Cause i’m a monster △ Alva

Franchement, je ne m’y attendais pas à la morsure et cela m’électrifia plus que nécessaire… j’aime beaucoup les moments sauvages et … je dois dire que j’en avais des frissons et j’avais lâché un soupir loin d’être chaste mué par la surprise et l’envie. Je sentais aussi quelques émotions dans ses reins et cela me plus tout autant. elle finit par serrer plus sa prise jusqu’à me faire saigner, faut dire que je me débattais comme un beau diable… et son corps se faisait plus lourd sur moi, chose qui n’améliorait pas mes envies… le désire s’infiltrait dans mes veines et mon cœur prenait des tours irraisonnable et mes mouvements furent plus bestiales pour reprendre le dessus… cette joute était enivrante voir trop exaltante et j’adorai littéralement, mon visage était plus expressif d’un contentement appréciateur, tout en grognant ou en la provoquant.
Et quand elle roula en bas du lit, on eut ce petit échange de purs défis qui m’amusa bien. Je la fixais avec la même intensité alors qu’elle se léchait les lèvres, il est bon mon sang ? Apparemment car tu en redemandes ! Je ma réceptionna alors qu’elle avait bondit et on recommença à rouler, se prendre dans tous les sens pour prendre le dessus. Elle dans la force moi la souplesse et je me tordais sans mal, lui échappant telle une anguille. J’avais suffisamment d’imagination, pour m’extirper dans des situations rocambolesques ! Et je n’utilisai pas mes ombres, pour être égale à elle et je dois dire qu’on y mettait du cœur, elle était à fond sans restriction et moi aussi … c’est surement pour cela qu’on aime bien se battre ensemble. On peut y aller à fond ! Et c’est la même chose pour moi quand je couche avec des surnaturels, c’est pouvoir y aller pleinement …

Bon, là je prenais mon pied et je pouffais à quelques reprises sous nos coups. Et alors que je comptais la remordre, elle réussit ENCORE à m’éviter. Putain, mais c’est à se demandé si je n’ai pas la poisse avec un destin foireux moi ! Elle a de la chance ! Car si je la chope ça ne va pas être la même ! Et je me retrouvai par terre, je me relevai vite l’attendant et on éprouva la solitude de la commode où quelques objets volèrent et la table de nuit vola en éclat avec la lampe ! Tout cela devenait plus violent, plus sauvage et on avait pas l’air d’avoir mal, bon on ne chercha pas à se donner des coups, mais plutôt à se battre de manière soft, la seule douleur était la palpitation de mon sang le long de ma nique, ma chemise qui avait été un peu déchiré en haut et nos corps qui avaient atterri sur le mobilier. Si j’avais pris le dessus à plusieurs reprises, elle me rappelait à l’ordre en inversant les rôles…. Deux dingues quoi… je supposes que Mia en attendant notre joute, n’osa pas venir. Brave petite, vas-y pense que ton chevalier fouille pour les guimauves sans savoir que c’est moi la grosse guimauve avec ma putain de chemise rose ! Je te l’envoyai au sol… le tapis amortie son fessier musclé et je marchai vers elle tel un fauve, la chopant par la nuque … le mur était proche et j’allais la mettre contre. Oui c’est peut-être une récurrence chez moi, mais j’aime bien ça et enfer que j’étais émotif là… le cœur battant, la peau en feu, je comptais bien planter mes crocs et m’aider de ce mur pour la couvrir et éviter qu’elle bouge trop.

Et … non mais c’est qui qui s‘amuse à me foutre dans la merde ? Qu’il se dénonce ! Elle me fit une pirouette qui franchement était magnifique et j’en serais presque jaloux de ne pas l’avoir fait… et je me retrouvai contre le mur, je lutta pour ne pas y être allant avec mon genoux pour repousser le contact, mes muscles étaient tous bandés à l’extrême avant que mes bras furent immobilisé dans mon dos avec la serviette…. Et je ne pouvais plus résister niveau force et j’embrassai ma chambre lourdement… et en poussa un « han » assez excité… j’aime bien plaquer mais l’être tout autant et là … j’étais vraiment chaud. Une de ses jambes se glissa entre les miennes impossible de les remonter ou simplement si je m’agite il avait la possibilité qu’elle me brise les noix. Je doute qu’elle le fasse ceci-dit. Son bras fut contre ma nuque et j’inspirai et soupira un peu bruyamment… j’essaya d’agiter ma tête et je du mettre ma joue contre la peinture sombre… mon esprit lubrique s’imagina très bien que l’une de ses mains allaient quitter sa prise et se glisser autre part et cela m’agita d’un frison et d’une chaleur montante le long de mon échine. L’image me plut beaucoup… être tripoté ainsi après un combat, me plairait énormément. Et j’inspirai pour me calmer…

« Juste Mat… » je soupira et appuya mon bas du corps sur sa jambe d’un coup, pour la faire flancher et je me laissa tomber au sol en donnant un coup de fesse l’éloignant, la forçant à lâcher ma serviette et je roula sur le coté. Je revenu à la charge, me relevant pour ne pas la laisser réagir … la plaquant au sol en la retournant. Et normalement j’aurais plaquer mes lèvres pour lui faire des avances, à cet instant je ne put rien faire car elle m'avait chopé par la nuque et la hanche et me fit basculer… je lutta en lui attrapant une épaule et en me laissant choir sur elle pour que mon poids gagne… et je devais être au fond fatigué, le poids de mes nuits erratiques, de ma fatigue mentale et de nos journées longues et très dynamique me rappela et j’eu la faiblesse de ne pas mettre assez de force et je me retrouva une nouvelle fois, plaqué au mur… le dos contre elle. J’inspirais difficilement, essoufflé et qu’elle avait un peu serré… j’avais chaud… de différentes manières.
Rha fait chier ! Je grommelai un peu, laissant mon front contre le mur, mon genou trembla de fatigue quelques secondes et je mis mes deux pieds sur le sol. Je suis vidé là … Et frustré.

« Trois à un … cela commence à être une déculottée. » dis-je dans un souffle court... je pouvais le concéder, je ne suis pas mauvais perdant, car on avait de beaux combats et cela avait failli être à mon avantage. Attends que je dorme mieux tu vas voir … et non, je ne regrette pas… j’aime trop quand tu es sauvage chérie !

Au moment où elle croyait tenir la victoire, il s'appuya sur sa jambe brusquement pour la repousser et l'éloigner d'un coup de fesse digne d'un louveteau surexcité. A peine s'était elle redressée qu'il revenait à la charge en la plaquant au sol et la mettant sur le dos. Elle avait le souffle court et sachant ce qui se passerait en croisant son regard - que ce fut le vert qu'il aimait tant ou celui de saurien n'y changeait finalement plus grand chose - elle place tout de suite ses appuis pour le renverser et reprendre le dessus. Ils s'entraînèrent l'un et l'autre dans une roulade que le dragon faillit bien gagner mais sa dernière attaque manqua de force et la louve en profita pour les redresser et ramener Lucian contre le mur. Il tenta de s'en dépêtrer mais il manquait de force. Pas étonnant qu'il réclame une vraie nuit.

Enfin, elle aussi avait le souffle court et le cœur battant à tout rompre. L'exercice était de taille une fois de plus et a bien y réfléchir ils n'avaient pas arrêté de la journée. Combien de fois s'étaient-ils amusés ainsi en moins de 24 heures ? C'était à croire qu'ils étaient attirés comme deux aimant recherchant la friction.. et le contact aussi. Si les caméléons les avaient poussés dans un câlin un peu particulier, il semblait que leurs corps n'en avaient pas eu assez et que leur esprit acceptait mieux de satisfaire à cette envie de rapprochement sous cette forme que sous des gestes tendres, ou peut être juste le sien. Pourtant, elle était bien allée le chercher aussi ce contact plus doux lorsqu'ils étaient côte à côte au piano. C'était l'impulsion créatrice voilà tout.

Pour l'heure elle le tenait à sa merci et si ses gestes avaient une certaine intensité la seule douceur était dans son souffle.
« Je t'avais dit que je gagnerais. »
Elle relâcha sa prise et recula de quelques pas jusqu'au rebord du lit ou elle se laissa retomber assise. Elle était fatiguée et elle avait besoin que cette tension redescende.
« Maintenant, si tu ne caches pas de guimauve quelque part, il va falloir demander à Loris d'aller en acheter. »

J’eu un rictus, ouai facile quand on vient de gagner … je remonta mon bras sous mon front pour m’y appuyer quelques secondes quand elle me lâcha enfin. Je frottai ma tête pleine de sueur contre celui-ci … a peine eut-elle fini sa phrase sur les guimauves… que j’entendis des petits pas courir dans le couloir, Mia avait entendu.

« Je vais en acheter avec Loris ! PLEINS ! » hurla-t-elle, mais on entendait bien… je me détachai du mur.
« Commande passée. » et j’allais refermer la porte cette fois et non la laisser entrouverte … j’étais crevé… la fatigue était saine et je marcha lentement vers le lit rejoignant la louve, pour me laisser choir sur le dos et me coucha complètement. Laissant un contact sur mes jambes au siennes. Avant cela j’avais retiré mon veston, ma chemise était collante et débraillée.

« Tu l’avais dit oui. Tu as pensé à devenir oracle ? » dis-je avec cynisme mais cela était de l’humour. J’avais du mal à reprendre mon souffle… j’essayais de calmer mes différentes ardeurs. En vain.

« Pour me faire kidnapper par un Prince arabe. Non merci. »

« La prison dorée sous le soleil avait l'air sympa… sur le papier. » dis je avec ironie. Avant d'enchaîner.
« On va pouvoir faire notre expérience scientifique … les deux bouteilles sont sur la commode et encore vivante…» je matérialisai quatre bols d’ombre sur le lit vers nos têtes. Moi je suis mort … qu’on me laisse respirer un peu.

Alva sourit en entendant les paroles de Mia. Elle avait donc épié la fin des hostilités. Et bien, vu l'ardeur du combat heureusement qu'elle ne s'était pas mis en tête de revenir prêter main forte à son chevalier.
Sinon elle aurait découvert la version Alva des " bisous sauvages". Bon après, la petite était louve, une bagarre restait un jeu et qu'il y ait de la force et quelques dégâts ne l'étonnerait sans doute pas venant d'une louve et d'un dragon.

Ce qui aurait été plus gênant, ce serait qu'elle ait pu sentir ou observer que cet affrontement était stimulant d'une façon qui ressemblait parfois plus à des préliminaires qu'à un simple jeu. Ses soupirs et grognement n'avaient pas eu le même son, et lorsqu'il s'était démené pour essayer de se soustraire à sa morsure, elle avait bien cru sentir une certaine fermeté un peu plus bas. Étrangement elle n'en avait ressenti ni dégoût ni besoin de stopper le combat, au contraire son propre corps y avait réagi. Mais comme consciemment elle ne s'autorisent pas à passer à un autre "jeu", elle avait juste serré plus fort et plaqué son corps encore plus au sien, sûre que son seul but était de remporter la victoire... Et elle l'avait bel et bien remporté.

Lucian la rejoignit sur le lit, il s'était donné tout autant qu'elle mais la fatigue le marquait plus durement.
Il lui rappela le but initial qu'ils s'étaient donné avant que la couleur d'une chemise ne vienne bouleverser le programme.
Lorsqu'elle se leva pour aller chercher les dites bouteilles d'eau blanchâtre, elle eut l'impression que la gravité avait augmenté. Ses membres semblaient peser plus lourd sous l'effet de la fatigue musculaire. Elle prit aussi la serviette qui gisait au sol et revint vers le lit.
Je crois que tu vas devoir changer de chemise, Mia va être déçue. » dit elle en reprenant sa place après avoir déposé les bouteilles au sol.

Elle vint se pencher sur le dragon et écartant le col malmené pour vérifier sa blessure. Elle passa la serviette dessus pour éponger un peu mais ça ne saignait déjà plus.
Tu as de la chance que je n'ai pas les crocs aussi acérés que toi. »

Elle abandonna la serviette sur le lit et se laissa retomber sur le dos épaule contre épaule gardant le contact avec Lucian, les bras le long du corps.
« Je crois qu'on mérite une pause avant de se mettre au travail. »
Et aussi que toutes ces émotions se calment avant d'en imprégner cette eau magique.

Le contact du lit était presque un réconfort pour mon corps qui demandait grâce. Néanmoins j'étais encore échaudé et je n'étais pas loin de lui dire en plus de la bouteille. Que j'ai envie d'elle. Et je tenu ma langue, le terrible constat que même si je laisse mes mains courir sur sa peau et les siennes sur la mienne… je crains qu'à cet instant je sois que trop fatigué pour faire une prestation suffisamment satisfaisante pour faire honneur à mon désir envers elle et ma frustration. En y réfléchissant, on n'avait pas arrêté… bagarre, repos, bagarre et défis ! On s'était donné à fond. Je ne sais pas ce qu'on voulait prouver ou se prouver à l'autre ou nous même… mais on le prouvait bien.
Mia serrai déçue ? Oh oui un peu… et finalement c'est une bonne chose que cette chemise soit abîmée. J'ai une excuse pour la jeter.

« Oui… tu vas te faire gronder par ta reine. »

Je tournai la tête sur le côté pour laisser passer la serviette, un rictus amusé sur les lèvres. Oh bah j'aurais un bandage et ça aurait mit un peu plus de temps pour le soigner.

« Pas sous cette forme. Alors j'ai bon goût ? » dis je taquin alors qu'elle s'allongeant épaule contre moi.

« J'ai connu pire... La chimère » répondit-elle pas tout à fait sérieuse. Et elle ose me comparer à ça… « Si je ne suis pas bon, tu n'y reviendras pas.» tu parles… j'aimerai bien qu'elle retente sa chance. Bon peut-être pas à sang. Mais bon.

« C'est que je dois avoir bon goût alors. » dit elle.

« Oui, tu es plutôt succulente. » au moins sur le sérieux ça en tient une couche niveau connerie. J'avais dit cela d'un ton calme même si je souriais d'amusement.
Elle s'était tourné vers moi sans doute pour vérifier l'expression sur mon visage, cela me fit sourire encore plus. Elle pensait que j’étais sérieux ? Je veux bien croire que j’ai mangé des choses étranges durant notre repas chez les Hiboux sans sourciller, mais la consommation d’être humanoïdes ne m’inspire pas vraiment. Je n’ai pas vraiment ce genre d’appétit. Elle dû percevoir mon air amusé puisqu’elle répondit avec légèreté probablement rassurée par ce rictus amusé.

« J'ai intérêt de me méfier de ne pas finir un jour dans ton estomac alors. »
« Il faudra être maline, pour ne pas se faire manger alors. » cette conversation n’avait pas de sens mais elle était drôle.

« Je te filerais tellement de coups dans l’estomac que tu me recrachera avant d’avoir le temps d’être digérée.» répondit-elle et j’eu la scène en tête.
« Je te machouillerais bien avant. »
« Je plongerai moi-même dans le fond de ton gosier avant d’être réduite en bouillie.» mais c’est que ça a l’air très sexy comme action ça ! Vraiment Alva ! Tu m’envoie du rêve avec cette discussion complètement idiote !
« J’avalerais des ombres afin que tu sois une petite brochette. » dis-je taquin en ricanant.

Elle pouffa avant de répondre « Et j’utiliserai tes pics d’ombre pour te transpercer la gorge dans mon dernier souffle.» répondit-elle.

« C’est un chouette programme ! On commence quand ? » fis-je un peu provocateur.

« Chouette que je meurs en te blessant ?» releva t’elle en me donnant une pichenette sur la tempe ce qui me fit rire. « On gardera ça pour quand je serais vieille et indigeste.»

« Rendez-vous dans quatre cents quarante huit ans alors ? Comme tu es alpha tu as un gain de longévité. Tu n’auras même plus de force pour réagir aussi vite. Je prendrai du bicarbonate pour digérer la veille carne que tu seras devenu. » rien n’était sérieux et à cet instant cela ressemblait vraiment à une conversation hors temps.

« Voilà que tu te lances aussi dans les oracles maintenant ?.» dit elle ne pouvant retenir son rire de résonner dans sa voix. « Ok on a un deal, si je ne meurs pas avant de devenir grabataire et pitoyable, alors tu me mangeras dans un ultime combat pour que je ne meurs pas bêtement dans un lit. Ok ?»

« C’est à force de côtoyer Blanche ça… elle déteins. » oui et elle me fout de la lumière partout … donc au fond ce n’est pas si déconnant. Voilà qu’on va sur une promesse débile … je pouffai tout en lui tendant mon petit doigt, comme font les enfants pour leur promesse ridicule sur la vie. Je n’aurais pas été contre de sceller ça autrement, à croire que j’ai encore le cerveau plein d’envie. Et il avait de quoi je pense, j’ai un niveau de frustration assez haut avec elle. Mon regard chercha le sien, sans pour autant bouger ma position allongée.

« Mourir noblement. » comme je suis mort face à ma créatrice, même vieux je m’étais battue. Voilà un autre point commun, la question étant de savoir si d’ici là ton âme sera mienne et que je t’emporterai pour l’immortalité… et si je t’en parlerai avant. Surement, je ne veux pas avoir de Sam deux. Et puis on a le temps de voir venir les choses. Le jour où tu prendras avec qui tu joues… je ne suis pas certain que tu sois encline à vouloir continuer à me fréquenter.

« Mourir noblement» répéta t’elle en saisissant mon doigt avec le sien, une promesse de gamin pourtant il y avait dans son regard un fond de sérieux… étions-nous en train de se promettre ça ? Enfin la manger n’était pas dans mes ambitions actuelles. A croire que je ne pouvais que lui promettre de mourir. Ce qui pouvait être triste d’un œil extérieur. Promettre de la tuer si plus rien ne marche pour la soif et là, cette promesse qui annule la première… celle de lui offrir une mort honorable le jour où elle ne sera qu’une mamie louve usé par le temps et la maladie, celle d’être vieille. Je gardai le silence, méditant sur tout cela, avant qu’elle ne propose une pause. Oui une pause est raisonnable surtout que notre dose de joie est partie chercher des guimauves.

« Oui… le temps que Mia revienne… pour la dose de bonne humeur pure. »

Oui car si j'en crois nos émotions nous ne sommes pas que "joyeux"... Et ça va foirer l'expérience. Je soupira fermant les yeux. La chambre était calme et j'écoutais sa respiration tout autant que la mienne. Je remonta mes mains sur mon torse pour déboutonner ma chemise et la retirer en me relevant avec les abdos et la bazarda un peu plus loin. Je me recoucha un peu plus près les mains sur mon torse nu.

« Je crois qu'on a battu un record de rapidité de défis. » dis-je en ricanant de plus belle. On avait rien parié et je me demande si elle va réclamer.
« Possible, on doit en être à quoi? Cinq ou six en moins de vingt quatre heures ? Et trois victoires pour moi » crut-elle bon de préciser avec un fond de fierté mais avant tout de l'humour.

« En tout cas sur les mathématiques, ce n'est pas sur ça que tu vas gagner. Sept. Trois égalité, une pour moi et… trois pour celle qui s'en vante. » dis je amusé en pouffant, je lui donna un coup d'épaule même si il n'avait pas trop d'impact comme nous étions collé.
« La vantardise est l'apanage des vainqueurs que veux tu. » dit-elle avec un manque de sérieux évident, puis elle soupira «Je ne vais plus savoir quoi réclamer comme prix a force de gagner. »
« C’est un souci de riche ça ! » dis-je d’un ton volontairement exagéré. Finalement, elle réclamait.

«Que veux tu, quand on est une future Duchesse, on à l’habitude de tout avoir rien qu’en claquant des doigts et on a tout ce qu’on veut. » répondit-elle en mimant un ton pompeux et en associant le geste à la parole.

Bon, là je me mit à rire un peu plus. « Et elle veut quoi la Duchesse au doigt claquant ? » Je tourna la tête vers elle.

« Si on se bagarre autant à chaque fois, ça va faire beaucoup de prix. On devrait garder ça uniquement pour les défis, tu ne crois pas ? »

ça me va car pour le moment je ne mène pas… Peut-être que j’inverserai la donne a mon retour d’Avalon, car je ne pense pas qu’on va s’ignorer. Enfin ça serait bête. Mais madame louve froide polaire pourrait en profiter pour se mettre un voile de déni (et oui c’est moi qui dit ça).

« Oui, ou on se fixe un chiffre qui marque le vainqueur. »

« Le premier qui atteint trois victoires ? » dit-elle pour me taquiner, en réponse je lui fis une petite moue type “gnagna”.

« Dix. »

« Dix, ça va nous prendre un peu de temps, mais d’accord. Il faudra un prix à la hauteur, mais on a le temps de le trouver. » dit elle me gratifiant d’un petit coup d’épaule.

« Oui, on continuera à mon retour. Et d’ici là tu auras le temps de réfléchir. » je restai contre son épaule, observant le plafond étoilé quelques instants.

J’ai vraiment l’impression que nous n'arrêterons jamais… cela frôlait la boulimie mais faute de nourriture cela était sûr de multiples sujets. Étrangement, j’étais bien, fatigué sur ce lit avec son contact. J’avais indéniablement envie de plus et cette idée me traversait me perturbait. J’ai un côté obsessionnel, celui d’avoir quelque chose en tête et de tourner autour sans relâche. Depuis les caméléons, je voulais de son contact sous toutes les formes… et je me fis violence pour ne pas esquisser un geste et la ramener vers moi. C’est quand même bien malheureux… pour moi, puisque j’en venais à avoir hâte d’être ce soir et justifier justement ce geste. Je suis bien pitoyable. D’un soupir, je me calla, me sentant me détendre de plus en plus… le regard clos, j'inspire profondément, me demandant si j’allais m’endormir là…a peine eu-je cette idée que déjà des images déplaisantes se formaient dans mon esprit. Je soupirai et me redressa d’un geste souple en position assise. Je passai la main sur mon front un peu humide. Ouai, c’est donné pour que je transpire, d’un pas toujours mué de ma souplesse, j’allais voir ce que j’avais comme chemise…

« Tss, c’est vraiment une couleur de merde… il y a rien qui va avec ! » dis-je irrité en voyant bien que le gris perle n'était pas assortie à mes tenues. Je du enfilé une blanche pour que ça ne soit pas trop… étrange. Du blanc, j’en avais que trois dans cette armoire, enfin plus qu’une. « Bon, ça va finir à la poubelle. » dis-je plus pour moi qu’autre chose. Et j’enfila la chemise, me la boutonnant, une fois fait je me tournai vers la louve.

« Viens, on va dans le salon. Par contre on va éviter de se chauffer là-bas. J’ai trop d'objets uniques. » fis-je avec humour avant d’ouvrir la porte et me diriger vers le salon. Une fois là-bas, j'ai pris place sur la chaise longue antique dans une position nonchalante. Oui gentleman, que je suis je n’avais même pas pris les bouteilles. C’est une femme moderne non ?

Un peu de repos ferait indéniablement du bien. Alva sentait son corps peser une tonne après avoir tant donné. Cette journée avait eu un rythme un peu fou et la soirée de la veille aussi à vrai dire. Elle ne s’était pas attendu à ça en finissant par prendre sa main la veille. Elle était passée par autant d’émotion que d’activités, elle avait été énervée, triste, apaisée, heureuse, elle avait été en colère contre lui, il l’avait fait rire, elle avait eu envie de se lover contre lui à cause des caméléons, elle avait eu envie de lui... et là encore sa peau réagissait bien trop à ce contact contre son épaule. Ca allait finir par passer, ce n’était que l’énergie résiduelle du combat.

Mais si ils profitaient du repos de leurs corps, leur langue n’avaient semble t’il pas fini de jouer puisqu’ils dévièrent sur une discussion qui ne ressemblait à rien et voilà que Alva se retrouvait en brochette avalée par un dragon géant dans un combat imaginaire... Même comme ça il fallait que ça se transforme en défi, ils étaient intenables. Mais au moins cela eu le mérite de la faire rire. Et étrangement, ça se termina sur une promesse à la vie à la mort comme dise les enfants et qu’ils scellèrent comme deux amis d’enfance. Même s’il n’y avait rien eu de sérieux dans cet échange, une part d’elle était sérieuse, elle n’avait jamais imaginer mourir vieille au calme au fond d’un lit, voir l’âge user ses os jusqu'à la rendre impotente ou la soif miner son esprit jusqu’à la folie... Non, elle espérait sincèrement une mort noble, avec tout l’acharnement dont elle était capable au combat.

En parlant de combat, elle pouvait avoir la satisfaction de l’emporter à trois contre un. La vantardise n’était pas dans sa nature, mais si elle savait reconnaître ses échecs, elle savait aussi apprécier ses victoires et elles étaient d’autant plus gratifiantes lorsque l’adversaire était de taille. Elle reconnaissait néanmoins que s’il utilisait toutes ses capacités ou s’il était sous forme de dragon, le résultat n’aurait sans doute pas été le même, mais il jouait fairplay, n’utilisant que les armes qu’ils avaient en commun. C’était amusant de constater que la seule fois où il avait utilisé les ombres autrement que pour la chercher, c’était sa seule victoire. Mais elle ne se méprenait pas, ombres ou non, le prochain affrontement n’était pas gagné d’avance. Il était redoutable même s'il était épuisé par son manque de sommeil chronique.

Ils se mirent d’accord sur de nouvelles règles de jeux, vu le nombre de fois où ils s’affrontaient d’une manière ou d’une autre, réclamer le prix du gagnant à chaque fois devenait ridicule. Enfin, peut être que tout ceci prendrait fin lorsqu'elle rentrerait au manoir et sortirait de cette bulle étrange. Il lui semblait impossible de prédire ce que cela allait donner, vu comment un simple pique-nique pouvait devenir. Elle découvrait, chaque fois un peu plus Lucian et si elle appréciait ces moments qu’ils partageaient tous les deux, qu’en serait il au milieu du reste du monde, quand chacun remettrait son masque ?

Enfin avec ce nouvel objectif de victoire à atteindre, ils se promettaient indirectement de renouveler l’expérience au-delà du voyage à Avalon. Quelque part, ça lui faisait plaisir même si l’avenir restait plus qu’incertain. Il suffisait de voir comment ils s’étaient inquiétés de savoir si Andrew et Tabitha étaient à la maison... Seuls Mia et Loris étaient les témoins de cette aparté dans leurs vies.
Puis leur cordes vocales eurent tout autant besoin de repos, et ils restèrent un moment dans ce contact immobile, le regard perdu dans la contemplation du plafond. Si Alva n’était pas aux portes du sommeil, tout son être cherchait à se détendre baignant son esprit d’une certaine torpeur contemplative, un de ces états proche de la méditation qu’elle pratiquait pour essayer de canaliser ses émotions et ainsi dompter la soif.

Et c’est à cet instant qu’elle reçoit un message de son père. * J’ai une minie louve qui m’a appelée pour me dire que ta rançon s'élevait à quinze bisous, six guimauves et dix gaufres. J’espère que tu n’es pas maltraité dans ta nouvelle prison dorée. * il avait de l’humour.
* Et bien, voilà un prix exorbitant! Auras-tu les moyens de me sauver ? * répondit-elle avec autant de légèreté. Mia prouvait encore le rayon de soleil qu’elle était.
* Je crains, que j’ai la somme que demain matin… sauf si d’ici là, on ajoute a ton prix des fraises et des réglisses… et tu devras rester un peu plus. * répondit l’alpha amusé, même s’il avait un double discours là dessous. Il était curieux mais lui laissait comme toujours la possibilité de lui en dire plus.
* Ma geôlière est imprévisible mais je doute qu’elle ajoute encore au prix de ma rançon.* répondit elle dans le même esprit avant de s’inquiéter avec plus de sérieux * Tu as vu Eden et sa meutre d’humains ? Tout se passe bien là-bas? *
* Mouvementé, mais elle a clarifié les choses. Une vraie leader. Au global tout est dans l’ordre. * répondit Tristan sérieux. * Comment tu vas ? * la question était réelle, il avait dû bien voir son ton morose.
* Je vais bien. Ne t’inquiètes pas pour moi. J’ai promis à Mia qu’on ferait griller les guimauves sur un feu de camp. Ce sera un vrai bonheur de l’avoir à la maison. * dit elle avec plus de douceur
* Tu sais bien que je m'inquiète toujours, c’est mon rôle de papa. dit-il avec douceur pour la taquiner. * Je n’en doute pas. C’est un concentré de joie. En parlant de ça, vous avez avancé sur votre composition pour le mariage, cela te sembles parfait ? *
* Comme je m’inquièterais toujours pour toi. D’ailleurs tu devrais aller voir Blanche ce soir, profitez avant son départ. * après tout, elle ne lui offrait pas ce répit dans les ennuis pour qu’il ne profite au final pas de sa belle! * Ce n’est pas encore parfait... mais on a bien avancé. * s’il savait qu’ils avaient passé autant de temps, si ce n’est plus, à se battre plutôt qu'à composer... il serait sans doute surpris.
* J’ai l'autorisation ? * demanda t’il en la taquinant un peu. * J’ai hâte d’entendre cela. Profite bien du rayon de soleil et de… casse pied a écaille. *
* Et depuis quand tu la demandes ?* répondit-elle en le réprimandant pour de faux avant de continuer d’un ton plus souriant * Tu l’entendras au mariage, comme tout le monde. A demain, je t’aime papa. *
* C’est que je vais me faire gronder ! * il riait mentalement. * J’aurais au moins essayé d’avoir une avant première. Je t’aime mon étoile. *

La discussion se termina sur cette bouffée d’amour partagée. Et peu après Lucian se redressa pour donner le top départ en cherchant en bougonnant une nouvelle chemise. Elle se tourna légèrement sur le côté pour l’observer avec un petit rictus. Il râlait mais au moins faisait il l’effort pour Mia, comme quoi Papa dragon était prêt a pas mal de sacrifice pour sa petite boule de poils, même si elle le savait depuis le début du mois, c’était touchant de l’observer. Elle se redressa à son tour et il dut mal interpréter ce petit sourire en coin car il l’a mit en garde de ne pas se chercher dans le salon afin d’en préserver le mobilier.
La chambre portait en effet les traces de leur passage et pas d’une façon des plus conventionnelle, tout comme la salle d'acoustique.
« Loris va finir par me haïr de lui donner du travail. » dit-elle en se relevant.
« Peut-être, où te louer que je change la décoration. » répondit t’il sans se prendre au sérieux.

Elle alla jusqu’à la salle de bain pour se passer un peu d’eau sur le visage avant de rejoindre le dragon, sans oublier les bouteilles qui seraient indispensables pour leur petite expérience. Elle s’installa sur le siège face au dragon, tout en déposant les bouteilles de liquide blanc sur la table.
« On établit un protocole ? Je serais donc le cobaye et toi l’observateur et l’élément témoin. Il faudra essayer sans toucher l’eau en même temps de préférence, pour éviter que Mia devienne elle-même le cobaye involontaire. » L’idée d’utiliser Mia était un peu dérangeante, ce n’était qu’une enfant et si lui demander de colorer l’eau de ses émotions était acceptable, lui imposer ses propres émotions c’était tout autre chose. « Tu veux lui présenter ça comme un jeu ou être plus franc sur le but de tout ça ? Enfin, sans lui parler de la soif pour autant.»

Je me levai une nouvelle fois, prenant un bol ancien… cela me fit sourire car justement c’est un bol en céramique blanche avec des veinures dorées, cela allait lui rappeler l’art japonais dont je lui avais parlé. Mon choix s’était bien arrêté sur celui-ci et non sur un au hasard. Je trouve ça approprié pour cette expérience. Je lui tendis, alors que je méditais aussi en même temps du protocole.

« Il serait intéressant de voir, si sa joie peut se diffuser plus longtemps avant que tu ne touches l’eau… Essayer de garder un peu de celle-ci avant que tu l’ingurgites. Puis en second temps, que tu sois de la même joie que Mia et la boire directement. Si tu sens que tes émotions t’échappent, je partagerai avec elle, je suis globalement assez facile à rendre joyeux et ça éviteras qu’elle sente quelque chose que tu ne veux pas lui partager. » et les expériences sur moi-même, je suis un spécialiste.

« Oui même si je maîtrise l’apparence, j’ai toujours ce bouillonnement et elle n’a pas besoin de sentir ça.»

« Je vais lui dire la vérité sans la vraie raison. Elle a six ans, mais elle a le droit de savoir sans qu’elle soit infantilisée. » je fais en sorte que mes enfants aient tout niveau cultures pour qu’ils choisissent avec leur maturité du moment ou leur affinité leur choix et leur valeurs. Pour cela que Mia semblait plus mature que les autres enfants, tout comme l’avait été Andrew et Tabitha, mais eux, je les avais eu bien plus tard dans leur âge.

« C’est bien, elle est jeune mais ce n’est pas une raison pour l’utiliser comme un outil. Elle est bien assez maline pour choisir de nous enfin de m’aider ou non.»

« Je n’ai dit qu’elle sera un outil. » dis-je simplement.

« Et je ne t’ai pas prêté ces paroles. C’est l’impression que j’aurais eu, si nous ne lui disions pas les choses.»
J'hochai la tête, d’accord. Je n’avais pas compris ainsi ces paroles. Nous avons donc la même définition et attente concernant Mia. Suite à cela son regard se perdit sur les surfaces du bol dont elle effleura les veines d’or du bout des doigts, je retenu un rictus avec l’envie de lui dire “alors ? tu te trouves toujours aussi moche ?”.

« C’est en effet un bel objet d’art.» dit-elle en le reposant sur la table.

« La beauté physique ne fait pas tout. Tu sais bien. »
« Ce n’est qu’un contenant, seul l’intérieur compte.»

J’ai l’impression que pour toi c’est le cas. Tu sembles en avoir pas grand-chose à faire de la beauté d’une personne. Je me trompe peut-être, mais vu comment tu te vois et tes quelques propos, l’importance pour Alva Hennessy reste ce qui se cache sous la couche de vernie. Je ne dis rien d’autre qu’un petit rictus en accord. De toute façon, la porte venait de claquer et on entendait déjà les petits pas de la loupiote courir vers ma chambre avant de s’arrêter et pencha la tête en nous voyant tous les deux-là. Elle portait un gros sac en papier brun, contenant des sucreries, ils étaient donc allés chez le confiseur du coin. Elle me rejoignit avant de froncer les sourcils, ma chemise ne lui plaisait pas.

« La guimauve s’était ta chemise ? Et vous l’avez mangé ! Ce n’est pas bien ! » dit-elle d’un petit air grognon avant de me sourire à la petite grimace que je lui avait fait. Elle sauta sur la chaise longue ouvrant le sac et me fourra sans me demandé mon avis une énorme guimauve dans la bouche. Je pouffai essayer de la repousser gentiment, mais elle insista et j’ouvris donc ma bouche pour croquer le petit nuage en sucre rose.

« Tiens ! TatiVa elle a déchiré ta chemise ? Vous avez joué ? »

Si seulement elle savait… cela me fit rire intérieurement et je choisie de faire mon comédien. Cela ne prenait pas mais je savais très bien que ma fille allait rire. Et cela ne manque pas dès que je prends une tête de victime.

« C’est une brute ton chevalier. »
« Tant qu’elle gagne, c’est le principal ! » elle avait un ton ferme, digne d’une petite cheffe de six ans. Elle sourit néanmoins avant de venir vers Alva et de lui donner une guimauve en recommence. Je pourrais me vexer mais non, je secouai un peu la tête.
« C’est du lait ? » demanda curieusement Mia en voyant les bouteilles de verre, elle avait posé son sac de friandise sur la table.

« Non. C’est une eau magique. Elle partage les émotions. Par exemple, si tu mets ton doigt dedans et que tu es de bonne humeur, l’eau va prendre la couleur de la joie… et si je trempe mon doigt je vais sentir ta joie et toi mon émotion. » Mia me regarda, l'air heureuse et curieuse surtout. Elle était toujours près de la louve, voulant profiter de sa présence.

« Comme si j’étais pâte ? »
« Empâte, oui c’est cela. »
« Oh ! ça à l'air drôle ! Et ça à quelle couleur la joie ? » sans surprise elle était emballé.
« Jaune. Avec TatiVa on aimerait bien que tu nous aides à faire des expériences. On aimera que cette eau soit pleine de joie et de bonne humeur pour que TatiVa puisse la boire et être joyeuse. »
« Pourquoi tu es triste ? Tu sais… Contre la tristesse, il y a des câlins qui marchent bien. Et je peux t’en faire pleins… » elle se pencha vers la louve et lui murmura à l’oreille quelque chose que je ne pus entendre : « Et si tu te colles contre papa, il t’en fera sûrement un. » elle pouffa.
Alva se pencha pour prendre Mia dans ses bras pour un câlin, cela me fit presque bizarre de voir ce geste si naturel…mais c’est pour le principe que moi, j’en suis pas vraiment capable, je réfléchie trop.

. « J’ai eu un mois compliqué et de mauvais souvenirs sont revenus dans ma tête, c’est pour ça que je suis triste. Et il va falloir encore attendre plus d’une semaine avant de pouvoir avoir tes câlins tous les jours.» elle glissa sa bouche près de l’oreille de Mia pour lui chuchoter tout bas « Tes câlins me suffiront, ce sont les plus joyeux que je connaisse..» la petite ronronna de plaisir.

« Bah, je ne fais pas les mêmes câlins. » dit-elle dans son murmure avant de lui faire un bisou sur la joue et descendre des bras d’Alva pour observer les bouteilles de plus près. « Allez ! On fait la soupe de joie pour TatiVa ! »

Je lançai un regard à la louve, comme pour lui dire “parfait”, j’étais certain que ma fille allait accepter, rien que pour le plaisir d’aider et de faire quelque chose avec les adultes. J’avais senti sa frustration de ne pas être avec nous. Je mis de l’eau dans le bol et le tendis à la petite qui immédiatement trempa son doigt et l’eau devenu d’un jaune profond et éclatant. Son regard pétillant de joie.

« Tu laisses ton doigt Mia. »
« Tu essayes papa ? Juste tous les deux ?» me demanda t’elle suppliante, alors je trempa mon doigt pour lui faire plaisir. L’eau devient dorée avec quelques reflets rouges à cause de ma colère intérieure.

« Moi aussi ! » dit-elle doucement, prenant l’émotion de félicité qui m'étreint comme un aveux réciproque d’amour. J’eu un petit rictus secouant légèrement la tête. Elle est mignonne... l’eau devenue un peu verte, je sentais qu’elle était rassurée. Je retirai mon doigt et l’eau revenu verte avant de repartir dans le jaune. Elle alla sur le sofa aux côtés d’Alva et posa le bol sur sa cuisse, elle jeta un coup d'œil à la louve.

Mia était toujours aussi étonnante, offrant des guimauves avant de comprendre ce qu’avait réellement été le sujet de leur conversation tout à l’heure, elle avait un esprit d’analyse étonnant pour son âge. Et elle parvint encore à laisser Alva bouche bée avec sa dernière petite réplique sur les câlins. Si elle savait à quel genre de défis ils passaient leur temps! Cela relevait plus du combat que des câlins, même si parfois ça s’était dangereusement approché de ce qu’on pourrait appeler des "câlins sauvages” dans le langage de Mia.... Enfin bref, là n’était pas la question. L’heure était venue de jouer aux scientifiques et de voir si cette eau magique pouvait offrir à Alva un répit ou une sécurité en attendant de pouvoir trouver une solution à long terme.

Et la petite s’y prêta avec sa joie de vivre et sa curiosité d’enfant. Au moins les deux adultes étaient d’accord sur le fait de l’informer de but réel de tout ceci, à un ou deux détails près. Mia s’enthousiasma immédiatement et cela se vit dans la teinte presque solaire que prit l’eau et lorsque Lucian y ajouta sa partie, le léger rougeoiement qui s’ajouta à tout ce jaune donnait réellement l’impression d’une boule de feu, un feu de joie. Le visage de Mia s’éclaira et tout se teinta de nuances vertes qui disparurent peu à peu au profit du jaune étincelant de la joie pure et enfantine.

La petite vint poser le bol sur sa cuisse et releva ses yeux aigue-marine aux reflets d'émeraude qu’elle avait hérité de son père vers elle.
« Bien, tu vas laisser ton doigt encore un peu dedans, on va voir si le fait d’y rester plongé davantage permet de garder l’émotion plus longtemps dans l’eau. » expliqua-t-elle. « Ensuite, j’essaierai d’en boire un peu et nous verrons si je ressens toute la joie que tu as mise dedans d’accord?»
« D’accord. » docilement la petite laissa son doigt, fascinée par la couleur qui semblait encore plus lumineuse, le front plissé, elle semblait vouloir y mettre le maximum de joie.

C’était touchant de voir l’investissement de la petite dans cette démarche et le spectacle de cette couleur dans l’eau était encore plus beau que son contenant. Après quelques minutes, Alva proposa à la petite louve de retirer son doigt de l’eau, et elle en prit une gorgée. Le goût était particulier, acidulé comme une clémentine de corse gorgée de soleil. Elle ferma les yeux, et un sourire naquit sur ses lèvres. Elle sentait la joie se diffuser un peu de la même manière que ce que la licorne avait fait mais avec plus de douceur, comme si l’émotion suivait le chemin du liquide dans son corps jusqu’à ce qu’il en ait assimilé les éléments.

« Une vraie petite licorne. » dit-elle avec amusement.
Elle reposa le bol sur ses genoux, le liquide une fois ingéré permettait à l’organisme de conserver un peu plus longtemps l’émotion mais il restait à savoir pendant combien de temps. Et autre point non négligeable, combien de temps l’émotion de Mia resterait présente dans l’eau, pouvait elle être conservée en bouteille plusieurs jours ?
Au bout de quelques minutes, l'or dans l'eau se dissipe et Alva commence à sentir diminuer l'effet de cette petite joie. C'était un peu étrange de sentir cette émotion partir, ça avait quelque chose de triste. Pourtant ce n'était pas son émotion et c'était peut être pour ça que l'effet était si troublant parce qu'il partait sans qu'on maîtrise pourquoi.

Ils continuèrent les essais, tentant s'immerger la main entière de Mia pendant le même laps de temps mais cela ne prolongea pas pour autant l'effet
Chaque fois lorsque la joie de Mia l’imprégnait, elle sentait cette légèreté innocente de l'enfance. Tout paraissait plus simple et force d'émerveillement. Et elle devenait invariablement plus tactile avec la petite, lui offrant une petite tape d'encouragement ou la prenant d'un coup dans ses bras sans raisons.

Pour les essais suivants, ils tentèrent de prolonger le temps d'immersion. Et cette fois cela fonctionna. Chaque fois que Mia laissait son doigt plus longtemps, Alva sentait l'effet plus long et le liquide restait aussi teinté plus longtemps. En faisant plusieurs essais de longueur différentes, ils purent trouver une formule permettant de prédire combien de temps il faudrait que Mia laisse son doigt immergé pour avoir un rendement efficace.

Une fois qu'ils eurent fait assez de simulations pour pouvoir extrapoler les résultats suivants, ils libérèrent Mia de ses obligations de scientifique en herbe.
Les conclusions étaient prometteuses mais elles comprenaient un souci.
« Donc pour avoir un effet assez long et que l'eau reste coloré plus longtemps, il faudrait que Mia touche l'eau pendant près de douze heures... Je ne peux pas lui demander ça. Une fois que Mia sera à la maison si j'en ai encore besoin, je pourrais m'arranger mais je ne vais pas venir ici toutes les trois heures pour lui demander de toucher l'eau pendant une demi heure.»

Elle se passa les mains sur la tête, de chaque côté de son visage, les faisant glisser de son front jusqu'à sa nuque.
« Et l'autre souci c'est que c'est assez perturbant, sa joie est... Quand tu plaisantais tout à l'heure sur l'envie de faire des câlins à tout le monde, tu n'étais pas très loin de la vérité. »

L’expérimentation commença et Mia était ravie littéralement de nous aider. Enfin plus Alva comme elle était la principale concernée. Je m’enquis du goût de l’eau et la réponse était très agrume. Je trouve que ça allait bien avec Mia… et je suis venu à me demander si la joie de chacun avait un goût particulier. Je fis mon expérience dans le coin, prenant un peu d'eau en y mettant mon doigt avant de goûter l’eau… pas de clémentine, plus du citron. Amusant ça … Voilà que les émotions avaient de la couleur et des goûts et je dois dire que cela n’avait rien à avoir avec les saveurs que je percevais en tant qu’empathe. Et j’en prends plein les narines et la langue… j’étais habitué à la joie irradiante de ma fille, elle m’apaisa et me fait sourire un peu plus. Mais maintenant qu’Alva en avait en elle, je dois dire que j’avais bien du mal à être sérieux ou ne pas lâcher un ou deux rictus plutôt doux ou joyeux. Les gestes, tactiles envers Mia, ne faisait que renforcer l’émotion de la petite qui jubilait et se laissait emporter par l’ivresse de ce moment. Elle vivait à fond tout… trop sûrement. A force de tâtonner on arriva à quelque chose s’était loin d’être efficace… mais ça pouvait déjà donner des éléments assez intéressant.

Curieux, je pris le bol encore teinté de jaune, je voulais voir ce que cela faisait d’avoir ce genre de liquide en soit. Ma fille, libérée de ses obligations de cobaye, venu se coller contre moi et me fit le « câlin forcé du loup », comme elle aimait tant dire ! Un peu crispée par cette étreinte sauvage, j’eu un petit rire avant qu’elle me colle trois bisous et saute par-dessus mon ventre (je m’étais à demi allongé sur ma chaise longue) et alla directement dans le jardin, récupérant au passage Arkan qui dormait dans une petite maison ronde en hauteur… le pauvre fut tiré du sommeil par la gamine et c’est de bon cœur qu’il alla jouer avec elle…

Après tout, il était aussi jeune qu’elle, si ce n’est plus en équivalence. Je suis étonné qu'il n’ait pas fait son jaloux avec Alva, surement parce qu’il ne l’a pas encore bien vu. Mon regard suivit les deux avant de se porter sur la belle, tenant mon bol dans les mains.

« Un peu long pour une petite louve. Le but ne serait pas un effet pour te shooter toute la journée, mais d’avoir une dose de quelques heures pour apaiser ou même te calmer. C’est dommage qu’on ne puisse pas faire de réserve comme cela tu pourrais avoir ta dose sur toi. » dis-je pensif trempant mes lèvres dans le liquide un peu étrange et translucide… la joie me prit et je dois dire qu’il n’y avait pas que ça dedans… c’est une forme de petite folie irradiante de bonne humeur qui vous pousse au contact comme les caméléons. Je comprends pourquoi Mia aime tant les câlins ! Et c’est après avoir avalé que j'entendis les mots de la louve. Mon regard se figea sur Alva… AH ! Mais j’aurais dû l’écouter jusqu’au bout ! Déjà que j’avais eu très envie de contact, mais là… c’est encore plus flagrant. Je reposai mon bol un peu raidement sur la table du mini monde.

« Ah… oui en effet… » je me racla la gorge sentant aussi de la chaleur dans ma poitrine. « Ouai, j’ai très envie d’un câlin maintenant… j’aurais pas dû faire mon curieux… » dis-je nerveusement.

« Ses émotions sont fortes n’est ce pas ? » dit-elle en relevant son regard sur moi avec un sourire amusé encore marqué de la joie de Mia. Oui, elles sont fortes, c’est une petite bombe que je connais bien… mais boire cette joie est pire que mon empathie car ça me rend heureux alors que mon don, me permet de sentir et même si je peux être influencé, ce n’est pas m’imposer.

« C’est le dernier bol... tu en as pour dix minutes à peu près, après tu verras on sent un vide quand l’effet se termine. »

« Ouai...c’est terrible ça… On comprend pourquoi elle veut du contact avec tout le monde. » je serrais un peu les poings c’est agréable et douloureux à la fois cette émotion interne.
« C’est une louve et surtout une enfant.. C’est peut être le bon moment pour aller lui faire un énorme câlin. » dit-elle.
Elle ne pouvait se douter que moi et les câlins… chastes… voilà. C’est un peu comme dire à tigre de bouffer de la salade. « Elle m'en a fait un avant de partir jouer dehors. » je ne peux pas faire autre chose que lutter contre l'affection.

Elle se leva, les bras croisés contre elle et avança vers la fenêtre, je suivis son mouvement sans bouger plus. « Peut être mais ça aide à faire passer l’envie. »

« Elle passera dans dix minutes. » fis-je… pas faire de câlin à tout bout de champs, déjà que j’en ai eu envie avant et pas sur ma fille ! Ce qui aurait été logique ... c’est dingue, comme je me prends la tête pour des conneries, que les gens “normaux” trouvent normal… je ne suis pas "normal", je suis frappé et bien comme il faut autant qu’une bonne crème !

« Oui.. » elle prit une inspiration avant de reprendre sur le sujet de base. « Je ne vois pas trop comment faire. Pour pouvoir avoir une dose toujours sous la main, il faudrait que Mia reste des heures en contact avec l’eau ou il faudrait plonger un caméléon mais ça non plus ce n’est pas possible. C’était une belle idée mais...voilà. »

« Hum... » je me mit à réfléchir… avant de me redresser avec une idée. « Mais oui ! Attends ! » je disparu dans les ombres, revenant avec une petite boîte de pétrie mais sans matière au fond, juste des écailles. J’avais une petite pince et j’en trempa une dans le bol encore jaune et l’écaille resta teinté de soleil, je la déposa sur un papier.

« L’écaille garde l’émotion, enfin comme les caméléons… il faudrait voir combien de temps elle reste jaune. »
Alva se rapprocha pour suivre la manœuvre « Même après la mort l’écaille peut être imprégnée, c’est surprenant. »
Oui je trouve ça assez surprenant… « Oui, on peut en faire un artéfact. » dis-je pensif et assez hypnotisé par cette découverte.

L'écaille gardait son intensité … et ne se dissipait pas comme l’eau. Hum, il faudrait que je l’observe pour voir son temps. Je me levai et voulut quand même voir si lors du contact cela marchait. « Donne ta main. ». Une fois fait, je lui dépose dessus, un peu de joie se distille en elle.

« Je pense qu’il fat la trempé quand l’eau est bien jaune, ou du moins elle donne l’émotion où elle a été trempé dans son intensité. On verra au fil des heures si elle garde sa couleur, si c'est le cas, ça peut-être une solution palliative. » dans les faits, on allait vite constater que l’émotion restait 24 heures et perdaient en puissance petit à petit.

Les émotions de Mia étaient positivement fortes, un peu trop pour un inspecteur de police et maintenant que Mia était partie, elle n’avait plus cette petite boule d’énergie avec qui évacuer ces envies de partage de cette joie. Le dernier câlin de Mia avait permis de soulager cette envie, du moins pour le moment.

Lucian avait goûté à son tour la soupe de joie et sembla assez ébranlé par ce petit bouillon de bonheur qui émanait de sa fille, découvrant les effets secondaires qu'elle venait de lui partager. Elle savait à quel point cette envie pouvait être frustrante, la frustration chez les enfants est plus prégnante que chez les adultes et même si cette eau ne transmettait que des émotions, elles avaient la force de celle d’une enfant de six ans; d’autant plus concentrée que Mia avait laissé ses doigts plus longtemps.

La louve s’éloigna portant ses bras contre elle comme pour un calin personnel qui n’avait pas grand chose d’efficace, et elle s’efforça à se concentrer sur l’expérience et les résultats. Elle perdait espoir dans cette solution, qui bien qu’elle fonctionnait demandait une logistique qu’il n’était pas possible de mettre en place. Et comme le souligna Lucian, le besoin n’était pas d’avoir un effet permanent, mais surtout de pouvoir conserver une petite dose pour pouvoir l’utiliser si elle sentait que ses émotions dérapent. Hors en l”état, ça ne pouvait pas fonctionner.

Mais Lucian sembla avoir une illumination et il revint avec une écaille. Elle s’approcha un peu pour voir de quoi il s’agissait puis Lucian plaça la petite écaille dans sa main. Elle sentit une petite dose de joie supplémentaire s’insinuer et son sourire s’élargit. Ca plus les émotions de l’eau qui étaient encore présentes, elle était débordante de joie.
« J’espère que ça va fonctionner. » dit-elle en relevant les yeux vers Lucian pleine d’un espoir presque enfantin.