Kieran O'Sullivan

Kieran est né dans un petit village au centre de l’Irlande dans une fratrie de deux soeurs plus jeunes que lui et un frère, celui-ci étant l’ainé. Son frère est lui ont toujours été très différent. Lui a toujours été calme, studieux et avenant, tandis que son frère est un bout en train, mais aussi une forte tête. Il en fait voir de toutes les couleurs à tout le monde pendant qu’il était enfant, s'amusant à jouer des tours à tout le clan ce qui rendait tout le monde fou, même lui. Pourtant, il ne l’a jamais détesté, car il pouvait aussi se montrer gentil et protecteur envers lui et ses soeurs. Il était d'ailleurs celui qui essayait des fois de l’en dissuader, de le surveiller aussi pour ne pas qu’il s’éloigne trop du village, mais en résultat il se retrouvait le plus souvent impliqué dans ses plans douteux, malgré lui. Il a toujours été la petite voix de la raison qui guidait toute la petite fratrie. Au fond il aurait très bien pu endosser le rôle de l’ainé, mais cela ne marche pas comme ça et en y repensant aujourd’hui c’est bien ainsi.

Il se rappelle très bien la première fois qu’il s’est transformé. Le tour de son frère était déjà passé, cela allait donc être à son tour et ensuite à celui de ses soeurs, puis ensuite ses cousins et cousines. Il était un peu nerveux, mais aussi curieux de savoir quel serait son animal, celui censé le représenter, être le reflet de ce qu'il est. Tous les villageois étaient rassemblés, un grand buffet serait dressé ensuite où chaque personne apporterait ce qu’elle a cuisinés pour l’occasion. Ils mangeraient ensuite ensemble et danseraient jusqu’au bout de la nuit. Le castor fut son animal, ce qui ne surprit personne. Il a toujours aimé être en contact avec l’eau et petit il passait le plus clair de son temps avec grand-père à le regarder sculpter des objets ou des meubles en bois. C’est lui et d’ailleurs qui avait meublé le clan. Vivant en autarcie, chacun avait apprit à se débrouiller par ses propres moyens, s’entraidant et partageant le savoir-faire et les ressources pour que personne ne manque de rien. Il a toujours aimé cette solidarité, le fait de vivre dans une grande famille unie.

A ses dix-huit ans, on l’envoya dans un autre clan d’animorphe, les Conolly. Il vit mal cette séparation. Il avait pris l’habitude d’être dans une sorte de petit cocon, entourés et choyés par les gens qu’il aime, sa famille... Et maintenant, il se retrouvait dans un autre clan, certes des personnes de son espèce, comme lui, mais en quelque sorte des étrangers aussi. Lorsqu’il arriva là-bas, il alla s’isoler loin du monde et se mit à pleurer. C’est là qu’une fille vint le voir. Elle avait de beaux cheveux roux et un sourire réconfortant et apaisant. Elle sut trouver les mots pour lui remonter le moral et ils restèrent la soirée à parler de leur vie, leur expérience. Par la suite ils devinrent vite inséparables et finirent vite par se marier un an après. Chez les animorphes ont se marie jeune, lui-même avait 20 ans et elle 19 ans. Trois ans après, elle donna naissance à une petite fille et il fut le plus heureux des hommes.

Ils vécurent des très belles années ensemble, chaque année il rendait visite à son village natal, ses parents étaient fier de lui. Lui s’occupait au village de couper du bois et façonner objets et meubles. Un jour, alors qu’il revenait de la forêt il eut une bien triste surprise. Déjà, en pénétrant dans l’entrée il trouva cela bien trop calme. Il appela sa femme, mais n’eut pas de réponses, il tenta avec sa fille, qui avait maintenant 13 ans et lui ressemblait d'ailleurs beaucoup, mais n’eut pas de réponse aussi. Il avança vers salon et du coin de l’oeil aperçut du sang venant de la cuisine. Il prit une pince en fer pour cheminée qu’il brandit, prêt à s’en servir. Il s’avança prudemment et ce qu’il vit lui glaça le sang. Sa femme était là, étendue sur le sol, baignant dans une mare de sang. Il balança la pince et se précipita vers elle, elle était froide comme la mort et pour cause, elle ne respirait plus. Elle avait des marques de griffures plus ou moins profondes sur tout le corps. Il la garda ses bras, la serrant contre lui pendant de longues minutes.

Il était sous le choc et en larmes, mais il se ressaisit soudainement en pensant à sa fille. Il fouilla chaque pièce de leur modeste maison, montant les marches de l’escalier à la hâte, inspectant chaque recoin, mais rien. Avait-elle eut peur et s’était-elle enfuie ? Le tueur l’avait-il enlevé ? Mais pour quoi faire ? Il avait le souffle court et son coeur battait si vite qu’il crut un moment même qu’il allait faire un malaise. Une battue fut organisée, on la chercha partout aux alentours et ce pendant des jours, sans succès et sans trouver aucun indice. Cela le rendait malade, mais il devait aussi s’occuper de l’enterrement de sa femme. Il continua les recherches pendant plusieurs mois encore, même après que tout le monde ait abandonné. Puis, cela devint insupportable pour lui de rester ici. Ainsi, il prit la décision finalement de quitter le village, disant qu’on l’informe si sa fille revenait par ici, mais il n’y croyait pas. Pourtant, il ne croyait pas sa fille morte, il ne voulait pas y croire, mais ce n’est pas en restant ici qu’il obtiendrait des réponses.

Il quitta donc le village pour se diriger vers la capitale. Il se rendit au service de police, mais à part prendre en charge sa demande et dire qu’il allait placarder des avis de recherches dans la ville, ils ne firent absolument aucun geste pour lui, cela n’avait pas l’air de les alarmer. Il engagea un détective qui par miracle après des mois de recherches lui apprit qu’elle avait été vu à Londres, c’est un de ses collègues vivant là-bas qu’il lui avait dit. Il se rendit aussitôt là-bas, interrogea la police, fouillant la ville de fond en comble, mais rien. Il décida tout de même de s’installer ici. Avec les économies qu’il avait il se trouva un appartement et ouvrit sa propre boutique où il exposa ses oeuvres. Des objets de décorations en bois, des meubles, des cannes sculptés, des bijoux en bois.

Son travail était toujours d’une netteté et d’une précision rares, si bien qu’il se fit vite une petite clientèle. Pas de quoi devenir riche, mais cela lui suffisait amplement pour vivre. On parla même de lui dans les journaux, juste un petit article de quelques lignes, mais cela lui fit plaisir. Il finit par attirer l’attention de la Ligue et commença à coopérer avec eux, des fois l’un d'eux venait dans sa boutique pour lui passer commande. Malgré cette nouvelle vie ici, il n’abandonnait pas les recherches, mais pour l’instant il n’avait rien et le temps passait...