Dans le sable du démon - Equipe 1

Pendant le déjeuner il avait essayé de déclencher une quelconque réaction des deux femmes sur Sodome, mise à part des questions, elles étaient restées de marbre. Test échoué, mais bon cela semblait être une récurrence. Les derniers propos très ciblés sur lui de la part de la sorcière, le laissait un peu mitigé, il ne savait pas quoi lui dire… cela sentait le compliment mielleux ou un peu trop doux. Il préféra faire comme à chaque fois, qu’il ne savait pas quoi répondre ou qu’on le draguait et qu’il ne s'en rendait pas compte : un rictus agréable et voilà. Il ne savait pas que cela pouvait encourager les autres à continuer le charme. De toute façon, il n’était pas de l’avis d’Alva sur cette sorcière qui semblait le regarder un peu trop, il y voyait surtout une lady ayant entrepris un voyage long et loin de sa zone de confort… et qui comme souvent dans cette époque était ravi d’avoir un homme pour l’épauler. Voilà tout simplement.
Le voyage vers la ville des légendes était tout aussi fatiguant, enfin pour le phénix la chaleur du soleil était une source inépuisable pour charger son corps et son feu intérieur. Il devait être le seul à prendre autant plaisir dans cette chevauchée où leurs destriers faisaient preuve d’une endurance remplaçable, même s’ils auraient pu aller plus vite sans le dromadaire qui portaient toutes leurs affaires. Bien entendu, la sorcière avait voulu remonter avec son cavalier favori, n’ayant pas plus confiance en son amie pour manœuvrer un cheval à deux. Gentiment Anastasis accepta et malgré le fait qu’il avait sa faiblesse dans le dos, ne marqua aucune crainte apparente. Il se sentait un peu plus proche au début à cause de la fraîcheur de la matinée sans aucun doute, puis dès qu’il faisait plus chaud, elle se tenait éloignée et à juste titre.

Ils firent quelques pauses pour boire ou pour lui manger un peu… quand il voit l’état des femmes avec lui, et qu'elles sont en hiver, franchement… l’été tout le monde rend l’âme ! En tout cas, ils arrivèrent vers l’entrée d’un canyon. Comme convenu avec la louve, il allait jeter un œil. Ils arrivèrent les montures à l’ombre de la roche… il laissa Adèle glisser de sa monture grise avant de faire de même, son regard se leva sur l’immensité du mur. Il était midi, le soleil était beaucoup plus chaud qu’à leur départ.

« Bien nous y sommes. » Alva avait pris la tête de la cavalerie avec la carte. Ils n’avaient pas été attaqués ni rien, comme si le chemin leur était ouvert. « Je vais faire un tour en éclaireur, restons sur nos gardes. »

Il remonta sur son cheval, lançant un regard à sa coéquipière et talonna son cheval pour partir au galop vers une sorte de chemin permettant de grimper en hauteur sur le canyon. Le petit cheval grimpa comme il pouvait, habitué apparemment à ce genre de chemin rocheux et quand il arriva sur le plateau, hors de portée de quiconque, il lançant un regard à l’horizon… tout était affreusement calme, sauf des vautours au loin rien de bien rassurant.

Il se dévêtit et se transforma dans la foulé, appréciant le cruellement de sa peau sous ses plumes immaculées… quel bonheur d’être soit même et il s’envola éprouvant un bonheur inégalable et crépitant. Ses deux longues plumes de queues tel des plumes de paon aux gros yeux irisés de rouge flottaient sous le vent. Le canyon était étrange, il n’avait personne, aucune embuscade, mais surtout il avait une illusion cachant la vérité… celle d’un lieu entièrement clos de roche. Aucun autre chemin, surtout qu’au loin il avait une ville antique, mais encore une fois quelque chose troublait la vision. S’il n’était pas un phénix solaire il n’aurait pu voir le contour des murs de cette enceinte d’un autre temps. Il refusa de s’approcher plus, il serait vite repéré alors, il opéra un demi-tour, volant plus vite. Voir au loin était suffisant. Il remplit ses vêtements et se frotta un peu les bras, les arabesques étaient présents et il calma son effervescence avant de rejoindre les trois femmes en bas, espérant qu’Alva n’avait égorgée personne.

Cela ne semblait pas être le cas…

« Aucune embuscade apparente, mais le canyon est avec une illusion. Je n’ai pas trouvé de chemin alternatif, c’est celui-ci ou aucun pour rejoindre une ville au centre. Je suppose que c’est « Sodome ». Elle est aussi est masquée par une illusion. »

Anastasis s’était prêté à l’exercice de l’eau empathique pour lui permettre de recharger son collier et il avait accepté de ne pas poser trop de questions ce qui s’avéra très pratique.
Une fois au lit, elle se tourna sur le côté, tournant le dos à son coéquipier, le réveil de la nuit précédente avait été bien assez gênant comme ça alors elle préféra garder autant de distance que lui permettait ce lit. Elle garda le pendentif ouvert un moment, elle n’en était pas au point d’en avoir réellement besoin mais il lui fallait vérifier que l’émotion qu’il diffusait pourrait suffire et... oui elle suffirait, elle était à la hauteur de la couleur de l’eau et elle se prit à sourire sous l’effet de cette joie intense. Après un léger soupir, elle referma le pendentif et ferma les yeux, mais avant de s’endormir, elle contacta son père pour le tenir informé des dernières découvertes puis pris le temps de contacter Mia, elle n’avait pas pu être avec la petite pour Noël mais elle avait été bien entourée pour les fêtes et lui raconta son réveillon et tout ce qu’elle avait reçu en cadeau. Elle la rassura sur son voyage, lui rappelant qu’elle serait de retour dans quelques semaines à peine.
Elle s’endormit peu après avoir laissé la petite à ses songes et plongea rapidement, rassérénée par le pouvoir du collier et le contact avec ses proches. Elle s’endormit assez rapidement et ses songes furent calmes et même plutôt doux. Elle se réveilla plutôt en bonne forme et ne mit pas longtemps à être prête. Elle réussit même à rester parfaitement calme et polie avec leurs deux accompagnatrices et ils purent enfin se mettre en route. Elle prit la tête de la chevauchée et les guida jusqu'à l'entrée du canyon. Anastasis parti en éclaireur comme convenu et Alva demanda aux deux femmes de l’aider à décharger les montures pour leur permettre de reprendre elles aussi des forces pour la fin du trajet. Et surtout, elles seraient obligées de regarder ce qu’elle faisait plutôt que de lever les yeux au ciel.
Les deux femmes jouèrent le jeu même si Adèle se montra peu efficace, mais celle-ci avait si chaud qu’elle se réfugia très vite à l’ombre de la falaise. Voilà ce qu’il en coûtait de vouloir voyager derrière l’inspecteur. Anastasis ne tarda pas à les rejoindre pour leur partager ses observations.
« Bien, nous devrions avancer un peu en restant sur nos gardes et vérifier ce qui se cache derrière ces illusions, si c’est confirmé, nous repartirons pour chercher du renfort. »

« Du renfort ? Quel genre de renfort espérez vous ? » s’enquit Milady qui avait défait son voile pour s’aérer.

« Une demande de coopération avec les forces de sécurité locales. » répondit-elle. Elle se doutait bien que les deux femmes n’apprécieraient pas l’idée d’attendre. Si en approchant ils avaient la confirmation qu’il ne s’agissait que d’un petit groupe d’individu, elle ne serait pas forcément contre l’idée de monter à l’assaut immédiatement, mais quelque chose lui disait que les forces en place seraient trop nombreuses pour s’y attaquer en si petit nombre. Et bien entendu, il était hors de question d’évoquer la Ligue devant ces femmes.

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Charlotte ne s’y était pas prêtée de bonne grâce, mais elle avait aidé à décharger les montures afin de pouvoir avancer dans le canyon par la suite. La chevauchée n’avait pas été de tout repos encore une fois et elle se languissait de ses ombres pour se déplacer, ou même d’un fiacre ou d’une voiture. Si par le passé, elle avait souvent voyagé à dos de cheval, son auguste postérieur avait manifestement perdu le goût de tout ça, et elle le sentait très bien en se déplaçant.

L’inspecteur était parti en éclaireur pour vérifier la piste. Normalement, si le sbire d’Azazel avait dit vrai, ils étaient au bon endroit et il ne trouverait rien de spécial si ce n’est peut-être les épreuves. Il fallait espérer qu’il ne se retrouverait pas empêtré dans un piège sans possibilité de revenir vers eux. Pas qu’elle le déplorerait spécialement, mais comme elle le pensait, il pouvait compter dans la balance.

L’homme revint au bout de quelques temps avec quelques informations supplémentaires, notamment le fait que la voie semblait libre, mais qu’une illusion planait sur l’endroit. Comment pouvait-il le savoir ? Il devenait de plus en plus intéressant aux yeux du cauchemar qui commençait à se mettre en tête de découvrir son espèce. Enfin, s’ils revenaient tous vivant de ce tombeau qui ouvrait son allée devant eux, à bras ouvert.

La mention de renfort chez la louve fit tilter la Lady qui, forcément, alla pêcher des informations. Elle se souvenait très bien des questions très orientées qu’Alva posait quand elle parlait de telle ou telle chose, le dernier exemple en date était lié aux dagues qu’elle leur avait offert, aussi ne manquait-elle pas une occasion de jouer le même jeu.
Des renforts avec les autorités locales ? Charlotte la considéra un instant, sa gourde suspendue entre sa bouche et sa ceinture. Était-elle vraiment sérieuse ? Dans ce pays d’arriérés congénitaux ? On ne pouvait pas faire confiance à quiconque. Si on mettait plus cher, il y avait une chance d’avoir leur loyauté, mais ils la vendraient à la première occasion favorable. Finalement, elle termina de prendre une gorgée d’eau sans rien ajouter d’autre qu’un : « Charmante idée. » qui sonnait très faux.

Une chose était certaine, elle ne retournerait pas en ville maintenant qu’elle était là. Si ces deux-là voulaient se tirer devant l’adversité, qu’ils le fassent.

« Monsieur l’inspecteur… Est-ce que vous avez vu quelle était la nature de l’illusion ? Enfin… Je ne comprends pas bien dans quoi on s’engage du coup. » fit-elle avec son air ingénu.

« Des illusions de masquage, sûrement pour éviter que le complexe soit découvert. Par contre, j’ignore ce qu'on trouvera en pénétrant dans le canyon ou plutôt cette salle géante. » répondit l’homme.
« Vous êtes vraiment pleins de ressources, je me demande comment vous faites. » fit-elle avec un hochement de tête. Oui, vraiment, elle se demandait comment il faisait. Elle ne s’attendait pas spécialement à une réponse, encore qu’elle pouvait être surprise, mais l’attention de la blonde fut détournée vers la crête qui surplombait l’entrée du canyon. Là haut se détachait une silhouette noire qui semblait les regarder sans bouger, plantée là sur un cheval tout aussi noir que lui. Ils étaient attendus, et l’odeur qu’elle percevait dans l’air ne laissait aucun doute quant à la nature démoniaque de celui qui posait les yeux sur eux à bonne distance.

« Je crois que nous sommes au bon endroit. » dit-elle en mettant un petit coup de menton vers le ciel, en direction de l’homme perché.

Il en avait sûrement trop dit, pour ne pas changer quand aux illusions puisqu’il recevait quelques questions de la part de Charlotte. Enfin, il n’aurait pas su comment dire cela autrement… c’est quand même important cette histoire d’illusion. L’homme ne savait pas trop quoi répondre, quand le regard de son interlocutrice se posa sur un cavalier que lui n’avait pas vu d’en haut… l’avait-il aperçu ? Il frissonna légèrement. Apparition d’un coup, de quoi se questionner.

Le cavalier avançant au bord de la falaise et soudainement son cheval se cabra pour sauter dans le vide et déployer des ailes, il était squelettique, une tête peu commune et c’est bien la première fois qu’Anastasis voyait cette créature… la bête atterrit à l’entrée du canyon effrayant leur propres montures qui renâclait et se cabrait aussi sous la peur. L’homme reprit les rênes de son étalon gris, pour le calmer et descend avant de se faire envoyer à terre.

L’étrange homme plutôt beau garçon vêtue de noir à la mode chevalier d’Afrique à la peau sombre, toisa longuement milady et lui fit un sourire plein de crocs, il avait l’air amusé voir trouver ça méprisablement ironique.

« Si vous voulez le rejoindre, il va falloir traverser les sept épreuves de vos pires pêchés. »
« Qui êtes-vous ? » hasarda quand même l’inspecteur méfiant, l’homme le toisa avec cette même ironique supérieur et fit avancer son cheval de quelques pas.
« Cimeriès. Vos patronymes auront de l’importance si vous vivez. D’ici là, bonne chance. » répondit cette voix grave et pleine de sous-entendu. Son regard se posa sur la louve avec férocité puis sur la nécromancienne avec un mépris mélange de désinvolture quand il remarqua son absence d’âme. Il termina sur Charlotte et lui fit un signe de tête comme un adieu… Il donna un coup de talon à son étrange animal et fonça directement dans le canyon, y disparaissant.

L’inspecteur était déconfit… un démon… il resta silencieux quelques minutes, prenant la mesure de ce qu’on venait de leur annoncer… il n’avait pas vu les réactions des autres alors il se tourna vers les femmes… il fut bien heureux d’avoir pris des armes bénites et du sel.

La chevauchée avait été plutôt rude encore, si la chaleur de l’inspecteur avait été un petit plus appréciable au début, lorsque le soleil s’était levé plus haut dans le ciel, elle avait repris un peu de distance pour s’épargner la double pleine et finir aussi trempée sous ses habits que si elle avait pris une douche.

La pause fut donc plus que bienvenue et c’est à reculons qu’elle aida un peu à décharger les montures sous l’impulsion de la louve. Elle se contenta de ses propres sacs pour rapidement s’installer au pied de la falaise pour reprendre un minimum de forces en attendant que l’inspecteur revienne de ses repérages et qu’ils doivent repartir.

Lorsqu’il revint, il leur annonça la présence d’illusions qui cachaient quelque chose, probablement la ville qu’ils cherchaient. Ils n’avaient jamais été aussi proches ! Bientôt, elle reverrait son fils! Elle se releva prestement mue d’une toute nouvelle énergie et les mots de cette imbécile de canidé sur deux pattes faillirent bien la faire sortir de ses gonds et de son image de gentille sorcière. Elle avait envie de lui hurler dessus tout à coup et de lui balancer son mépris à la figure, mais il était encore trop tôt et elles avaient encore besoin d’eux. Et si pour les obliger à l’aider à récupérer son fils elle devrait les pousser dans le dos à travers la porte, elle le ferait.

En attendant, elle serra les poings et se détourna pour se calmer avant qu’ils ne reprennent la route. Après quelques inspirations plus profonde, elle se tourna vers sa comparse, sachant qu’elle avait au moins une alliée ici, qui avançait dans le même but qu’elle et elle constata qu’elle regardait vers le haut , elle leur indiqua d’ailleurs à tous la direction.

« Il sait que nous sommes là maintenant on en est sur » dit-elle en observant à son tour le cavalier sur son destrier squelettique et sombre; C’était celui dont leur avait parlé le lieutenant de Azazel.

A peine avait-elle prononcé ces mots que l’homme le rejoignit à l’entrée du canyon pour leur délivrer son message.Traverser les épreuves... il ne leur épargnerait donc pas cette étape. Restait à espérer qu’elle réussirait à les surmonter. Elle planta un regard plein de colère et de suffisance dans les yeux de ce Cimeries, n’appréciant nullement l’orgueil dont il faisait preuve en la dévisageant.

« Je vais récupérer mon fils ! Et vous me le paierez ! » s’exclama t’elle en se lança déjà dans les pas du cavalier qui s’éloignait à vive allure.
Ah non, il en s’en sortirai pas comme ça, ce cavalier sombre !

L’homme et sa monture disparurent devant ses yeux, mais au lieu de la stopper dans la surprise, ça ne fit que la faire accélérer dans son colère contre celui qui était censé les guider au travers des épreuves... selon ce sale fils de chien dont elle avait orné le coeur d’une pièce, il aurait dû leur épargner cette étape si elles étaient attendues... Et si Azazel avait besoin d’elle en vie, il devait bien l’attendre non ?
A moins, que ça ne signifiait qu’il n’avait plus besoin d’elle, qu’il avait trouvé la clé du grimoire ? Cette pensée ne fit que redoubler sa haine pour ce sale démon mal dégrossi de l’enfer !

Deux pas de plus et le paysage oscille autour d’elle, et elle se retrouva tout à coup dans une salle sombre, éclairée de quelques torches. Le sol était mou sous ses pieds, entièrement recouvert d’édredon soyeux, ça et là des fauteuils tendaient leur bras au visiteurs. Elle se sentit tout à coup très lasse et ses pas ralentirent. Ses jambes devinrent lourdes à soulever et une chape de plomb sembla lui tomber sur le corps tout entier. Encore un pas, qui s’enfonça dans le sol moelleux, un autre plus dur encore à faire et un bâillement. Sa nuit n’avait pas été bonne mais, tout de même, pas à ce point là. Était-ce là la forme de ces épreuves ?
Quel démon simplet, croyait il la piègé par ce moelleux attirant et la soumettre à la fatigue pour la tenir éloignée de son fils ? Non ! Encore un pas, elle trébucha sur la surface soyeuse et s’écroula au sol. Elle se redressa, elle avait l’impression d’avoir un poids sur le dos, mais, elle ne pouvait se laisser aller là contre cet immense coussin accueillant, pas maintenant. Une pause serait pourtant si douce pour se remettre de la lassitude de ce voyage, la chevauchée avait été éprouvante... ne pouvait elle se permettre de fermer les yeux un instant ? Peut-être....
Ses yeux se portèrent sur cette porte ouvragée au fond de la pièce et elle eu la sensation de la voir s’éloigner... Non, elle ne pouvait pas, elle ne devait pas se laisser sombrer. Thomas avait besoin d‘elle, il avait besoin de sa mère ! Alors même s’il lui faudrait ramper jusqu’à elle, si l’engourdissement de ses membres la retenait, elle avancerait pouce par pouce jusqu’à cette maudite issue.

« Mais ce n’est pas vrais… ADELE ! » cria l’inspecteur en voyant la sorcière céder à la provocation du démon. Il lorgna sur sa coéquipière et secoua un peu la tête. Ils sont bien contraints d’y entrer dans cette fichue épreuve ? Franchement, les sept péchés capitaux, cela ne le tente pas pour la simple mention de démon… et comme si on avait entendu sa réticence, quelque chose se mouvait dans le sable… une sorte de créature écailleuse, sortie du sable claquant sur d’immenses mâchoires non loin d’eux effrayant leurs montures et ils durent se précipiter dans l’entrée pour commencer les épreuves… et surtout qu’elle leur envoya une vague de sable déstabilisante…

« Nom de Zeus… c’est quoi cette horreur encore ? » dit-il en ayant attrapé le bras de Charlotte pour la tirer en arrière et lui éviter d’y laisser un soulier, l’instabilité du sol, les firent rouler tous deux …dans des roulé boulé des plus cocasse et rebondit… et ce n’était pas le corsage de la blonde ! Il se dit qu'elle avait un parfum de banane… incroyable quand même ce constat inutile.

Le sol changea radicalement, rebondissant dans de la soie et autres coussin en plume appelant au repos après un voyage des plus fatiguant… le phénix, était dans une posture indélicate, la robe pantalon de la lady de Winter sur le nez, il repoussa le tissus cherchant Alva du regard… c’est fou, comme il avait envie de dormir, mais ce n’était pas le moment de faire une petite sieste… l’endroit était complètement étrange.

Quel sens du drame… Vraiment, il serait resté en haut de sa montagne sans venir que cela en aurait imposé un peu plus. Cependant, Charlotte n’était pas contre l’observer de plus près. Il avait une monture sympathique et le sens du spectacle quand même, mais elle aurait quelques leçons à lui donner quand même. Ses narines se dilatèrent pour le sentir tandis qu’elle percevait son essence démoniaque qui lui donnait des envies de festin.
Mais cette petite mascarade avait un but bien précis, et il fonctionna à merveille puisque Adèle fonça tête baissée dans les épreuves qu’il laissait devant lui. De toute façon, le groupe n’avait pas le choix que de les traverser pour aller un peu plus loin dans leur enquête. Enquête qui était terminée, puisque le gamin se trouvait au bout du bout. Restait à savoir si en se targuant d’être de la police, Azazel coopérerait et rendrait l’enfant.

Cela arma un sourire charmant sur le faciès du cauchemar qui songeait qu’ils s’engouffraient réellement dans leur propre tombeau. Au final, l’idée de la louve d’avoir des renforts n’était pas bête si elle considérait les choses avec pragmatisme. C’était triste de se dire qu’elle avait un réseau qu’elle ne pouvait pas exploiter. Pas dans ce sens là en tout cas. Peut-être qu’elles auraient dû venir avec des corps réanimés en guise de chair à canon ? Avec quelques créatures qui pouvaient servir dans les arènes, ce genre de petites choses.

Bah ce n’était plus le moment de se poser des questions. Elle trouva charmant le petit cri de l’inspecteur quand la nécromancienne s’enfonça dans l’illusion. Il allait falloir la suivre maintenant. Même pas le temps de soupirer devant les choses qui se précipitaient qu’une autre créature vint mettre son grain de sel, ou plutôt de sable, dans les plans à court terme de l’équipe et que Milady se retrouva embarqué par l’inspecteur. Elle ne savait plus trop où était l’endroit de l’envers, mais elle le trouva bien chaud, à défaut de bien confortable.
Immobilisée les bras en croix, Charlotte regardait le plafond, à moitié allongée sur l’inspecteur et sur des oreillers moelleux à souhait. On aurait dit qu’ils épousaient parfaitement la forme de son dos, chassant la rudesse d’un voyage à dos de canasson, ou même les affres d’une literie qui ne pourrait jamais être aussi bonne que celle-ci…

Pourquoi bouger franchement ? Pourquoi faire un effort alors qu’il était tellement délicieux de se complaire dans l’immobilité la plus absolue ? A profiter du temps qui passe avec la certitude qu’il était admirablement bien employé ? Retrouver un enfant ? Il avait le temps de grandir et de devenir un homme qui pourrait se sauver lui-même non ? A quoi bon se faire du mal maintenant ?
Enfin… L’inspecteur ruinait la moitié de son confort à gigoter. Que faisait-il ? Essayait-il de lui enlever son pantalon ? Ou s’ajustait-il ?
« Arrêtez de bouger. » demanda-t-elle poliment.
« Pourtant, il le faut…il faut qu’on sorte de l’épreuve et ce n’est pas en vous servant de matelas qu’on va y arriver ! » répondit l’homme.
« Et qui vous dit que l’épreuve n’est pas justement de se laisser tenter ? » répondit-elle en parfaite petite démone.

« J’ignore votre longévité Charlotte, mais je ne pense pas que rester jusqu'à la fin des temps allongé dans cette literie et moi qui vous sert de bouillotte soit une réussite. » il la vira clairement et se releva pour lui attraper le bras et la tirer sur ses quilles. « Faite un effort ... »
« Nous vous avez raison, vous êtes de trop mauvaise compagnie, et un goujat par dessus le marché. » répondit-elle une fois debout. Ses jambes étaient flagada, et l’envie de les laisser se dérober était assez forte. Mais elle savait au fond que l’inspecteur avait raison. La salle voulait la fixer ici pour qu’elle n’avance pas. Mais il y avait tellement de distance entre eux et là porte du fond semblait tellement interminable. Et puis, profiter un peu pour se reposer et recharger les batteries après ces nuits inconfortables à la belle étoile, ne ferait pas de mal. Du genre, cinq dix minutes, le temps de fermer les yeux.
« Il va de soit, je n’ai pas d’éventail ni d'huile pour vous masser… allez hop… En marche ! » il ne prenait pas mal ses propos, même s’il répondait du tac au tac à son acidité notoire.

Alva leva les yeux en haut de la crête comme ses compagnons. Sauf qu’au lieu de découvrir un cavalier sombre, elle découvrit un homme flottant dans les airs dans une posture de cavalier. Il lui fallut quelques secondes pour être sûre et se pencha vers Anastasis pour vérifier auprès de lui alors qu’elle suivait des yeux le déplacement de leur visiteur.
« Est il sur l’un de ces chevaux que seuls ceux qui sont morts peuvent voir ? » demanda t’elle se doutant que si c’était bien une créature similaire à celle que Lucian avait adopté, le phénix devait compter parmi ceux capable de les observer.
« Euh… eh bien sûrement… C’est la première fois que je vois ce genre de créature. C’est squelettique, avec une tête un peu de dragon mi cheval, sombre avec des ailes. Ça te dit quelque chose ?  » répondit l’homme.
« C’est ça, je ne peux le voir mais Lucian me l’a décrit ainsi,, il en a un chez lui. C’est un Skek, seuls ceux étant déjà mort ou presque mort peuvent le voir. » expliqua t’elle brièvement alors que le chevalier semblait flotter dans les airs les jambes écartées... si elle avait vu la créature entre ses cuisses, peut être aurait il été impressionnant... là elle devait bien admettre qu’il avait surtout l’air ridicule.
« Il en a un chez lui ? …charmant… c'est bien son genre !  » il secoua sa tête. « Il fait un concours d'animaux avec Blanche…   »
« C’est ce que je lui ai demandé. » dit-elle sans que son amusement ne perce vraiment dans sa voix.
Le sombre cavalier descendit et leur fit son petit numéro, Alva fut un peu déstabilisée par l’odeur qu’elle perçut de cet être, encore une fois, elle ressemblait à celle de Lucian, c’était fou quand même, avec ce petit côté un peu particulier, non c’était la même odeur que Charlotte. Ce pouvait il qu’ils soient de la même espèce que la mystérieuse Lady ? Et pour cette odeur d’érable et d’épicéa mêlés... cela pouvait il avoir un lien avec le fait d’être maudit ? Anastasis avait souligné l'idée que Charlotte pouvait être une créature maudite peut être, cela serait un point commun entre les trois personnes qui portaient une odeur similaire.
Le cavalier les toisa et leur annonça des épreuves à venir. Alva répondit au regard méprisant de l’importun par ce regard glacial qu’elle offrait à ceux qui ne méritaient pas encore sa colère. Au moins, ils avaient la confirmation qu’ils étaient au bon endroit, autant de mise en scène ne pouvait que cacher le repère du kidnappeur qui qu’il fut. Mais entre cet accueil particulier et les illusions qui pouvaient leur cacher toute une armée cachée dans les ruines de Sodome ou allez savoir qu’elle cité détruite...  il était temps de rebrousser chemin et d’organiser un vrai plan d’attaque. Alva n’était pas du genre à fuir devant l’adversité, mais se jeter dans la gueule d’un loup dont on ignorait le nombre de crocs, c’était du suicide et suicidaire... elle ne l’était plus depuis qu’elle avait demandé à Lucian de l’abattre d’une ombre. Donc, il était temps d’agir avec stratégie et de revenir en force.

Elle s’apprêtait à faire part de cette idée à son coéquipier lorsque la sorcière se lança à la poursuite du cavalier. La louve soupira mais elle n’eut pas plus le temps de parler que le sol se mit à se mouvoir sur leur pied, et bien qu’elle évita le plus gros d’un bond en arrière, les mouvements redoublèrent et elle se retrouva emporté à l’instar des deux autres membre de cette équipe incompatible. Du sable dans les yeux et la bouche, elle se retrouva soudain sur de moelleux coussins, sentant ses membres s’engourdir de fatigue. Elle se redressa pour tousser et retirer le sable de ses joues. Le picotement désagréable lui assécha les yeux et elle dû se forcer à cligner plusieurs fois pour humidifier leur contour pour en faire sortir les quelques grains qui s’y étaient logés.
Elle put enfin apercevoir le décor, un appel à la paresse... ils venaient donc d'atterrir dans la première épreuve. En tournant la tête, elle aperçut Adèle qui rampait vers une porte alors qu’elle entendait Charlotte et Anastasis palabrer comme toujours. Au moins, la sorcière faisait preuve de ténacité, alors que son amie semblait vouloir succomber à l’effet soporifique de cette salle.
« Charlotte! Il faut avancer ! » gronda-t-elle pour soutenir l’effort de son coéquipier.
La louve devait faire un gros effort pour chasser la fatigue... allez, ce n’était pas la première fois qu’elle luttait contre elle. Bon les dernières fois ce n’était que pour grapiller du temps supplémentaire avec un vieux dragon avec qui elle pouvait passer une nuit blanche à parler de tout et de rien, à se chercher querelle et à s’inventer des vies sans queue ni tête. Il y a un mois elle avait lutté contre la fatigue et un mal de crâne affreux, cette salle ne pouvait pas être plus difficile que ça ? Elle n’avait pas la conversation de Lucian pour la stimuler mais l’envie de vivre devrait faire l’affaire.
« Adèle, continuez commença. Gordon, Charlotte, continuez à parler, on doit se garder éveiller et avancer... concentrez vous. » tenta t’elle de les motiver tout en se mettant elle-même en route vers cette porte qui semblait vouloir s'éloigner. « Gordon ? Est ce que la porte s’éloigne réellement ?  » si c’était une illusion, il devrait pouvoir le vérifier.
« C’est une illusion, elle n’est pas si loin… dix mètres d’Adèle a vu de nez... » répondit l’homme qui la rattrapait.
« Adèle, vous avez entendu, vous y êtes presque. Bien, concentrez vous tous sur l’idée que le porte ne bouge pas et avancez .»
S’auto motivant autant qu’elle cherchait à motiver les autres et garder leurs esprits éveillés, elle se redressa pour suivre le même chemin vers cette porte... immobile. Anastasis fit un mouvement de tête vers une position derrière la louve qui en se tournant découvrit Charlotte debout qui n’avançait pas. Elle soupira et fit demi tour se concentrant sur l’idée que la fatigue n’en était pas réellement une et attrapa la Lady de Winter par l'épaule pour l'entraîner sans ménagement à sa suite.

Bien, il avait réussi à se sortir de sous Charlotte et étrangement, il s’y sentait bien, puisque allongé avec l’idée même de s’y prélasser auprès d’un contact quelconque… enfin, bon il n’avait guère envie de lui faire un câlin ou même de faire une sieste avec elle sur lui ! Donc, il se bougea un peu, trouvant bien difficile de s’extraire de ce plumage moelleux… Alva fit donc de la motivation de troupe et le regard de l’homme s’arqua d’incrédulité quand elle leur ordonna à lui et Charlotte de parler… ah oui ? Il toisa la concerné avec ce même air…et commença à lui raconter la première chose qui lui passait par la tête… c’est-à-dire une recette de cuisine !

La porte n’était pas loin et il n’en comprenait pas pourquoi tout le monde semblait la voir si loin… Enfin bon, encore une illusion qui cache la vérité. Adèle rattrapait telle un forcené et la voir ainsi était pitoyable voir même peinant, alors il pressa le pas, ayant bien dû mal à courir dans cette drôle de texture de draps soyeux… il ne se casse pas la figure mais arrive près de la sorcière, l’attrapant par les épaules, pour qu’elle se redresse et arrête de faire la larve au sol…

« Debout Adèle…. » il la souleva glissant ses bras sous elle et l’aidant à tenir debout. Etant du genre actif comme homme, souffrant surement d’une grande activité, pas aussi grande que Lucian, mais pas loin, quand il était immobile trop longtemps ses jambes s’agitaient… la paresse n’était pas son défaut !

« Mon corps et si... lourd... Je dois avancer...pour Thomas. » dit-elle en s’accrochant comme à une bouée, ses pas étaient incertains et sa voix rendue pâteuse par le sommeil.

« Non, ce n’est qu’une informations fausse…vous êtes légère... »

Bon, pas de temps à perdre, il passa son bras sur ses épaules, pour la soutenir et se mit en marche plus vite l’entrainant avec lui, il fallait quitter l’endroit rapidement, avant que le sommeil les rattrape et qu’ils meurent ici … Enfin pour lui, il se demandait si Akakos pourrait venir le récupérer ici ? Il tourna la tête vers Alva qui motivait la troupe comme un alpha le ferait… elle s’en sortait bien ! Il lui fit un signe de tête pour qu’elle s’occupe de Charlotte si celle-ci a encore envie de jouer les paresseuses !

« D’accord...oui...légère,... pas sommeil.... » répéta t’elle pour essayer de s’en convaincre tout en suivant les mouvements de l’inspecteur.
« Non, vous avez envie de courir… et si vous me racontez ce que préfère faire Thomas ? » tanta t’il pour la garder éveiller et forcer le pas… difficile avec ce sol incertain.

« Il mange et..il dort..... » dit-elle dépitée. Bon, si elle ne faisait pas d’effort aussi…
« Bien, vos hobbies à vous ? »

Ce qu’il était chaud ! S’il ne bougeait pas, elle se serait endormie contre lui, autant c’était atroce sur un cheval sous le soleil, autant là, elle se serait volontiers lovée contre lui et sans arrière pensées !
Mais il continuait de bouger et de lui parler et elle devait avancer, pour son fils, pour Thomas.Ce qu’aimait faire Thomas, elle réfléchit mais à cet âge, il ne faisait pas grand chose à part manger et.... dormir, voilà que la chape de plomb revenait avec l’image du bambin dans son berceau. Quel enfer, elle était si lasse.
Quoi maintenant ? Il voulait quoi ? Ses hobbies à elle ? Et bien, ces derniers temps, ce n’était pas très varié.
« Je.. réveille des morts.... » dit elle avant de s’interrompre en s’apercevant de ce qu’elle s’apprêtait à lister: réveiller des morts, organiser des combat et des spectacle de torture, chercher le secret de l’immortalité avec un industriel borné... Non elle ne pouvait dire tout cela ! Maudite fatigue ! « Des séances de spiritisme.... » ajouta t’elle pour se rattraper et faire passer le réveil des morts a un sens moins physique et coller à ce qu’elle lui avait dit de l’utilisation de ses pouvoirs, puis elle bifurqua sur des loisirs plus anodins. « La broderie, la confection de petites poupées... »

Il avait marqué un temps d'arrêt à sa première mention, mais se ravisa pour la suite. « Et quel genre de poupée ? Vous faites de la broderie depuis quand ? » il posait des questions, pour la tenir éveillée...

« Des petites poupées en chiffon, c’est ma mère qui m’a appris . » et celà était vrai, bon ces poupées servaient parfois pour certains actes de sorcellerie ou cérémonie qu’on pouvait dénicher dans divers livre et elle s'entraînait aussi dessus pour tenter l’exploit de donner vie à un objet, si elle y parvenait un jour, elle pourrait réaliser les plans de Monsieur Halley qui ignorait encore à quel point son idées était... presque irréalisable. « La broderie, je l’ai apprise petite aussi, comme toutes les jeunes filles de ma condition... »

Réfléchir ainsi avait au moins le mérite de concentrer son esprit et la soulager un peu de la torpeur qui l’avait clouée au sol un peu plus tôt.
« [color=Darkslateblue] Et vous ? /color] » demanda t’elle alors qu’il ne leur restait plus que quelques mètres pour atteindre cette maudite porte.

« Je fabrique des meubles ou des jeux de société quand j’ai du temps. Ce qui me manque beaucoup avec mon métier… je pratique toute forme d'escrime avec différentes armes blanches… » continua til voyant la porte de plus en plus proche.
« [color=Darkslateblue] Vous faites des jouets pour enfants ?/color] » cela la fit penser à la voiturette confectionnée par Jon... et la figurine qu’il y avait ajouté avec beaucoup de cynisme.
« Oui, j’en fais pour un des orphelinats » répondit l’homme.
« [color=Darkslateblue] C’est un beau geste /color] »
Alors que l’inspecteur parlait, ils arrivèrent enfin à portée de bras de la poignée que l’inspecteur saisit sans attendre. Ils les propulsèrent tous les deux d’un pas plus vif dans la salle suivante. Adèle sentit instantanément la fatigue quitter ses épaules et la libérer du poids sur chaque membre de son corps. Elle put enfin se redresser et se tenir debout seule. Elle tourna le visage vers l’inspecteur et se contenta cette fois de le remercier d’un regard sincère et d’un léger sourire auquel il lui rendit en hochant la tête et ce rictus si éclatant.