10 JANVIER 1902 ♦ Dans les couloirs de la liberté ♦ FEAT. MILADY & TRISTAN

L’illusion était tombée aux premières échauffourées. Du moins, aux premières que Milady pouvait entendre. Sûre que cela n’était pas normal, la démone avait fini par quitter le nid de ce petit confort bien facétieux qui le ramenait toujours dans sa chambre. Par n'importe quel bout prenait elle le couloir qu'elle revenait au même endroit. Elle avait très vite compris que ses déplacements étaient limités dans l'espace et elle n'essaya pas de forcer le destin. Elle n'était pas stupide. On lui faisait miroiter des choses tout en la muselant. Ce n'était pas à un vieux singe qu'on apprenait à faire des grimaces. Si c’était un test et qu’elle s’énervait, elle en payerait directement les conséquences. Ou bien cherchait-on à savoir si elle était maligne ? Non, ce ne pouvait pas être ça. Il fallait être un demeuré profond pour ne se rendre compte qu’il y avait un truc, non ? Elle imaginait bien l’inspecteur revenir toujours au même endroit et s’extasier devant la porte…

Elle se trouvait dans le couloir quand elle vit sa chambre se dessiner de nouveau avant de redevenir le couloir. En réalité, elle ne sortait donc pas de sa chambre. On bernait ses sens, comme dans les différentes salles qu’ils avaient traversé pour venir.
Un large sourire se dessina sur sa mâchoire, tandis qu’elle posait son index sur la porte en faisant une petite pression avec un air de pie vicieuse. L’illusion clignota encore une fois avant qu’un cri n’informe Milady que celui ou celle qui en était à l’origine venait de trépasser. Ou de souffrir salement. Et la chambre redevint la chambre.

Mais à cause de qui ? Comment ? Et pourquoi ?

Que se passait-il exactement ? Elle n’en savait rien… Et surtout, elle devait avancer sur des œufs. C’était bien beau de ramper devant Azazel et Baal, mais si, dès qu’une situation un peu tendue se présentait, elle essayait d’en tirer parti, il y avait un risque que les deux démons ne se retournent contre elle si jamais ce qui se passait était maîtrisé.
Si vraiment quelque chose de grave était en train d’arriver, elle devait en profiter pour retrouver Adèle et Thomas et les tirer d’ici. Il fallait que ce soit quelque chose d’ampleur pour que cette tentative unique soit couronnée de succès.

Elle poussa la porte, qui était verrouillée. Alors, d’un grand coup de pied, elle la fit voler dans le couloir derrière, arrachant les gongs et une partie de la pierre avec.  Elle le connaissait pour l’avoir arpentée avant de finir à la cuisine pour manger une bonne tarte aux pommes délicieuses avant de se repaître de l’essence de deux crétins congénitaux. Cette fois, elle escomptait ne pas faire d’esclandre ou d’histoire. Elle prenait les informations, et elle se mêlait de ce qui la regardait…

Ce fut à ce moment-là, alors qu’elle sortait de sa chambre en s’époussetant, qu’elle se retrouva nez à truffes avec des loups-garous. Était-ce la garde de ses quartiers ?

« J’ai frappé plusieurs fois pour qu’on m’ouvre… »  expliqua-t-elle devant la porte défoncée.

La prise de Sodome avançait bien, grâce à un plan ou plutôt des plans établis en amont… et complété la veille par la présence de Lucian. Celui-ci avait une bonne connaissance et avec deux esprits stratèges, l’alpha avait loué la lune que chaque chose semblait s’emboiter correctement et si petits écarts il avait … celui-ci était contré par cette nuit de réflexion en commun. Ils avaient un coup d’avance et malgré les difficultés avançait à grand pas ! La ville était secouée de toute part par des forces réparties à des endroits stratégiques… des explosions des points vitaux en moins… l’armée était divisée pour mieux régner… et cette ville était en train de souffrir, ne sachant plus où donner de la tête. Il réglerait qu’un fait : ne pouvoir être dans l’équipe pour délivrer sa fille… Il était logique d’y envoyer le plus puissant et ceux ayant l’habitude des démons, mais au fond l’alpha avait une immense frustration. Recevoir l’appel de sa fille avait été un soulagement incroyable, toute la meute avait vibré sous cette apothéose de bonheur !

Maintenant, il avait hâte de progresser jusqu’au couloir menant à cette salle… retrouver Alva et mettre une fin à toute cette mascarade. Cependant, en terminant l’histoire de vie de quelque garde, il avait cette étrange salle… ou plutôt quartier résidentiel, quelque chose de magique et un homme fermement concentré et bien trop protégé à son goût. Était-il un pilier permettant de protéger un trésor ? d’autre captif ou bien la fameuse Hati dont lui avait parlé Alva ? Bonne question. Les quatre furent massacrés sans aucune pitié, prise au dépourvu et Tristan brisa la nuque de ce sorcier… une porte … une porte avec une odeur particulière, cette bonne odeur lui rappelant le Lila et le whisky. Les démons sentaient le whisky … et en parlant d‘odeur alléchante… une grande femme blonde au visage aiguisé en sortie… la porte vola … les quatre loups se tournèrent vers elle le poil irisé crocs sorties. Donc Tabitha, Andrew, Hamilton et lui-même… noir, roux, brun et argenté… l’alpha s’avança étant le plus impressionnant, il toisa cette femme et sa petite réplique inattendue, elle venait de dégonder sa porte ! Cela aurait été comique dans une situation d‘observateur … Les corps des gardes étaient derrière les loups et l’alpha fit un pas, sentant cette odeur plaisante… un démon ? Mais pourquoi était-elle dans cette chambre, gardée ?

Il portait autour du cou une chaîne en or avec une pierre rouge brillant, elle s’allumait et diffusait la voix du loup, pouvant parler sous cette forme avec les bipèdes.

« Ils sont navrés de n’avoir pu vous écouter. » les loups se décalèrent laissant voir les corps imbibés de sang. Sa voix était calme et très polie, tel un gentleman. « A qui avons-nous l’honneur ? » il l’aurait naturellement attaqué, mais un soldat de Sodome ne reste pas enfermé dans une pièce gardée et ne défonce pas la porte pour s’y extirper …
La jeune femme s’était penchée un peu sur le côté pour observer les cadavres, avant de se remettre droite, son oeil passant du pendentif aux yeux du loup. « Je ne vais pas les pleurer. » commença-t-elle avant d’ajouter : « Excusez-moi de ne pas me présenter tout de suite, mais j’ai quelques soucis en ce moment, j’ai juste besoin de savoir ce que vous faites là et pourquoi vous avez tué ces… gens ? »

Il serait dommage de pleurer ses geôliers, sauf si on est atteint d’un trouble psychiatrique. Elle ne pouvait pas forcément deviner que l’alpha avait un fin rictus sur ses babines sombres. Les trois autres loups attendaient ses ordres, tout en se tenant prêts à esquiver des ombres ou même une attaque frontale. Aussi lady et assurée soit-elle, elle était sans aucun doute plus dangereuse que ses traits appréciables laissaient sous-entendre.

« Nous avons peut-être les mêmes soucis. » répondit en premier temps le grand argenté. Sa fille avait parlé d’une personne les accompagnant sentant potentiellement de démon… une lady londonienne. Il ne se doutait pas de l’avoir en face de lui, néanmoins, cette prison dorée où elle se trouvait lui laissait le bénéfice du doute. Tout comme cette question… un garde aurait déjà attaqué voyant les hommes de la cité a terre. « Nous sommes en train de radier de la carte cette ville. » pas besoin de lui souligner qu’ils gardaient sa porte, cela était une évidence.

« A vous quatre ? » s’enquit-elle en regardant tour à tour les loups.

« Il serait présomptueux qu’on puisse le faire à quatre. »

il dressa une oreille, il avait de nombreux bruits autour pour ceux ayant une bonne ouïe. « Il y a une armée répartie dans toutes la cité. Vous étiez donc prisonnière et sourd à votre environnement, plusieurs explosions on ébranler le sol » simple constat.

« Présomptueux oui. Mais voilà qui me rassure alors si vous n’êtes pas seuls. » Elle opina du chef et se tourna pour montrer la chambre : « J’étais dans une illusion, complètement hermétique au monde extérieur. Elle a pris fin quand vous avez tué ces hommes, très certainement. Ce qui explique que je n’ai rien entendu et que je m’étonne de vous voir ici. Ceci dit, j’ai bien peur qu’une meute ne suffise pas vraiment à écarter la menace qui rôde ici. » observa-t-elle.

« Le sorcier était donc à l’origine. » il était toujours méfiant, même si son air calme et droit ne laissait rien paraître. Son émotionnel peut-être un doute ou bien de la curiosité, mais plus cette femme parlait plus la conclusion était simple : ils avaient un ennemi commun. « Tout dépend de la taille de la meute. Néanmoins, j’ai évoqué une armée. Pourquoi étiez-vous dans cette illusion ? »

La démone étira ses lèvres en un sourire plus large. Elle haussa des épaules : « Divergences de point de vue. Une illusion à le mérite de recadrer les choses. C’était ma laisse à moi. »
Une divergence de point de vue ? Cela laisse sous-entendre qu’ils avaient potentiellement des griefs communs. Elle ne disait pas grand-chose… quant à la laisse, c’est une image pouvant vexer quelques loups, cela était le cas de Tabitha qui avait toujours les crocs sortis. Tristan leva la queue et chaque loup se détendit immédiatement. Il n’était pas réceptif aux provocations gratuites.

« Une punition en sommes, a voir si elle vous a recadrer ou vous à montré ce que valait la réalité. Et vos soucis ? Lady ? » il relançait sur les soucis, lui laissant l’opportunité de partager les mêmes qu’eux.

Le sourire de la Lady avait frémit légèrement, alors que son regard s’était attardé sur les loups, et notamment une. « Mes soucis vont me pousser à vous fausser compagnie, j’en ai bien peur. J’ai des affaires à régler ici avant que cette cité ne tombe, et j’espère bien en faire tomber quelques pierres en passant. »

« Si cela est votre but. Autant joignez-vous à nous lady. Et ne pas faire mentir le célèbre adage. » elle ne voulait rien dire de plus autant faire avec. Il lui ouvrit une porte d’alliance possible, surtout que dans le couloir il avait des bruits de combat laissant présager que les loups et surement d’autres non canin remportait la mise. Il n’aurait pas plus confiance en elle, cependant si elle est forte autant profiter de cette opportunité.

Il se passait donc effectivement quelque chose et ces quatre loups en étaient la preuve. Milady avait observé un instant les corps encore chauds des gardes qui devaient la couver comme un oisillon sorti du nid. Elle sentait toute l’animosité des loups, camouflée par le respect qu’ils avaient pour leur alpha, avec qui elle conversait. Cela était déroutant de parler à un loup directement, mais l’artefact qu’il avait autour du cou lui permettait cette prouesse. Cela n’en restait pas moins déroutant. Elle connaissait quelques humains qui s’adressaient à leur chien, le tout était de ne pas prendre un air de demeuré profond et de parler comme à un bambin, car l’homme qui se trouvait devant elle avait des manières et une assurance de gentleman anglais.

Nul doute qu’ils étaient venus pour chercher l’inspectrice et son coéquipier. Qu’en était-il de la sorcière qu’elle avait amené elle-même sous les conseils de Lamatsu ? Ou encore d’Adèle et de son fils ?

Elle devait être certaine que ce n’était pas une ruse d’Azazel ou de Baal, lesquels ne seraient pas à ça près pour essayer de la piéger. Elle voulait bien croire que ce n’était pas le cas, mais plongée dans l’illusion, elle avait raté les explosions qu’il soulignait. Ceci dit, les bruits aux alentours témoignaient en leur faveur, et ce serait un peu exagéré de la part des deux démons de pousser le bouchon jusque là. Elle ne les sentais pas dans les environs, mais l’air était saturé de sang. De sang, de sueur, et de cette petite rage colérique qu’elle sentait chez une des louve en face d’elle.

Une armée viendrait-elle à bout d’Azazel et Baal ? Elle ne voulait pas leur jeter des fleurs, mais ces deux là étaient puissants. Non, elle n’y parviendrait probablement pas, mais au moins ferait-elle assez diversion pour qu’elle puisse trouver la nécromancienne et le poupon, et s’en aller d’ici le temps que la guerre faisait rage. Fidèle à elle-même, Charlotte était dans une légère provocation, et l’image de la laisse n’était pas une simple métaphore choisie au hasard. Cela convenait parfaitement avec les quatre canins qu’elle avait en face d’elle. Si cette image ne leur parlait pas, elle ne pouvait pas faire grand chose pour eux. Son rictus s’accentua devant la réaction de la louve, mais elle ne s’en formalisa pas, surtout que l’alpha tenait ses troupes.

Gentil le chien.

Mais devait-elle se joindre à eux ou filer à l’anglaise ? C’étaient des alliés de circonstances, à n’en point douter, mais seraient-ils fiables ou aidant ? Ils venaient certes de la tirer de sa cellule dorée, mais après ? Qui étaient-ils au fond ?

« Loin de moi de faire mentir les adages. Nous pouvons faire un bout de chemin ensemble, mais ne prenez pas ombrage si je disparais à un moment ou à un autre, comme je vous l’ai dit, j’ai des affaires à régler. » Sans parler qu’elle n’était pas suicidaire non plus. Aller se confronter à Baal ou Azazel lui semblait être la dernière des bonnes idées. « Où souhaitez vous aller ? Je connais un peu le complexe. »

« Nous ne comptons pas sur votre soutien inconditionnel jusqu’au bout, néanmoins vous serez néanmoins une plus-value pour ce bout de chemin. » au moins il était réaliste. « Tant que vos affaires n’entraves pas la vie de mon armée. » cela était une menace cachée, une conséquence si elle tuait les mauvaises personnes. « Le musée. »
« Tant que votre armée n’entrave pas la vie de mes affaires, alors tout ira bien entre nous, nous avons un ennemi commun, souvenez-vous. » Le musée. Elle n’y avait pas mis les pieds, mais il y avait des indications qui ne trompaient pas, surtout que ce petit bouc avare aimait bien se la raconter.
« Nous sommes donc sur la même longueur d’ondes. » répondit le loup, avant de donner sûrement des ordres aux siens, car les deux autres loups se mirent en marche.
« En effet, quant au musée, c’est par là. » dit-elle en montrant la direction dans son dos. « Et comment dois-je vous appeler ? »
« Aurais-je le droit au vôtre ? » il semblait avoir une pointe d’amusement dans cette voix noble. Ses émotions confirmaient ce calme et cet air presque taquin. « Sir Hennessy. » répondit-il simplement, toisant la jeune femme, il marchait à coté d’elle, un loup de plus de 1m10 au garrot.
« Oh, Hennessy, des spiritueux du même nom ? » s’enquit la démone en jetant un regard au loup. Si c’était le cas, l’anecdote était amusante.
« C’est cela même. Consommatrice ? »
« Amatrice. » dit-elle avec un sourire, ce qui revenait au même. « Vous venez donc chercher votre fille. Et son coéquipier j’imagine. » fit-elle sur le ton de la badinerie.
« Déduction parfaite. Et vous êtes l’une des personnes cherchant l'héritier De Vere ? » répondit tranquillement le loup, les oreilles mobiles attentif aux sons…
« Sa marraine, Lady de Winter. » se présenta-t-elle enfin. « Je serai curieuse de savoir comment vous avez fait pour entrer, mais j’ai bien peur que nous ayons pas assez de temps pour cette conversation. » Elle se pencha un peu, même si elle savait que c’était inutile à cause de l’ouïe des loups. « Je crois que nous ne sommes pas seuls. »

D’un signe de tête sobre mais respectueux, il hocha la tête, il ne pouvait dire s’il était enchanté ou non dans ce contexte cela avait presque un côté incongrue. Néanmoins, entre personnes de rang social élevé, la politesse primait et c’est avec ce sentiment qu’il fit ce geste.
L’alpha avait donc à ses côtés la fameuse Lady de Winter, il était donc à supposer qu’elle était dans leur camp. Ou du moins pour une affaire commune : chercher un proche. Il ne pouvait nier qu'il n'était pas forcément rassuré, mais plutôt un sentiment de bon augure. Son odeur laissait sous-entendre qu’elle était de cette race qu’ils avaient déjà croisée dehors ou de cette Amy farfelue qu’avait ramené Lucian. Une race inconnue au fumet très plaisant… au moins, elle avait de bon goût d’aimer un très bon cognac. De plus, Alva était sûrement avec la comtesse ainsi que son enfant. Il allait lui demander quand soudainement un bruit discret pour une ouïe simple, mais suffisamment pour un loup, attira son attention. Les trois autres lupins l’avaient déjà perçu.

« Malheureusement, c’est le cas. cinq gardes… Sur la droite … les renforts. »

Tabitha sauta sur le côté de son alpha avant de bondir quand l’ombre du mur vibra laissant passer un homme qui fut happé immédiatement par la mâchoire de l’immense louve plus impressionnante quoique le roux l’était à cause de leur sang de la bête du Gévaudan et d’un petit ajout plus démoniaque. Son frère la rejoignit allant directement sur la tête dans le but de décapiter le démon … Hamilton bondit sur un métamorphe lion et le combat s’enchaina entre eux. Quant à l’alpha il attendit sagement que la valkyrie initie le combat et l'évite en sautant sur le mur lui attrapant l’épaule avec sa gueule pour la déséquilibrer et continuer ses attaques.

Charlotte ne s’était jamais battue avec des loups, ceci dit, ce n’était pas ce qui lui posait le plus de problème. Il y avait de forte chance que ce Hennessy habite Londres comme sa fille, et elle était clairement identifiée désormais. De fait, si elle se révélait, elle risquait d’avoir des problèmes une fois rentrée au pays. Mais d’un autre côté, sa fille le savait déjà. Il y avait bien une chance qu’elle ne ressorte pas d’ici vivante avec son coéquipier, ce qui lui enlèverait une épine du pied elle le reconnaissait. Si ce que disait ce loup était vrai, alors il y avait de fortes chances que Alva s’en sorte vivant, à moins qu’Azazel ne la tue dans la manœuvre. Cependant, ce chevreau semblait être épris de la sorcière et de la louve, jusqu’à les travestir dans des tenues outrageantes.

C’était risqué donc de se montrer au grand jour avec cet homme, mais d’un autre côté, sa couverture était déjà plus ou moins éventée donc. Et puis… Si c’était l’occasion qu’elle attendait, si ce foutoir, même provisoire, lui permettait de s’en aller avec Adèle, alors elle devait tenter le tout pour le tout. Il n’y aurait plus de retour en arrière possible de toute façon.

Elle devait prendre le risque et choisir sa liberté plutôt que sa réputation. Du moins pour le moment.

Alors, elle finit par agir, avec un léger temps de retard sur les loups parce qu’elle devait peser le pour et le contre avant. Elle se lança dans la mêlée, attrapant le premier garde qui passait à sa portée pour l’escamper contre un mur avec une violence rare. Le sorcier qui amorçait son sortilège n’eut pas le temps de se voir mourir que ses organes vinrent cogner contre ses os sous la force d’impact. Il était temps de se dégourdir les jambes et les bras ! Un peu d’action ne lui ferait pas de mal.
Sa cible, c’était le démon. C’était surtout lui qui comptait. Le reste, ce n’était que de la bleusaille qui serait bonne pour les loups. D’ailleurs, deux d'entre eux s’étaient jetés sur ce dernier.

Mais il y avait encore un métamorphe dans l’histoire. Un espèce de babouin au cul rouge qui cognait sur ses pectoraux. La démone se jeta sur lui, toutes ombres dehors et elle le percuta avec une violence rare, passant au travers du mur de la chambre. La lutte continua quelques secondes avant qu’elle ne lui brise la nuque. Du côté du démon, acculé par les deux loups, des filaments d’ombres traversèrent le mur depuis la pièce où se trouvait Milady, et le tirèrent contre le mur jusqu’à contraindre l’ensemble de ses membres qui n’avaient plus qu’à être sectionné par les mâchoires puissants des loups.

L’envie de le bouffer était très forte.

Les loups ne semblaient nullement impressionnés et voyant les filins d‘ombre, bien au contraire, Tabitha ainsi qu’Andrew avait presque donné un coup en avant pour que la créature se prenne dans les filets sombres. Ils furent tout aussi promptes à réagir sur cette proie immobilisée, le roux attaqua un membre le broyant avec une férocité affirmée et la louve s’attaqua à la tête, le griffant, pour ne pas dire le martelant de ses pattes griffues. Le brun arriva et broya aussi de nombreux coups une jambe, jusqu’à ce que le démon impuissant essayait de se défendre et se révulse sous la violence des crocs dans sa gorge… la louve secoua sa tête, brisant les cervicales. Quand le démon extirpa un souffle de mort, elle le lâcha la gueule en sang et adressa un signe de tête à la démone. Ils avaient eu de la chance d’attraper ce démon avant qu’il n’usent de ses ombres mortelles…
Tristan, de son côté, avait maîtrisé un sorcier, continuant leur avancée… cependant, devant eux, d’autres gardent se tenaient prêt à leur barrer la route… l’alpha visualisa le mur et surtout un moyen de les prendre de revers, il tourna la tête vers Charlotte de Winter.

« Vous serez d’accord de nous faire des passerelles d’ombre pour attaquer sur les deux fronts ? » demanda t’il se souvenant de la façon dont avait combattu sa fille et Lucian au moyen orient. Lui-même en avait profité.

« C’est possible en effet. » souligna la démone qui semblait voir ce dont il retournait. La jeune femme déploya des passerelles d’ombres de chaque côté du mur, tout en se tenant prête à transplaner dans le dos des gardes pour ouvrir un troisième front.

Le loup hocha la tête la remerciant et donna l’ordre à ses loups de s’élancer… s’ils avaient hésité, Tabitha fut la première à se lancer et sauta d’une passerelle à une autre pour attaquer… l’alpha donna aussi la charge suivit des deux autres …

L’idée des passerelles d’ombre n’était pas mauvaise et cela laissait à penser que ce n’était pas la première fois qu’ils se battaient avec des utilisateurs d’ombres. Connaissaient-ils aussi la sorcière que Charlotte avait ramené avec elle ? En tout cas, c’était une bonne idée de se coordonner pour se battre. C’était un des projets qu’elle avait avec Adèle, même si elle n’avait jamais vraiment pris le temps de le mettre en place pour la bonne et simple raison qu’elle pensait avoir le temps. Elle aurait pu s'entraîner avec elle avant qu’ils ne remontent la piste mais ça avait été compliqué de le faire. Une perspective d’avenir.

Elle se faisait du souci plus qu’elle ne le montrait dans son attitude désinvolte. Si elle avait été seule, elle ne se serait pas embarrassée des gardes pour virevolter de salle en salle, pourquoi pas sous la forme d’une pie, afin de trouver rapidement sa sorcière. Elle était anxieuse, avec un désir violent d’être aux côtés d’Adèle et de ne pas la laisser souffrir ou mourir. Sur ce dernier point, elle avait une balise sans faille pour lui indiquer si jamais ça devait être le cas, puisqu’elle possédait son âme. Elle avait bien fait de ne pas la céder au bouc. Tout avare qu’il était, elle ne pouvait pas se résoudre à ça pour le contenter, même si elle avait bien cerné le fait qu’il lui faisait passer un test de loyauté.

Bref, elle n’avait pas le temps pour les gardes. C’était aussi pour ça qu’elle s’était montrée expéditive avec le sorcier et le babouin, tout comme avec le démon. Elle laissa les loups se servir de ses passerelles tandis qu’elle transplanait derrière les gardes devant eux pour ouvrir ce troisième front. Elle frappait, son poing s’armant de piques ombrageux qui rappelait les serres affutées d’un oiseau de proie, se plantant dans les corps comme dans du beurre.
La démone boula un assaillant qui s’était avancé pour utiliser à son tour les passerelles en profitant que les loups soient sur les plus hautes. Au moment où il prenait appuis dessus, elle la dématérialisa, le laissant retomber lourdement sur le sol à la merci d’un bon coup de gueule.

Et là, au bout du couloir, des hommes étaient en train de mettre en place une mitrailleuse gatling. Ils venaient d’immobiliser les roues et ils étaient en train de l’orienter sur les loups et la démone. Les multiples canons rotatifs étaient braqués sur eux, et bientôt, ils commencèrent à faire tourner la manivelle de plus en plus vite jusqu’à ce que l’arme crache ses projectiles à toute vitesse dans un feu nourri. Charlotte se campa dans le couloir, laissant ses ailes de démon-pie se déployer devant elle pour former un rideau impénétrable aux petits projectiles qui faisaient quand même un mal de chien de par leur répétition et leur vélocité.

« Trouvez un moyen de la neutraliser ! » intima-t-elle aux loups en avançant pour leur laisser l’accès à différentes portes tout en les protégeant. Elle pouvait transplaner et s’occuper de servant, mais les cabots allaient ramasser de la mitraille.

Tabitha pestait, les adversaires étaient trop faciles… Tristan se demandait alors, si cela n’était pas de la mauvaise foi héritée des Morgenstern, même si Andrew était (comme toujours) celui qui ne se plaignait jamais. Enfin bon, il préférait sans aucun doute entendre les petites phrases de son assassin et seconde de meute que de l’entendre rendre son dernier souffle. Elle avait l’art et la manière d’animer leur pensée tout en étant redoutable. Les quatre gros loups avaient usé avec agilité et une certaine coordination insoupçonnée avec cette inconnue pour mettre à mal le sort de leur adversaire. Il devait bien avouer qu’il aimait bien ce style de combat donnant une nouvelle perspective, pouvant envahir même les zones plus aériennes. Cette lady aux airs raffiné, était redoutable, en apparaissant au dernier point restant elle balaya tout le reste… oui, la sagesse avait été bonne conseillère de ne pas l’attaquer sans prendre le temps de discuter. Qu’importe, si elle leur fausse compagnie en récupérant Adèle, elle aurait eu le mérite d’être une bonne alliée pour avancer sur ce chemin commun.

L'alpha n'attendait rien de plus. Hormis, ne pas finir mort entre ses ombres. Lady De Winter continue de prouver son efficacité et surtout son bon sens les protégeant d’immense ailes bicolores, quand la mauvaise surprise d’avoir une mitrailleuse géante et gagnante leur fit place ! Immédiatement les loups seraient rangés derrière ce paravent. Ainsi donc elle était un démon oiseau… un démon pie ?

Tristan ignorait beaucoup de choses concernant ce type de démon, dangereux et trop puissant pour être attaqué de face. Cela était gênant, elle avait peut-être d’autres aptitudes pouvant être une plus-value dans leur coordination. En tout cas, voir cette arme avait glacé le sang du lord, leurs cuirs et leur fourrure auraient été percés sans aucune pitié par l’impact de ses balles perforantes ! Elle devait quand même souffrir et il fallait qu’elle tienne le temps qu’ils arrivent à neutraliser les soldats. Les portes des chambres allaient être utiles … Tristan réfléchit à grande vitesse, cherchant une solution. Ils auraient dû prendre des grenades… enfin bon tant pis, ils vont faire sans ! Il était encore bien heureux que cette arme ne soit pas aussi redoutable que dans le siècle prochain. Tristan reprit forme humaine, la pudeur n’avait pas son mot à dire, ainsi que Tabitha et ils allèrent ouvrir une porte chacun, une lourde porte épaisse, les déboitant sans difficulté et se mirent à avancer alors qu’Andrew et Hamilton se mettaient derrière eux. L’objet servait de bouclier permettant une avancée rapide et l'alpha poussa qu’importe les impacts. Lui et Tabitha étaient les deux plus puissants niveaux force brute, donc ils allaient encaisser les impacts !

« Continuez à nous faire un bouclier si elles lâchent ! » dit-il à la lady de l’hiver.

Et ce fut le cas d’une porte Tabitha a se remit avec son frère derrière la démon, pour recommencer la manœuvre alors que Tristan avait déjà foncé avec sa porte, avant de la jeter et Hamilton sauta par-dessus son alpha gueule ouverte sur le premier soldat, suivit de son supérieur qui se transforme à grande vitesse dans la foulé… la louve repris son manteau et se précipita sur les gardes… le combat faisait rage, surtout qu’ils étaient armé d’arme blanche ou à feu… Tristan se prit quelques coups de sabre mais il ne redouble pas de férocité. Les quatre canins massacrèrent proprement les adversaires, la gueule en sang et Andrew boita de la patte avant, une balle… le rouquin soupira, mais continua à avancer. À l’autre bout du couloir … il avait des cris… et des vociférations terrifiantes. L’alpha leva un peu la queue attentive et se tourna vers le démon-pie. Mais surtout il avait tout un tas de bruit annonçant que sur l’intersection menant aux musée, des gardes arrivaient pour soutenir l’effort se trouvant dedans.

« Merci. Vous n’êtes pas trop lourdement blessé ? » en tout cas avec elle, ils se baladaient et ils leur devaient surement la vie. Un geste que l’honneur n’oubliera pas.

Il serait tellement plus simple de transplaner derrière cette machine de mort et de s’en prendre aux servants pour leur faire payer leur bêtise ! Mais non, il fallait qu’elle s’encombre avec ces loups, qui se seraient fait tailler en charpie par cette arme. Cela aurait réglé un problème futur mais dans l’immédiat, elle avait besoin d’eux. Plus il y avait de monde à la bar mitsva du Bouc, plus de chance elle aurait de filer sans manger le gâteau et en esquivant les bisous baveux de la tante consanguine. Alors elle prenait sur elle pour continuer de faire un rempart de son ramage face à cette volée de projectiles véloces et perforants. Heureusement, ses plumes amortissaient une partie du choc en dispersant autour d’elle les petits projectiles, mais les chocs répétés sur ses membranes et sur son cartilage, tout démoniaque étaient-ils, commençaient à la faire souffrir.

« Contentez-vous de trouver un moyen… » grogna la Lady tandis que l’Alpha lui demandait de tenir.

Pas que les petits culs qui se promenaient n’avaient pas leur charme, mais elle avait d’autres fesses à fouetter là tout de suite. Heureusement, les loups ne tardèrent pas à arriver à leurs fins avec leur solution, reprenant leur forme animale dans la foulée pour se régaler des servants de l’artillerie ennemie.
De son côté, Milady laissa ses bras redevenir… des bras, et participa au petit affrontement, bien contente de lacérer ces enfants de putain !
Elle ne faisait pas dans la dentelle, tuant, blessant, laissant agoniser, elle s’en moquait bien tant qu’ils pouvaient avancer. Et surtout, elle démonta d’un geste rageur la gatling qui craqua douloureusement alors qu’elle en pliait le métal.

« Ça ira jeune homme. J’ai toujours eu une santé de fer. »

Elle perçoit une pointe d’amusement de la part de l’alpha ne remettant nullement en cause son âge.  « Ce qui est important pour une vénérable dame.   »
« Ne commencez pas à devenir mesquin, ça ne vous va pas. »  répliqua-t-elle sans prendre vraiment la mouche.
 « Je ne me permettrait point cette familiarité.  » dit-il avec innocence, ce qui conduisit la démone à avoir un petit rictus.

Elle aurait dû manger ce démon toute à l’heure… C’était quand même gâcher la nourriture par ces temps de disette…

« Nous arrivons dans le coeur des hostilités. Que dois-je trouver là dedans ? Votre armée ? Mais encore ? » demanda-t-elle en montrant la direction qu’ils suivaient.

 « En ennemis : les deux seigneurs de cette ville et une bonne dizaine peut-être une quinzaine de soldats, sorcier, métamorphe et quelques membres de votre race. De notre côté : Une équipe multiraciale, des sorciers, un djinn et un dragon en colère. » rétorqua le gris, secouant son pelage de quelques gouttes de sang.

Les deux poireaux de Sodome étaient donc ici. Ça n’arrangeait pas vraiment les affaires de Milady qui resta de marbre, tout en observant le loup se secouer. Elle qui adorait les manteaux de fourrure… La sienne était parfaite. Cette observation mise à part, elle devait peser le pour et le contre de rentrer ouvertement là-dedans avec les deux cauchemars.

« Très bien… Je ne suis pas certaine qu’une entrée trop directe soit la bonne idée. » fit-elle en reportant son regard un peu plus loin. « Je sais que c’est aller un peu contre votre nature… Mais peut-être que nous devrions étudier la situation avant de foncer tête baissée. » dit-elle toujours charmante..

Eh bien la femme aimait donc manier la verve, si la dernière réplique étant de la simple provocation amusait l’alpha amateur de ce genre de pique, cela n’amusait aps els trois autres. Pourquoi se vexer de l’avis de tiers ? Cela passait au-dessus de Tristan, ils avaient très bien ce qu’il était et surement pas un simple loup bourru et si cette femme aime le penser, elle aurait la preuve qu’elle se trompe… ou bien non et son avis n’avait guère d’importance, il avait l’habitude avec la mauvaise foi des vampires.
La louve noire semblait irritée par ses propos voire même dépités, les deux autres étaient peu ravis à leur tour. L’alpha avait une maîtrise de ses émotions quant à lui.

« Cet accessoire, ne vous sied guère plus, lady. » commenta t’il sur sa dernière phrase, sans montrer qu’il était vexé et tout aussi charmant. « Là était bien mon but,…Un instant. »

*Alva ? Quelle est la situation à l’intérieur de la salle ?*
*[color:aa09=dc143c] Fenris Lucian ... est sur les deux démons. ....soutien derrière un bouclier béni. * répondit sa fille mais la communication passait mal et il perdait une bonne partie de ce qu’elle voulait lui dire.

*Adèle est avec vous ? Les menaces autour son neutralisé ? Que font les deux seigneurs ?*
*[color:aa09=dc143c] Adèle est derrière le bou... chaos ici je n’ai pas le temps.... * puis plus rien.

L’alpha essaya d’appeler sa fille, avant d‘avoir une forme d’inquiétude et plus rien. Il s’inspira, Alva avait dû se mêler aux ombres de Lucian, voilà c’est tout … expliquant cette étrange communication. Et lui aussi n’avait pas le temps de la laisser se faire tuer ! Vraiment … il ne lui demande pas un rapport pour les lièvres … Son sentiment d’empressement fut plus grand, néanmoins il cardait une attitude calme et se forçait à celui-ci. Pour la meute pour être ce rocher inébranlable. Il retenu de pester et leva un regard vers la démone.

« Les deux seigneurs sont en prise avec le dragon ainsi qu’un dénommé Fenris. Adèle de Vere est en sécurité dans un bouclier. Il règne un certain chaos, sans aucun doute qu’il sera empiré par la nouvelle garnison qui est sur le point d’arriver. » Autant préciser à cette femme le font de sa recherche, elle ne sera que plus copérative à continuer cette alliance. Il fit un pas « Pouvez-vous voir votre environnement quand vous êtes dans vos ombres ? Ou ce n’est que l’instantané telle une téléportation ? »