Cause i’m a monster △ Alva

Ma petite expérience d'émotion avant de donner une discussion sur Andy… il était triste qu'elle se pense incapable de rendre quelqu’un heureux ou même au fond, peut-être qu’elle se pensait incapable de l’être. Elle ne finissait pas sa phrase … au début Andy aurait été heureux avant que quoi ? Elle lui montre son côté dominant, son besoin d’être au-dessus, sa rage, son comportement de reine ? En effet, Andrew était trop gentil pour toi, tu l’aurais dévoré par ton comportement, néanmoins il t’aurait apporté la douceur et l’amour propre dont tu sembles manqué et lui, tu l’aurais bousculé un peu, il serait moins bon, moins bienveillant mais cela n’était pas un mal à mon sens. Andrew lutte contre son attrait pour le combat, il reste mon fils et il a essayé d’être l’inverse de moi tout en me prenant comme modèle.

Enfin bon, je ne répondis pas vraiment sur l’instant, je l'observais. Oui Keira était parfaite pour lui.

« En effet, elle lui va bien. » c’est la fille de Blanche en version moins sage et a fond sur la nature et les plantes, elle est aux antipodes des ladys et elle à ce petit côté rafraîchissant d‘être à côté de tout ça qui plaît à Andrew.

Mes ombres disparurent dans un claquement de doigts, d’habitude j’aurais creusé encore un peu cette histoire de bonheur. Mais pas maintenant, elle évitait le sujet et nous savons tous les deux ce qui en ressortira. Je pense qu’elle se bloque à cause de la soif. Elle ne semblait pas avoir plus faim que ça… La chasse la mettait en appétit.
Elle me fit un sourire, signe qu’il n’avait aucun cynisme ou même mauvaise envie. Cela manquait de prédation, tu es vraiment à la ramasse... mais ça va revenir. Vraiment, lui parler de chasse était comme m’agiter un mystère sous le nez !

« Eh oui ! » je lui fis un rictus taquin avant de lui faire signe de repartir vers la clairière. J’ouvris mon sac, pour prendre le bracelet de la veille et le sorte de collier qu’avait Andrew pour parler, j’avais besoin qu’il soit porté pour qu’il s’améliore.

« Tu veux bien le porter pour qu’on communique ? En plus, ça va le calibrer. » dis-je en lui montrant.
« Tu es en train de me demander de mettre un collier... sérieusement ? » dit-elle réticente.

« Ce n’est pas un acte de soumission, tu en portes bien des colliers pour sortir au bal ? » l'intérêt était autre mais je comprenais sa réticence de toute manière on avait la même. « Enfin, je peux te le mettre en bracelet… ou on laisse tomber, ça ne me dérange pas, je parlerai tout seul, j’ai l’habitude. »

Elle observa l’objet l’air soupçonneux « C’est ce que Andrew portait hier ? »
« En effet. »
« En bracelet alors. » concéda t’elle finalement

Ah tiens tu veux quand même ? Conciliante, puisque je ne lui impose pas dans une négociation. Mais ça me va.

« Bon, bah dans ce cas… a poil comme dirait l’autre. » humour de merde bonsoir ! Je m’assis, attrapant dans le sac, un petit kit d’orfèvrerie que j'avais au cas où que justement elle ne veuille pas de collier… et je commençais à démonter la chaine pour essayer de l’ajuster en bracelet en la doublant.

Alva l’observa quelques secondes fouiller dans son sac et se mettre au travail sur le collier. Décidément, il prévoyait toujours tout. Même s'il n’était pas difficile pour lui de savoir qu’elle aurait du mal a accepter qu’il lui mette un collier, même si c’était dans le but de pouvoir communiquer. Tout comme il lui était difficile, à lui, de se mettre une selle sur le dos. Mais son sens de la préparation et de l’anticipation allait bien au-delà et c’était aussi agaçant que fascinant.

Elle se détourna et s’éloigna de quelques pas, au moins avaient ils évité de sortir la pelle après sa petite bourde sur Andy. Comme les autres fois, comme ce pourquoi elle avait voulu repousser cette soirée... il la rendait trop bavarde, enfin lui, ou la nuit ou le mélange des deux, elle aurait été bien en peine de préciser quoi exactement, mais les faits étaient là. Ne manquerait plus que ça se termine avec séance de “papouille” dans les cheveux de Monsieur le dragon. Non, ça ne devrait pas arriver, il n’y avait pas de mission, personne à sauver, aucune justification acceptable.

Elle retira ses vêtements et les rassembla près du pique-nique, avant que son corps ne subisse cette transformation si familière. C’était toujours douloureux, mais le jeu en valait la chandelle et c’était quelque chose de naturel et de vite oublié lorsqu’on retrouvait sa nature.

Elle fit un tour sur elle-même et huma l’air pour découvrir ce que son odorat ne pouvait lui fournir sous sa forme humaine. L’odeur des fleurs était entêtante ici, et cachait le parfum des proies, mais son ouïe percevait quelques cavalcades au loin.
Elle s’approcha de Lucian pour observer ce qu’il faisait par-dessus son épaule.

Ce genre d’objet je ne pouvais pas le tester sur moi, il me fallait un loup ou une créature qui ne blablate pas. Et dans un sens, je l’avais fait pour communiquer avec les lupins, car ça ne me gave de rien comprendre. Surtout si je suis amené à repartir en mission avec Alva, puisque la Ligue aime faire des binômes récurrents. Et pas comme si j’étais entouré de loup, finalement si avant la frustration était moindre, elle commençait à me saouler vu la vie qui se dessine. Blanche, pouvait parler à leur forme animale et moi… eh bien juste commenter les grognements.

Naturellement, mon regard se leva sur Alva quand elle se dévêtit avant de repartir à ma tâche, si je me distrais à mater une œuvre d’art, je n’aurais jamais fini ! Je me demande si elle éprouve une certaine satisfaction à se transformer n’importe quand, enfin pour le moment c’est autour des nuits de pleine lune…. Lune encore bien ronde dans le ciel étoilé. Je sentis sa présence et son souffle sur mon épaule… ça serait assurément flippant de voir un loup aussi grand derrière votre dos. Enfin pour un humain sans aucun doute. Je me tournai vers elle, lui demandant une patte … immense patoune immaculé. Elle serait dans le thème de cet endroit et ce n’était même pas fait exprès. Je posai sa patte sur ma cuisse (comme j’étais en tailleur) et installa le bracelet ajustant l’accroche pour pas qu’il se barre pendant la chasse.

« Secoue la patte pour voir si ça tiens. » normalement oui, j’avais un peu serré pour être certain que ça ne glisse pas trop sous ses poils. Poils assez doux, je ne l’avais pas touché autrement que sous ce membre … et comme pour Tabitha et Andrew, elle avait une certaine douceur. Je trouve ça assez incroyable que des grosses bêtes soient si soyeuse. Marie aussi l’était et je la chariat régulièrement de la tondre pour en faire un coussin. Elle aurait été bien capable de me laisser faire cette taré, si elle n’avait pas eut une fierté la sauvant de mes idées idiotes. Enfin bon, j’avais eu comme ambition de m'en faire un manteau, écorché vif après tout.
Alva approcha le bracelet de sa truffe pour renifler l'objet, cela me fit sourire et elle secoua la patte, la posant par terre et la relevant pour simuler le mouvement. Puis elle reposa sa grosse patte blanche sur ma cuisse et du bout du nez m'indiqua de remonter le bracelet un peu plus haut pour éviter qu’il ne la gêne dans ses mouvements ou en attaque. Chose que je fis, faisait des ajustements, jusqu'à ce qu'elle soit contente et que ça ne bouge plus.

« Bien va y raconte-moi quelque chose. » grand test j’ignore si cela va marcher… en tout cas, la pierre rouge brillait signe que l’objet était actif.
« C’est l’histoire d’un dragon qui se prenait pour un loup. »
Bien trouvé, j’eu un rictus au coin des babines.
« Et ne pouvant embrasser la lune, s’est transformé en chien. » simple petite réplique mais au moins le collier marchait parfaitement. Je suis certain que ça ferait un beau conte.
« Très bien, nous pouvons donc parler. Cool ! »

Une fois que tout était bon, je me levai à mon tour pour me dévêtir et passer le bracelet, il était magique oui mais pas pour la même chose que je prétendais. Je fis donc ma “fausse” manœuvre d’activation et sautai dans une ombre pour réapparaître en chien et me secouer le pelage doré… Ouai, je suis un modèle réduit à côté d’Alva, enfin non j’abuse mais ça me fait bizarre de la voir plus grande que moi. Je m’approchai m’asseyant enroulant ma queue sur mes pattes.

« Une préférence au menu ? Nous avons de la biche enfin du daim, du sanglier, des lapinou, des faisans, des tétras lyr… et sûrement d’autres petites gourmandises pour ravir le palais de notre dame ! » fis-je avec un ton pompeux de maître de cérémonie.

Elle laissa le dragon lui mettre son drôle de bracelet, si elle n’avait pas vu Andrew avec la veille et si elle n’était pas curieuse de nature, elle n’aurait peut être pas accepté; mais elle était curieuse, c’était ainsi.
Ca lui faisait quand même étrange de porter un bracelet à la patte, déjà qu’en dehors des sorties mondaines elle ne portait pas ou peu de bijoux, sous forme lupine, c’était bien la première fois. Mais une pierre rouge, ça avait au moins le mérite d’être assez esthétique sur son pelage blanc. Ca lui avait quand même fait bizarre de s’entendre, enfin d’entendre une pâle copie de sa voix prononcé les mots qu’elle avait prononcés dans son esprit. Ce n’était pas comme parler avec ses cordes vocales ou le lien entre la pensée et l’émission du son était quasi instantané. Avec cet objet, il y avait un petit temps de latence, comme si les mots étaient prononcés avec une ou deux syllabes de retard, elle s'habituera et puis ce n’était que le temps d’une chasse.
Au tour de Lucian de revêtir son habit de chasse... ou son habit de lumière puisqu’il se comportait déjà en maître de cérémonie; énumérant le menu qui s’offrait à eux.
« Le daim est plus savoureux, mais ça fait longtemps que je n’ai pas chassé de Tétras. Nous verrons lequel se montrera le plus stimulant à chasser. »
« On verra ce qui nous attire alors. » dit il conciliant. Le but était de chasser le type de gibier l'importait peu.
Elle s’approcha du chien noir et fit le tour, en le toisant des quelques centimétres qu’elle avait de plus.
Un chien c’est moins bien qu’un loup mais entre les dorures, les crocs aussi acérés que le dragon et ce regard intense, ce chien là était un peu plus qu’un chien et son odeur n’était pas celle d’un cabot perdu en forêt mais celle d’un prédateur à la hauteur d’une vraie chasse.
Lucian l’observa de son regard sans bouger plus. « Je te plait ? » demanda t’il avec une pointe d’humour.
« Moins trapu qu’un loup, mais ça fera l’affaire. » dit-elle faussement hautaine.
« C'est un compliment chaussette. » dit il railleur.
« Ca reste un compliment. » répondit-elle en bondissant alors qu’elle venait de finir son tour.
Elle se mit à courir à toutes pattes, peu importe si ça faisait fuir les quelques créatures qui n’avaient pas encore détalé à l’odeur des prédateurs qu’ils étaient. Ils avaient tout le temps de chasser, pour l’instant elle voulait courir, pour se vider l’esprit et donner une chance à cette chasse, comme la veille peut être aurait elle l’occasion d'avoir de vrais sourires, et d'effleurer du bout des doigts cette émotion qui l'avait heurté dans le petit bol d’ombre.

Être sous forme de louve lui donnait toujours l’impression d’être plus libre, même si c’était aussi sous cette forme qu’elle pouvait perdre son libre arbitre au profit de la soif. Sans doute était-ce pour cela que son mal était plus difficile à contrôler sous cette forme, parce que son instinct s’exprimait plus librement, libéré du carcan de l’humanité. Au moins, se sentait elle un peu moins écrasée par le poids du monde, de son monde. Etait ce pour ça que sa mère aimait à se perdre sous cette forme ? Réaliserait-elle aussi son rêve ou le goût du chocolat et des fraises lui maqueraient trop ?
Elle fonçait, sans se soucier de savoir si le dragon suivait. De toute façon, s’il voulait chasser avec elle, il allait falloir qu’il tienne le rythme et avec sa capacité à transplaner, il devrait y arriver sans souci puisqu’il en avait déjà fait la démonstration la veille.

Sa course créait des ondulations lumineuses sur son passage, tantôt blanches, tantôt colorées et musicales selon les fleurs traversées par ce courant d’air. Elle changeait parfois brusquement de direction juste parce qu’un bosquet lumineux attirait son regard ou qu’une floppée de vers luisant n’attendait qu’une petite animation pour aller illuminer le ciel comme de petites étoiles mouvantes.
Après plusieurs minutes à évacuer ce qu’elle pouvait évacuer ainsi et mieux apprécier ce décors féérique, elle déboucha sur un petit promontoire de pierre et s’y immobilisa pour hurler vers cette lune ronde à peine voilée. Une vraie carte postale.
« Il est temps de chasser maintenant. » dit-elle lorsqu’elle sentit la présence du dragon près d’elle.

C'est toujours étrange le comportement des loups une fois sous leur forme animale… plus prédateur qu’humain mais avec cette dose d’intelligence qui font d’eux des êtres pensants. Et de ce fait, je ne pouvais savoir ce qui lui traversait dans la tête en me tournant autour. Elle m'évaluai ? Elle m'observait plus qu'elle n'avait pu le faire la veille ? Sur le coup, je me demandai si elle n'allait pas changer d'avis sur la chasse au daim ou gros poulet agressif… mais plus du chien. En toute franchise… je l'avais presque espéré pour jouer avec elle… Enfin jouer c'est un drôle de mot dit ainsi. Mais j'avais envie de faire ce genre de choses… quand j'étais un clébard mon totem que j'utilisais si peu et que je refoulai me faisait sûrement payer par des pulsions plus animales… me rappelant qui j’étais à la naissance. Je suis certain que je vais finir par agiter la queue. Enfin bon. Je suis de base un joueur et j'aime les petits combats et face à un loup je trouve ça excitant et stimulant… donc j’attendais de manière un peu taquine qu’elle me réponde « un chien ». Mais non, ce fut le genre de compliment que je nomme chaussette … elle ne va quand même pas s’amuser à me faire le coup du loup supérieur face au chien ? Ça serait ridicule. Et c’est un bien drôle de compliment, mais soit, je ne pu lui répondre de toute façon.
Alva se mit à courir comme une folle… traversant la clairière gagnant la forêt s'illuminant de couleur ainsi que de musique. Cela me fit rire et je galopai à sa suite, transplanant pour ne pas être distancé… je prenais un plaisir certain à la poursuivre essayant de deviner ses trajectoires… cela me stimulai à fond… je me retenait de pas la prendre en chasse pour l'emmerder… Mais je sais que je ne vais pas tarder à la provoquer. Courir comme un dératé donnait un shoot de joie et d'insouciance. Enfin même si j'essayai d'anticiper mais elle changeait de cap régulièrement jusqu'à illuminer le ciel de petits points lumineux. Je m'arrêtais pour regarder le spectacle avant de repartir à sa suite… Le souffle me manquait parfois et je transplana près d'elle pour sauter par-dessus sa belle taille et lui lancer un grognement de défis allant jusqu'à la provoquer avec un coup de queue dans le museau quand je lui passais devant.
En réponse, ses mâchoires claquèrent à quelques millimètres de celle-ci.

« Ne mets pas ta queue n’importe où sale cabot.»
Tant que c’est celle-ci… ça va non ? Ce n’est pas dérangeant ?
« Commence pas les insultes sur le chien, ou je mets ma queue de dragon dans la poire ! » fis-je toujours provoquant, en plus ton père m’avait fait le coup de la queue dans la gueule !

« Un dragon susceptible de n’être qu’un chien, ça à le mérite de l’originalité.»
« Oh madame la louve, estime que les loups sont mieux que les chiens ? » flagnola t’il en lui donnant un autre coup de queue.
« Meilleur flair, meilleure vue, meilleure ouïe, plus de force, plus d’endurance, plus de vitesse... je continue ?.» Le ton était assez léger pour indiquer qu’elle ne cherchait pas sérieusement à l’insulter.

« Oui tu as oublié, aucun sens magique, petits crocs et hurlement plus mélodieux. » dit-il amusé.
« Depuis quand les chiens ont un sens magique et des crocs plus gros que les miens ?» répondit-elle en les dénudant un peu plus.
« Il faut bien rééquilibrer, pauvres chiens quand même ! » il ricana, en dénudant aussi ses crocs pointues avec cette double paire plus imposante et aiguisée, le reste de la dentition était fait pour tuer et non broyer.

Il faisait un drôle de chien quand même avec ses dorures et ses crocs de dragon, assez impressionnant même s’il n’avait pas sa carrure de garou... mais la taille ça ne fait pas tout. Et le duo continua de plus belle, bondissant d’une trajectoire sur une autre, croisant parfois leurs trajectoires ou provoquant quelques autres nuées d’insectes.

La course folle se termina sur une zone en hauteur ou elle poussa un hurlement. C'est un truc de loup ça ! Je l’observais pousser son chant mélodieux dans cette étendue bleue sous une nuit éclairée par sa plus grande amie… la lune. Le spectacle était très esthétique. Je gardai l'image en tête peut être que je paierai un artiste plus doué que moi pour peindre ce genre de scène… j'ai la salle 8 à faire… je n'avais pas encore le thème et sur le coup j'ai une sorte d'inspiration folle. Un rictus sur les babines je fini par faire quelques pas vers elle, le cerveau assez plein d'idées pour ma salle. Cela fourmillait dans tous les sens. J'adore quand ça vient une folle idée inspirée de manière inattendu !!

« Chassons alors. »

Je me tournai laissant ma truffe sur la végétation cherchant un fumet… Soudainement il eut un bruit… un élément discret… un éclair blanc. Un daim nous avait repéré et il détalait dans les fougères bleues et scintillantes. Je lançai un regard vers Alva pleins de défis. Il allait nous mener à son troupeau.

« Il va nous mener au dîner !! » je grogna férocement avant de transplaner pour poursuivre le daim.

Lorsque le daim détala, révélant sa présence et créant le mouvement d’air qui leur apporta son odeur, Alva se redressa d’un seul coup, les muscles prêt à bondir, tel un chien qui aurait repéré un écureuil.
Mais du chien, elle n’avait qu’une vague parentée et ce daim, elle le rattraperait et lui ou un de ses congénères allait goûter de ses crocs.

Lucian bondit aussi vite, prenant de l’avance grâce à ses ombres pour poursuivre la proie. Elle bondit à sa suite pour le rattraper.
« Laisse-lui un peu d’avance, qu’on ait le temps d’observer le troupeau et de choisir. »
« Oui… on va quand même pas traquer le plus faible ? ça serait ennuyant ! » répondit-il en réduisant sa vitesse.
« On est bien d’accord.» dit-elle plutôt satisfaite.
Ils ralentirent l’allure, allant jusqu’à laisser à l’animal une confortable avance afin qu’il se calme et n’envoie pas immédiatement le troupeau en fuite. Les autres s’étaient rassemblés autour d’un point d’eau bordé par des joncs qui diffusaient une faible lueur bleutée qui donnaient des allures fantomatiques aux robes immaculées des cervidés.

Alva stoppa sa course à bonne distance du troupeau, contournant sa position pour se plaquer au sol à l'affût, se plaçant de manière à ce que le vent, aussi faible soit-il, ne révèle pas leur position.
« On a l’embarras du choix. L’un des petits, tendre mais un peu facile, le vieux avec ses larges bois là à gauche mais il boite, ce n’est pas très amusant. Celui là, au centre, il est encore jeune vu ses bois mais il à l’air très vif. »
Lucian observa de son regard doré le troupeau… il avait la gueule entrouverte inspirant doucement tout en étant tapis près d’elle.
« Il y en a au fond, le reproducteur le plus vigoureux. Ni trop naïf ni trop vieux. »
« Et des bois redoutables, parfait.» répondit-elle en savourant d’avance la promesse d’une belle proie. « A deux, ce sera plus difficile de l’isoler mais pas impossible. »
« Suffit d’avoir une bonne stratégie. » fit simplement l’homme-chien.
Elle lui expliqua la tactique habituelle pour y parvenir, et ils l’adaptèrent quelque peu puisque ce soir ils n’étaient qu’une meute de deux. La veille, il n’y avait eu que trois cerfs, il n’y avait pas vraiment eu besoin de stratégie particulière pour les isoler et les prendre en chasse, ce soir il y avait un véritable petit troupeau avec l'intérêt et les risques que cela représentait. Elle n’avait pas besoin de donner de détails sur la phase suivante, il connaissait déjà. Elle précisa néanmoins un dernier point pour voir s’il était prêt à relever ce petit défi.
« On fait ça à la lupine, pas d’ombres d’accord ? »
« Bien bien… Tu mènes ? » pour une fois, il ne négocia pas, au contraire Alva sentait presque une forme d’excitation purement prédatrice qu’elle connaissait bien face à cette difficulté.
« Évidemment » répondit-elle sentant son aura s’échapper sans qu’elle ne la maîtrise encore.
« Je dois me mettre sur le dos et te montrer mon bidou ? » demanda t’il faussement sérieux.
« Ou faire la révérence si tu préfères »

Il lui lança un regard avant de s’asseoir et de pencher la tête sur le côté. La révérence lupine est spécifique. C’est une activité de contact impliquant une notion de salutation dans laquelle les signes d’infériorité sont flagrants. L’individu se tapit, lève la tête en direction de son partenaire de rang supérieur et dirige son nez vers les lèvres de celui-ci. Il place les oreilles de côté, les ouvertures dirigées vers le bas ou plaquées contre son crâne. Il réduit l’ouverture de ses yeux à une fente (myosis) et dirige son regard vers le partenaire. Les lèvres sont étirées en arrière, en une sorte de sourire.
« Oh tu veux que je fasse la Lupa ? » ironisai t’il pour prendre le second comportement que possède la femelle dominante envers le mâle alpha. Même si c’est aussi dans un contexte de régurgitation de nourriture. Lucian se leva et s’approcha de la louve et lui lécha la truffe, certes il aurait dû faire les babines mais bon s’était pour la taquiner. Il resta à l’observer trop proche d’elle.

Alva gronda et d’un mouvement tourna la tête pour attraper dans sa gueule le museau du chien. Elle serra un peu sans chercher à le blesser et braqua un regard flamboyant dans celui de Lucian.
«Tu ne sais pas ce que tu fais. Pas assez sage pour être un bon loup. » dit-elle pour le recadrer gentiment. Ce n’était pas le genre d’attention qu’un loup partageait avec n’importe qui, et même s’il prenait une forme plus proche de la sienne, il n’était pas de la meute.
Lucian grogna amusé par la réaction et articula difficilement entre sa mâchoire. « Je ne suis jamais sage ! » il se fondit dans l’ombre, ainsi la mâchoire d’Alva retomba sur du vide avec un joli “clac” qui lui arracha encore un petit grognement Il apparut à côté d’elle. « Et donc ? Qu’est-ce que j’ai fais ? »
«C’est un geste d’affection entre loups d’une même meute ou couple. Quand on veut jouer, c’est plutôt ça. » dit-elle en venant frotter son encolure sur l’épaule du chien plutôt doucement, avant d’un coup brusque le percuter de l’épaule pour le bousculer.

Voilà qu’on parle de dominance, si elle espérait – et j’en doute fort- que je fasse le loup se soumettant au nouvel alpha qu’elle est devenue, elle pouvait se mettre une patte dans l’œil ! Néanmoins, l’échange devenait intéressant, surtout quand elle m’évoquait cette révérence lupine, je n’irais pas lui lécher les babines, puisque je savais que trop bien la connotation de ce geste. Donc ce fut le museau, rien que pour l’embêter… et cela marcha plutôt bien, puisqu’apparemment c’est de l’ordre de l’affection ! Un couple carrément ? eh bien, je t’ai fait une avance ? Marrant tiens ! Et même si je joue avec le feu avec mon nez dans sa gueule, je n’ai pas très envie qu’elle me soumette de cette manière. Au lit, ça peut être plus sympa… mais bon je me fais mes histoires comme un grand !
Je la laissai faire sa démonstration, même si je ne bouge pas quand elle frotte son encolure contre mon épaule, pour un humanoïde cela reste un peu affectif … et moi et l’affection… ce n’est quand même pas un chiffre rond ! et avant que je fasse quoique ce soit d’autre qu’arquer les sourcils, elle m’envoya dans les buissons… même si cela intrigua les daims, ils ne bougèrent pas… Je me redressai en me secouant.

« Tu aimes m’envoyer dans les buissons ! » je retourna vers elle et lui percuta l’épaule avec une certaine force pour lui rendre son coup. « Un peu de sérieux, nous avons un daim à faire courir. » il faut bien quelqu’un pour recadrer non ? Sinon ça va se finir dans les buissons et déjà que j’ai envie de me battre avec elle… qu’elle ne stimule pas trop ma tentation sinon je vais m’y adonner et on aura plus de bestioles pour le repas…on en chassera une nouvelle mais bon. Je viendrai la chercher après va ! Maintenant, que j’ai le code. Marie ne m'avait pas tout expliqué, enfin bon, cela était secret pour les loups et j’avais fini par lâcher l’affaire.

«Et tu oses dire ça alors que tu joues en permanence...j’aurais tout entendu » dit la louve en se remettant en position d'affût , non sans avoir bousculer le chien noir au passage... juste histoire de remettre les choses à leur place. Ce qui fit sourire Lucian...
Ils durent patienter encore quelques minutes en se faisant discrets pour que le troupeau ne guette plus les sons et mouvements qu’ils avaient immanquablement provoqués et ils allèrent se mettre en place pour l’exercice de la soirée.

Une fois le duo positionné, c’était Alva qui donnerait le départ des hostilités. Là où elle aurait pu le faire plus efficacement avec sa meute, en donnant mentalement l’ordre, le bijou de Lucian montrait ses limites, car le son qu’il émettait ne lui parviendrait pas à cette distance. Il devrait donc se contenter de surveiller sa position et se s’élancer dès qu’il la verrait en mouvement.
Ils prirent ainsi le troupeau en tenaille, fonçant vers leur proie, prêt à lui tourner autour pour le séparer du reste du groupe. Une partie des cervidés détala en entraînant les plus jeunes afin de les mettre à l’abri.

Alva appréciait de sentir les mouvements erratiques de ses proies, prêtes à se jeter dans n’importe quelle direction pour lui échapper. Cette sensation était une ode à son côté dominant et ne faisait que renforcer le plaisir qu’elle prenait à chasser. Là où de simples loups auraient choisi l’une des proies les plus faibles, la louve blanche, tout comme beaucoup de loups garou, préférait le défi d’une proie vigoureuse. Elle ne cherchait pas simplement l’alimentaire dans cet exercice, mais le défi. Et plus la chasse serait difficile, plus elle était obligée de se concentrer dessus, reléguant le reste à l'arrière-plan.
Si le troupeau s’égaya rapidement, un vieux daim plus malin que les autres, tentant de faire front pour aider celui qu’ils avaient choisi à s’échapper. Dès qu’Alva le vit se retourner, tête basse, les cornes en avant, prêt à foncer dans le dos de Lucian, elle bondit par dessus le chien noir pour s’interposer. Elle prit l’assaillant de côté pour le déséquilibrer en percutant ses jambes. Le vieux pas si sage se retrouva au sol et Alva lui gronda férocement dessus pour le dissuader de revenir à la charge.

Au même moment, l’autre profita de la diversion pour déguerpir et les deux se lancèrent à sa poursuite. Il avait pris une certaine avance, obligeant la louve à sprinter pour revenir à sa hauteur et commencer à le harceler, claquant des mâchoires près de ses pattes avant qu’elles soient suffisamment à sa portée pour y planter ses crocs.

Cette course effrénée était des plus plaisante, pas seulement à cause de la sensation du sol herbeux défilant sous ses coussinets, ni de l’odeur de peur qui émanait de sa cible mais parce qu'elle ne pensait plus à rien en dehors de son objectif. Elle jetait quelques regards vers Lucian afin de déterminer sa position et d’opérer en duo, comme ils pouvaient le faire en combat. Même si le voir sous cette forme avait encore un côté étrange, ni loup, ni tout à fait chien... un prédateur qui inspirait autant la peur chez leur proie qu’un autre loup, peut-être même plus mais elle n’était pas prête à le concéder pour l’instant. Toujours était il qu’il n’avait aucune chance face à eux deux, elle avait la sensation que le troupeau entier aurait pu se retourner contre eux, qu’ils n’auraient eu aucune chance, et ce sentiment était tout à fait plaisant.

Sentant ses chances de gagner la course s’amenuiser, le dain accéléra brusquement sur quelques mètres avant de s’immobiliser pour faire volte face, la tête baissée et les bois en avant. Alva ralentit à son tour, observant sa proie, les babines relevées, la prédatrice était de retour.
« Notre repas à décidé d’être courageux. » dit-elle avec un rictus, signe qu’elle appréciait ce petit défi supplémentaire.

Le troupeau était donc face à nous, il avait une quinzaine d’individus immaculé dans un paysage autant féerique que fantomatique. Cet endroit à un certain cachet mine de rien ! Tapis dans la végétation où je pouvais me fondre dans les parties obscures alors qu’Alva était dans la palette de couleur de l’endroit. Nous étions invisibles autant olfactivement pour être contre le vent que visuellement. Une fois qu’on choisit notre victime, bien entendu celui qui semblait être le plus intéressant à chasser, le plus faible aurait été du foutage de gueule pour deux prédateurs de notre trempe. Nous, ne chassons pas pour survivre, juste pour le plaisir et cette viande sera notre dîner. Il n’avait de sélection naturelle dans le lot, juste le plaisir sûrement malsain d’être intelligent voulant être stimulé.

La chasse commença et je ne pouvais pas toujours entendre ce qu'elle me racontait à cause de la distance et du fait qu’on serait repéré. Qu’importe, à l’ancienne comme elle m’avait dit donc sans ombre ni télépathie, cela donne du piment. Mon regard surveillait ses mouvements et elle devait en faire de même… on mit un jolie bazarre dans le troupeau, j’éparpillai les biches et leurs petits pour occuper le troupeau à sa réunion et protéger les plus faibles et surtout les bébés ! Très vite notre proie était isolée, puisque étant dans les « forces » vives de décence de la harde. La peur viscérale des daims était plaisante, j’avais un rictus mauvais sur les lèvres tout en percevant le côté satisfait de la louve mélangée à ce cocktail d’effroi. Et voilà qu’un ancien se dresse à nous, occupé à éloigner notre gibier, j'entendis les sabots me foncer dessus avant que la louve blanche saute par-dessus moi et s’occupe de papi vicelard ! Je levai la queue et l’abaissant en signe de « merci » comme j’avais pu le voir régulièrement au sein de la meute Moris Luna ou chez celle du Gévaudan. Me semble, que c’est un code quand ils sont en binôme de chasse pour se couvrir l’arrière ! Son grognement m’arracha un frisson et je me retenu de ne pas transpercer le vieux de mes ombres pour le blesser et donc nous amuser avec.

Enfin bon, nous avons un défi à réaliser et je m’élançai à la poursuite de notre proie voulant nous éloigner le plus vite du troupeau qui se cachait. Beau sacrifice ! j’espère que plusieurs de ses bébés sont les tiens ! Ne pouvant prendre le chemin des ombres, je sprinte à mon tour, sauta sur des arbres pour me propulser avec force et gagner de précieux mètres pour le harcèlement. Si Alva prenait les pattes, moi ce fut les flancs et je manqua de prendre un coup de sabot que j’esquiva, cela me fit perdre de la distance, mais qu’importe, je décida de renouveler mes bonds sur les troncs d’arbres pour gagner en vitesse et surtout bondir au-dessus de la créature et lui taper dans les bois avec mes pattes avant, pour le déséquilibré et lui faire perdre aussi de la vitesse… c’est surement ce constat puis le fait que nous étions rapide qui le convainquit de se battre pour sauver sa vie et non de courir !

J'étais ivre d’adrénaline, en parfaite joie de cette chasse très sportive ! Ainsi, la provocation d’un combat, me fit agiter la queue de quelques fourmillements. Je passai ma langue sur mes crocs imposant, baissant la tête en levant les épaules dans une posture intimidante. Si on fait à la manière loup, le chef doit maintenir le museau et la proie et le reste de la meute le tuer. Mais la question était de savoir qui était le chef non ? Alva puisqu’elle menait ? Surement, son aura devait être bien là, je la sentais sans vraiment savoir si c'était bien ça… je pense que oui puisqu’en réponse les fibres de mon corps refusent la soumission.

« Parfait ! Qu’il se batte avec honneur et il en sera que meilleur ! Et en plus j’ai envie d’un combat ! » dis-je en aplatissant un peu ma posture pour foncer sur lui et l’éviter au dernier moment en bondissant sur le côté, alors qu’il fonçait aussi avec ses bois, cela me permet de lui faire dévier la tête et de le pousser avec mes pattes arrière pour le déséquilibrer.

Le face à face entre Lucian et le daim lui offrait une belle ouverture, le coup de pattes du chien noir avait déséquilibré ll’arrière train du daim, alors Alva fonça pour sapper ses antérieures et finir de l’envoyer au sol. D’un bond assorti d’une volte aérienne, elle se retourna vers la tête et sans chercher, se saisit du museau de l’animal serrant bien plus fort que ce qu’elle avait fait à Lucian tout à l’heure, faisant couler le sang entre ses crocs.

Le daim était pris de soubresaut, pour essayer de se dégager ou de se relever... n’importe quoi pouvant lui faire échapper à la douleur de cette prise brutale.
«A toi de le tuer. » expliqua t’elle à Lucian, au cas où il ne serait pas au courant de ce principe, en l’absence de son Alpha, et sentant le besoin de son propre instinct de s’affirmer, elle avait pris ce rôle sans se soucier de l’avis du dragon. De toute façon, il n’était pas un loup, ni de sa meute donc cela lui importerait peu non?

Elle le maintenait ainsi lorsque Lucian passa à l’attaque pour le tuer pour de bon, mais alors que le chien se précipitait sur la proie, une autre cavalcade approcha à grande vitesse. La louve eut juste le temps de relever le museau et de se préparer à bondir que déjà le vieux daim de tout à l’heure la percutait, l’envoyant rouler plusieurs mètres plus loin.