I will be there ♦ Alva & Tristan

I will be there

Tristan + Alva

I will be there
Beside you
Through the lonely nights that fall
So close your eyes
Remember my embrace
I will be there
Like mercy
I will find you through it all
This do I swear
I will be there

Voilà trois jours, qu’ils étaient de retour de ce sauvetage ou plus précisément d’une guerre contre une ville légendaire… Tristan avait encore du mal, qu’il avait mené une partie de sa meute et quelques membres de la Ligue dans une cité nommée Sodome et peuplée d’êtres démoniaques. Cela lui rappelait avec quelques frissons, l’Ordre et pourtant ce souvenir était bien moins terrifiant que ce qui vivaient depuis des années, des siècles ? Dans cette ville perdue au fond de l’Arabie. Il avait quelque chose d’important, de légendaire et de fascinant à avoir foulé les écrits de vieux textes… et s’il ne pouvait s’ôter ce côté incroyable et sans pareil de l’endroit, il en éprouvait une belle amertume.

Faire la guerre contre d’autres meutes, contre des essaims de vampires ce n’est rien, ce n’est que du pipi de chat a comparé de se battre contre des démons, des vrais ! Et pas seulement des succubes ou même des incubes qui paraissaient bien faiblardes face aux cauchemars et autres créatures douteuses… comme ces chiens infernaux. Et même si les FauSy n’étaient pas des créatures de l’enfers, elles avaient été incroyablement redoutables, comme tous les non-démons ayant prêté allégeance à deux seigneurs aux noms aussi célèbres que la ville qu’ils avaient reconstruite. Quel avenir s’ouvrait à eux ? Combien de démons foulent cette terre ? La Ligue devait-elle entreprendre une chasse à cette espèce ? Alors qu’ils essayaient d’accueillir tout le monde pour vivre en harmonie ? Les démons sont-ils tous malveillants ? Ou bien aussi ambivalent que cette Charlotte de Winter, ayant rejoint leurs rangs, pour récupérer son filleul et sa mère (même si sur ce dernier point elle avait échoué), ou comme cet Amy brasier de l’enfer se qualifiant du bon côté ?

Combien de temps vivaient-ils dans l’ignorance de pareille menace ? Azazel et Baal visaient le monde… ce n’est pas rien, ils n’étaient malheureusement pas les seuls et à croire qu’il ne fallait pas être cauchemars pour désirer le contrôler, n’importe qui pouvait avoir ce rêve de grandeurs. Tout cela avait mis en exergue, l’existence avérée de Lucifer, démone que recherchaient ses deux seigneurs au prix de manipulations de morts et d'innocents comme Ermelinde, manipulée par un autre démon voulant la détruire… une démone qui était apparemment un appât de Lucian, ou plutôt « Stan », un chasseur de démon si redoutable qu’il faisait suffisamment peur à de grands seigneurs pour qu’ils désirent vouloir l’éliminer afin d’avoir le champ libre pour leurs projets ? Franchement, quel était le rôle du dragon dans l’équilibre du monde ? Et surtout, lui Tristan Hennessy, quel rôle pouvait-il avoir face à ce genre de personnage ? Oui, bien entendu Lucian avait de nombreux comptes à leur rendre, mais à la fois, il devait être salué pour ce qu’il avait déchaîné ce jour-là. Et si le loup, se doutait de la force, avec l’épisode de l’Ordre, maintenant, il était plus que convaincu, d’avoir fait le bon choix d’avoir le dragon dans la Ligue, préférant avoir un semi-contrôle sur lui, que de le savoir hors Ligue ou contre celle-ci. Il avait autant de puissances que de ressources… et celles-ci comme son savoir, la Ligue devait pouvoir en disposer, mais tout cela se négocierait… en même temps qu’un blâme légitime. Non, pas sur ses actes, mais sur ses cachotteries sur les démons et au moins clarifier quelques petites choses sur ses activités. Tristan, ne pouvait lui reprocher d’avoir un réseau ou même des gens à son service, c’est le lot des leaders et puisque la Ligue embauchait des vieux fossiles ou des reines ou roi vampires ou même des alphas, ils seraient hypocrites de faire la morale sur des activités illicites à la loi. Il fallait juste être un peu plus clair et surtout que pareil réseau pourrait être toujours rémunéré pour informations et permettre d’étendre les objectifs de l’organisation. Enfin, tout cela lui paraissait tellement superficiel à cet instant .... l’alpha avait décidé de se laisser au moins une semaine avant de se pencher sur ces sujets… à tête reposée, même s'il doute encore d'avoir l'esprit clair sur tout ça. Il avait mieux à régler que la Ligue et Némo le savait et avait nullement rechigné à laisser l’un de ses conseillers prendre congé de toute obligation de l’organisation pour se consacrer à sa meute et surtout à ce qu’il avait de plus précieux : sa fille.

Sa fille, qui semblait fréquenter un dragon source de conflits en enfer et qui allait peut-être un jour ramener d’autres seigneurs infernaux ici… enfin pas volontairement, mais qui dit que d'autres n'aimeraient pas voir la tête de Stan sur une pique et se faire un manteau de ses écailles ? Qui dit qu’un jour, Alva se retrouve encore dans une situation où Lucian est la cible et qu’elle en paie le prix ? Ne devrait-il pas chasser le roux de la vie de son étoile ? Bien difficile, quand les propres enfants étaient dans leur meute. L’alpha se sentait dépassé par des choses trop grandes…
Il faisait beau aujourd’hui, ironiquement bien trop beau pour tous les malheurs qui s’abattaient sur sa famille et ce manoir. Il avait besoin de sortir, il avait besoin de prendre l’air et pour cela, il avait emporté un gramophone avec le disque d’une musique qu’il aimait tant chanter quand Grace était encore en vie. L’homme avait besoin de se recentrer un peu sur lui-même et surtout évacuer ce qu’il s’était interdit depuis leur retour : pleurer.

Pleurer pour sa fille, qui ne dort plus, pleurer pour les horreurs qu’elle avait vécues, pleurer d’avoir compris les demi-mots de ses sévices, pleurer pour son sort, pleurer pour son impuissance à la protéger du monde extérieur ! Pleurer, qu'elle ait passé toute sa vie à se battre ! Dès ses premières heures, elle avait dû se battre pour qu’un homme ayant perdu la moitié de son âme l’aime et non la haï. Cela aurait été injuste, il ne pouvait lui en vouloir d’être une raison de la mort de Grace, comme tout enfant elle avait pris la force de sa mère pour naître… Mais la personne qui avait ôté la vie était sa grand-mère, atteinte de la folie de la soif, cette soif qui avait détruit tant de vies lupines chez les Hennessy, cette soif qui scella la mort de sa jumelle, cette soif qui habitait le corps de sa leur fille… Cette soif qui pousse Alva à se battre encore plus fort et à faire des choix de vie peu commune. Cette soif, qui doit lui dicter parfois ses comportements, qui la rendent froide avec les autres… Cette soif qui a poussé la mère de Tristan à s’attaquer sur un coup de sang à sa propre fille, se disant sûrement qu’en tuant ses héritiers elle mettrait fin à cette malédiction et que même si elle a le sang de ses jumeaux, qui la terrifiait, alors aucun des deux ne pourrait offrir au monde de nouveaux loups assoiffés. Avaient-ils fâché un démon ou un enchanteur dans un temps reculés ? Non… cette soif, aurait un remède pour qu’Alva puisse vivre en se battant moins !

Depuis août dernier le monde s’écroulait, le monde d’Alva pour renaître un peu en octobre à la suite de son côté alpha enfin assumé, que la soif avait cachée et tant éprouvé au Moyen-Orient… Pour que tout cela vole en éclat à cause d’un enlèvement d’enfant. Tristan, venait à se demander s’il avait bien fait d’ouvrir sa fille à un monde plus libre au lieu de la laisser dans les mœurs actuelles, elle aurait été une lady sans histoire avec peut-être un mari et des enfants assoiffés pour la meute… Ce futur était détestable ! Il n’avait pas élevé une plante verte ! Mais au moins, elle n’aurait au mieux connu que le viol d’Harlan… Et non tout ça.

Il arriva au kiosque, chassant la neige du bois où était la mosaïque avec des loups et disposa le gramophone, laissant la musique lui voler son cœur.

 «  Qu'aurai-je du faire Grace ?  » dit-il se prenant la tête dans les mais… qu’aurait-il pu faire de plus ou de moins, pour que leur étoile puisse être heureuse et ne souffre pas comme maintenant ? Comment faire pour protéger un être aimé alors qu’il fût incapable de l’avoir prémunie de la violence d’Harlan ou même des démons ? Que devait-il faire pour qu’elle aille mieux ? Que devait-il faire pour la soulager ? Il aimerait lui prendre ses souffrances, les endurer à sa place … les larmes coulaient le long de ses mains, d’un homme voûté, coudes sur ses genoux et main emprisonnant sa tête dans toute la peine d’un père impuissant.

S’il était venu ici… Ce n’était pas anodin, ce kiosque avait beaucoup de symboles avec sa sœur ou même avec Alva… Il avait l’impression de sentir la présence de Grace un peu plus, se doutant que ce ne fut que des réminiscences de son imagination, même si Mia pouvait dire de bien étranges faits auxquels l’alpha ne savait quoi penser. Un vent frais venu s’engouffrer autour de lui et l’homme se redressa, se tournant pour poser sa tête dans ses bras croisés sur le bois, lâchant toute la teneur de sa peine, éclatant en sanglots alors qu’il s’était refusé de pleurer devant sa fille… Car c'était son roc, car il était son phare et il se devait d’être inébranlable pendant sa tempête, être un soutien sans faille, même si elles naissaient dans son cœur s’agrandissant et le détruisant.

 « Je ne sais pas quoi faire pour l’empêcher de devenir folle ou de sombrer dans la dépression …» avoua t’il dans un murmure a peine audible dans un aveux qui semblait trouver du soutiens dans cette brise caressant ses cheveux.

I will be there
Beside you
Through the lonely nights that fall
So close your eyes
Remember my embrace
I will be there
Like mercy
I will find you through it all
This do I swear
I will be there


Il avait presque l’impression d’entendre le vent chanter cette litanie, ce cri de la voix de Grace quand ils chatonnaient au fond de leurs chambres des paroles belles et terribles… Deux corps avec une même âme … Deux êtres où le monde aurait pu brûler, qu’ils auraient été heureux, car dans le leur, car ils auraient bâti le leur sans se soucier des autres. Est-ce mal, d’avoir reporté tous ses espoirs, son amour et ses ambitions sur leur fille ? N’avait-il pas au fond, presser le destin et donc augmenter la destruction de leur étoile, pour le bon vouloir de la création d'un autre monde qu’il ne pouvait réaliser avec elle ? Car elle ne pouvait pas lui redonner ce qu’il avait perdu ce six avril… N’était-il pas responsable ? Alva, n’était pas la conséquence de ses actes ? La punition pour tout ça ? … Il était égocentrique de penser ça… Pourtant, il aurait tant aimé qu’elle n’ait pas à se battre constamment. Qu’un jour, elle puisse vivre sans donner des coups.

I will be there

Après de longues minutes, il se redressa et essuya quelques larmes, préférant rester assis et se laisser porter par cette musique en boucle … qu’importe le froid, il ne le ressentait pas, il avait déjà le cœur gelé. Ce vent était presque chaud de toute façon.

I will be there

Tristan + Alva

I will be there
Beside you
Through the lonely nights that fall
So close your eyes
Remember my embrace
I will be there
Like mercy
I will find you through it all
This do I swear
I will be there

Trois jours depuis leur retour de Sodome, trois jours et tout lui paraissait encore presque irréel. Elle s’arrêtait encore parfois et observait la pièce et ceux qui s’y trouvaient en se demandant s’ils étaient des illusions. En fermant les yeux le soir, elle se demandait si au réveil ce ne serait pas les murs de cette chambre de Sodome qu’elle verrait en les rouvrant. Et si le matin son corps se levait dans le décor du manoir, son esprit lui était encore prisonnier de ses songes qui le faisait se réveiller en pleurs ou dans une profonde colère ou parfois tétanisée.

Ce matin n’avait pas fait exception, ou plutôt cette nuit. Un nouveau cauchemar, un de ceux qui la poussait à chercher partout la présence d’un incube tant ils ressemblaient à ceux qu’elle avait eu là bas. Mais il y avait eu un détail dans celui-ci auquel elle n’avait cessé de penser toute la journée. Une silhouette lumineuse qui avait écarté le sang alors qu’Alva se noyait dedans. Cette forme fantomatique, elle s’en souvenait, son esprit lui avait offert cet échappatoire une nuit, elle lui avait donné la force de se battre contre le pouvoir de l’incube et s’offrir un répit pour ne pas sombrer totalement.
Elle s’était arrangée pour ne pas croiser grand monde aujourd’hui. Elle avait eu besoin de se retrouver seule, sans regard compatissant ou compréhensif, sans questions cachées derrière des visages qu’elle avait soudainement du mal à supporter malgré l’affection qu’elle leur portait. Non, aujourd’hui, le seul regard qu’elle supportait était celui de Thanatos. Il ne savait pas ce qui lui était arrivé, il ne la jugeait pas, au mieux, il essayait de lui apporter un peu de soutien et de réconfort en venant frotter son nez contre son épaule et en se montrant une monture admirable tout le temps qu’avait duré leur promenade. Il était même resté placidement en retrait alors qu’isolée au plus profond du domaine, elle avait passé sa rage et sa détresse entre larmes et coups de poings donnés contre le tronc des arbres.

Elle ne supportait pas de se sentir dans cet état de faiblesse, elle ne supportait pas l’idée que les griffes de Baal et Azazel soit si profondément ancrée dans son esprit qu’ils avaient encore un pouvoir sur elle au-delà de leur mort. Elle était Alva Grace Hennessy, elle s’était battu toute sa vie pour se construire toujours plus forte, plus résistante. Comment deux pauvres diables avaient pu passer si près de la briser pour de bon ? Pourquoi ne parvenait-elle pas à les chasser ? A passer au-dessus de tout ça ? Pourquoi revivait-elle ces viols ? Pourquoi voyait-elle encore la détresse dans le regard d’Ermelinde alors qu’elle lui tendait le corps sans vie de son enfant ? Pourquoi l’image des souffrances de Anastasis la hantait toujours alors que parfois elle avait encore cette sensation de chaleur soudaine sur le visage et elle devait se passer de l’eau froide ou de la neige sur la peau, se frottant les joues jusqu’à en irriter la peau. Pourquoi la mort des deux démons n'avait-elle pas mis un terme à tout ça ? Pourquoi avait-elle tant envie d’y retourner pour détruire chaque centimètre carré de cet endroit, éradiquer jusqu'aux plus petites créatures se cachant dans le sable et ne laisser que cette stèle dressée au milieu du désert avec ces quelques mots pour Lucifer.

Tant de “pourquoi” et si peu de réponses. Il allait falloir du temps, accepter que se reconstruire après une telle épreuve serait long et pénible. Mais Alva ne voulait pas. Accepter c’était admettre qu’elle avait échoué, qu’elle était faible et fragile. Comment la fragilité pouvait-elle vaincre l’enfer ? Alors chaque fois que la détresse la submergeait, elle la transformait en colère jusqu’à laisser exploser sa rage dans un déferlement de violence tel que la nuit précédente, elle s’était enfermée à la cave pour être sûre de ne faire de mal à personne. Et une fois la crise passée, elle s’était sentie encore plus mal et elle avait pleuré un long moment, se détestant d’avoir souhaité que la soif l’emporte, alors qu’une fois de plus, elle se refusait à elle, comme elle avait refusé de la délivrée de ces violeurs aux traits trop familiers.

Elle s’était pourtant battue de toutes ses forces contres les spectres de son esprit, la poussant à se demander si elle n’était pas en train de devenir folle, elle sentait la soif éclater pourtant elle ne se transformait pas, preuve qu’elle n’arrivait même plus à identifier même ses émotions les plus bestiales et que cet abandon qu’elle avait l’impression d’avoir ressenti dans ce moment de colère intense n’était que la fuite d’un cerveau malade. Qu’est ce que ça pouvait être d’autre ?
Etait-ce parce qu'elle commençait à perdre l’esprit que cette silhouette était encore apparue dans son rêve ?

La femme fantôme avait dit qu’elle était sa mère, qu’y avait il de mieux que l’illusion d’une mère pour vous réconforter de l’horreur ? Sa mère avait toujours été un manque inexplicable, alors quoi de plus logique que de chercher à combler ce manque lorsqu’on à la sensation de tout perdre. La vaine tentative de se raccrocher à du vent alors que l’on tombe de la falaise.

Pourtant, après cette promenade avec son hongre, les pas de la louve l’avaient conduit tout droit vers le kiosque et lorsqu’elle entendit la musique portée par le vent et le son lointain d’un sanglot qu’on étouffe, elle failli rebrousser chemin. Pourtant ce vent hivernal la poussa dans le dos et elle reprit sa marche sans trop savoir pourquoi elle s’y rendait, le regard encore éteint d’avoir déversé sa rage contre l’écorce.

I will be there

Tristan + Alva

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Il se pensait seul, seul pour évacuer tout cela et peut-être retrouver un peu de contenance pour le reste de la journée. Mais, le vent n’était pas suffisamment fort pour masquer son odeur et même ses sanglots ? En tout cas, lui ne perçoit pas immédiatement la présence de sa fille, ce fut l’odeur de sang sur ses mains, qui le fit prendre conscience … qu’il ne pouvait pas être seul et céder sans qu’on vienne le déranger. Une pointe de colère lui étreint le cœur, ne voulant pas afficher son état à celle à qui il faisait tout pour cacher ça …

L’alpha soupira longuement, passant une main sur son visage humide… et inspira une nouvelle fois, formant un masque sur son visage, se doutant qu’il aurait les yeux un peu rouges.  Il se redressa toujours de dos et ne se retourna pas plus, le temps qu’elle arrive au kiosque et le découvre ainsi. Le vent allait lui fouetter un peu le visage, telle une caresse presque trop réconfortante… si seulement, ce vent pouvait lui effacer les traces de ses larmes.

Quant enfin, Alva était sur les marches, il inspira une nouvelle fois et tourna la tête vers elle décroisant ses mains dans son dos, pour l’observer, elle avait le visage défait comme depuis trois jours. Normal, on ne peut être joyeux après se qu’elle avait subie et encore, elle ne lui avait rien dit vraiment il l’avait supposé au travers de ses hurlements et bien entendu… de ce qu'on peut subir de suffisamment grave pour ruiner un esprit aussi fort que le sien. Il ne l’avait pas vue de la journée respectant son besoin de solitude.

En tout cas, l’un comme l’autre avait associé cet endroit à un moment de bonheur, des éléments importants de leurs vies. Alors, il fit un pas vers elle, lui prenant une main et déposa un baiser très doux sur ses blessures et l’attira dedans.

 « Je t’apprends à danser ?  » dit-il ne sachant pas quoi faire d’autres, qu’un rappel joyeux d’un souvenir commun. Il n’avait pas à lui demander comment elle allait, il connaissait la réponse et cela aurait enfoncé le clou.

« Je suis un peu grande pour mettre mes pieds sur les tiens. » répondit elle en tentant d’esquisser un sourire qui ne faisait paraître son visage que plus las.

 « Et alors ? Tu as peur de tomber ? » essaya t’il de la taquiner avant de finalement serrer sa main avec cette même douceur.

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Tristan + Alva

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Lorsqu’elle fut en vue du kiosque, il y avait cette silhouette à nulle autre pareille. Pas celle de ce spectre du rêve mais celle de son père, tel le phare toujours droit le regard sur l’horizon. Mais aujourd’hui, le phare était mouillé d’embruns et malgré le visage recomposé qu’il tourna vers elle, elle pouvait voir dans cette rougeur sous ses yeux que la tempête ne l’épargnait pas.
Peut-être qu’elle aurait fondu en larme, si elle n’avait pas déversé tout son désespoir dans une lutte vaine contre les arbres. Peut-être, son coeur aurait encore plus saigné de le voir souffrir à cause d’elle. Mais tout ce qui lui passa par l’esprit ce fut “il faut encore tenir, quelques heures”

Alors elle attendit immobile sur le seuil et suivit des yeux chaque geste pour ne pas avoir a plonger dans son regard, trop incertaine de ce qu’elle y trouverait, et incapable de l’affronter. Elle n’avait même pas senti ses blessures, même pas l’odeur du sang sinon elle les aurait cachées avant de venir là. Et qu’est ce qu’elle était venue faire là au juste ? Pourquoi déranger son père alors qu’il devait avoir autant besoin qu’elle de rester seul.

Elle releva la tête. Danser ? Oui.. non.. ça n’avait plus de sens, plus rien ne semblait en avoir. Pourtant, elle répondit en se forçant à soulever le coin de ses lèvres, se basant sur un souvenir d’enfance. Mais ce n’était pas la peur de tomber qui la faisait hésiter... il le savait. Elle aurait pu lui répondre qu’elle était déjà tombée et laisser se noyer dans le silence une vérité qu’elle était incapable de formuler tant elle l’avait en horreur “elle ne pouvait pas tomber plus bas”. Mais aucun mot ne franchit ses lèvres scellées dans un pincement que la pression sur sa main ne suffit pas à effacer.

Le visage de son père se barra d’une petite moue et il noua sa main dans la sienne et il la tira vers le banc du kiosque pour s’y asseoir ensemble. le vent, leur ébouriffé doucement les cheveux. Elle put remarquer que son père avait chassé la neige de la mosaïque. L’homme l’invita à venir contre lui, étendant son bras sur le bord en bois, tout en gardant son autre main dans la sienne.
« In a language never spoken
Lived the promises we made
In the endless love that owns me heart and soul
In the certainty I will always be true and as near as my next prayer
You will find me there » chantonna t’il, il était rare que Tristan chante, il avait surtout une voix profonde et chantais juste sans prétendre pouvoir monter sur la scène du Royal Albert Hall. Le vent semblait plus intense à ses mots.

Elle voulut se laisser bercer par la mélodie, mais rapidement, les mots pesèrent sur son coeur et lui enfermèrent la poitrine dans un étau. Et après quelques minutes, elle se leva et s’approcha du centre du kiosque, s’accroupissant pour chasser quelques flocons de neige ramenés sur le motif par le vent.

« C’est ici que tu as mis ses cendres. »
« Oui… » répondit l’homme l’observant.
La louve passa sa main sur la surface comme si elle redécouvrait le motif dessiné sur les dalles. Et c’était le cas en quelque sorte, cet endroit, ce dessin, tout celà prenait une nouvelle signification.
«Pourquoi tu ne me l’as jamais dit ? »
« Comment l’as-tu appris ? » répondit Tristan après un long silence, où elle pouvait sentir sa mâchoire se serrer comme à chaque fois qu’on parle de sa mère.
Pas de réponse au pourquoi ? Pas d’explication pour lui dire pourquoi toute sa vie elle s’était recueillie au mauvais endroit ? Ses doigts glissèrent sur la dalle pour se refermer en un poing. Elle releva le buste, se tenant dans une posture droite, presque guindée. «Maman m’est apparue en rêve là-bas. Elle m’a montré le jour où tu l’as enterrée là. »
« Plait-il ? » demanda l’homme en arquant un sourcil incrédule.
Alva tourna son visage vers lui sans quitter sa position trop stricte. «Pourquoi ?» faute de colère, son ton était d’une neutralité anormale.
Il plongea son regard dans le sien sans ciller. « Je n’ai aucune raison qui trouveront grâce à tes yeux. Et c’est ainsi, tu veux des excuses ? » dit-il tranchant.
Oui, aucune raison ne pouvait justifier qu’on refuse à une fille le droit de se recueillir sur la tombe de sa mère, qu’on la laisse jouer avec insouciance et faire des bêtises sans savoir une seule seconde qu’elle piétinait la sépulture de sa mère.

Alva tourna de nouveau la tête, regardant droit devant elle le gramophone qui tournait encore en faisant ce petit grattement qui indiquait qu’il était en fin de course et qu’il fallait remettre le bras en position.

Des excuses... non, celà semblait ne pas avoir de sens, ou ne plus en avoir vu le vide qui l’habitait. Ce vide qu’elle tentait de remplir de colère pour qu’il ne la noie pas dans le désespoir. Et chaque fois qu’elle lâchait cette colère qu’elle avait appelé de toute ses forces, il ne restait plus que le vide jusqu’à la prochaine vague et à cette seconde, elle avait l’impression qu’elle se briserait sur les rochers... car son phare s’était éteint, comme il le faisait chaque fois que venait le sujet de sa mère. Et si par le passé elle avait tenu la torche pour le rallumer, aujourd’hui, elle ne se sentait pas le force de monter l’escalier pour raviver la flamme.

Alors elle se leva et marcha vers la colonne, le dernier élément qui lui dirait si son esprit avait totalement sombré dans les abysses ou s’il existait bien une bouée quelque part. Elle laissa courir ses doigts sur le dessin des deux loups, s’attardant un instant sur l’oeil de la louve, sentant la texture de la pierre. Puis ils montèrent jusqu’au dessin de la lune et en décrivirent les contours jusqu’à sentir un mécanisme qu’elle activa. La bague tomba à ses pieds.

Elle l’observa quelques secondes, elle aurait dû se sentir soulagée que tout celà ait été vrai, que ces échanges merveilleux d’un rêve n’aient pas été que les élucubrations d’un esprit torturé. Mais ce bref échange avec Tristan reléguait tout celà au second plan et elle n’éprouvait rien, rien que ce vide béant. Elle se baissa et ramassa l’objet et revint jusqu’à son père dans cette démarche raide et ce visage inexpressif. Elle fit tomber la bague sur ses genoux.
« Tu devrais la garder plus près de toi.» se contenta t’elle de dire avant de faire volte face pour s’en aller.

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Tristan + Alva

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Ne sachant pas quoi faire d’autre face au manque d’envie légitime de sa progéniture… Tristan, décida de l’emporter sur le banc. Il se sentait impuissant pour la soulager et il ne voulait pas forcer la conversation. Alors, il resterait là, présent lui proposant une étreinte, tel un socle inébranlable. Et ce vent, bien présent aujourd’hui lui apportait avec cette chanson, l’envie de lui partager un moment si rare : celui de parler sans parler de sa mère… chantant un bout de refrains, qui pourrait être très bien pour la jeune louve à ses côtés. Qu’importe où il est, il sera toujours là avec elle. Car il l’aimait corps et âme dans la certitude vrai qu’un père aime son enfant d’une manière plus folle… il pourrait lui donner sa vie, si cela pouvait la faire vivre plus longtemps ! Ou même la soigner de tout ce mal.

Alors, quand elle se leva il sentit un froid autant contre lui que dans son cœur, avec le sentiment d‘échouer dans cette aide… mais elle chassa des flocons supplémentaires de la mosaïque avant qu’elle lui pose une question déroutante. Comment savait-elle ? Il ne lui avait jamais dit, comme beaucoup trop de choses sur sa mère … Il en avait parlé un peu plus en avril après la dispute contre Blanche mais c’est tout. Étrange fait que d’évoquer Grace à Alva, cela lui faisait toujours atrocement mal. Surtout quand on pense la retrouver alors que ce n’est qu’une possessions malveillante caché dans un vase… au fond, la brûlure de sa perte le suivrait à jamais. Il serait presque curieux de savoir si son âme était complète selon un démon ou bien, que son émotion était si vraie qu'il n'avait qu’une demi-âme. Peut-être oserait-il demander à Amy un jour.
Pourquoi il ne lui avait jamais dit ? Pour les mêmes raisons de pourquoi, il ne lui dit jamais rien sur sa mère. Pourquoi cela revenait-il maintenant ? Avait-elle besoin d’un soutien maternel ? Un soutien qu’elle n’avait jamais eu ? Devait-il sentir l’impuissance de n’avoir jamais pu lui dire la vérité ? Que cette vérité n’ait pas de sens, qu’elle soit issue des entrailles de Grace ou des siennes, c’est la même chose.
Il eut un silence, il ne savait pas quoi lui répondre. Enfin rien ne pouvait pas empirer la situation. Alors, il lui posa une question toute simple. Et la réponse, même si la sienne déplaisait à son enfant et qu'il en était navré au fond… elle qui aime trop la vérité comme lui, il ne pouvait pas lui offrir la transparence, pourtant… pourtant parfois, il avait essayé de lui dire mais ses mots étaient morts dans sa gorge. Et donc la réponse qu’elle lui fournie était aberrante ! Dans un rêve ? Il arqua un sourcil incrédule. Était-elle devenue un peu folle dans cette cité du mal ? Pourtant, elle avait vu terriblement juste. Dans un rêve ? Mais… comment ? Elle était morte, malheureusement morte à jamais ! Et même si le spectres semble exister selon Blanche et quelques faits comme les échos du passée… cela lui vient même pas en tête que ça soit possible.
Et Alva recommença son insistance… allait-elle passer sa colère sur lui ? Il plongea son regard dans le sien sans ciller. Il fut tranchant, or, elle devait savoir que le sujet était trop émotionnel pour qu’il ne soit pas sur la défensive, surtout quand elle lui demande des comptes. Au fond, l’emmener ici aussi souvent, partager des moments était une manière de se recueillir, de partager des moments. Au fond, il lui avait dit mais jamais avec des mots. Être ici était faire vivre et honorer la mémoire de grâce, lui offrit des moments importants, de la sentir un peu plus bien que ça ne soit que dans son esprit. Ce kiosque était un symbole à lui tout seul, un endroit à eux… et il était normal, pour Tristan qu’il vive comme elle l’animait de joie. Alors, que voulait Alva ? S’attaquer au sujet qui manquait à sa douleur ? Se mettre plus de pression, de souffrance ? Cela était vain et bête. Il n’avait aucune excuse à lui donner, aucune raison autre que son cœur brulé.

Et au lieu de recevoir la colère de son enfant, il ne reçoit rien d’autre que de la voir marcher vers une colonne et activer le mécanisme caché… Son premier réflexe fut de la retenir mais il ne bougea pas se disant qu'elle pouvait prendre elle-même ce qui lui revenait. Il serra la mâchoire, ne comprenant toujours pas plus comment elle avait eu vent de cet endroit … un rêve ? Étrange que tout cela. Et son cœur se serra autant qu’il eût une forme de soulagement, très vite envolé quand sa propre fille revenue tel un automate vers lui et lui déposa la bague sur les genoux. L’or blanc lui brulait la peau, presque comme le jour de son enterrement. Il voulu chasser ce bout de souffrance… mais Alva en avait décidé autrement et cela le mit prodigieusement en colère sans qu’il sache vraiment pourquoi tout de suite. Surement son volte-face et il prit la bague se redressant tel un diable en boîte et attrapa le poignet de sa fille !

« Non. » grogna t’il d’une voix tonnante et lui fourra l’objet dans la main sans lui demander son avis. « J’ignore comment tu as appris tout ça. Mais si tu cherches une raison de te faire plus de mal, c’est une bonne solution. » il savait pourquoi il était en colère, car il avait l’impression qu’elle cherchait à augmenter son fardeau… de la destruction.

« Cette bague est ce qui reste d’elle et elle te revient ! Alors, maintenant que tu l’as trouvé, elle n’a qu’une propriétaire et elle est en face de moi. » il referma la main de sa fille, sous sa colère palpable. « Elle t’apporteras ce qui te manque tant et que je suis incapable de donner ! » dit-il et cette fois, il tourna lui-même les talons trop irrités, il s’en voudrait plus tard, il le savait … et alors qu’il marcha sur l’un des escalier, le vent s’engouffrant le poussant avec une étonnante force à l’intérieur et si le loup recommença à partir le vent fit à nouveau ce drôle d’élément et cela était valable pour les deux… l’homme s’arrêta incrédule.

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Tristan + Alva

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This do I swear
I will be there

Tristan lui attrapa le poignet, sa colère aurait pu lui faire arracher ou au moins tenté, ou lui faire faire volte face avec un regard d’or... mais le vide prenait trop de place. Était-ce le secret pour vaincre la soif ? Devenir si vide de toute émotion que même la colère n’avait plus voix au chapitre ? La soif ou le désespoir ... quel beau choix de vie.

Heureusement que son père tenait sa main et refermait ses doigts sur le bijou, sinon, elle l’aurait laissé tomber sur le sol du kiosque.
Son regard resta sur sa main serrée de force sur la bague qui aurait dû lui faire ressentir quelque chose mais...

Alva releva les yeux alors que Tristan reculait pour la seconde fois. Elle pouvait sentir ce vent un peu plus fort caresser son visage avec plus de fermeté. Ses derniers mots tournaient dans son esprit.
Qu'est ce que c'était ? Que n'était il pas capable de lui apporter et que cette bague pouvait lui donner ? Un symbole ? Un objet lui rappelant chaque jour l'immensité de son ignorance sur celle qui l'avait mise au monde. C'était garder ce bijou qui lui alourdirait son fardeau.

Comment savoir où était enterrée sa mère, comment apprendre enfin ne serait-ce que son prénom pourrait être source de mal ?
« Qu'est ce qu'une bague pourrait m'apporter que tu ne puisse ? » dit-elle lasse en faisant quelques pas vers Tristan pour placer la main qui tenait la bague du bout des doigts devant son père. « C'est à toi que ça fait mal. C'est à toi qu'elle manque le plus »
Elle n'avait pas la force de mener cette bataille et cela faisait bien longtemps qu'elle avait accepté son silence alors à quoi bon lutter.

I will be there

Tristan + Alva

I will be there
Beside you
Through the lonely nights that fall
So close your eyes
Remember my embrace
I will be there
Like mercy
I will find you through it all
This do I swear
I will be there

Il avait l’impression de tenir entre ses mains un être mort et cela avait encore plus son sentiment d‘impuissance ! Pourquoi venait-elle lui mettre dans la figure cette bague, cette mosaïque ? Si ce n’est que dans un but de se faire mal un peu plus ? Où était l’autre raison ? Non, il n’avait que ça … et la voir si éteinte, si morte, le révoltait, lui donnant l’envie de la secouer !

Le vent le rappela à l’ordre, dans cette drôle de manifestation de la nature. Pourquoi celui-ci lui fouettait le visage avec autant de force en le forçant à rester près de sa fille ? Un enfant, éteint sans plus rien d’autre que l’apathie ? Il ne devra pas partir, puisque déjà les regrets l'avaient étreint, à la suite de cette irritation, il n’avait aucun droit de l’être et pourtant, il restait malheureusement un humain. Comment osait-elle lui demander ce que lui ignorait ? Qu’en savait-il ? L’amour d’une mère qui semble manquer cruellement à une jeune louve ayant vécu sans ? Une figure maternelle ? Un espoir ? Un baiser d’une femme sur son front ? Qu’en savait-il ? Il pensait pouvoir tout apporter à son enfant, mais preuve de constater qu’il était incompétent dans ce rôle… depuis l’été dernier ! Et cela était d’une lourdeur sans nom dans son cœur. Remplacé par un étranger qui avait eu en avant-première ses confidences, qui avait pu se dérapage de sa soif avant lui ! Si cela l’avait vexé, il s’était dit que ce fut sa peine, son fardeau, d’être tombé amoureux de Blanche ! Qu’il dût être normal, que sa fille puisse faire aussi sa vie sans être toujours à ses côtés… et cette prise de conscience était douloureuse, puisqu’il redoutait une chose plus que tout : la perdre. Et à Sodome, il était terrifié de découvrir un cadavre et non la beauté de son visage animé de vie ! Et il n’était pas le seul à redouter ce fait … encore les autres loups oui, mais il en avait un autre qui avait été marqué par cette peur, au point d’avoir lâché sa colère sur les palmiers de l’oasis, quand il avait appris la personne en « plus » dans cette ville maudite. alors, il n’était pas Lucian, pour lui donner, le il ne sait quoi qu’elle lui trouva ! Mais il était Grace… C' était cette mère qu’elle semblait chercher à tout prix !

Alors la suite des propos de son enfant, lui fit remonter l’aigreur de toute sa souffrance et il ne se tourna pas, car il avait les yeux jaunes… Il serra violemment la mâchoire tout comme son poing refusant de prendre l’objet ayant appartenu jadis à son unique amour, le métal allait lui brûler et l’incendier.

« Bien entendu qu’elle me manque, je vis avec le vide de sa perte chaque jour ! J’ai perdu la moitié de mon âme ce jour-là, et ce n’est pas une bague qui soulagera ma peine. Rien ne le peut, sauf la mort. » dit-il entre les dents « Elle t'appartient et met y se que tu as besoin et que je ne peux t’apporter depuis l’été dernier : de l’espoir. » continua t’il luttant contre une monté de sel dans ses yeux, il tourna la tête vers sa fille, ôtant sa main d’un mouvement sec. « Oui, tu te trouves sur les cendres de ta mère, cet endroit était notre endroit et en aucun cas, un lieu de recueil mais un lieu de vie, pour continuer de vivre avec sa présence, qu’elle soit un peu avec nous. Même si ce n’est que du symbole, j’aurais aimé, que de là-haut elle puisse te voir autrement que dans un caveau froid et morne en train de te recueillir tristement ! Alors, oui je ne te dis rien, car j’en suis tout bonnement incapable ! Seul le silence sort de ma bouche quand j’ai essayé ! » martela t’il de mot lui brûlant la langue… le vent semblait soudainement plus doux et tout cela intriguait l'alpha de plus en plus … mais il était focus sur sa fille.

I will be there

Tristan + Alva

I will be there
Beside you
Through the lonely nights that fall
So close your eyes
Remember my embrace
I will be there
Like mercy
I will find you through it all
This do I swear
I will be there

Oui, elle savait tout ça, elle savait que ce manque était ce qui le condamnait au silence et elle à l'ignorance. Un reniflement s’échappa de ses narines, comment pouvait-il croire qu’une bague l’aiderait elle, là où elle ne pourrait l’aider lui ?

Oh, c’était différent c’était certain, lui savait ce qu’il avait perdu, elle ne savait... rien. Peut-être était-ce celà qui la faisait réagir sans réagir en cet instant, ce vide faisait écho au vide de son esprit.
“Sauf la mort”... ses paupières se baissèrent sur ses yeux, la mort, cette solution aux maux les plus profonds, cette solution qui la laisserait seule, cette solution qu’elle lui refuserait fut elle obligée de mourir pour celà, mais pouvait elle avoir le moindre pouvoir là dessus. Une larme perla le long de ses cils pour s’écouler avec lenteur sur sa joue. Et il parlait d’espoir, quel espoir ? Celui de retrouver une mère morte, celle de retrouver ce spectre par cet objet, oui peut-être. Mais tout ceci était-ce bien la manifestation d’un esprit ou juste des indices que le cerveau d’une enfant avait enfoui pour revenir lui donner un fin espoir au milieu des cauchemars de Sodome ?

Tout ceci n’était pas clair et l’esprit de l’enquêtrice préférait la logique des sciences pour tout ce qui la touchait de trop près. Et son père était comme elle, même s’il exprimait l’espoir qu’il savait vain que sa femme défunte puisse les voir depuis un paradis plus qu’incertain.

« De l’espoir, tu m’en as donné. » articula la louve en redressant doucement le visage. Son regard ne croisait pas celui de son père, il semblait perdu comme si le visage de Tristan n’était qu’un vague horizon.  « Un lieu de vie... Alva... le nom de votre étoile, “donner la vie”... quelle ironie.  »

I will be there

Tristan + Alva

I will be there
Beside you
Through the lonely nights that fall
So close your eyes
Remember my embrace
I will be there
Like mercy
I will find you through it all
This do I swear
I will be there

Elle ne marqua nullement son regard doré, non elle était ailleurs comme si tout ce qu'il pouvait dire allait la traverser et sûrement continuer à l’enfoncer dans son océan de douleur. Il était difficile de parler de ce sujet autant que de la voir si peu rétive. Il avait envie de la secouer, qu’elle s’emporte dans une colère ou même hurle… qu’elle lui en porte rigueur, malgré que ce soit injuste, tout sauf ce visage éteint, malgré une larme au bout de son regard. Il avait envie de partir, de claquer une porte et se dire que ce moment n’avait pas existé et que demain sera meilleur. Mais non, un Hennessy ne fuit pas même face à ce qui le dépasse… alors, il fait face avec cette boule dure dans sa poitrine et sa rage. Drôle de sensation d’être celui en colère d’habitude c’est elle.
Il lui avait donné de l’espoir ? Cela n’était apparemment pas suffisant ! Rien ne l’était ! Elle continuait à observer quelque chose dans le lointain avant de balancer une autre bombe… cela désarçonna encore plus l’alpha. Il n’avait jamais noté tout cela… comment ? COMMENT ?! Walter ? Avait-il évoqué quelques souvenirs pour remonter le moral de la louve ? Sans lui dire ? Impossible. Le vent semblait plus fort et Tristan ferma les yeux… ce n’est pas vrai il était dans un bien détestable songe ?

Quelque chose de froid, lui étreignit le corps et il semblait que ce vent si chaud tout à l’heure fut à l’image de l’hiver autour d’eux : froid et givrant vos poumons… comme s’il chutait dans un gouffre de poudreuses sans jamais pouvoir retrouver la terre ferme. Cette sensation, fut détestable et il passa une main sur son visages en disant qu’il était assurément fatigué, se nombreuses insomnies et ses nuits courtes à tenter de consoler sa fille, l’entendre hurler ou l’angoisse de ne pas lui donner ce qu'il fallait pour l’apaiser, avait dû avoir raison de lui ! Sans parler des jours avant Sodome et de son angoisse légitime.

« Et pourquoi cela serait une ironie ? » gronda une voix, si familière et à la fois si ancienne… cette voix, il l’avait tant aimé et à cet instant il se dit qu’il était sûrement en train de disjoncter complètement… il ouvrit les yeux sur l’image spectaculaire d’un kiosque sous la lune ronde de nuit avec un ciel du passé… la saison du printemps au vu des odeurs de quelques fleurs et de l’herbe humide. Une femme de lumière aux traits similaires à Alva s’avançait direction de la louve… Tristan la reconnue immédiatement dans cette robe bleue marine de velours aux motifs de plumes de paon, une robe qu’aimait Grace particulièrement. Elle marcha vers Alva et se glissa entre eux, obligeant Tristan à reculer sous cette image qui lui faisait battre son cœur dans une certaine angoisse et stupeur… Grace martela la poitrine de son doigt froid le haut de la poitrine de sa fille.

« Parceque des pseudo seigneurs en dentelles on décidé qu’ils te détruiraient ? Qu’ils auraient raison, même après leurs morts que tu ne peux plus porter ton identité ? Car ils ont gagné ? C’est ça ? Si c’est le cas, alors peut-être que tu aurais dû mourir là-bas et être une moins que rien comme toutes ses sous êtres ayant habité cette cité de dégénérés ! Tu te nommes ALVA Grace Hennessy ! Ton prénom est le symbole d’un amour de plus beau, qu’aucune créature de ce monde ne peut comprendre sans le vivre pleinement ! Tu es l’étoile d’une âme ! Tu es ce qu’il y a de plus beau dans ce monde ! Dans notre monde ! Alors, je t’interdis de dire que cela est une ironie ! » la voix était sans appel, charismatique féroce et aussi coupante que pouvait le faire Tristan dans ses grand moment. Elle fixa avec intensité le regard de la louve avant de se tourner vers Tristan toute aussi furieuse

« Quant à toi ! Je t’interdis de parler de mort ! celle qui est morte c’est moi et c’est suffisant ! Tu auras le droit de mourir, quand tu seras vieux et grabataire ! Tu m’as promis de vivre pour nous ! ose redire encore une fois, ça et je me fâche ! » elle grogna férocement se redressant entre eux, les mains sur les hanches.
Tristan était atterré … des yeux larges comme des soucoupes… comment cela pouvait-il être possible ? Il était tombé en sortant du kiosque ? Il vivait encore une possession d’un vase antique ?

« Pimousse ? Arrête de me regarder comme ça ! Tu n’as jamais vu un spectre de ta vie ? Ta petite fée n’a pas eu d’aventure durant sa looonguuue vie avec des écho ou même d'autres être intangibles et pas très bienveillants ? »

« Non, tu ne peux pas être là… j’ai dû être encore possédé par un objet étrange… »

« C’est quoi cette histoire ? Non, tu n’es pas possédé ! Je consume juste mon énergie spectrale pour me manifester maintenant que la bague est dans la main de mon sang ! » dit-elle courroucée… avant de lever la main et le faire taire et fixer Alva en tournant sa tête toujours dans sa posture de reine. « J’attends ta réponse jeune fille ! »

Grace avait toujours eu ce caractère bien à elle… et étonnamment, Tristan ne dit rien de plus, il avait de quoi être choqué… et aussi se questionner sur son état mental. Tête un peu reculée, il jeta un regard à sa fille, se demandant si elle était aussi dans son délire ou pas… pouvait-il la toucher ? Curieusement, il leva une main vers le fantôme… et se rendit compte qu’il n,’osait pas, de peur d’être déçu sans aucun doute… non, ce n’est qu’une hallucination…

I will be there

Tristan + Alva

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I will be there

L’air lui glaça le sang, la mort avait-elle décidé de cueillir cette ironie et lui donner tout son sens ? La lumière devint plus sombre comme si la nuit tombait sur leurs deux silhouettes, était-ce un autre songe ? Cette journée l'avait-elle été ? Ces trois journées n'étaient-elles qu’illusions ? Allait-elle se réveiller entre les murs de cette chambre entre Anastasis et Ermelinde ?

Oui, ce devait être un autre songe puisque le spectre était reparut, vêtu d’une robe magnifique cette fois et courroucée par leurs propos. L’expression sur le visage de la louve ne changea pas mais cette fois ses yeux n’eurent d’autre choix que de se fixer sur cette apparition qui n’avait pas saisit... quoi de plus normal qu’elle ne comprenne pas les nuances du passé et de l’avenir qui n’appartenaient qu’à elle. Azazel ne pouvait avoir idée de ce dont elle parlait en parlant de cette “ironie” comment aurait il pu. Alors que parler de lui était sa spécialité et que le discours du fantôme de sa mère malgré son courroux n’était que flatterie pour le bouc.

Elle devait bien admettre qu’il avait fait fort cette fois, inventer un enterrement, une bague pour donner corps à un mensonge, lui glisser l’espoir d’un secours pour le mettre en scène deux jours après ...enfin deux jours peut-être ne s'était-il écoulé que quelques heures de sommeil. Il n’y avait pas à dire, c’était du grand art ! Celà allait jusqu’à l’air ahuri de son père et aux mots durs mais plein d’amour de ce spectre pour son mari. La scène aurait presque pu être belle si elle n’était issue d’un cerveau malade... celui d’Azazel ou le sien ou l’union des deux ce qui était abjecte et crispa les entrailles de la louve dans une nausée acide.

Le visage blafard mais terriblement beau se tourne de nouveau vers elle en quête de réponse. Pouvait elle lui dire la vérité sachant qu’Azazel écoutait sûrement ? Est ce que celà avait de l’importance ? Tout ceci n’était que la preuve qu’il avait réussi non ? Trois jours de liberté et de douleurs qui n’étaient qu’un autre cauchemar, qu’une énième illusion... jusqu’aux appels de Lucian qui ne devait être qu’un appât pour la pousser à le retrouver et leur donner la localisation de son manoir... oui voilà, tout s’expliquait, tout s’emboitait parfaitement...

Le rictus qui se dessina sur les lèvres de la louve n’avait rien de rassurant, il n’était ni prédateur ni amusé, il était d’une amertume profonde et douloureuse. Elle pouvait bien dire la vérité... il était trop tard, si en s’échappant du sommeil elle découvrait le visage du bouc... cette fois c’était certain, elle perdrait la raison.

« Ironique car je t’ai pris la vie en venant au monde et que jamais je ne la donnerait. » la louve laissa un rire sans saveur rouler dans sa gorge .« J’ai déjà songé à mourir... mais pas pour eux, pas à cause d’eux. Je ne leur donnerai pas cette victoire, dussais-je pour celà endurer la douleur jusqu’à mon trépas. Tu entends ça Azazel ? Tes illusions ne servent à rien, je ne te montrerai pas où il vit, je ne te donnerai plus rien, » Alva se détourna et alla s’asseoir, les mains jointes sur ses genoux son rictus et son rire évanouit « Vas-y, déclenche le bain de sang, c’est l’heure... je ne te donnerai rien, dussais-je sombrer dans la folie pour celà. »
Le spectre arqua un sourcil puis tourna la tête vers Tristan, qui avait un peu de mal au vu de son air à se demander ce qui était vrai ou non.
« Où vit qui ? » demanda t’elle un peu incrédule… alors que justement l’homme haussa des épaules méfiant « Tu ne m’est pas d’une grande aide franchement … » pesta t’elle sur l’alpha, qui était quand même interdit et se protégeait en secouant la tête.
« Ceci n’est pas réel… » Tristan fronça le nez.
« Mais bien sûr que si ! Vous êtes trop terre à terre tous les deux ! Vous n’avez pas dû voir beaucoup de fantômes ! » soupira t’elle avant de fixer sa fille et son petit rire. « Il ne peut pas t’entendre, il est mort. dû genre, surement mort mort sans réincarnation en plus … » grogna le spectre qui marcha vers elle d’un pas énergique mais rien ne pouvait s‘entendre sur le parquet. « Ce n’est pas toi qui à prit ma vie ! Tu n’es pas dans une de ses illusions cauchemardesques ! Vous êtes tous les deux, dans mon monde ! Un spectre peut faire ça, si l’objet auquel il s’est relié en ne buvant pas la soupe de l’au-delà, est porté selon sa condition. Pour une fois, que je peux manifester autre chose que du vent, tu me prends pour cette proie ! Comment cet imbécile aurait pu savoir pour mes cendres, ma bague et même ton prénom ? Et comment pourrais t’il tout simplement connaître mon existence ? … Tu lui prêtes trop d’intelligence. Ressaisis-toi ! »
« Baal est plus malin, il avait le costume de papa, les cheveux de Eden... il connaît le manoir et sans doute cet endroit aussi. Ils ont pris tant de choses dans mon esprit. » ils avaient utilisé tant de choses personnelles contre elle, chaque début de rêve était une mine d’information pour eux, et elle venait de leur en donner encore tellement plus. Son regard passa du spectre à son père et la douleur se peignit sur ses traits. Maintenant qu’ils savaient, ils allaient se servir de lui, de l’amour inconditionnel qu’elle éprouvait pour lui... Ils venaient de mettre la main sur l’arme de sa destruction.