Dans le sable du démon - Equipe 1

Voilà une des premières missions du phénix, autre que celle avec Blanche pour chercher une herboriste qui drogue tout le monde. Même si cela allait clairement dans la suite de leur enquête, il trouvait ça pas mal de pouvoir aller au bout des choses grâce à la Ligue. Le chemin dans un aéronef lui avait fait penser longuement à Eos et une forme d’amertume l’avait pris… il aurait dû jubiler d’une joie palpable, mais au lieu de ça son cœur s’était serré un peu plus. Même si Akakos était revenu depuis octobre dans leur « nid », la menace d’Ephya était présente, il redoutait que le corrompu viennent chercher son témoin… il ne se pardonnerait pas de la voir disparaître une seconde fois alors qu’il était loin… surtout qu’Ephya avait le gros lot : deux femelles phénix. Mais comme toujours, les deux rayons de lune et soleil l’avait convaincue qu’il devait suivre son enquête et retrouver ce gamin, il n’avait pas pu leur dire grand-chose… bon, il leur avait avoué à demi-mot que c'est à cause de son activité au sein d’une organisation pour la paix de ce monde. Il avait défait le châle qu’il portait, celui-ci portait le parfum de son amour… il le trifouillait nerveusement. Il ne devait pas, Alexan serait là pour la protéger… il devait arrêter d’être en colère ou angoisser, cela allait faire grossir cette plume qu’il portait tel un fardeau. Il pensa avec une pointe d’amusement à son sac, remplie de nourriture, il n’avait presque plus eu de place pour ses affaires, ça au moins était plus joyeux ! Il avait autour du coup le compas/boussole de sa fiancée… il l'avait refusé mais on ne refuse pas un acte d’Eos, car elle lui avait mis autour du cou avec une tape sur l'épaule et hop elle l’avait embrassé pour qu’il arrête de faire son grognon… elle estimait qu’il en aurait besoin que ce soit pour retrouver son chemin dans le sable ou “là” avait elle dit en lui tapotant le coeur craignant pour cette plume noire dans son dos.
Enfin bon, il n’avait pas entendu la louve approchée et assurément qu’elle devait voir son inquiétude sur son visage. Il tourna la tête vers elle…
« Ça va ? » lui demanda t’elle.

« Moyen. Je m'inquiète sûrement bêtement... » dit-il en secouant un peu la tête.
« C’est la nécromancienne qui t'inquiètes ?»
« Hum… je dois t’avouer que si on retrouve un cadavre je ne serais pas mécontent d’avoir un nécromancien en moins… ou que sa mère se fasse percuter par un fiacre. » il soupira secouant la tête, il devait revenir plus brillant… « Mais ce n’est pas tant elle qui m'inquiète le plus. Aka… Ma “soeur” Lily, est revenue en octobre, elle avait disparue elle avait été kidnappée par un couturier à la solde d’un autre phénix… corrompue. Depuis octobre, je suis un peu tendu, qu’il revienne la chercher, surtout qu’il trouvera deux femelles phénix… et je redoutais qu’il arrive alors que je ne suis plus là pour les protéger. » il avait parlé comme souvent quand il était en confiance et cela le taraudait, il essayait de ne pas trop le montrer aux deux femmes de sa maison… mais plusieurs fois, il rentrait tard, pas parce qu'il avait du travail, mais parce qu'il avait fait une ronde et qu’il avait posé des pièges à certains endroit autour de la maison. Il revenait se coucher près des deux, entre le chaud et le froid, rassuré de les sentir vivantes, surtout Akakos, qu’il serait toujours un peu plus, pour l'ancrer dans ce monde… que plus jamais rien n'allait lui arriver maintenant qu’ils étaient tous ensemble.

« L’enfant est encore innocent mais la mère n’aura pas le loisir d’un autre dérapage, la Ligue la tiendra à l’oeil maintenant.» répliqua la louve avec sérieux. « Je ne savais pas pour ta soeur, Amélia et elle ne semblaient pas particulièrement inquiète au mariage de Calloway. Veux-tu que je demande à Papa si des loups sont disponibles pour organiser des rondes près de chez toi le temps du voyage ? »

Il ne réagit pas vraiment sur le fait d’être innocent ou non. Il deviendra bien vite un monstre et il sera assoiffé d'énergie vitale et face à un phénix c’est un peu le graal. Mais, il garda cette réflexion pour lui-même. De toute manière, il n'assumait pas son vœu mortuaire pour cette famille.

« Je n’en ai pas parlé non plus, tu ne pouvais savoir, on a chacun nos soucis en cette fin d’année. » dit-il avec douceur « Ce n’est pas dans leur nature d’être inquiéte dans un événement censé être plein d'amour et de bonheur. De plus, cela reste des phénix rayonnant et un peu plus naïf. » Akakos était naturellement angoissée, mais elle restait un phénix plein de vie et de joie quand à Eos… elle ne porte pas le nom de soleil pour rien. « L’ami Eo...D’Amélia est censé veiller sur elle. Mais si un loup fait une ronde, je veux bien. le temps qu’on parte… par contre qu’il ait quelque chose contre le feu. » Il toisa Alva, sincèrement touché par cette démarche. « Merci. » il avait gardé ses mains sur le châle de sa sœur, sachant bien que les contacts n’étaient pas la tasse de thé de la belle louve. Mais il lui fit un sourire brillant.

Elle hocha la tête en réponse à son sourire « De rien, je préviens papa, il fera ce qu'il faut. Elles sont seules chez vous ou cet ami y est aussi ? Qu'un loup n'aille pas l'attaquer par erreur.» confia-t-elle.

« Il est de la Ligue aussi; Alexan Lionheart, vu son gabarit… un homme de presque deux mètre un regard bleu presque blanc. Il est repérable. Je pense qu'il ne doit pas être loin. » Il fit une petite pause « Le corrompu sentir surement comme nous mais avec un arrière goût de cendre et de mort. Si cela t’aide… ou bien la mort sucrée...il aura l’allure louche de toute façon. »

« Alexan, oui c'est vrai que je les ai vu ensemble au mariage. Ça ne m'étonne pas de lui. Je vais indiquer toutes ces informations à mon père et il verra ce qu'il peut faire pour assurer leur protection. Allons trouver des montures, plus vite nous serons partis, plus vite tu rentreras près d'elle.» dit elle pour le rassurer.

Il hocha la tête, apparemment ils se connaissaient. Il était pas si mal au commissariat pendant ce mariage apparemment de ce que lui en avait dit Alva. Même si les deux femmes étaient ravies...enfin Nathaniel arrêterait de faire des avances à Eos maintenant qu’il était marié. Puisque la voir avec une bague n'avait pas suffit.
« Oui, dès que nous arrivons au pays du sable… Il en avait du monde à ce mariage... » dit-il un peu stupéfait d’y savoir aussi Alexan.

« Oui Calloway a invité toute la Ligue et la noblesse... Il voulait faire étalage comme d'habitude.» dit elle sans entrain.

Le phénix soupira, il n’était pas du genre à aimer ce genre de chose. Comme d’habitude ? Eh bien, voilà qu’il confirmait son observation.
« Comme d’habitude… hum égoïstement, je suis ravi de ne pas y être allé. » il n’avait pas vraiment sa place à ses yeux, il ne connaissait pas vraiment l’avocat et avait toujours un avis assez… mitigé sur lui à cause de son métier faisant sortir des gens de prison, certes pour la Ligue mais il ignorait de qui de ses clients étaient vraiment des monstres que la Ligue jugeait. Et puis, il n’avait pas digéré qu’il était l’un des responsables du choix des fiançailles, lui et Jon et que cela n’avait pas eu l’air de le calmer en août pour l’anniversaire d’Arthur, allant jusqu’à s'entourer de la courtisane et de la pilote dans un culot monstre.
« Bien, puisqu’il est marié, il va pouvoir se concentrer sur sa femme. » lacha t’il en pensant à tout cela.

« Ah ça, rien n'est moins sûr. C'est un mariage de façade, il continuera à collectionner les conquêtes sans nul doute.» dit elle apparemment sûre de son fait. Fait qu’il ne comptait pas remettre en cause… Ce qui désespéra le phénix qui soupira et roula des yeux.
« Cela explique pourquoi il ne semble pas avoir de respect pour une bague de fiançailles. »
« Qu'a t'il fait ? » demanda t'elle d'un ton exaspéré sûrement dû à sa piètre opinion sur l'avocat.

« Il fait les jolis cœurs avec Eos…Amélia. » il fallait que cela sorte à un moment qu’il se trompe de prénom, il ne pouvait pas le reprocher à Eos, puisque lui aussi avait fait l’erreur, bon après Alva était au courant de leur race.
« Et je suppose qu’il fait de même avec Lily. Mais je ne me vois pas lui mettre une bague de fiançailles, cela serait contre les mœurs actuelles. Quel don Juan je ferai sinon ! » dit-il avec une pointe d’humour.

« Et une bague ne l'arrêtera pas de toute façon. Si elles ne veulent pas être ennuyées, il faudrait qu'elles lui fassent comprendre clairement. » dit-elle toujours sans appel.

« Et il s'arrêta à un “non” ? » demanda t’il et il en doutait.
« Je n’ai jamais entendu dire ou eu de preuves qu’il ait déjà forcé une personne. Il semble être un séducteur mais un violeur je ne pense pas, il n’a pas ça dans le regard. » tenta t’elle de le rassurer, elle semblait sûre d’elle.
« Je ne doute pas qu’il n’en est pas un, mais je parles plus d’essayer de convaincre quand même ou de continuer son petit jeu. . » pour le peu qu’un homme avait ça dans le regard… le mal pouvait toucher n’importe qui.
« Ca je ne sais pas, je crois que je suis une des rares avec qui il ne tente pas et heureusement. Mais Amélia et Lily sont sans doute trop douces pour qu’il ne continue pas d'espérer les convaincre. » avoua t’elle.

L’homme soupira, oui elles sont douces et sans le savoir elles laissent des opportunités. Cette idée l'énerve un peu, car il n’aurait rien des deux phénix, pas avec ce genre d’ambition de juste les séduire… si encore il était tombé amoureux et avait de noble sentiment et non en faire une nouvelle prise dans cette collection qui semble bien grande… il ne dirait rien. L’amour d’un phénix est trop précieux et fort pour qu’il est taché de déception, comme lui l’a été par Sam. Il voulait épargner cette souffrance à ses amours… il voulait leur épargner beaucoup trop de choses en fait, il était passé en mode protecteur, un guerrier sans faille... Il devait atténuer un peu, sinon il allait finir comme Gabriel : extrême. Mais bon, avec l’enlèvement ‘Akakos, il doit dire qu’il était sur des charbons ardents. Ne voulant pas les voir souffrir. Leur apporter le bonheur qu’elles lui inspirent à chaque fois qu'il pose un regard sur l’une d’entre elles. Et sûrement, qu’il semblait absent, pusiqu’Alva le ramena à la réalité avec une question :

« Lily est réellement ta sœur ou c'est une couverture comme pour Eos c'est ça ? » demanda-t-elle moins tranchante que lorsqu'elle parlait de Calloway.
« C’est mon témoin, le second phénix qui vient nous chercher pour qu’on renaisse. » lui expliquer qu’ils avaient un lien avec Gabriel, serait étrange, puisque la génétique n’avait pas d’influence chez les phénix, ils avaient leur propre génome. Pour cela que tenter de faire un œuf ensemble ne posait pas de souci de consanguinité. Et puis rien ne prouvait que Gabriel avait bien été le fécondateur à 100%, il pouvait avoir eu d'autres mâles à cet instant.

« D’accord, lorsque ce moment vient, vous vous retrouver où que vous soyez ? Est ce que vous sentez si l’autre est en danger ? » demanda t’elle.

« Oui, on sens quand l’autre est sur le point de mourir ou dû moins quand cela est inévitable. Et on est guidé, comme une boussole jusqu'à son corps. »
« Cela n’arrivera pas durant ce voyage, entre Alexan et nos loups, elles seront bien protégées. Tu n’auras alors besoin que de cette boussole là. » dit-elle d’un ton un peu plus léger en pointant du doigt l’objet pendu au cou d’Anastasis.

Il eut un large sourire et un regard plus joyeux à ce petit trait d’humour de la louve.
« J’espère bien ! »

Le voyage fut plus rassurant et la chaleur étouffante de l’endroit ne le dérangeait pas vraiment, il était dans son élément. Il appréciait encore plus le soleil sur sa peau, lui épargnait de trop manger, puisqu’il puisait dedans, tel un tournesol grandissant. Ils finirent par trouver un caravanier vendant des bêtes montables, il aurait préféré un cheval, trouvant dans le dromadaire certes une créature adaptée au sable mais à la démarche peut confortable. Et de toute manière, il n’avait pas d’équidés. Tant pis, ils feront avec et leurs odeurs douteuses devait agresser les narines de la louve.

Les deux femmes indésirables étaient trop loin pour qu’il puissent entendre, alors c’est la remarque d’Alva qui le fit tourner la tête vers les deux lady anglaises. Il retenu un soupir, que de dévotion pour retrouver le fils, mais cela était-il surprenant ? Elles n’étaient pas tout à fait humaines et avait conclu que la police ne pourrait aller au-delà de leur juridiction. Elles n’auraient pas eu tort sur ce point. Et comment allaient t’ils justifier ? Il n’avait pas envie de rendre des comptes à aucune d’entre elles !
« Manquait plus que ça… » avait-il soufflé tout bas à la louve. Il conclut donc l’affaire et l’homme partit chercher deux bons dromadaires, alors que pour sa part l’inspecteur décida de saluer les deux ladys. Il ne dit rien de plus, laissant Alva mener de son tranchant. Il avait été affable, c’est déjà plus que nécessaire.

« Les femmes n’ont pas de mot à dire ici, vous voulez que je vous négocie des montures ? » dit-il finalement, rattrapé par sa bonté stipe mais surtout pour tenter d'équilibrer un peu son humeur et éviter que sa plume noire se gorge … il avait été mal après leur visite, tant de colère… ce n'était pas bon. Et puis, elles étaient là… il sentait qu’il allait falloir faire équipe.

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La chaleur de ce pays était un contraste des plus désagréables avec le froid hivernal de Londres. Si elle n’aimait pas être transi de froid et houspiller les domestiques qui n’avaient pas raviver les braises assez tôt dans sa chambre, elle n’aimait pas plus la chaleur moite de ce pays... pays où en plus les femmes devaient se voiler de pied en cap pour ne pas heurter la sensibilité des hommes à la peau bise...ou une obscure raison religieuse.
Sur le chemin du port de Jamalia à ce vendeur de chameau en bordure de désert, elle avait ôté quelques années de ci de là juste pour calmer sa frustration et continuer ainsi discrètement son entraînement. Réveillant un rat mort par ici, ou un oiseau la tête à moitié défoncé d’avoir pris la fenêtre d’une boutique de fleurs pour une ouverture sur un jardin. Plus d’un passant serait surpris de voir le piaf en vie quelques heures dans son état.
Si elle ne parvenait toujours pas à ranimer un mort en captant l’énergie de l’air, elle avait gagné en précision et en énergie pour ses petits jeux de vie et de mort, ses longs mois d'entraînement intensif portaient leurs fruits. Pour son cadeau d’anniversaire, Miady lui avait offert ce voyage, elles avaient terminé de camoufler leur départ, Adèle prétextant le besoin de retourner auprès de sa famille pour se reposer et se remettre des affres de sa dépression et Milady... avait inventé ce qu’elle voulait. Elles avaient transplané jusqu’en méditerranée où elles avaient pris un aéronef et atterrit à Jamalia quelques jours plus tôt. Après quelques jours d’enquêtes et quelques morts plus tard, elles avaient une nouvelle cible à explorer, plus loin dans le désert. Ne leur restait plus qu’à trouver un moyen de locomotion et elles comprirent hélas très vite qu’elle n’obtiendrait aucun aéronef, aucun moyen civilisé de se déplacer et qu’elles allaient devoir louer des... dromadaires.

Ces bêtes ne ressemblaient à rien avec cette grosse bosse sur le dos, cette odeur de peau mal tannée et ce mouvement répugnant de la bouche qu’ils faisaient continuellement. Mais lorsqu’ils approchèrent des ces bestioles hideuses et de leur propriétaire à qui il ne restait plus... à vue de nez que deux ou trois ans avant que son coeur ou un quelconque organe ne lâche, c’est une vision bien plus fascinante qui s’offrit à elle. Pas celle de la grande blonde qui avait adopté le style local, mais cette flamme si troublante qui s’agitait dans le corps de l’homme qui l’accompagnait.
Elle se souvenait de ce qu’elle avait ressenti au solstice lorsque ses doigts avaient frôlé cet homme, une dose de vie si intense et brûlante qu’elle l’avait enivrée comme aucune drogue ne l’avait jamais fait. Cette homme était une pipe à opium sur patte et contenait le narcotique le plus puissant qu’elle ait jamais goûté.

« Madame la Duchesse, Inspecteur. » les salua t’elle à son tour avant de reporter un regard hautain sur l’inspectrice Hennessy « Croyez vous vraiment que je puisse être d’humeur à faire du tourisme alors que mon fils est toujours porté disparu. »

« Bien entendu, vous confirmez donc qu’il s’agit de la première option. » répondit Alva sans se départir de son ton glacial.

« Évidemment. » rétorque la sorcière qui se détourna rapidement vers celui qui attirait inlassablement son regard et à qui elle répondit avec un sourire bien plus affable. « Je vous remercie et accepte votre proposition Monsieur Anderson. »

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« C’est une charmante attention. » fit Milady à son tour, qui ne semblait pas vouloir entrer dans la provocation tout de suite. Elle ne voyait pas la tenue comme une contrariété pour sa part. Elle s’en amusait surtout. Elle avait même opté pour une tenue qui pouvait lui masquer les courbes de son visage par un voile élégant à froufrou qui pendait devant son nez pour ne lui laisser d’apparent que les yeux. Pour l’heure, elle l’avait décroché de son attache en argent pour le laisser pendre sur le côté, afin d’être mieux reconnue des deux inspecteurs.

« Nous avions cependant négocié avec cet homme pour avoir une monture chacune, seulement je n’en vois que deux. Nous aurait-il vendu deux fois la même chose ? » s’enquit la blonde qui ne semblait pas souffrir de la chaleur.

Elle était pimpante comme à son habitude. La bouche entrouverte, laissant voir ses dents blanches et bien alignés, elle goûtait aux humeurs émotives de chacun, l’air de rien. Adèle était dans l’émotion de son addiction à la flamme de cet homme, et Milady sentait que son affabilité soudaine ne soit que le reflet de ce désir de se brûler. Bien entendu, elle allait jouer avec tout ça. Peut-être de leur proposer de monter un dromadaire ensemble ?

L’homme refuserait assurément. Il se méfiait de la nécromancienne comme de la peste. Et pour cause, sa réaction au solstice était surprenante et démesurée. Adèle avait une forme de pouvoir sur lui qu’il craignait.

Les yeux du cauchemar se posèrent sur le dromadaire qui mâchouillait bêtement, du moins en apparence, quelques touffes de foin. Quel air niais. Ne ressemblait-il pas un peu à Henry ? Un sourire toujours affable sur le visage, elle reporta son attention sur Anderson.

« Si vous échouez dans votre négociation, je monterai avec madame la duchesse, j’ai tellement hâte de faire sa connaissance. »

Elle ne se sera pas tenue longtemps.

« Avant de faire de tels projets, peut-être devrions nous vérifier que notre destination est là même. Où prévoyez vous de vous rendre ? » demanda justement la duchesse. Milady l’observa avec une mine amusée.

« Chercher le fils de la comtesse, naturellement. Pas vous ? Mais nous avions dit que nous ferions connaissance une fois sur le dromadaire, pas là tout de suite très chère. » recadra-t-elle tranquillement avec cet air toujours taquin et badin.

Il pouvait commencer à culpabiliser un peu, c’est plus fort que lui ça ! Et c'est bigrement agaçant ! Comment pouvait-il la haïr cette femme, alors qu’elle était affable comme ça ? Non, c’est une nécromancie qui devait se dire qu’elle avait en face de lui la meilleure tarte aux groseilles de son existence ! Ou aux pommes s’il veut être raccord avec Alva. Enfin, il ne pouvait pas nier que le courage de ces deux femmes était admirable comme leur pugnacité. Créature ou sorcière !

Charlotte confirma, oui il est plein de belles intentions ce brave phénix, trop assurément et elles ne le méritaient sûrement pas. Et alors que le marchand partait avec deux montures de son crue, l’évidence d’une arnaque était plausible… le regard bleu ciel de l’inspecteur se posa durement sur l’arabe qui se justifiait faiblement sur le fait qu’il avait plus de montures, toute partie avec une caravane. Ils ne pourraient donc rien faire de plus. N’étant pas du genre à crier au scandale, cela était plus le genre de la blonde au visage aiguisé…il calma le jeu avant que la verve piquante de Charlotte chatouille les esprits.

« Bien, puisque vous nous avez vendu deux fois la même monture, vous n’aurez qu’un paiement. Estimez-vous heureux, les voleurs ont la main coupée, nous n’ignorons pas cette tradition. » affirma t’il en prenant les rênes deux créatures bavantes et peu esthétiques. Il régla les dromadaires et commença à marcher que justement celle qu’il trouvait un peu trop fouineuse et avec la langue tranchante, venu à proposer un ordre … il était hors de question qu'il monte avec la nécromancienne ! Il avait déjà fricoté avec un démon, ce n’est pas pour accepter dans son dos un ennemi naturel ! ça suffit les bêtises ! la duchesse, il la garde ! Il ne voulait personne d’autre avec lui sur cet animal malmené par mère nature !

« Vous ferez connaissance par dromadaire interposé. Je ne doute pas que vous aurez mené cet animal aussi bien que vous menez une conversation madame. » répondit Anastasis ne voulant pas perdre de temps avec les paroles, elle était pire que Sam quand même cette Charlotte ! Et il serait peut-être présomptueux de la comparer à l’un des démons de l’envie non ? Et peut-être pas flatteur… l'animal se couchant pour laisser ses cavaliers monter… étant le seul homme, il se devait pour la galerie montrer qu’il était viril donc hop en première place. Enfin pour lui, il aurait laissé Alva devant pour la simple raison qu’elle avait un flair plus aiguisé et donc elle pourrait voir de potentiel danger plus simplement. Enfin qu’importe, il lui donne la carte, elle sera son co-pilote.

« Nous allons faire simple. » ils les avaient invités à s’éloigner du marchand pour chevaucher. « Puisque vous êtes ici et que nous allons au même endroit, il serait stupide de vous laisser seules…même si je doute que vous soyez en détresse contre quiconque. Enfin, peut-être que je suis présomptueux concernant vos aptitudes vous voyant plus forte que vous ne l’êtes réellement, après tout j’ignore ce que vous êtes Lady de Winter, mise à part avoir une verve aussi tranchant qu’une lame et êtres une espionne discrètes même sous le nez d’un loup. » il la regarda voyant si elle mordait à l’hameçon. Peu de chance mais sous sa réplique elle pouvait en dire des choses.

« Déjà deux belles qualités pour une Lady tout ce qu’il y a de plus ordinaire, et c’est tout gentleman de votre part de nous accompagner dans notre périple. » fit-elle avec son air de rien. Elle n’avait pas mordue à l’hameçon sans surprise mais bon au moins il aurait essayé, peut-être qu’Alva avait de nouvelle information ? Enfin tant pis, ils feront avec et ils n'auront pas le choix.

« Tous les policiers ne sont pas des rustres. » répondit-il avec un sourire histoire de. Bon perdant.
« Ni de simples policiers manifestement, » lança-t-elle toujours sur le ton de la conversation.

« Oui, des policiers investis, cela peut surprendre. » continua t’il aussi.

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Cette femme était particulièrement agaçante. Alva avait suffisamment eu l’occasion de voir les mimiques des dames de la cour pour les quelques soirées où sa famille y avait été convié, pour savoir reconnaître ce ton mielleux et puis avec ce qu’avait pu dire Eden et Gordon, son avis était de toute façon déjà fait... c’était une ennemi potentielle. Quand a l’autre, c’était l’ennemi naturelle de son coéquipier, il était donc hors de question qu’elle monte avec lui, soit elle proposerait d’emporter avec elle cette femme à l’odeur étrangement agréable si aucune des deux ne savait tenir un dromadaire, mais sous aucun prétexte, elle ne laisserait Adèle s’approcher du phénix.

Elle n’eut pas le temps de se manifester que Gordon décida de conserver les duo tels qu’ils étaient arrivés et bien que cela l’oblige à monter derrière lui, elle accepta plus que volontiers cette organisation.
Gordon tenta de lancer quelques appâts pour tenter de connaître la nature des deux femmes, enfin surtout de la blonde puisque bien qu’elle l'ignorait sûrement, celle de la Comtesse était déjà connue des deux inspecteurs. Bien entendu, la lady de Winter joua avec les mots et les sous-entendus et si dans certains contextes c’était un jeu auquel elle pouvait se plier, elle n’avait pas du tout envie de devoir faire la traversée de ce désert dans ces conditions... Son précédent séjour dans le désert du Moyen-Orient lui avait laissé un goût bien assez amer comme ça.

« Cela suffit. Nous savons pertinemment tous les quatre qu’aucun de nous n’est simplement humain. Nous étions sous la même tente au Solstice, alors peut-être pourrions nous cesser ces simagrée et tenter de coopérer afin d’améliorer nos chances de retrouver le petit Thomas de Vere. »
« En effet, nous étions sous la même tente et nous avions bien remarqué que le service d’ordre était à votre botte, et quelque chose me dit que ça n’avait rien à voir avec la police et ses inspecteurs si investis. Alors ? » souligna Milady en reportant ses yeux sur sa vis-à-vis.

« Ce service d’ordre à ma botte comme vous dites est ma meute. » répondit Alva avec calme. Cela n’était guère un mensonge, tout ce qu’elle avait fait ce soir-là avait été de coordonner la sécurité avec les membres de la meute pour faire le relais avec la Ligue... ce n’était qu’un manque de précision tout au plus.
« Votre meute ? C’est amusant. » fit remarquer Charlotte en poussant un petit soupir. « Vous sembliez pourtant sincère dans votre démarche très chère, mais je crois que nous allons continuer nos simagrées. » Charlotte flatta la cuisse d’Adèle dans son dos et lui dit : « Il était quand même sacrément frais si tu te souviens, notre loup. »

« Eh bien soyons donc sincère, qu’est vous lady de Winter ? Ainsi, nous serons nos forces pour récupérer Thomas. » enchérit l’homme.
« Vous plaisantez ? Vous me parlez de sincérité et on me parle de vampires comme faisant partie d’une meute de loups. J’ai peut-être pas l’air comme ça, mais je ne suis pas née de la dernière pluie. »
« Tout dépend de quand date cette pluie. »

« Je n’ai pas géré les vampires présents Miss De Winter, uniquement la communication avec mes loups, pour le reste du service d’ordre, ce n’est pas passé par moi, ne me donnez pas plus de pouvoir que je n’en ai. » expliqua la louve.
« Je ne vous donne rien, je m’interroge simplement. Du coup vous admettez qu’il y a un service d’ordre qui fait travailler ensemble plusieurs types de créatures ? » fit Charlotte.

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Voilà qu’on leur demande des comptes, elle était forte cette De Winter, redoutable et sans pitié. Un adversaire tout à fait dangereux où il n’était pas certain de vaincre par la parole. Il était modeste mais la verve n'était pas son domaine. Cela ne l'empêcha pas pour autant de voler au secours de sa coéquipière et de faire la conversation.

« Plusieurs personnes ont des gens sous eux. Vous ne serez pas étonné qu'il y ait des meutes des loups ou des vampires qui cherchent à garder la paix. » Encore une fois ils en disaient trop et elle rien.
« Et vous monsieur l’inspecteur ? Je me souviens de votre petit effet pyrotechnique qui a failli me coûter mes doigts, mes cheveux et mes sourcils. » relança la blonde qui ne lâchait rien.
« J’attend votre confidence lady. » dit’il plutôt calmement sur son dromadaire qui balançait de droite à gauche… le mal de mer serait propice vu le mouvement.
« Et bien je vous l’ai dit, je suis une Lady Anglaise, ou Française peut-être… J’ai une salle de vente aux enchères à Paris et une à Londres, si bien que je connais tous les secrets de ce monde, ou presque, parce qu’en matière d’art… tout est entremêlé. »
« Incroyable, votre savoir doit être bien grand. Et donc vous savez pourquoi les vampires peuvent vivre tout en étant morts ? »
oui cela était du cynisme mais caché sous un ton affable.

« Sont-ils vraiment vivants ou sont-ils simplement guidés par leurs instincts primaires qui les font vivoter ? La question se pose. » répondit-elle avec cordialité. « Vous en savez quelque chose, des instincts primaires, monsieur l’inspecteur. » La référence à son déraillement sous la tente était on ne peut plus évidente.

L’homme se mit à rire légèrement … elle tapait très bien et juste. Même si cela n’avait rien à voir avec un quelconque instinct primaire.
« Malheureusement non, je n’ai pas la joie de pouvoir me cacher derrière un quelconque instinct primaire de bête assoiffé par autrui. Juste de me défendre contre une attaque. » lui aussi pouvait faire des sous-entendu tout à fait charmant. « Mais tout ceci nous éloigne d’un fait évident, vous ne concéder pas à dire votre race. Peut-être que faute de cette franchise, vous pouvez nous dire vos forces ? sans parler de votre savoir et vos origines prestigieuses d’une identité humaine. »

« Et bien monsieur l’inspecteur, vous qui étiez un gentleman jusqu’à présent, voilà que vous essayez de relever mes jupons de façon bien grossière. Je peux vous le dire en français si vous le voulez. Cela vous dérange que je ne sois qu’une humaine ? » fit-elle en souriant.

« Que voulez-vous je suis curieux. » répondit-il sans se démonter, même s’il n’aimait pas trop se faire passer pour un rustre. Ce qu’elle avait sous ses jupons, ne l’intéressait guère. Et il continua donc en français avec un léger accent qu’il portait aussi en anglais, celui-ci disparaissait quand il parlait grec antique de toute façon.

« Si cela vous chante, parlons donc Molière. Nous savons que vous n’en êtes pas une. »
« Que ce soit en français ou en anglais, ça ne changera rien. Qu’est-ce que vous fait dire que je ne suis pas humaine ? J’ai râvi votre coeur d’un regard ? Est-ce cela ? Vous me flattez, vraiment… » dit-elle dans un français parfait qui ne souffrait d’aucun accent anglais.

Ravir son cœur ? sûrement pas, même si elle devait assurément en faire palpiter quelques- uns.
« La tante où vous étiez au solstice n’était visible qu’aux non humain et votre parfum n’est pas celui d’une humaine. Cessez donc de jouer la vierge effarouchée Madame. » répondit la louve de son ton toujours si avenant.
Réplique qui fit rire la de Winter. « J’étais accompagnée par Adèle. Mais je serai curieuse de savoir ce que je sens. »

« Vous ne sentez pas l’humain. » répondit froidement la louve.
Comme souvent elle détournait la conversation, elle était forte et il se demandait si la mettre dans la même pièce avec Lucifer n’allait pas créer une distorsion du monde, tellement les deux savent retourner la discussion sans donner de réponse. Repenser à lui le rendit un peu plus sombre. Il ne savait pas se que sentais cette femme, peut-être la banane ? Quand elle s’était penchée sur le bureau, il avait pu sentir vaguement ce fumet sans pour autant se dire qu’il sentait d’elle. Après tout, il en avait dans son bureau et Zeus sait à quel point il aime ça !


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Monter sur ces choses qui méritaient à peine le nom d’animal était déjà un supplice en soit mais alors cette démarche digne d’un bateau sur la houle commençait à être éprouvante pour la sorcière qui garda le silence dans cette tentative de protéger son estomac. Sa démone et l’inspecteur s’étaient lancé dans un jeu pour essayer de savoir qui était l’autre et au dernier round Milady... lui renvoyait la balle... clamant haut et fort que des deux c’était elle l’être doté de magie !

C’était certes le cas, mais elle ne prévoyait pas spécialement de crier au désert aussi peu rempli fut il qu’elle pouvait réveiller les morts, ou oter la vie d’un claquement de doigt... enfin sauf en ce qui concernait cet homme qui lui donnait des envie peu avouable que ce soit chez les vivants ou les morts....

Elle accueillit la dernière phrase de sa comparse d’un froncement de sourcil léger, elle la mettait dans l’impasse... soit...

« C’est en effet grâce à moi que Charlotte a pu pénétrer dans cette tente. » expliqua-t-elle en acceptant de couvrir sa démone malgré tout... parceque cette femme détenait son âme... et qu’elle la savait plus forte qu’elle dans ce jeu de dupe. Et puis, si cette petite garce de boniche avait entendu plus qu’elle ne le devait, l’inspecteur était peut-être déjà au courant de toute façon... tout comme l’effet qu’elle avait eu sur lui, c’était presque aussi impressionnant que celui que lui avait eu sur elle et ses ovaires.... Bon sang qu’elle espérait avoir l’occasion d’y regoûter!

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« Cela n’explique pas l’odeur qui n’est pas humaine. Mais bon, je crains que beaucoup de mystère donne le tournie à lady de Winter qui peine à trouver de réplique pour détourner la conversation. C’est bien bas, de renvoyer la balle vers la comtesse. » il lui fit un sourire toujours agréable mais cela était dans sa nature donc peut-être qu’elle se donnerait raison sur le fait qu’il ait le béguin pour elle. Si elle pense cela, ironiquement, il se dit qu’il pouvait espérer avoir des informations… même s’il ne serait pas la draguer ou même la séduire dans un but de manipulation. Mais… à quoi pensait-il ? Sa plume s’agitait entre ses omoplates comme pour se gorger de quelque chose d’étrange… Il frissonna un peu, pas à cause du froid, mais cette petite idée noire lui sifflotant d’essayer… mais … NON !

« Enfin, il aurait peut-être fallu faire connaissance sur le même dromadaire ? »
Il s’étonnait lui-même de sa démarche mais bon … De Winter était dangereuse et il n’en doutait pas une seconde et il aimerait voyager en sachant un peu plus sur cette personne. Bon, niveau ambiance il aurait bien mieux mais tant pis.

« Cela aurait été avec plaisir Monsieur Anderson. Pour une fois qu’un policier semble compétent et réellement impliqué pour m’aider à retrouver mon fils. » dit la sorcière avec une sobriété confondante.


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C’était sans doute une des premières fois que la Lady montait sur un chameau. C’était de toute façon une des premières fois où elle venait dans ce genre de pays qui n’était pas bon, ni pour sa peau, ni pour son humeur, et qui était à l’exact opposé du charme et du raffinement qu’elle aimait en Angleterre. Ici, tout n’était que crasse, sable et transpiration. Même les gens en sortant du bain semblaient encore rassi. C’était terrible. Elle espérait ne pas rester trop longtemps sous ce soleil de plomb, et quelque part, avoir ce genre de vêtement camouflant ne l’embêtait pas tant que ça. Ne serait-ce que pour soigner son anonymat et se protéger du sable, du vent, et du soleil. Mais quelle étuve !

Le roulis de l’animal qui sentait fort était berçant. Elle tenait les rennes tranquillement en laissant la bête avancer à son rythme lanscinant. Cela lui permettait de faire la conversation tranquillement avec l’inspecteur et l’inspectrice. Ces deux-là cherchaient à savoir ce qu’elle était et qui elle était au fond, et Milady s’en amusait fortement. Elle adorait les joutes verbales, les sous-entendus, la nuance et les détournements de conversation.

Ils étaient insistants néanmoins, et si elle avait la certitude que la Duchesse était une louve, elle n’avait aucune information sur l’homme. Il y avait bien eu ces incidents au cours du Solstice qui lui indiquait clairement qu’il avait une accointance particulière avec le feu, un feu sombre et dévorant qui avait marqué sa peau alors que Adèle l’avait touché de son pouvoir. Peut-être devrait-elle encourager sa petite sorcière bien aimée à renouveler l’expérience. Après tout, en plein milieu du désert, personne ne viendrait à leur secours cette fois-ci, et elles pouvaient très bien se débarrasser d’eux ensuite, les laissant aux scorpions et autres serpents. Leurs os desséchés seraient blanchis par le soleil et le vent, polis par les grains de sable.

Alors, si cette perspective était envisageable, elle pourrait peut-être leur révéler l’espace de quelques secondes quel genre de créature elle était. Ils pourraient voir le mal absolu avant de mourir dans la folie et dans la souffrance.

Mais chaque chose en son temps. Pour l’heure, leur présence était bienvenue. Plus nombreux ils étaient, mieux ce serait pour arriver à destination. Si le désert se montrait plus malveillant que les deux femmes sur le dromadaire, et que leurs vivres venaient à manquer, elles pourraient se rabattre sur celles des deux autres.

La petite conversation amusait la démone qui tournait autour du pot. Ils étaient pénibles avec leur odorat, mais cela rendait le challenge plus grisant. Elle pouvait cependant se faire passer pour beaucoup de choses. Elle avait entendu parler d’une famille de sorcier d’ombres, tout comme elle pouvait jouer sur la carte du changeforme.

Ce qui ne l’empêcha pas de refiler la patate chaude à Adèle l’air de rien. La sorcière en prendrait peut-être ombrage, mais de toute façon, ces deux-là savaient qu’elle était une nécromancienne, et la haine de l’homme venait tout droit de là, et de ce qu’il avait subi au Solstice. Quelque chose disait à Milady qu’Adèle était un peu le Némésis de ce Anderson. Un fait intéressant. Et cette blondinette derrière lui ? Sous ses airs affables, elle était capable de faire geler ce foutu désert. Elle crevait d’une envie que le cauchemar n’arrivait pas encore à décrypter mais qui venait titiller ses papilles avec une délectation sans nom, tout comme les envies peu chastes d’Adèle dans son dos vis-à-vis de la flamme ambulante.

Dans l’intérêt du divertissement qu’elle aimait tant, Milady se fit la promesse de les titiller avec son aura ces deux-là. Ce serait totalement amusant, et peut-être qu’ainsi, elle aurait une indication plus précise de la nature de l’homme. Après tout, ils savaient qu’Adèle était une sorcière… Elles savaient qu’Alva Hennessy était une louve. Un partout.

Et en parlant d’elle, tandis qu’Adèle répondait avec une minauderie toute désarmante à l’inspecteur, Charlotte tourna son regard bleuté vers celle qui partageait cette caractéristique avec elle, sans parler de la blondeur de ses cheveux :

« Miss Hennessy, que dit votre carte ? Vous me semblez plus prompt à la déchirer qu’à la lire. Tout va comme vous voulez ? » Bien sûr que non, mais Milady voulait connaître le fond sucré de cette envie émanait d’elle, même si elle n’avait pas tellement un goût de péché originel pour le moment. « Tout comme nos deux compères, regrettez-vous de ne pas avoir partagé les dromadaires entre nous ? » Elle lui servit un sourire mutin, amusée par Gordon et Adèle.

La route risquait d’être bien longue accompagnée de ces deux femmes. Entre la blonde à la langue acérée et la brune qui était en quelque sorte l’ennemie jurée de Gordon, cela faisait des allers bien instable et un danger de plus dans ce désert.

A mesure que la discussion avançait et que la De Winter continuait dans son idée de préserver l’image d’une humaine... ce qui était complétement inutile et frôlait le ridicule face au flair d’une louve et aux faits énumérés, bien que la sorcière abondait dans son sens. Et voilà que Gordon se mettait à jouer les beaux parleurs avec la nécromancienne ?
La louve releva la main qui ne tenait pas la carte sur la hanche de son coéquipier, lui donnant une petite pression, question muette pour savoir à quoi il jouait. Cette femme était un danger pour lui, il le lui avait expliqué. Il ne devait prendre aucun risque et ne pas jouer avec ce feu là.

Tout ceci commençait à l’agacer prodigieusement et bien que son visage resta de marbre, ses doigts se crispèrent sur la carte sans qu’elle y prête attention jusqu’à ce que l’autre femme le lui fasse remarquer.

« Je vais très bien merci. Mon seul regret est qu’il n’y ait eu que deux montures. » dit-elle avant de reporter son attention sur la carte. « Nous en aurons pour plusieurs jours de chevauchée, là, il y a ce qui semble être un point de passage pour les caravanes, nous devrions pouvoir y faire halte pour la nuit. »
Ils continuèrent leur traversée, au rythme des pas chaloupé des dromadaires. Alva retrouvait avec un mélange de contemplation et d’aigreur les paysages du Moyen-orient, même si ce désert n’était pas celui qu’ils avaient traversé pour récupérer Blanche des griffes de ce prince arabe, cette zone géographique était pleine de souvenirs très désagréable et quelques uns teintés de moins de rouges. Enfin, aujourd’hui, elle était plus forte, physiquement et mentalement. Et même si tous ses maux n’étaient pas guéris, et ne le serait peut être jamais, elle avait la sensation claire d’avoir repris le contrôle de son existence. La Alva qui foulait ce sable aujourd’hui, n’était pas la même que celle qui avait traversé le désert fin Août.
Quelques heures plus tard, ils débouchèrent sur un oasis, quelques arbustes chétif leur avaient indiqué le chemin et le petit réservoir d’eau, seule source d’eau potable de ce secteur offrait un peu de fraîcheur dans ce paysage aride.
Ils immobilisèrent leurs montures et descendirent afin de prévoir un petit campement. C’était la fin d'après-midi mais Alva espérait pouvoir reprendre la route au petit matin pour profiter au maximum d'avancer avant que la chaleur ne se fasse plus pesante.
« Établissez le camp, je vais faire un tour du périmètre. » dit-elle en s’éloignant.
La louve s’éloigna pour entamer un large cercle autour de la zone et en profita pour joindre son père qu’elle tenait régulièrement au courant de leurs avancées depuis leur départ quelques jours plus tôt.
*Bonjour Papa. Nous avons commencé notre traversée du désert. Devine qui nous avons trouvé en chemin ?* dit elle mentalement à l’alpha qui pouvait sentir la lassitude de son étoile.
* Bonjour mon étoile...Idriss ? *
*Fort heureusement pour sa survie non... Quoi que mettre fin aux jours de nos accompagnatrices m’a déjà traversé l’esprit. La sorcière et son chien de garde sont ici. la Comtesse De Vere et Lady De Winter, il semble qu’elles suivent la même piste que nous.*
* Eh bien, il faudrait lui trouver un os à ronger pour ne pas qu’elle vous refile la rage. Ceci dit, vous n’en savez toujours pas plus sur sa race ? Je suis quand même assez étonné que deux lady seule voyage dans pareil endroit sans escortes ou soutiens… même si nous ignorons où est Thomas, on vous enverra des renforts si c’est un gang ou autre organisation. Ne tentez pas le diable. *
*Notre seule certitude est la nécromancienne. L’autre... Son odeur me rappelle cette des deux succubes que nous avons croisé en Mai mais avec quelques différences notables. L’une de mes théories serait qu’elle est une forme de démon que je n’ai pas encore croisé et cela irait dans le sens qu’elles n’aient pas eu peur de voyager seules, mais ce n’est encore qu’une théorie et je n’ai aucune preuve.* elle soupira * Merci papa, je te tiendrais informé de nos découvertes au fur et à mesure. Au moins pouvez-vous relâcher un peu votre vigilance à Londres. Prenez soin de vous, dit bonjour à Eden et caline fort Mia pour moi. Je t’aime papa.*
* Si c’est démon … il n’y pas grand chose qui va l’atteindre, vous avez de l’eau bénite ou des objets bénis sur vous ? Sinon, faites un détour dans une mosquée et demandez à un imam de vous fournir au cas où. * il n’était pas rassuré d’entendre cela * Oui, faites attentions avec vos deux nouvelles coéquipières… Je leur transmettrai, Mia à fait encore un cauchemar violent ce matin, je l’ai emmené au laboratoire avec moi, elle dort dans mon bureau. Je t’aime aussi mon étoile. *
* J’ai un peu d’eau bénite comme toujours, mais c’est une excellente idée pour l’imam, je verrais à la prochaine ville qu’on croisera, ou village s’ils en ont un..* son père était toujours d’excellent conseil, aussi loin fut il, il était toujours son phare. * Donne lui la chemise de son père et raconte lui le conte du chien et de la lune, il est sur sa table de chevet... Et continue son entrainement au combat, plus elle prendra conscience qu’elle peut se défendre seule, plus elle pourra combattre ses démons... même si elle ne s’en débarrassera jamais totalement et caresse lui les cheveux avant de dormir, de tout temps les petites filles ont aimé ça.*

* Laquelle celle qui te sert de pyjama ou bien celle qui sert de doudou à Mia ?* lâcha Tristan avec une pointe d’ironie, il avait bien remarqué la nouvelle chemise carmin sur le lit de la louve qui n’était pas la sienne. Alva était experte en Mia et cela l’étonna autant que cela le fit sourire. * Oui, enfin quand on sera au manoir. Au bureau, je lui ait mit de la musique. Mais je prend note du mode d’emploi. *
* Peu importe, les deux sont pour elle.* même s'il lui arrivait de profiter des câlins avec Mia pour retrouver l'odeur qu'elle portait et qui semblait étrangement la suivre jusqu'ici. Elle sourit des derniers propos de son père. * Celle de son miroir ? C'est bien c'est encore le plus efficace.* Même si au final comme pour son collier, ce n'était qu'un palliatif. Elle avait beau faire, elle avait l'impression de laisser la petite derrière alors qu'elle avait promis de prendre soin d'elle. Mais Mia était bien entourée à Londres et elle pouvait se passer de sa Tatie de meute quelques semaines, cela ne changerait pas grand chose, celui qui lui manquait était son père.

* Bien je lui mettrai les deux. * dit-il s’amusant intérieurement de la réponse froide de sa fille. *Oui, le miroir, elle semble l'apaiser. Comment tu te sens ?*
* Jusqu'ici ça va, j'ai pris le collier et un peu d'eau au cas où mais je me sens plus stable même si ces deux femmes risquent de mettre mes nerfs à rude épreuve.* expliqua t'elle avec sincérité, terminant sur une note plus légère.
* Je comprends, n'hésites pas à me parler si tu sens que tu en as besoin. * proposa t’il en soutien inébranlable comme toujours.
* Merci papa. A bientôt.* conclut elle pour terminer sa ronde.

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