Dans le sable du démon - Equipe 1

Mais pour qui la prenaient-ils donc ? “Pas d’huile ou d’éventail” et l’autre louve qui lui donnait des ordres. Ils voulaient la mettre en colère ? Ne voyaient-ils donc pas que la résistance était vaine ? Autant profiter du sommeil qu’on leur donnait pour mieux affronter la suite. Mais maintenant, elle était contrariée et elle ne profiterait pas de tout ça à sa juste valeur.

Et voilà qu’il lui racontait une recette de cuisine. Et en plus… Elle n’était même pas correcte. Vraiment, il y avait tout à reprendre. Peut-être que dans la salle de la gourmandise, elle pourrait lui montrer qu’il se trompe. Il fallait encore aller jusque là. Peu à peu, sa force de conscience revenait à elle. Une chose était en train de la motiver. Elle voulait goûter à la salle de l’envie. Se plonger dedans. La consommer entièrement, aspirer tout ce qu’il y avait à aspirer et s’en gorger. C’était une motivation suffisante, non ?

Elle entendit la réplique d’Adèle à Anderson qui s’était approché d’elle. Oui, elle devait aussi avancer pour son filleul. Il était l’une de ses motivations dans cette aventure même si elle s’en émouvait bien moins que la sorcière qui l’avait porté et enfanté, ce qui était parfaitement normal surtout que le prix à payer était élevé, au delà des marques sur son corps.

Et puis, elle, Charlotte de Winter, s’était-elle déjà reposée avant d’arriver à ses fins ? Jamais. Elle avait toujours vécu sa vie trépidante avec entrain, sans prendre le temps de s’arrêter. Un oiseau qui cessait de battre des ailes finissait par tomber. Elle ne devait pas s'arrêter.
Peu à peu elle en arrivait à cette conclusion, immobile, quand soudainement, une main puissante l’attrapa par le col pour la tirer. Surprise, elle se cassa la figure dans les coussins moelleux qui n’offraient pas une assise très stable et elle se fit traîner sans ménagement vers la sortie. C’était aussi une façon de profiter de la paresse en se laissant traîner comme ça, mais c’était surtout une façon dégradante et humiliante de la trimballer.

« Vous me lâchez tout de suite où ça va très mal se passer !! » s’énerva-t-elle pour de bon en tentant de se remettre debout.
« Alors bougez .» dit la louve en plantant son regard bleu acier dans celui de la femme qu’elle aida de sa force de louve à se remettre correctement sur pied.
« J’allais le faire, je n’ai pas besoin de vos méthodes de brutes. » répliqua-t-elle une fois debout en la poussant au niveau du sternum pour la faire dégager, y mettant peut-être un peu plus de force que l’humaine qu’elle était censée être pouvait produire.
La louve grogna mais dut faire un pas en arrière pour encaisser, elle semblait avoir l’habitude car elle réussit à garder son équilibre malgré le sol mou. « On a pas de temps à perdre .» lâcha-t-elle en se tournant vers la porte pour reprendre sa progression.
« Vous avez un train à prendre ? » répliqua Milady en remettant sa tenue en ordre, en la lissant, tout en avançant vers la porte sans attendre spécialement de réponse. Elle était dégrisée pour de bon cette fois même si elle sentait les effets de la salle sur elle. Cependant, elle s’en gorgeait plus qu’autre chose pour alimenter sa détermination pour le coup.
«Un enfant à sauver.» répliqua t’elle lorsque la démone fut à sa hauteur. Elle s’arrêta pour toiser la louve.
« Ca ne vous tarabustez pas plus que ça toute à l’heure quand il s’agissait de rebrousser chemin pour aller chercher des renforts, alors épargnez moi votre condescendance de petite duchesse. »
La grande blonde prit une inspiration en serrant le poing «Avançons.» dit-elle peu amène.
Charlotte ne répondit rien. Elle était déjà lasse de cette dispute. Vraiment, à quoi bon dépenser autant d’énergie pour se faire la guerre alors qu’il suffisait de s’ignorer ? Elle soupira, se frotta les yeux, et prit le parti de faire un pas en avant, puis un deuxième.
« Vous allez nous poser un problème quand viendra le moment de se confronter à la colère... » fit le cauchemar à l’attention d’Alva. Elle l’avait tellement senti, cette agressivité latente, depuis qu’elle la côtoyait.

«Oui.» concéda la louve avec une franchise qui pouvait surprendre.
Milady acquiesça mais n’ajouta rien de plus. Elle en avait conscience, c'était déjà une bonne chose. Et puis, ne voulait-elle pas la voir exploser depuis deux nuits ? Ce serait jouissif. Bientôt, même si cela allait certainement nuire à tout le monde. Charlotte ferma les yeux tout en continuant de mettre un pied devant l’autre, même si c’était de plus en plus difficile une nouvelle fois maintenant que la colère en question était retombée. Cependant, elle avançait, et la porte ne semblait plus s’éloigner, pour la bonne et simple raison qu’elle ne la regardait plus.

Salle de l’avarice

Le soulagement de quitter la salle de la paresse se ressentait dans ses muscles et il garda la porte ouverte, pressant les deux femmes de s’activer…

« Alva ! Charlotte ! Allez-vous y êtes presque ! » grogna t’il plus fort ! Et il referma la porte d’un coup sec quand elles traversèrent toutes deux enfin le seuil… Il put donc s’attarder sur leur nouvelle épreuve, la première avait semblé bien difficile pour les deux pièces rapportées de missions… il redoutait la suite.

La salle suivante était … édifiante ! Le pécher associer étant sans aucun doute l’avarice, il avait des montagnes d’or se dessinant à perte de vu, miles autres possession plus ou moins luxueuse, dont des petites cailloux blanc cristallin qu’il avait jadis collectionné au début de ses renaissance pour Daphnée. Elle avait adoré ces simples petites pierres, elle pensait que c'étaient des larmes de nymphes. Cette image, l’avait fait sourire et il s’était mis en quête de lui en ramener à chaque bataille ou voyage, ou simplement quand ils marchaient nonchalamment en direction de la mer. Il avait par la suite, reprit cette tradition un peu bête avec l’enfant dont il était censé être le « père adoptif, faute d’avoir pu féconder sa femme, mais dans un sens, il ne le voulait pas… À cette époque, il redoutait la sentence des autres phénix sur une mortelle portant un œuf. Alors, il avait loué son infertilité, qu’il maudissait maintenant. Tant de souvenirs dans ce simple petit caillou sans couleur… il en prit un, avec une belle nostalgie, l’envie simple de suivre ce chemin de pierre blanche commençait à le titiller et quand il prit conscience de ses gestes, il en avait déjà cinq en main. Non, c’est ridicule … où était la sortie ?

Son regard se posa sur une forme, en haut d’une montagne de pièces d’or… son regard se posa sur ses comparses.

« Allons y… et rapidement ! » fit-il un peu autoritaire pour les focaliser sur cet objectif…

Cette Charlotte était définitivement insupportable, mais la colère qu’elle suscita aida au moins la louve a voir ses pas s’alléger et s’accélérer, concentrer à se canaliser, la fatigue lui semblait plus loin et la porte plus proche. L’inverse était une aide aussi, la torpeur imposée par la salle calmait son bouillon de colère ou plutôt la retenait d’avoir des gestes malheureux envers l’autre femme. Toutefois celle-ci fit une remarque qui hélas, s’avéra judicieuse... l’épreuve de la colère serait une grosse difficulté pour la louve et elle ne pouvait le nier, même devant Miss de Winter. Cela ne servait à rien et elle aurait l’impression de se cacher derrière un brin d’herbe.

C’est ainsi que les deux femmes arrivèrent au bout de cet interminable chemin vers la seconde épreuve sous les encouragements de Gordon. Dès qu’elle fit un pas dans cette nouvelle pièce, elle se sentit soulagée de la fatigue et put admirer la salle sans éprouver d’abord de sensation particulière. Des montagnes d’or et de pierre précieuses, des oeuvres d’art du meilleur goût, des bijoux somptueux... beaucoup d’objets magnifiques ou qui semblaient dotés de magie pour certains. Tout cela était certes attirant mais si le regard d’Alva s’attardait sur certain, ressentant une petite envie de les toucher et de les posséder, l’avarice n’était pas un de ses péchés. Peut être avait elle déjà suffisamment de choses, ou les objets n’étaient ils pas assez important comparativement au savoir ou aux personnes.

Alors elle préféra s’attarder sur la recherche de la prochaine issue qui se trouvait en haut d’une montagne de pièces d’or, pour peu, on se serait cru dans l’antre d’un dragon céleste. Anastasis motiva tout le monde vers la sortie, il tenait quelques pierres dans ses mains, mais il ne semblait pas beaucoup plus affecté qu’elle par ce besoin de posséder toujours plus sans en céder la moindre poussière.

Quand elle traversa la porte, ce fut comme si on avait levé la chape de plomb de ses épaules et soudainement, tout cela lui semblait parfaitement ridicule. Pourquoi avoir voulu s’attarder dans cette pièce maintenant qu’elle y réfléchissait ? Elle avait bien conscience que les épreuves jouaient sur leur volonté et les péchés qui s’y associaient. Elle ne se pensait pas si prompte à se reposer, ou bien était-ce une volonté qu’elle avait en sourdine parce qu’elle n’avait pas le temps pour ça ? Depuis qu’elle était vivante, humaine, puis cauchemar, elle n’avait eu de cesse de marcher pour assurer sa survie, trouver sa place, avancer dans la vie et dans ses projets ambitieux.

C’était pour elle une façon d’être, une façon d’exister, tout simplement parce qu’elle enviait la vie de tout le monde et qu’il lui fallait être mieux, avoir mieux, être la plus maligne et la plus fourbe. Elle n’était pas devenu un cauchemar de l’envie pour rien en même temps.

Cependant, la salle suivante n’offrirait pas de répit non plus à Milady de Winter. Encore une fois, la démone allait devoir affronter un vilain péché qui taraudait son esprit de pie : l’avarice. Beaucoup de choses brillaient dans cette salle et son œil était attiré de partout.

D’ailleurs, sans trop s’en rendre compte, elle était en train de faire un petit amas avec du tissu trouvé là, et quelques pierres sans importance, mimant tout simplement… un nid.

Ce faisant, elle prit des nouvelles :

« Est-ce que tout le monde va bien ? »
«A première vue oui.» répondit la louve avant d’ajouter en prolongeant la remarque de son coéquipier. «La porte est là haut, dépêchons nous et voyagez léger, ce doit être l’avarice, si nous nous servons, nous échouons..»
« Oui, passez devant. » suggéra Milady en laissant son regard vagabonder. Il tomba rapidement sur Adèle qui était en train de se draper d’une cape. La sorcière était à elle, elle pouvait s’en gargariser pour de bon. Après tout, son âme lui appartenait, sa famille était sienne, mais un jour ou l’autre, elle l’assujettira pour de bon en la faisant grandir au même rang qu’elle.

La sorcière aurait bien gardé son inspecteur à son bras, ici sa chaleur était assez bienvenue et le garder à ses côtés, le conserver comme un trophée lui passa par l’esprit. Elle aurait son petit harem personnel, oui, pourquoi les hommes seraient ils les seuls à pouvoir jouir de tels privilèges ? Elle y mettrait Jon, Gordon, Luther ce gladiateur aux cicatrices terrifiantes, pourquoi pas cette vampire et la dragonne qui travaillaient pour la mafia et Henri bien évidemment, peut être pourrait il prendre des leçons en observant les autres.

Mais l’inspecteur s’éloigna pour jouer les poursuivant du petit poucet en ramassant des cailloux sans intérêt alors que là de l’autre côté il y avait des joyaux dignes de la Couronne. Des bijoux et parures somptueux, une cape bordée d’hermine, un sceptre orné d’une pierre sombre qui sembla vibrer de puissance lorsqu’elle y posa la main. Elle avait entendu parlé d’artefact magique pouvant augmenter la puissance d’un sorcier ou lui octroyer de nouveaux pouvoirs, était-ce l’un de ces objets pouvant faire d’elle la plus grande nécromancienne de ce temps ? Et ce diadème parés de milles diamants tels des étoiles tombées sur terre, ne lui donnerait-il pas l’allure de la reine qu’elle méritait d’être ? Tous ces objets semblaient faits pour elle, ils ne méritaient qu’elle.

Sans même y penser, une jolie cape tombait sur ses épaules et le sceptre dans la main, elle tendit l’autre vers cette fine couronne aux éclats chatoyant. Mais voilà que la main de la pie venait de s’en saisir.
« C’est à moi ! » dit-elle un peu vivement en désignant l’objet de sa convoitise.
« Ce qui est à toi est à moi. » décréta Milady un peu vivement elle aussi.
« Ce que tu posséde de moi est déjà bien suffisant pour que tu me laisse ce diadème » Le fait que la démone détienne son âme ne voulait pas dire qu’elle avait droit sur tout le reste de sa vie et de ses possessions.
« Et pourquoi serait-ce suffisant ? Tu as eu ta compensation, donc je ne possède rien. Reprocherais-tu au boulanger de lui donner ses deux sous contre son pain ? » répondit Milady avec un rictus charmant.
« Je n’ai pas eu mon mot à dire sur le prix et pour l’heure je n’ai même plus la compensation. »
« Et donc, tu as renégocié le prix de ta maison acheté par tes parents ? Tu as été pleuré auprès du boulanger quand tu t’es fais voler ta baguette ? »

Il était ridicule de ramasser ses petits cailloux, dans l’espoir de revivre quelques souvenirs d’un âge bien ancien. Aussi plaisant soient-ils. Il n’avait que faire des bien matériels, de l’argent qu’il dépensait rapidement pour le bonheur des autres, il avait appris à économiser que depuis qu’Eos était dans son nid, mais tout son salaire allait pour le bon, fonctionnement et rendre heureux les trois phénix, rien de plus rien de moins. Ses possessions étaient siennes et il n’avait jamais convoité d’autres. Bien au contraire… alors cette salle n’était pas vraiment un péché pour lui, même si elle avait essayé de l’attirer avec ces simples cailloux couleur neige. Au fond, il admirait l’imagination de son créateur, ou de la magie se trouvant derrière lui. Même si c’est l’œuvre d’un esprit malin, il ne pouvait qu’avoir une douce pensée sous cette ingéniosité dont il en aurait été dépourvu.

La porte se trouvait en haut d’une montagne d’or, tel un trophée, celui de leur liberté… mais bientôt les deux ladys londoniennes se chamaillent pour quoi au juste ? Des pierres ? Il soupira à l’unisson d’Alva peu sujette à l’avarice elle aussi…

La louve regarda son coéquipier avec un soupir. « Tu y vas ou j’y vais ? »

« J’y vais, mais si cela dégénère on y va en force. » dit-il trouvant qu’il fallait s’activer pour ne pas se laisser emporter par le péché en lui-même et empirer les choses. « En tout cas, tu avais raison, c'est bien Charlotte qui détiens Adèle. » souffla t’il plus bas en grec ancien, en référence à leur discussion solitaire.
Il lâcha ses cailloux, marquant définitivement la rupture avec les belles farandoles métaphasiques et s’approcha des deux gamines.

« Charlotte, Adèle… cette salle est remplie de vos envies matérielles. Si vous voulez retrouvez Thomas, il faut gravir cette montagne d’or et prendre cette porte ! » répondit-il avec un aplomb certain de militaire. « Luttez et suivez-nous, ou sinon on sera contraint de vous assommer et de vous traîner ! » attaquer sur la fierté était peut-être la petite étincelle pour les mettre en marche.

« Vous... Thomas..oui... » dit elle en laissant son regard sur l’objet que tenait toujours Charlotte, mais son cerveau semblait s’activer sur ces pensées.

« Ne vois tu pas qu’il essaie juste de détourner ton attention pour s’emparer de ce qui suscite cette discussion entre nous ? » ajouta Milady dans la foulée.

« Je n’ai que faire des biens de cette salle Charlotte ! Pour une fois, faites ce qu’on vous demande ! » il sentait la négociation arriver et le venin de la harpie allait contaminer Adèle encore plus… « Si vous avez tant peur que je vous dérobe cet objet, tenez mes mains et allons y ! »

Milady ne pouvait elle lâcher prise... rien qu’une fois! Allait elle finir par vouloir lui prendre Thomas et le pouvoir qu’il représentait pour le faire sien ? C’était elle la mère, c’était elle qui allait user de son influence sur l’enfant pour qu’il soit SON outil de pouvoir. Cette dispute pour un diadème pouvait paraître anodine, mais elle n’était que l'expression de toutes ces craintes, le besoin d’affirmer à la démone qu’elle ne pouvait pas TOUT lui prendre.
Mais l’inspecteur vint s’en mêler, et ses quelques mots la poussèrent à réfléchir. Thomas, oui son fils serait plus puissant que n’importe quel sceptre. Thomas était l’aboutissement d’un pacte qui lui promettait un avenir glorieux, celui qu’elle devait possédait à tout prix, c’était lui et pas ses objets qui n’étaient que des symboles. Alors oui, elle hésitait et Charlotte ne fit qu'apporter plus d’incertitudes encore. Est ce que l’inspecteur voulait qu’ils avancent pour retrouver son fils et le lui enlever par la suite ?
Son regard passa du diadème au visage de Gordon, son regard était plus sombre et il pouvait lire ses doutes dans ses prunelles presque noires.
« Pourquoi voulez-vous Thomas ? Pour me le prendre ? » demanda t’elle.

L’homme soupira…cela allait être difficile.   « Non. Je ne veux pas de Thomas, je veux que vous alliez prendre cette porte pour que vous le retrouvez !  »
« Est-ce votre désir le plus cher inspecteur ? »  demanda la démone à brûle-pourpoint.
L’homme la regarda et secoua un peu la tête… dépité. « Parfois, je me demande si vous n'êtes pas un démon, pour trouvez toujours la phrase qui faut pour agacer ou tenter autruis. » tacla l'inspecteur « Montez et soyez raisonnable. Le but est de sortir de cette épreuve et pas d’échouer à la seconde ! » il commençait à en avoir marre.
Qu’il convoite ou non son fils et le pouvoir qu’il représentait, il avait raison sur un point, s’ils ne sortaient pas d’ici, elle ne le retrouverait jamais. Elle s’apprêtait à répondre lorsqu’elle vit la grande blonde avancer vers eux avec ce visage toujours aussi accueillant.
« Mesdames, on avance maintenant ou je vous traîne de force. » prévint-elle d’un ton toujours aussi affable. Bon sang, elle avait pourtant fait des efforts, ne pouvait elle essayer d’être agréable un minimum cette chienne frigide.
Adèle soupira en s’intéressant davantage à Gordon qu’a cette mégère. « Allons-y. »
L’inspecteur lui tendit le bras, voulait-il l’aider, se montrait il courtois ou voulait il être sur qu’elle le suivrait bel et bien. Elle le prit, et posa son autre main dessus aussi retrouvant cette émotion qu’elle avait eu en entrant de vouloir le posséder lui aussi.  
« Allons-y alors, mais il n’empêche que l’inspecteur n’a pas répondu à la question, préférant m’attaquer sur ma condition encore une fois. Mais bref. Je prends ça avec moi quand même. » ajouta la démone en prenant l’objet qui avait commencé la discussion animé entre Adèle et elle.

Anastasis en avait plein le dos… déjà ? De Charlotte qui était quand même un boulet depuis la paresse. Enfin bon, peut-être qu’elle le sera moins pour d'autres salles. Il avait bien envie de lui répondre une stupidité pour la provoquer mais il se retient, il avait bien mieux à faire. En tout cas, il tendit son bras à Adèle pour la simple raison, qu’elle ne lui refuserait sûrement pas et qu’ainsi il pouvait lui imposer son rythme et donc presser le temps perdu !

« Je vous répondrai quand on aura vaincue chaque épreuve Charlotte ! »

En tout cas, il nota qu’elle avouait sans le faire son espèce ? ou juste une manière de se plaindre ? Surement cette dernière, Charlotte ne faisait que ça ! Elle devait appartenir à l’espèce des « Chieutosaure ». Qu’importe, Alva lui confirmerait, Cirmeris était un démon et il interrogeait la louve plus tard quand ils n’auront pas l’esprit préoccupé. Et comme souvent la Chieutosaure ne pouvait s’arrêter à de simples paroles… il jeta un regard à la louve, murmurant si bas qu’il semblait juste agiter les lèvres :

« Tu lui prends quand on sera en haut. » puis il entraîne Adèle, comme il l’avait fait juste avant à croire qu’il allait la garder accrocher à lui si ça continue.

La louve acquiesça et lui indiqua la sorcière d’un petit geste du menton, elle portait toujours la cape bordée d’hermine sur les épaules, chose qu’il avait oublié sur le coup, puis elle se tourna vers Charlotte et attendit qu’elle se mette en marche pour se placer en queue de peloton.
Le groupe était enfin sur le bon chemin. Ces épreuves s’annonçaient difficiles et si la paresse et l’avarice n’étaient pas les péchés les plus impactant pour la louve, ce n’était pas le cas pour les deux femmes qui les accompagnaient et d’une certaine façon, cela leur en apprenait beaucoup sur elles. La petite dispute était édifiante, il y avait donc bel et bien un jeu de pouvoir entre elles deux et maintenant ils avaient la certitude que c’était Charlotte qui dominait le duo. Ces informations étaient intéressantes à recueillir mais le souci viendrait à l’inverse dans les prochaines salles, elle devrait prendre garde surtout à la colère comme l’avait si judicieusement pointé Miss de Winter. Quant aux autres péchés, elle n’était peut être pas aussi insensible à certains qu’elle pourrait le souhaiter.
Ils commencèrent à gravir la montagne de pièces d’or. Alva observa les autres monter, Anastasis ne semblait pas éprouver trop de difficultés contrairement à Adèle dont les pieds glissaient sur les pièces. Pour Charlotte, même constat, les rondelles d’or semblaient rouler sous ses semelles pour la déséquilibrer alors qu’elle même avait l’impression que le tas d’or était aussi solide qu’une montagne de roc.
« Délestez vous de ce que vous avez pris.. » dit-elle en se portant à hauteur de l’autre blonde. « Vous monterez plus facilement si vous lâchez tout. »
« C’est fastidieux, mais je monte très bien. Merci. » répliqua Charlotte sans se tourner vers elle.

Soit, tant qu’elle ne mettait pas trois heures à gravir cette montagne, elle attendrait la dernière minute pour lui ôter ses possessions. Elle releva les yeux vers le sommet que Anastasis et Adèle venaient d’atteindre et fronça les sourcils en se demandant à quoi l’inspecteur jouait en tenant ainsi la brune. Mais elle dû reconnaître que ce fut efficace et se dit qu’il faudrait être tout aussi rapide avec l’autre lady si elle ne voulait pas risquer de la voir repartir en bas du tas d’or pour récupérer ce qu’elle avait amassé.

Une fois arrivées au sommet, elle se plaça en travers de la porte et attendit que la Lady la rejoigne. Une fois celle-ci a sa hauteur, elle attrapa d’un geste vif le tissu où elle avait amassé son trésor et le fit voler sur le côté. Sans laisser à la femme le temps de réagir, elle l’agrippa par l’épaule et la propulsa derrière elle au travers du passage du moins c'était ce qu'elle pensait, mais la porte s'était refermée dans son dos sans crier gare.

Elle le savait au fond, qu’elle était dans une salle qui venait titiller un des péchés humains, mais c’était comme si cette perspective était anesthésiée par ce qu’elle sentait dans la salle et qui l’attirait invariablement. Et puis, elle était une démone, venue des enfers et façonnée en un jolie cauchemar qui ne vivait que pour assouvir ses besoins, dans le péché et la tentation. Alors forcément, elle était un peu sensible à tout ça, ne voyant pas le mal à profiter des choses telles qu’on les lui présentait, même si elle savait que tout cela était illusoire.
Elle pouvait se convaincre qu’elle voulait juste profiter encore un petit peu des choses, ou partir avec un souvenir, mais elle savait aussi que ça ne fonctionnait pas comme ça et que petit à petit, sa volonté serait grignotée par le mal, par un mal qu’elle était susceptible de provoquer chez les autres.

Elle était jeune pour un cauchemar, et encore encline à se perdre dans ce genre de considération, même si elle avait un certain amour propre et une affirmation de soi importante. Cependant, force était de constater qu’elle y était sensible.

Chaque salle allait être une épreuve pour elle, encore qu’elle attendait celle de l’envie avec impatience. Il fallait dire que Milady avait beaucoup de péchés en elle, et que ce n’était pas la vie qu’elle avait mené en tant qu’humaine qui venait pondérer celle qu’elle vivait en tant que cauchemar. Et ce n’était pas pour rien qu’elle incarnait l’envie, car l’envie était un peu à la base de tout.
Cette dispute avec Adèle lui avait semblé censée. Après tout, elle était en droit de prendre ce qu’elle voulait dans cette salle, au même titre que la sorcière. Qu’elle posséda son âme ne changeait rien. Qui plus est, elle n’avait pas pris son âme gratuitement. Elle l’avait échangé contre un fiston qui irait filer des boutons à un bouton, alors elle n’allait pas chouiner et râler sur son sort… Certes, ce n’était pas son choix à elle mais celui des générations précédentes, mais qui pouvait-elle ?
En tout cas, cela était révélateur d’un certain mal être, qu’elle avait déjà touché du doigt par le passé en discutant avec la sorcière. Si elle pouvait s’en moquer et le prendre avec légèreté, le fait est que ce n’était pas le cas d’Adèle, et cela pouvait se comprendre. Mais au fond, qu’est-ce que ça changeait pour elle ? Rien.

Elle chassa la louve d’une réplique et continua de monter péniblement les degrés vers la porte, contente que la blonde ne revienne pas à la charge encore une fois. Elle aussi commençait à être un sujet d’inquiétude. Elle était par trop moralisatrice et elle prenait un peu trop ses aises. Si elle était déjà en colère contre elle maintenant, qu’en serait-il quand ils allaient se retrouver confrontés à ce péché là ?
Charlotte ne vit pas venir le coup de la louve, et pour cause, elle était plongée dans ses pensées, mais aussi dans son effort pour grimper. C’était qu’elle était raide la côte ! Et ça glissait pas mal ! Essoufflée, elle n’eut pas le temps de protester que son butin fut délesté et expédié en bas de la montagne d’or. Même pas le temps de le suivre du regard qu’elle se fit entraîner, pour heurter durement la porte restée fermée. Milady se tourna vers Alva :

« Vous me prenez pour une sotte décidément. renifla-t-elle avec dédain. Elles étaient momentanément séparées des deux autres, étant donné qu’Adèle s’était faite entraînée par son chevalier servant. Essayait-il de trouver une place qui viserait à remplacer Henry ? Ce serait amusant ça tient, mais au moins la nécromancienne pourrait se brûler à souhait. La Lady leva sa main devant elle, pour exhiber une jolie bague en or blanc orné de quelques pierres précieuses. Elle fit un sourire à Alva. Voilà la clé pour que nous rejoignions votre ami et mon amie. Il me suffit de m’en débarrasser et la porte s’ouvre. »

La jeune femme tira la bague de son doigt, mais elle la garda dans la paume de sa main, fermée.

« Il me suffit de vous la faire avaler, et de vous pousser en bas de cette montagne, et vous ne serez plus une menace pour nous par la suite, le temps que vous la digériez. Une petite moue se peignit sur le visage de la démone et elle ajouta : Ou alors, je l’avale, et nous restons coincées ici toutes les deux. Ma compagnie vous plait tant. »