Cause i’m a monster △ Alva

Finalement, elle était restée en retrait, évitant de stimuler sa soif ou peut-être autre chose. Je ne me rendais compte que sous l’effervescence de son bouillon intérieur. Cela ne semblait pas aussi fort qu’avant, ou quand elle avait une colère très forte en elle. Je me demande si cela n’est pas lié. Je ne pouvais nier que je testais quand même pour mieux comprendre. Et si sa posture dominante face à la mienne fier revenant satisfait d’avoir poussé les cinq débiles dans la pente dont un qui s’était brisé la cheville…cette posture m’avait fait sourire et j’en avais profité pour lui sauter dessus, au moins, un vrai combat faute de planter mes crocs dans ces machins à deux pattes sans couilles. Enfin bon, je ne suis pas un sauveur, cela m’avait bien fait chier. Et cette irritation digne d’une bouderie de princesse, stimulé par être nommé gentil chien, s'évacue dans notre joute. Enfer que j’aimais ça … sûrement trop. Je veux bien lui pardonner d’être altruiste juste pour la pratiquer après dans ce genre d’échange !

Nous étions trempés et sales… qu’importe. Encore une fois match nul avorté par l’entrain de la louve courant vers le bord de la falaise. Je la suivis, me secouant un peu les poils… observant le paysage se déchaînant au même rythme qu’avait été notre joute… Son hurlement était contagieux et je me pris au jeu de faire sonner ma voix avec les éclairs et les orages ! A m’en faire péter les poumons et la pneumonie que nous n’aurions jamais ! Si elle avait un son mélodieux, moi j’estimais que c'était clairement l’annonce de la mort même ! Qu’importe… j’eu un frémissement et je venu à me demander si faire l’amour dans ce genre de paysage serait tout aussi exaltant…trempé et dans la boue miam. Mais, j’avais envie d’elle maintenant… cela revenait au triple galop, regrettant qu’elle ne se soit pas transformée sous nos coups. Cela n’était pas trop tard…je lutta pour ne pas lui filer de la frustration, non je suis tête de mule, je veux qu’elle vienne sans stimulation d’aura ou d’autre. Mon regard alla sur elle… quelques instants avant de me pencher vers le vide… j’aimais cette sensation de pouvoir tomber a n’importe quel moment. Il eut un bruit étrange… la pierre de la pente au-dessus de nous, se mit à dévaler sous l’eau torrentielle… on n’avait pas vraiment le choix… et cette sensation de danger me plaisait encore plus… un regard et je mis une passerelle d’ombre contre la roche à quatre mètres plus bas, sautant sans hésiter dans le vide, me collant contre la paroi, le fluide rocheux s'écroulera et ne nous toucherai que peu ainsi. Je me coucha, attendant qu’elle me rejoigne. Au moins, cela nous faisait même un abri contre la pluie.

Elle se sentait bien là, dominant le monde, même si ce n’était que pas l’altitude, elle se sentait invincible. C’était étrange ce sentiment alors qu'à peine une heure plus tôt, elle s’était sentie sur cette fine brèche entre rage et désespoir. Rien ne valait une forme de louve, une bonne action, d’avoir réussi à se dominer et une belle joute sous un ciel déchaîné pour évacuer...tout évacuer et retrouver une forme d’ivresse des sens plus grisante qu’aucune drogue. C’était sans doute l’adrénaline et la dopamine que toute cette activité libérait dans el corps, que ce soit neurochimique ou non, c’était bon de retrouver cette sensation d’être hors du monde et du temps. Comme si ce petit bout de monde lui appartenait.... encore ce nouvel instinct qui parlait.

Mais alors que Lucian testait le vide, la nature crut bon de leur rappelait qu’elle restait la maîtresse absolue de ce monde et détacha la roche de l'à-pic qui les surplombait encore. Lucian bondit dans le vide alors que Alva observait ce qui leur arrivait dessus. Lorsqu’elle tourna la tête à nouveau, le chien nori avait disparu, mais elle n’avait d’autre issue que le vide devant elle. Le dragon avait-il transplané ? En la laissant là ? Elle n’avait pas le temps d’y réfléchir et elle lui ferait la leçon plus tard. Elle bondit dans le vide et découvrit au dernier moment la passerelle d’ombre quelques mètres plus bas. Elle avait pris un peu trop d’élan, et quand ses coussinets touchèrent l’ombre, ce n’était que des pattes avant qui glissèrent sur la surface et le reste de son corps l’emporta sous l’effet de la gravité.

Alva mettait un peu de temps, sûrement l’appréhension de la chute ? Mais à peine eut-je cette petite pensée, que je la vis… non de l’enfer ! Pourquoi tu as sauté si loin ?! Elle ripa sur l’ombre et je bondis pour la rattraper, mes coussinets frôlant les siens. Reflexe humain de vouloir l’attraper avec les « pattes » ça… elle chuta dans le vide ! Les ombres de la passerelle s’élargirent pour plonger à sa poursuite… alors que le flux de cailloux et de roche formait le jet d’une cascade qu’elle risquait de se prendre… des ombres s’enroulèrent autour de ses pattes puis de sa taille avant de la retenir et qu’une passerelle se fasse pour qu’elle tombe dessus… je ne pouvais prévoir qu’il ait aussi des pierres qui la touche… avec moins de lourdeur. Elle avait parcouru quatre mètres mine de rien…je secoua agacé et à la fois pleins d’énergie par cette aventure bourré d’adrénaline.

Je sautai de passerelles en passerelle, prenant attention à ne pas me prendre une roche, même si cela pleuvait et que finalement le tout devenait glissant… je la rejoins, continuant à faire quelques supports, l’invitant à sauter… une ou deux fois, je glissai et elle me rattrapa par la peau « du cul » si on peut dire cela ainsi… quelques pierres nous atteignirent et il fallait être adroit sans avoir les pattes qui ripent… Un éclair passa tout prêt et j’avais dérapé contre la paroi et une pique de pierre m'accueille sans aucune douceur ou même amour et se planta un peu dans ma chair… cela me fit pousser un grognement, mais par fierté je continuai, jusqu’à cette petite cavité rocheuse plus bas. Elle pourra nous abriter le temps que le torrent se calme et surtout la voile de la pluie. Bien entendu, j’aurais plus transplaner mais ça serait moins drôle…j’aime trop les défis et surtout c’est pas le mieux quand c’est simple. J’aime me compliquer la vie.

J’avais un peu mal à l’arrière train, en chutant les crocs de la louve ne m'avaient pas fait du bien... pas du tout même… à moins que ça soit un peu de cette eau boueuse et rocheuse qui nous soit tombé dessus ? Je ne sais pas trop, mais trempé et sale, je me secoua dans la grotte de deux mètres de fond, avant de me coucher et observer le paysage chaotique. Cela était réconfortant et j’avais bien envie de recommencer une course folle entre les éclairs… je me tourna observant mes quelques plaies… rien de bien grave. Juste une douleur à la hanche… et du sang qui collait au poil.

Elle se sentit chuter sans pouvoir y faire quoique ce soit, à ce moment précis elle aurait aimé avoir des ailes! Quoique avec ce torrent de boue et de pierre qui lui arrivait droit dessus, ça n’aurait pas été la meilleure des solutions.
Elle sentit cette pique d’adrénaline pure qui vous fait frissonner les organes dans tout le corps, celui qui vous remonte l’échine pour vous prévenir que ça va faire mal.

A cette hauteur, c’est deux chances sur trois de ne jamais se relever et elle sentit les battements de son coeur prendre un nouveau tour avant que des ombres ne viennent l'entourer et la déposer sur une plateforme. La chute infernale prenait fin et cette fois, elle ne pouvait pas dire qu’elle n’avait pas eu peur. Mais l’aventure était loin d‘être finie et alors qu’elle se redressait, un morceau de roche lui percuta l’épaule, l’envoyant se coucher contre le support d’ombre avec un grognement douloureux. Il y avait d’autres fragments dans cette chute boueuse mais trop petits pour qu’elle en tienne compte. Elle parvint à se redresser et fut vite rejoint par Lucian qui leur offrit un nouveau jeu de plateforme. La pluie rendait la réception des sauts plus aléatoire et glissantes, et la louve rattrapa Lucian sans ménagement mais avec efficacité pour éviter qu’il ne se fasse emporter comme elle l’avait fait. Elle faillit perdre l’équilibre à plusieurs reprise surtout qu’elle boitait sur l’antérieur gauche sur lequel elle pouvait à peine s’appuyer à cause de la douleur irradiante que ça provoquait, mais il fallait continuer jusqu’à ce qu’ils soient à l’abri, vu le son, d’autres morceaux de roches venaient encore de se détacher là haut.

Ils finirent par trouver refuge dans une petite cavité plus basse, ce n’était pas très large mais ils y tiendraient à deux sans trop de souci. Lucian s’ébroua lui envoyant une pluie de boue en pleine tête. Elle grogna avant de faire de même, aspergeant inéluctablement le chien noir, dans un petit espace, c’était peine perdue. Elle avança vers le fond de la cavité et renifla rapidement la blessure de Lucian pour vérifier la gravité, c’était assez profond mais ça devrait se régénérer sans trop de souci, sinon il pourrait toujours mettre de son eau magique.

Lorsqu’elle voulut se tourner pour s’allonger face au spectacle, elle eut un petit gémissement au moment de s’appuyer sur sa patte avant gauche et elle se laissa tomber un peu lourdement près du chien noir. Elle avait écopé de plusieurs petites blessures pendant sa chute, elle aurait pas mal de bleus et de bosses mais ce serait vite soigné, une plaie sur le dessus de la patte droite et une autre derrière l’oreille qui saignaient encore mais qui devrait se réparer d’elle même en moins d’une heure. Par contre la luxation de son épaule, il faudrait remettre l’articulation au bon endroit pour pouvoir remarcher. Ce genre de blessure, ça ne se régénère pas.
Elle cala sa grosse tête plus aussi blanche que ça sur son autre patte et se lécha la plaie qu’elle avait sur le dessus. Tant qu’elle ne s’appuyait pas sur le côté gauche, la douleur était supportable, elle verrait plus tard pour se remettre l’épaule en place.

« Tu as mal là ? » la patte de Lucian touchait son épaule meurtrie à quelques endroits il devait essayer de comprendre la nature de sa blessure. « Remets toi en humaine, ça sera plus simple. »

Ses babines frémirent lorsqu’il toucha la zone sensible puis elle soupira, elle n’avait pas envie de quitter sa forme de louve, elle s’y sentait bien... tant qu’elle ne faisait pas un mouvement... Mais sous cette forme ce serait bien plus difficile de remettre son épaule en place alors elle se ramassa sur elle -même et reprit sa forme humaine. Son épaule avait un angle qui n’était pas tout à fait normal.

Je pourrais pester sur notre manque de chance, mais vu l’orage dehors ou plutôt le cataclysme… on avait de la chance de n’être pas dans cette coulée de boue et au fond de la falaise. Il avait un petit côté divin d’y échapper, de jouer avec ça et d’être invincible… si l’enfer des dieux étaient l’amour des hommes, je crois que l’enfer des hommes est bien sur terre avec l’amour des dieux… sommes-nous au-delà d’un enfer selon cette phrase ? Aimons-nous les hommes ? Alva oui, elle voulait clairement sauver la bande de randonneurs et si on n’avait pas fait cela, nous ne serions pas là… A moins que nous sommes les hommes au milieu du monde, observant d’une main notre destin et de l’autre notre colère ? Sans cet amour pour son prochain, elle n’aurait pas l’épaule déboitée et manqué de finir en crêpe. Je n’avais aucun mérite à l’avoir sauvé, elle m’avait rendu la pareil, même si en bas, briser en morceau je n’aurais que passer un sale moment ou quelques jours à pester sur le monde entier. Elle… eh bien une autre histoire. Elle était mortelle et moi, plus tant que ça. Et je crains que notre BA de la journée pour elle et moi du siècle… se solde par cinq morts. J’aurais dû prendre leur âme.

Si elle m’avait si gentiment arrosé de boue à son tour en entrant dans la cavité, je pouvais voir à quel point elle n’était pas super propre et je devais être dans un bel état aussi. L’envie d’un bain chaud et de nous nettoyer me prit comme une envie de pisser inapproprié… Mais surtout son épaule avait un angle inattendu. Je me retransformai en humain, m’approchant d’elle à genoux, passant mes mains la frôlant sans mettre de pression sur cette ossature pas dans le bon axe. Je formais une ombre en forme de bâton et lui présentait devant sa bouche.

« Mords dedans, ça va faire … très mal et même si j’ai un coté maso, j’ai pas envie que tu me frappe dans les côtes cette fois. » dis-je quand même d’un ton plus léger à la fin histoire qu’elle ne se dise pas que je lui fou un bâton dans la bouche… même s’il avait plein d‘autre chose plus sympa à y mettre… putain LUCIFER ! Je me fatigue !

Sans surprise, Alva me toisa en fronçant les sourcils face à mon "bâton" mais la saisit quand même avec un soupir. Sa fierté lui disait sûrement de le refuser mais son cerveau savait qu'elle risquait de se mordre un peu trop violemment la langue sous l'effet de la douleur… ou bien moi.

Je passai une main sous son épaule et l’autre à plat sur l’épaule. « Incroyable tu as même de la boue dans les cheveux… tu sais ce qui est remarquable avec les métamorphes ? »
« Je n'ai pas besoin que tu détournes mon attention, ça fera aussi mal. Mais dit toujours. » dit elle avant de mettre le bâton d'ombre entre ses dents.

« Bien bien madame ! C’est que leur animal n’est pas héréditaire c’est une personnalité. Ainsi, un renard peut enfanter une chouette ou bien une loutre. »

Je lui remit l’épaule d’un coup en place, la poussant contre la roche il eut un crac peu agréable. Elle étouffa un cri sur le bâton, le brisant entre ses mâchoires, ce genre de procédure faisait un mal de chien... Sans mauvais jeu de mot. Et je l'ai maintenu, afin de sentir si l’os était à sa place… ma main alla sur ses vertèbres et la ligature entre le coup et la clavicule… ouai elle a une vertèbre tournée… plusieurs en fait… je donna un autre coup, pour reboité complètement l’épaule, la lâchant… attrapant son autre bras, pour le faire passer devant elle et j’allais derrière elle, pour lui faire craquer la vertèbre haute et ajuster son épaule meurtrie qui pourrait mieux fonctionner sans ce souci là…

« Moi aussi je vais faire payer mes services tiens… ah oui c'est vrai c’est déjà le cas tiens. C’est la consultation gratuite pour mes clients fidèles. »

Je la laissai s’activer, me décalant, en position assise observant ses mouvements s’il avait autre chose… j’en profite pour toiser ma hanche ce n’est pas jolie ça aussi… et tout sale. Ouai, l’eau commençait à me démanger.

La douleur était vraiment forte et même si ce morceau d'ombre avait un côté désagréable surtout après avoir été traité de loup fantôme et approché comme de vulgaires chiens par ces humains, elle reconnaissait son utilité. Elle ne se serait sans doute blesse la langue ou l'intérieur des joues sans ça.

Une fois remise en place, la douleur diminua drastiquement. Elle fit quelques moulinets de l'épaule et si cela restait encore un peu sensible d'avoir été malmené, elle avait retrouvé toute sa mobilité.
« Merci. Une consultation gratuite ? Quelle chance. Je me rappellerai de ça la prochaine fois que je dois t'ouvrir l'abdomen. » répondit-elle avec un peu de dérision.
« On a tellement de souvenirs intimes ! Je te remets les os en place et tu me remets ma tripaille ! Adorable ! » dit-il avec son humour habituel.

Elle ne retint pas son petit rictus amusé par la déclaration du dragon et la pensée que cela fit naître dans son esprit. « En y réfléchissant, je connais maintenant plus de parties de ton anatomie, que toi de la mienne, ça rééquilibre. »
« Hum… c’est vrai… on a plus trop de mystère sur ce plan… enfin dire “je te connais même de l’intérieur”... c’est pas si mignon dans ce contexte. » dit-il toujours taquin, mais il réfléchissait à quelque chose quand un éclair tonna avec force.

Il ramena ses genoux vers lui, pour y mettre ses bras. « Bon, alors si tu avais un super pouvoir, tu choisirais quoi ? La foudre ? »
« Franchement, je n'en sais rien. Pouvoir manipuler la matière peut être ou simplement voler même si en vrai ce serait moins utile que de pouvoir modeler n'importe quoi selon ses besoins. Et toi ? »
« J’en ai déjà bouilotte. » dit-il avec un rictus avant d’ajouter « La télékinésie serait pratique quand même. »
« Si tu pars là-dessus alors j'en ai déjà aussi. Mais bien moins que toi je dois bien le reconnaître. Le pouvoir des ombres, ça vient de ton espèce ou de ta malédiction ? »
Il eut ce genre de petite moue qu'il avait quand il n’aimait pas qu’on parle de lui.
« La malédiction. Les ombres sont un pouvoir souvent lié avec cette notion. »
« Avant tu en avais d'autres ? En dehors d'être un nageur émérite évidemment » dit-elle avec plus de légèreté après avoir observé sa petite mimique.
« Être un beau gosse inter-île ! » répondit-il ironique. Il ne se fermait pas, mais il faisait une pirouette.
« Tu changeais donc déjà de forme pour aller charmer toutes les humaines qui passait faire leur lessive dans ta rivière. Tu pouvais déjà te régénérer ?»
« Bah attend c’est dégoutant de faire sa lessive sale dans MA rivière ! » il remit une pointe d’humour… avant de laisser son regard fixer l’orage.

Et il évitait encore de répondre. Il pouvait toujours parler sur le fait qu'elle était incapable de s'ouvrir aux autres, il n'était pas mieux.
« Tu as croisé ce petit nouveau qui joue avec l'eau ? »
« Moïse ? » il sauta sur l’occasion de changer de sujet. Sinon, il allait l’envoyé bouler à la troisième tentative. « Ouai… il a tenté de me noyer quand je l’ai surpris. J’avais rejoint Tomoë pour une chasse au goule et elle l’avait en « éducation » pour révéler son pouvoir. Il ne m’a pas bien l’air futé. Enfin, il pue la flipette une proie. Il m’a distrait un peu… Il a de la chance qu’il ait eut Tomoe. »
« Je ne l'ai pas encore croisé mais j'ai entendu dire qu'il avait failli noyé les couloirs plusieurs fois déjà. Il te plairait peut-être plus s'il avait transformé le siège en piscine géante. Enfin, mieux vaut qu'il ne devienne pas mon novice alors.»

Elle tourna son regard sur lui. « Ça va ta hanche ? Il faudrait peut-être de ton eau magique. »
« Bonne idée tiens… quand il sera moins émotif qu’un précoce, il faudra lui soumettre cette idée ! » Il ricana. « Non, tu le bouffes en deux jours. Cela m’a traversé l’esprit de le laisser se faire dévorer par les goules Je crois qu’il a quelqu’un pour son mentor… bon courage à lui ! » dit-il un peu cynique signe qu’il avait aucun respect pour le jeune sorcier. « Ouai, ça va j’ai connu pire. Même si la pénétration par roche ce n’est pas le plus plaisant. » il se frotta les bras, avant de toiser la louve ou plutôt les quelques éraflures sur elle. « Un bassin d’eau magique même… » dit-il pensif.
« Ça ferait beaucoup de fioles. » Elle passa ses doigts sur l'éraflure derrière son oreille, elle commençait à coaguler. Quant à celle sur le dos de sa main, elle ne saignait plus non plus. Le reste était relativement superficiel et disparaîtrait en quelques heures. « Il faudra quelques heures mais ça se soignera tout seul. »
« Non, je te parles du bassin où vient cette eau. » il se rapprocha d’elle, leur peau se frôlait, le vent ne s'engouffre pas, mais ils étaient trempés.
« Il y fait plus chaud qu'ici ? » dit elle comprenant par ce léger rapprochement qu'il avait sans doute froid. L'air à cette altitude était déjà rafraîchit mais entre l'orage et la pluie ils avaient encore perdu quelques degrés.
« Largement c’est une source chaude. Enfin, tiède… »
« J'imagine que tu y aurais moins froid alors... Enfin si ce n'est pas trop loin dans ton état. » la fin de sa phrase s'était teintée d'un peu de défi.

Je pourrais me remettre en chien, j’aurais moins froid avec ma fourrure et cela ne serait pas plus mal…mais bon, j’étais aussi bien sous forme humaine et il avait un coté grisant à cet orage de montagne inattendue. Je m’étais approché d’elle sentant quand même la fraîcheur me chatouiller la peau et ce geste fut un peu trop naturel… je ne pouvais nier que j’avais aussi envie de partager ma chaleur avec elle ou du moins lui piquer la sienne. J’avais presque aimé quand nous étions sous forme canine, dans un calme édifiant, moi entre ses pattes, à observer le déchainement. Oui, je m’étonne, mais ça commence à faire un peu trop de désirs de rapprochement. Et si j’avais mis ce souvenir sur ma forme de chien où quand on est un animal, le contact est bien moins dérangeant… là… bref. Stop, arrête de penser Lucifer.

On se mit à parler de diverses choses et elle profita de mon thème sur les pouvoirs pour tenter d’avoir des informations sur moi. Je fis deux pirouettes, à la troisième je m’énervai. Mais cela allait sur l’autre bras cassé de sorcier d’opérette. Je suis acide dans mes propos mais la louve ne rebondit pas. Et voilà qu’elle me provoque sur… l’endroit où est le bassin régénérant. Cela me fit sourire, dit le que tu voulais t’y rendre ! On va vraiment faire un petit tour d’Europe !

« Il fallait me dire que tu voulais t’y rendre. Au lieu de sous-entendre que je suis une chochotte. »

« Je crois que tu as une mauvaise influence sur moi. » répondit Alva, je lui adressa un rictus innocent. Oui, je suis un vilain démon va …

Tant pis pour nos fringues près de l'arbre, elles sont trempées et cela n’avait pas d’importance pour moi. Je l’attirai contre moi, voilant son regard d’une ombre et on transplana dans un nouveau voyage pour nous retrouver en Prusse dans un gouffre d’eau magique, un endroit avec un petit lac intérieur aux plantes murales et aux lianes tombantes. Ermelinde, nommait ça « notre repère », oui sûrement mais c’est avant tout un endroit que je connais avant de l’y avoir mener une fois et l’avoir mis au défi de la retrouver là-bas, quand elle saura voyager plus loin dans les ombres. On était donc sur la berge rocheuse et je me relevai la poussant exprès pour l’emmerder et alla vers l’eau, lui envoyant d’une giclée d’ombre de l’onde sur elle… un rictus joueur mais taquin sur les lèvres, je prenais le risque d’une bataille dans l’eau et cette fois, il avait du fond ! On est intenable.

En moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, ils se retrouvent à des milliers de kilomètres de où ils étaient, assis sur une autre pierre et entourés d'un nouveau paysage.

Il pouvait toujours l'accuser d'avoir tourné autour du pot, elle était certaine qu'il n'avait pas évoqué cet endroit sans avoir l'arrière pensée de s'y rendre. Et puis, elle était curieuse de nature et elle ne le regrette pas vu la beauté de l'endroit.... Enfin pour ce qu'elle avait eu le temps d'en voir avant que l'intenable gamin dragon de trois millénaire ne lui envoi de l'eau en pleine figure !
« Rappelle-moi quel âge tu as ? » dit-elle en se levant à son tour.
« Mentalement ? 10 ans… » répondit Lucian de son air coquin de gamin.

Elle s'approcha du bord et lorsqu'elle fut à portée de bras du dragon, elle accéléra pour le saisir par le buste et le pousser vers le bassin.
Il semblait attendre que ça … et il émit un peu de résistance pour lutter contre l’impact de la louve et malgré tout... il ne pouvait lutter contre cette force de la nature et il se retrouva dans l’eau ! Il avait attrapé Alva, l’entrainant avec lui dans le bassin. Et comme tout cela arriva, ils commencèrent à se disputer dans une joute physique. L’eau picotait avec une sensation de bien être les plaies et la louve se retrouva sous l’eau près de Lucian qui venait de la couleur de ses mains sur sa tête.

Prise de court par le dernier mouvement, elle manquerait vite d'air pour pouvoir adopter une stratégie plus élégante et efficace alors elle se contenta de baisser la tête pour que sa prise soit moins forte et de l'attraper par la taille pour le repousser plus loin. Elle remonta la tête à la surface et sentit ce picotement agréable la chatouiller sur le côté de la tête. Voilà de quoi soigner plus vite cette blessure.

Elle le regarda, cette nouvelle bagarre l'amusait, les loups adorent jouer de cette manière et avec Lucian au moins on ne s'ennuyait pas. Elle se rendait compte que son masque avait disparu sans qu'elle y pense. Était ce encore l'effet de la licorne ? Elle n'était pas tout à fait sûre mais elle n'avait pas le temps de réfléchir que le dragon commençait un nouveau mouvement pour venir la chercher et chacun s'évertua à noyer l'autre.

Elle parvint à se glisser dans son dos et prit appuie sur ses épaules pour l'enfoncer sous la surface à moitié juchée sur son dos. Le liquide était son élément à lui, lui donnant un avantage pouvant contrebalancer sa force de louve.

Elle pourrait dire ce qu’elle voulait, que je suis un gamin mais elle n’était pas mieux à toujours me suivre ! Et heureusement on passe notre temps à se chercher ou je passe mon temps à le faire et on se bastonne gentiment. Cela était un peu trop stimulant et nous revoilà nu dans un bassin…à essayer de se noyer ! Son masque n’était plus présent, depuis un moment et là son visage s’éteignait de belles expressions de joie, d’amusement et de défis. Avivant indéniablement mon envie profonde de son corps ou de sa présence. Au moins dans nos joutes, on avait des excuses parfaites pour se frôler et se toucher. L’eau et la force ne font pas bon ménage, j’étais confiant sur le fait de gagner cette fois… même si Alva était redoutable ! Ma douleur à la hanche était une faiblesse qu’elle exploitait à bon escient, sûrement trop et j’avais ma souplesse édifiante pour me soustraire à elle. Après avoir bu la tasse à plusieurs reprises, lui rendant sans aucune pitié chaque coulé d’air en moins… elle s’était glissé dans mon dos essayant d’appuyer sur mes épaules… je me laissa couler, me tournant pour plaquer ma tête contre son ventre, attraper ses cuisses et forcer avec mes pieds sur le fond pour la faire basculer dans l’eau. Elle se retrouva sous moi et je remontai à la surface… dès qu’elle creva la surface, elle fut attrapée par le ventre et entraînée en arrière avant que je me glisse face à elle et la plaque contre la roche, passant ma jambe entre les siennes, pour en rouler une et soulever une autre de ma main contre moi histoire de lui bloquer le tout. Son haut de corps était maintenu par mon bras sur son cou.

« Cette fois. Échec et mat !» dis-je amusé un large sourire, l’eau perlait dans mes cheveux, le souffle un peu court avec la privation d’oxygène et l’effort. Car on ne fait jamais ça à moitié mine de rien… « J’accepte ta reddition ! » oui je la taquine.
« Jamais tant que je n’ai pas épuisé toutes les options. » dit-elle avec un sourire tenace en glissant ses doigts sous mes côtes là où elle avait vu Mia me chatouiller ce matin. La vilaine … je me contracte pour résister… chose que je faisais assez bien… sûrement trop à son goût car je sentie l’une de ses mains remonter, pernicieuse, pour se glisser sur ma nuque.

« Tu vas dans les options douteuses ?! »

J'avais mit mon corps contre elle pour la maintenir et une ombre lui serra la main pour la plaquer contre la roche, libre mon bras alla chercher son autre main, bataillant pour l'avoir.

Chaque jeu avait presque le goût d’un entraînement, cette fois combat en milieu aquatique. Même s’ils ne se portaient pas de coups dans le but de faire mal... enfin trop mal, ils y mettaient du coeur et de l’acharnement. Leurs corps inlassablement balancés, saisit, renvoyé, coulés, créaient d’innombrables remous dans l’onde calme de ce bassin. Mais l’eau restait son élément et l’espace d’impesanteur qu'offrait le liquide annulait les efforts de la force physique, elle essayait donc d’opter pour plus de ruse mais Lucian parvint à la saisir par la taille et la coincer contre la paroi rocheuse, la privant d’un souffle lorsque son dos se cala sur la pierre tiède.

Il bloqua prestement ses jambes et son buste réclamant sa victoire.
Mais elle n’était pas encore prête à la lui céder, pas sans avoir épuiser toutes ses options. Elle en voyait encore trois, sa blessure, mais elle savait que pour prendre l’avantage de cette manière, elle devrait lui infliger une douleur allant bien au delà du jeu et même ainsi, il était particulièrement résistant, les chatouilles, elle le savait aussi résistant mais pas encore à quel point et comme elle constata rapidement par la contraction de son corps qu’il serait probablement capable de résister trop longtemps pour que ça ne devienne pas rapidement ennuyeux, il lui restait l’exploitation de son point faible et elle remonta sa main vers sa nuque, qu’elle n'eut pas le temps d’atteindre.

Elle sentit son corps se presser contre le sien et si cela n’était pas désagréable, elle suspendit son geste une seconde avant qu’une ombre ne s’enroule autour de son poignet pour bloquer sa main contre la paroie, de son autre main, Lucian cherche à attraper son autre main avant qu’elle n’ai l’idée d’aller lui papouiller les cheveux et bien qu’elle se défendit de mouvements de moulinets, il parvint tout de même à saisir la seconde.

Cette fois, il semblait bien qu’il avait gagné. Elle afficha cette petite moue contrariée.

Il restait une carte à jouer pourtant, mais si elle pensait qu’elle aurait pu la tenter la veille tout en gardant le contrôle, la chaleur dans ses reins et l’électrisation de sa peau lui disait qu’une fois cette arme utilisée, elle se retournerait contre elle. Plus le temps passait, plus ce rapprochement lui paraissait inéluctable et pourtant elle hésitait encore à s’y laisser prendre.
« Il semble que tu ais en effet gagné cette fois. » souffla t’elle finalement.