Kiera est une fille bien. » dit elle pour couper court. Elle n'allait pas lui confier qu'elle aurait fini par détruire Andy, par crainte qu'il soit un jour la victime de sa soif ou juste parcequ'elle était ce qu'elle était et qu'il aurait fini blessé ou comme entaché. C'était une impression qu'elle ne s'expliquait pas vraiment et qui n'avait sans doute pas de réelle logique. L'impression que ce qui était en elle aurait fini par tacher la belle personne qu'il était et l'aurait inévitablement rendu malheureux.

Elle revint vers Lucian pour lui rendre ses ombres.
La maison hantée avait ramené plus nettement le souvenir du jour où elle lui avait dit non. Ravivant ce sentiment de solitude, l’impression qu’elle ne saurait jamais donner ou recevoir de telles sentiments. Si elle lui avait dit oui ce jour-là, elle aurait fini par le détruire et détruire cette belle amitié qu’ils avaient fini par retrouver. Alors oui, ces sourires-là avaient été sincères même si l’amertume en ternissait la chaleur à l’intérieur.
« Tu as faim ? » demanda Lucian.
« Oui. » répondit-elle avec un petit manque de conviction, si elle devait manger depuis leur retour du Moyen-Orient c’était plus une nécessité qu’un plaisir.
« Bien. Les animaux normaux qui pénètrent dans cette forêt finissent par perdre la melamine de leurs poils et deviennent blancs ou bleutés. Il paraît que leur viande à un goût bien plus succulent que les autres. Mais ils sont plus malins à chasser. » il lui fit un rictus avec une pointe de prédation. « Tu te mets avec ta fourrure et on part pister de l'albinos ? » dit il avec une pointe de défis
« Tu as trouvé comment avoir ta chasse en duo finalement. » dit-elle avec un léger sourire qui n'était pas aussi prédateur que d'habitude même si la perspective de chasser restait une des rares choses qui réussissait à la motiver.