Dans le sable du démon - Equipe 1

Il ne pouvait s’en prendre qu'à lui que ça soit la nécromancienne qui réponde favorablement. Le pincement de sa hanche de sa coéquipière l’empêcha de répondre et de toute manière De Winter, prenait toute la place et ne se fit pas prier pour faire tinter sa jolie voix. Son regard alla sur cette carte malmenée par la poigne forte de la louve, sans aucun doute énervée par la présence des femmes. Elle avait beau avoir le regard d’un élémentaire de glace, elle était muée par cette colère grondante et brûlante dans son corps.

Il ne dit rien de plus, laissant la conversation mourir là où elle était en train de se faner. La suite de la chevauché était … longue et il devait être le seul à ne aps souffrir de cette chaleur. Bien au contraire il avait remonté ses manches et il savourait le rechargement du zénith sur sa peau, pouvant donc éviter de manger aussi souvent que l’habitude l’obligeait à faire ! Il devait néanmoins, contrôler son envie de s’illuminer sous le bienfait agréable des rayons du soleil ! Un bain de celui-ci était une belle extase pour un phénix solaire ! Au moins, ce petit bonheur, lui faisait oublier le désagrément de voyager avec deux femmes dangereuses, intrigantes et qui pouvaient sûrement les nuire cette nuit.

Il se tourna vers sa coéquipière, pour observer la carte et commencer à parler un peu avec elle… il avait fait quelques tests avant durant la conversation avec Charlotte et Adèle, elles ne semblaient pas comprendre le grec, alors, il se mit à parler cette langue avec la louve de manière plus basse… lui expliquant qu’il avait essayé de connaitre la race de l’autre femme en jouant son jeu mais cela était vain. Certes, les entendre parler une autre langue semblait intrigué les deux curieuses mais qu’importe… ils avaient aussi besoin de tranquillité. Et la pause dans cette oasis, afin de partir le lendemain à la fraîcheur était bienvenue. L’étrange animal se coucha, permettant aux deux humanoïdes de descendre… en toute franchise, Anastasis avait un fort regret, celui de ne pas profiter de s’être gorgée de soleil toute la journée pour ne pas s’envoler et apprécié les dunes de sable… Il soupira et commença à décharger sa monture à la forte odeur qui le prenait à la gorge.
Il eut un moment de doute quand la louve décida de faire un tour de ronde… il se retrouvait « seul » avec les deux femmes, mais qu’importe, il était armé et avait des ressources en cas de tentative. Il était certain qu'il ne dormirait pas beaucoup cette nuit. Il emmena son animal près de l’eau et en profita pour remplir leurs gourdes et chercher ce quoi allumer un feu, puisque les nuits étaient très froides apparemment. Pour sa part, il ne souffrirait pas tant que ça avec son feu intérieur. Il avait flatter l'encolure du dromadaire avec cette bienveillance habituelle et revenait vers les femmes les bras chargés de quelques branchages, se doutant qu’une comtesse et une lady ne s'abaissent pas à ce genre de tâche, tant pis, si elles lui foute la paix, il en serait pas mécontent.

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La nécromancienne n’était pas mécontente de faire enfin une pause. Malgré le paysage qui était plutôt charmant... et non elle ne pensait pas aux dunes arides et à l’horizon qui semblait ne pas avoir de fin... elle pensait plus à ces regards qu’elle laissait se poser à la dérober sur cet homme qui éveillait plusieurs désirs qui n’étaient d’ailleurs pas forcément incompatibles. Enfin, en l’occurence, en plein désert et ainsi accompagnés, elle n’était pas prête d’assouvir le premier, et comme il serait judicieux d’avoir un peu de renfort avant de débarquer chez Azazel, elle ne serait pas judicieux non plus d’assouvir le second aussi tôt.

Une fois descendue du dos disgracieux du dromadaire, elle fit quelques pas pour se dégourdir les jambes et laissa à la démone le loisir de décharger l’animal de leurs affaires. Elle se contenta de récupérer le tapis qui ornait l’animal pour le mettre sur le sol et ne pas avoir à s’asseoir dans le sable. La louve s’était éloignée pour jouer les chiens de garde... voilà un rôle parfait pour elle, qu’elle y reste et l’inspecteur qui avait toute son attention s’occupait tel un serviteur de monter le camp.
Elle observait ses bras qui maintenaient les branchages en place et se demanda de quelle force il pouvait être capable, était-il du genre doux comme le laissait croire ses manières élégantes ou cachait-il une forme de rudesse délectable sous cette apparence agréable ? Elle était certaine qu’il pouvait se montrer redoutable, après tout, à leur rencontre au poste de police il s’était montré plus désagréable qu’aujourd’hui, preuve qu’il cachait sans doute bien son jeu.

Elle l’accueillit d’un sourire poli, prenant soin de conserver cette retenue qui convenait à une mère aux aboies cherchant par tous les moyens à désespérément retrouver le fruit de ses entrailles. Elle était réellement une mère partie en quête de son enfant, du projet de sa vie, mais elle était loin d’être aux aboies. Après tout, elle était une arme redoutable à elle seule, et accompagnée de sa démone, elles étaient quasiment intouchables.

« Monsieur Anderson, merci beaucoup pour votre aide. Comme vous l’imaginez, je suis hélas bien incapable d’allumer un feu de camp, je ne sais pas comment nous aurions fait si nous ne vous avions pas croisés tout à l’heure. » dit-elle avec une petite part de sincérité elle ne savait bel et bien pas monter un campement et les deux femmes auraient dû trouver une autre solution pour passer une nuit correcte.
« C’est normal. » chose assez vrai pour sa part être serviable était dans sa nature. « Vous n’avez pas emporté de briquet ? peut-être que votre amie sait monter un campement… sinon, vous avez pris de beaux risques en vous aventurant dans le désert. » dit-il curieux, puisque bon, si aucune des deux ne savait survivre en pleine nature… Il prit d'ailleurs un briquet à tige de métal et même s’il n’en avait pas besoin, il alluma le branchage, allant chercher de l’eau dans une casserole et commencer à initier le repas.
« Je suis prête à tous les risques pour retrouver Thomas. » dit-elle en observant les petites flammes commencer leur oeuvre pour consumer le bois.
« Même de partir toutes les deux sans escorte ? C’est admirable. » répondit Anastasis en soufflant dessus pour que les flammes gagnent en hauteur.
« Avez-vous des enfants Monsieur Anderson ? » demanda t’elle en relevant ses yeux noirs qui prenaient le reflet des flammes vers l’inspecteur.

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Des enfants ? Ce mot était finalement toujours aussi douloureux pour l’homme. Oui, il avait failli en avoir un, un bel oisillon mort dans son ventre avant de connaître une renaissance complète ! Il aurait tellement aimé offrir cela à Akakos, de pouvoir élever un petit phénix ensemble et même si le lien de consanguinité n’était pas possible, il aurait voulu faire cette famille tous les deux… et maintenant avec Eos… Son désir d’œuf était en train d’être ravivé avec une belle force depuis qu’Eos était avec lui, depuis qu’il avait redouté un bonheur d’être avec les siens. La venue de sa sœur était juste… la petite cerise sur le clafoutis aux framboises… la touche qui manquait pour qu’il désire avec ardeur cette famille avec les deux phénix de son cœur. De fonder un ou deux œufs dans leur nid et de dire merde aux autres… d’être indépendant d’être heureux dans un monde dur et froid.

Mais pour le moment, il gardait cette envie sourde pour lui. Pour la simple raison qu’Ephya avait souillé Akakos (sa douce et unique témoin, comment pouvait on faire ça…), qu’elle avait besoin de se remettre de tout cela et que surtout, il voulait être certain de pouvoir les protéger et leur apporter tout ce dont elles avaient besoin avant de leur demander si elle désirait… tout comme lui essayer… sachant qu’ils seraient frustrés et sûrement désespérés de ne pas y parvenir avant longtemps. Que pour cela il faudrait s‘adonner à la chair et qu’ils étaient tout droit gauche. Par certain qu’Eos ait déjà perdu sa virginité et des trois, il avait le plus d’expérience. Une douce ironie soyons honnête. Peut-être qu’il devrait s‘essayer de son côté, pour maximiser les chances ? Pour elles, il serait capable de faire n’importe quoi… Voilà le souci, il aurait le courage de demander à quelqu’un de lui montrer… et même de s'entraîner.
Sa douleur fantôme au ventre se manifesta. Il eut un léger soupir, son regard si chaleureux avait perdu en intensité et sûrement qu’une petite moue triste avait commencé à s’esquisser sur ses lèvres. Mais il secoua la tête.

« Non. » répondit-il simplement la gorge un peu serré.

« Peut-être... pouvez vous imaginer alors... la perte que c’est de voir son avenir disparaître... sous vos yeux. Et ne pas savoir si vous avez raison de cultiver l’espoir que ce futur puisse encore exister. » Sa voix était plus douce que ce qu’il avait pu entendre sortant de sa bouche, il y avait ce petit trémolo qui semblait sincère.
Il avait dû se vendre sans le vouloir au vu de cette phrase. L’homme soupira. Il aurait voulu la toucher pour lui donner un réconfort, mais son instinct de survie lui disait que non… PAS DE CONTACT avec ça ! C’est fou ça ! d’être aussi bon ! Et con !

« Oui, mais au moins vous pouvez vous dire que vous vous êtes donné tous les moyens pour le retrouver avec l’espoir qu’il soit en vie. Vous n’avez pas plus d’idées des raisons ayant poussé son ravisseur à le désirer ? A moins que ce soit son pouvoir ? » car il en avait fait des kilomètres le gamins mine de rien ! Il lui adressa un rictus de soutien.

Elle laissa son regard se perdre sur le feu encore naissant et un léger sourire étira ses lèvres, un sourire triste. « L’espoir que tout ça ne soit pas vain.. » il ne pouvait savoir que le “tout ça” ne concernait pas seulement ce voyage risqué mais aussi le sacrifice de trois âmes sur trois générations pour un avenir plein de grandeur et de pouvoir. En tout cas, l'inspecteur hocha la tête, ne sachant quoi dire de plus. Elle soupira « Vous savez ce que je suis n’est ce pas ? »

« En effet. Une sorcière nécromancienne. »

« En effet. Cela vous effraie ? » demanda t’elle

« J’ai l’air effrayé ? » il l’était au fond, pas vraiment tant pour lui mais pour ceux qu’il protégeai et il ne voulait pas qu’elle attaque Alva… ou il redoutait surtout sa réaction si la comtesse lui vole une nouvelle fois son énergie vitale… il n’avait personne pour l’empêcher de la tuer d’un souffle sauf peut-être Charlotte qui aurait aussi les cheveux brûlés… il n’avait pas envie de connaître la corruption une nouvelle fois, ni même de tuer… enfin peut-être un peu quand même la source de danger pour son nid. Mais il préfère qu’il ait une attaque pour justifier son acte qui de toute façon, il aurait une amertume au fond, car il était gentil. Il se contredit un peu… mais bon retirer la vie de quelqu'un devait être un acte un minimum réfléchi non pris sur un coup de tête comme le choix de son gâteau à la boulangerie.

« Cela vous effraie les gens en général, quelqu’un qui peut leur ôter la vie d’un simple geste, ou réveiller leur défunts. » dit-elle avec calme en tournant à nouveau son regard vers l’inspecteur.

« Oui, cela est effrayant, mais dans ce monde il y a des choses qui le sont encore plus. » il en avait tout un tas et il en avait dans son lot de fréquentation… et même il en avait eu un dans son lit. « Tant que vous avez pas l’idée d’utiliser votre pouvoir sur nous ou sur des innocents, tout ira bien. »


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Il lui avait paru triste à l'évocation de sa possible paternité. Avait-il eu un enfant qu’il avait perdu ? Était-ce ce genre de triste récit qui expliquait qu’il traverse aujourd’hui le désert dans le but de lui ramener le sien ? Peut-être pouvait il alors comprendre.

Il ne comprendrait pas ce que représentait réellement Thomas, ce pouvoir, cet avenir florissant, le fruit d’un sacrifice qui lui avait été imposé avant même sa propre naissance. Mais il comprendrait cette Adèle qui parfois prenait la couverture de son fils et la collait à son nez pour en chercher l’odeur de bambin, celle qui pleurait parfois dans la chambre du petit, épuisée de s’être entraîné dans la maîtrise de son art sans relâche, qui se convainc qu’elle pleure ses efforts volés, mais qui a pourtant les doigts crispés sur son ventre comme pour y sentir la vie qu’il avait expulsé.
Si son but, en engageant aimablement la conversation avec l’inspecteur était de l’attraper dans ses filets, ses propos n’en recelaient pas moins un peu plus de sincérité... enfin, dans un floue qui permettrait à l’homme de choisir ce qu’il voudrait y voir.
Comme elle s’y attendait, ils connaissaient bel et bien son pouvoir, au moins cette fois ils ne jouaient pas sur les mots. Il avait raison sur l’aspect effrayant de bien des choses de ce monde... il devait l’ignorer mais Milady était de ces choses effrayantes, dont même Adèle avait peur. Après tout, la pie détenait son âme et semblait avoir toujours un coup d’avance.. enfin sauf concernant l’enlèvement de Thomas et cela lui restait encore en travers de la gorge.
« Comme vous l’avez indirectement souligné, nous avons eu de la chance de croiser votre route Monsieur l’inspecteur. Je serais stupide de vous oter la vie, à vous, ou à votre équipière. » par contre, ce n’était pas l’envie de goûter de nouveau à cette flamme qui manquait et elle devait faire un effort pour ne pas la regarder pour reffreiner ce désir. « Quant aux innocents, tout dépend de la définition que vous donnez à ce terme. Je tuerai quiconque se dressera entre moi et mon fils. »
Il n’était pas certain de cette promesse mais il devait s’en contenter. Il eut un faible rictus concernant sa vie à côté, pour cause, il ne pouvait mourir de cette main-là, quant aux innocents, il précisa les mots de la sorcière. « Des personnes qui ne seront pas là pour entraver votre ambition de retrouver vos fils. »

Adèle hocha la tête acceptant sa définition qui ne différait que très peu de la sienne, puis il reprit en revenant sur cette “chance” qu’elle avait évoqué.
« Je ne sais pas si nous sommes une chance ou bien de beaux outils. Nous n’ignorons pas vraiment où nous allons. Vous peut-être plus ? » il pouvait jouer les naïf longtemps mais il n’était pas con. Il s’installa commençant à préparer le repas faisant entièrement confiance au sens incroyable de sa coéquipière.
« Vous voyez comme vous partez sur un apriori me concernant ? Je vous parle de chance et vous me rétorquez outils comme si je vous avais suivi de Londres à Jabalia pour me servir de vous dans je ne sais quel funeste dessein. Vous n’êtes pas différents des autres Monsieur Anderson... vous me jugez néfaste car ma magie touche à la mort... ils font tous ça » dit-elle un brin désabusée.

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Voilà qu’elle s'emportait, clamant la phrase du “vous êtes comme tout le monde”, oui peut-être mais à la fois non. Qui avait la bêtise ou la bienveillance d 'accueillir un démon chez lui et de l’aimer même ? Il n’avait bien que lui pour essayer de s’affranchir des stéréotype, et pourtant depuis Sam, il se méfiait davantage, car bon il n’était plus seul maintenant. Il serait sûrement trop protecteur, mais il s’était donné ce but, celui de préserver les personnes qu’il aimait dont les deux phénix logeant chez lui, car elles n’étaient pas des guerriers, car elles étaient la beauté même de ce monde ! En tout cas, pas de réponse sur l’endroit… soit elle n’en savait rien soit oui et elle ne voulait pas le lui dire.

« En l’occurrence ce n’est pas vous que je juge. Mais votre amie. Même si ce n’est qu’en réalité de la méfiance. Je ne prétends nullement que vous avez orchestré cette rencontre qui est fortuite. Cependant, je ne suis pas assez naïf que nous pouvons bien servir d’outil en cas de crise. Il serait bête de ma part de ne pas me méfier d’une personne, pouvant apparaître sans être sentie par un loup et faire des menaces à peine voilées. » dit-il en répondant avec calme tout en s’asseyant sur le sable. Oui elle était néfaste, elle l’était pour sa race ! Alors pourquoi s’ombragé d’un fait ? Était-elle différente des autres ? Comme Sam avait été pour un démon ? Belle surprise à la fin … « Oui, vous êtes néfastes sans aucun doute.

Comme n’importe qui peut l’être, avec ou sans pouvoir. Pas besoin de maîtriser la mort pour être un danger. Mais il doit avoir un peu de lumière en vous pour avoir autant de courage à mettre tout en œuvre même sa vie pour retrouver votre enfant. Enfin, tous les nécromanciens ne sont pas avides de vie, peut-être que vous êtes l’une d’entre elles… préférant prendre la vie des personnes qui font du mal pour les redonner dans des créatures innocentes qui ont été fauchés par l'injustice ? » dit-il plus doux, en repensant à Moira. Après tout, ils avaient été de très bons amis avant qu’elle ne meurt en mer… Le discours de la comtesse lui faisait penser à elle. Les préjugés, mais bon, Moira n’avait jamais pris un peu de son essence alors qu’il était une grande tentation pour elle et son mari.

« J’espère que vous verrez un peu de cette lumière en moi dans ce cas Monsieur Anderson. J’utilise assez peu ce don, parfois pour permettre à des familles de dire un dernier aurevoir à des proches, prenant la vie d’un rat, d’un canari parfois, ce n’est peut être pas aussi glorieux que ce que vous décrivez mais cela offre un peu de réconfort face à des morts parfois brutales. Je ne vous demande pas de m’offrir votre confiance pleine et entière, vous ne me connaissez pas assez pour cela. » dit-elle avec calme et une forme de douceur dans le ton. « Ce que je vous demande, c’est de me laisser le bénéfice du doute et je nourris le fol espoir que vous en soyez capable. Quant à mon amie, pardonnez lui, elle est très protectrice envers moi et est elle aussi très affectée par la disparition de Thomas, c’est son filleul comprenez vous. »
Il ne pouvait remettre en cause ses paroles ? Il avait bien envie de la croire et de lui laisser sa chance, se dire qu’elle avait été trop attirée par sa flamme éternelle et donc y goûter pour s’enivrer… au fond… pourquoi pas ? S’il n’avait pas rencontré Moira il aurait été encore plus belliqueux. Hum, il aimait laisser une seconde chance ou essayer de guider vers la lumière les êtres sombres comme avec Aylee… cela le rendait assurément naïf et très bête mais c’est dans sa nature de vouloir voir la beauté même dans les plus sombres des ombres. Sauf chez Lucifer ! Bon cela était gratuit, car il savait qu’il en avait lui aussi.

« Vous l’avez déjà. » dit-il ne pouvant nié qu’il avait envie de la croire capable d’être juste une femme qui aides les autres dans un quelconque jeu de spiritisme. Il lui fit un rictus agréable. Bon, au moins s’il parvenait à ne pas avoir autant d’animosité envers elle, qui de toute façon avait fait preuve de beaucoup plus de tempérance que son amie… le voyage ne serait que plus confortable.

« Je peux comprendre oui. Laissons-nous tous une chance sinon le voyage va être terrible. »
Il se demanda alors si Alva avait perçu cette conversation, en tout cas De Winter était en train de faire trempette.
Adèle lui sourit « Je suis soulagée que nous ayons trouvé un terrain d’entente. J’essaierai de faire comprendre à Charlotte qu’elle peut se montrer moins, enfin moins Charlotte. »

L’inspecteur lui fit un rictus chaleureux avant d’avoir un léger petit rire. « Moins redoutable qu’une lame ? » dit-il avec humour.

« Moins... tranchante en effet. » dit elle en joignant son rire à celui de l’inspecteur le temps d’un éclat avant de reprendre toujours avec un sourire aimable « Et peut être pourriez vous glisser un mot à votre coéquipière aussi, que nous essayons de dîner dans la chaleur d’un sourire.. » ajouta t’elle en détournant le regard avec un peu de gêne.

« Hum, pour elle c’est son état normal d’être ainsi. »
répondit l’inspecteur, ne pouvant rien promettre et il ne le ferait pas Alva était d’une nature froide, lui-même peinait à lui arracher un sourire. Et de toute façon, elle ne ferait pas l’effort parce qu’on lui demande mais parce qu’elle en aurait envie et cela ne risquait pas d’arriver. Il n’y avait pas de meute ou bien le mariage de son meilleur ami pour la rendre moins glaciale… ou peut-être une autre personne…

« Dommage... Il faudra nous contenter du votre alors. » conclut-elle en laissant rapidement glissé son regard sur le visage de l’homme qui prenait des reflets mordorés à cause du feu de camp.
Oui, il avait le sourire facile et il le prouvait encore une fois à cet instant sans se douter qu’il avait une tentative de drague là-dessous. Il hocha la tête, alors que les pas de la louve se firent entendre sur le sable.

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Les messes basses des deux inspecteurs n’échappaient pas à l’audition de Milady mais qui ne comprenait rien à ce dialecte. Pour ce qui était de la confiance, tout le monde la prêchait sans la donner. C’était amusant. La blonde était comme un poisson dans l’eau, malgré l’inconfort manifeste du dromadaire. Elle avait remis sur son visage son voile pour ne laisser que ses yeux apparents, afin de ne pas profiter du sable qui arrivait parfois par rafale. Si elle faisait écran de son corps à Adèle dans son dos, elle, ramassait tout de face.

Silencieuse, la démone réfléchissait tranquillement tout en se laissant guider. Elle avait une idée assez précise de la direction, mais elle s’en remettait à la carte des inspecteurs. Elle profitait aussi des émotions de la sorcière dans son dos, et cela amusait fortement le cauchemar même si elle n’en montrait rien, murée dans son mutisme impérial. Elle était une sorte de princesse qui traversait le désert. Ils ne croisèrent personne, ce qui n’était pas étonnant, encore qu’ils pouvaient rencontrer des caravanes qui transitaient entre la ville qu’ils avaient quitté et l’oasis vers laquelle ils se dirigeaient.

Si Milady avait connu des conditions plus difficiles dans sa vie, et pour cause, elle était satisfaite d’arriver quand même à cette oasis qui respirait la fraîcheur. Descendre de ce bourrin d’un autre pays lui fit remarquer que ses cuisses avaient bien plus travaillé qu’elle ne l’aurait pensé, et elle fut un peu raide sur les premiers pas dans le sable le temps d’échauffer sa musculature sollicitée. Elle s’étira un petit peu, sans en faire trop, car elle restait une dame quand même.

Même si elle était plutôt précieuse comme Lady, elle n’avait pas peur de mettre la main à la patte et elle défit les affaires. De toute façon, elles étaient parties à deux à la base, et il allait bien falloir se débrouiller pour ce périple, sans serviteur.
Elle laissa Adèle avec l’inspecteur, les laissant vivre leur idylle à leur façon. Un sourire aux lèvres sur cette pensée, la démone alla se rafraichir le visage dans l’eau, avant d’aviser la louve qui rodait plus loin. Elle pourrait lui faire le coup de la rejoindre près d’un arbre en passant par l’ombre, mais elle n’avait pas envie de lui donner du grain à moudre. Pas encore. Il allait falloir compter sur le fait qu’elle allait devoir se révéler un petit peu quand ils devraient affronter les sbires d’Azazel, lequel devait déjà savoir qu’il avait des rats sur son territoire.

Elle en était certaine.

Sans se dissimuler, elle approcha de la louve. Elle profitait qu’ils aient l’oasis pour eux pour retirer ses voiles et compagnie et se donner un peu d’air pour profiter de la fraîcheur de l’endroit.

« Madame la Duchesse, Inspectrice, devons nous nous inquiéter de quoique ce soit pour le moment ? » demanda-t-elle affable et sucrée.

«Rien en dehors de la faune locale, serpents, scorpions, quelques fenech et lièvres des sables sans danger. Je n’ai pas vu de caravane à l’horizon mais il peut toujours en arriver plus tard. » dit elle avec un professionnalisme des plus ennuyeux.

« Je pense que celui qui a enlevé le petit Thomas sait déjà que nous sommes ici. Pas vous ? » sonda-t-elle.

«Qu’est ce qui vous fait penser cela ? » demanda la louve toujours aussi peu loquace.

« L’ensemble de la pièce qui se joue depuis le début. Les moyens qu’ils ont mis pour arriver à leur fin, quelque chose me dit qu’ils doivent assurer leurs arrières. Je ne serai pas surprise qu’on nous mette des bâtons dans les roues. »

«Qui que ce soit, il a tissé une toile très sophistiquée et les ramifications de son organisation sont nombreuses et dépassent les frontières. Je partage en effet votre avis, il n’est pas impossible que notre présence soit déjà connue. » expliqua la duchesse en observant les alentours «Je monterai la garde ce soir, mais il me faudra aussi me reposer quelques heures, vos aptitudes seront elles d’une quelconque utilité pour m’aider dans cette tâche ? » demanda-t-elle finalement en tournant ce regard clair sur la démone.

« Je n’ai assurément pas le flair d’un loup, mais je suis certaine de pouvoir être très utile, ne vous inquiétez pas à ce sujet. Nous étions parties pour faire cette aventure à deux, notre rencontre incongrue est quelque part une bénédiction, et je tenais à vous dire... » Charlotte laissa son regard traîner sur les environs avant de revenir chercher celui de la louve. « Que je ne pensais pas vous voir ici, au final, j’ai peut-être été un peu trop prompte à vous juger. C’est que j’y tiens à mon filleul. » dit-elle avec une simplicité désarmante.

«Tous les policiers ne sont pas des ripoux Miss De Winter, et certains sont même très investis. Lorsque nous nous sommes engagés à tout faire pour retrouver l’enfant, ce n’étaient pas de vains mots. » répondit la louve tranchante avec toute la noblesse qu’elle affichait dans son port de tête.

« C’est ce que je vois. Voyez, je vous tends un peu la main, alors que je pourrai simplement déduire que vous nous surveillez et que notre rencontre n’est pas si fortuite que ça. Mais je ne pense pas, vous avez l’air parfaitement intègre. Et je ne suis pas mauvaise pour sentir les gens. » dit-elle sans se départir de sa neutralité bienveillante qu’elle affichait depuis qu’elle l’avait abordé.

«Tant mieux. » répondit la louve en reprenant sa ronde.

La démone répéta dans sa barbe ce “tant mieux” condescendant en levant les épaules. Elle avait envie de la faire chier en s’accrochant à ses basques, mais elle savait aussi prendre son temps, surtout qu’elle n’était pas décidée entre l’envie de faire amie/amie ou de continuer à les défier plus ou moins ouvertement. Elle devait savoir si elle pouvait compter sur elle d’une façon ou d’une autre ou si elle n’avait aucun intérêt.
Pour l’heure, elle laissait le toutou à ses activités de toutou. Elle devait avoir envie de se dégourdir les pattes et de renifler les troncs, loisir que Milady ne partageait pas. Sans parler du fait qu’elle n’avait pas spécialement de laisse dans les mains pour suivre son petit animal de compagnie en promenade.

Du côté du campement qui s’installait, une flamme était visible. Était-ce bien raisonnable ? En plein milieu de nul part comme ça, ils étaient visibles à des lieues à la ronde. La démone s’approcha de nouveau de l’eau, déambulant dans les herbes vertes qui venaient la caresser sur son passage. Elle se demandait si Azazel agirait rapidement ou pas. Allait-il les laisser venir à lui par plaisir et par jeu ? Après tout, ils semblaient tous les quatre assez ridicules face à une organisation aussi ténébreuse aux multiples ramifications. Tout cela n’était pas très raisonnable, Milady le concevait. Elle fonçait dans ce piège, car s’en était un, ou pas loin d’en être un, sans s’assurer d’avoir un avantage quelconque. Pas de pièce dans la manche ou de botte secrète. Sans les amulettes qui protégeaient les humains des pouvoirs de la nécromancienne, elle n’avait pas pu vraiment essayer de trouver une parade. Elle lui avait cependant fabriqué un objet qui lui permettait d’emmagasiner de la puissance pour qu’elle puisse travailler sans se fatiguer trop rapidement.

Elle devait reconnaître que ce petit bout de femme s’était donné de la peine pour essayer de mettre toutes les chances de son côté pour retrouver son fils. Elle s’était entraînée, avait donné de sa personne pour trouver des indices jusqu’à frôler la mort d’un peu trop près au goût du cauchemar, elle ne pouvait lui enlever son investissement personnel. Lequel était parfaitement compréhensible dans le sens où Thomas était la chair de sa chair et pas seulement, il était le prix de son âme et de celle de sa grand-mère et de sa mère. La démone n’était pas dupe. Si Adèle avait le choix, elle ne se serait pas vendue de cette façon. Mais… C’était ça aussi qui était amusant.

Au final, son meilleur atout restait ses deux personnes venues d’elles-même dans cet échiquier géant qui ne les concernait pas vraiment. Ils seraient leur surprise, en quelque sorte.

Si Charlotte de Winter avait une pleine confiance en elle, elle vacillait depuis cette affaire même si sa fierté l’empêchait de l’admettre et encore moins de le montrer. Cependant, elle se demandait si elle parviendrait à retrouver le petit et si elle serait de taille contre un démon plus puissant. Bien sûr, elle n’était pas non plus n’importe qui et elle voyait dans son péché mignon le summum du péché capital. Après tout, l’envie était à la base de tous les autres. La gourmandise par exemple, n’était-ce pas qu’une envie insatiable de manger ? L’avarice, comme ce cher Azazel, n’était-ce pas qu’une envie intarissable d’accumuler des richesses ? La luxure… une envie de cul, tout simplement. Tout était déclinable par elle, et elle espérait bien se servir de son aura et de sa puissance démoniaque pour paralyser ce bouc émissaire et le dévorer. Manger une essence de démon ne lui était pas arrivée depuis longtemps et cela lui mettait l’eau à la bouche d’avance.

Assise sur le bord de l’eau, elle n’avait pas tellement fait attention, mais elle s’était déchaussée et elle faisait tremper ses pieds gonflés par la chaleur, enfermés dans ces bottes de marche en cuir souple mais qui n’étaient pas très respirantes. Ses yeux acérés virent le petit serpent se faufiler dans les herbes et venir se mouiller le ventre, avant de passer mollement sur ses petons blancs qu’elle garda immobile. Elle ne craignait pas vraiment de se faire mordre, mais il serait dommage de commencer l’aventure comme ça.

Il y avait de forte chance pour qu’elle reste une bonne partie de la soirée ici. Si elle ne voyait pas ce qu’elle avait dans le dos, elle avait une large vue sur une bonne partie de l’oasis et sur le camp en face. Elle pouvait ainsi méditer tranquillement son plan et ses projets tout en surveillant les alentours de ses yeux de pie.


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La petite visite de Miss de Winter ne l’avait guère enchantée, heureusement que le petit échange avec son père l’avait détendue après ce voyage à l’atmosphère lourde. Anastasis avait instauré le grec pour qu’ils puissent communiquer entre eux sans être compris de ces dames, cela lui rappela le LuVa, plus efficace mais qui nécessite aussi plus de pratique et qui était celui qu’elle partageait déjà avec un membre de la Ligue. Il faudrait qu’ils en trouvent un autre pour eux à l’occasion, maintenant qu’il était son novice, ils seraient tous les deux amenés à faire de nombreuses missions ensemble, cela pourrait s’avérer utile dans l’avenir. Pour l’heure, le grec semblait suffire.

Il faudrait tout de même qu’elle trouve un moyen de lui faire part de ses doutes concernant la fameuse Charlotte mais pour parler de démon, le grec n’était pas le meilleur choix, les mots se ressemblant beaucoup trop dans les deux langues. Et tant qu’ils ne savaient pas ce qu’elle était, Alva devait garder à l'esprit que son ouïe et sa vue étaient peut être aussi perçantes que ses propres sens, peut être même plus.
Elle eut la satisfaction que la femme ne cherche pas à l’accompagner plus loin et elle put continuer son tour de garde tout en démarrant la chasse pour le repas du soir. Elle espérait bien débusquer l’un de ses lièvres des sables qui leur offrirait un repas correct.

Elle percevait au loin la discussion entre Anastasis et la Comtesse, celle-ci semblait plus mesurée que sa comparse, bien qu’elle soit venue en semblait il en paix tout à l’heure. Mais Alva s’inquiétait de voir son coéquipier auprès d’une femme dont le pouvoir pouvait le détruire et pire, qui avait déjà faillit le faire en Juin. Bien qu’elle n’ai rien de concret contre cette femme, en dehors de son ton parfois arrogant, cet épisode ne la quittait pas... Le visage et le regard de Gordon ce jour-là restait ancré dans sa mémoire. Elle pressa donc le pas et réussit à attraper la proie qu’elle avait repéré un peu plus tôt sans avoir à se transformer. Même si les deux femmes savaient ce qu’elle était, elle n’avait pas le souhait de leur offrir une quelconque démonstration tel un animal de foire.

Elle revint avec le lièvre au cou brisé vers le campement où Anastasis et Adèle discutaient paisiblement de se laisser une chance de se connaître. C’était louable comme démarche, mais imprudente.

« Nous aurons du lièvre pour le souper. » dit la louve en venant s’installer entre la sorcière et son coéquipier.

Son coéquipier l'accueillit avec un de ses rictus affable, comment faisait-il pour être de bonne humeur dans cette situation ? Avec sa nemesis assise à deux mètres à peine de lui!
« Parfait. » il prit le lièvre pour commencer à s’en occuper. Elle aida Anastasis à préparer le repas, Alva n’avait pas grand chose d’une cuisinière, le dragon s’en était assez souvent moqué, mais elle pouvait aider pour tout ce qui nécessitait un peu plus de force ou pour les découpes de base. Le repas chauffa tranquillement dans la casserole et la lady de Winter finit par les rejoindre après son bain de pied dans la seule source d’eau potable... en voilà une merveilleuse idée!

Chacun reçut une portion du repas et si l’atmosphère n’était toujours pas des plus festive entre ces quatre là, elle était moins tendue que sur les premiers kilomètres de la chevauchée.
En décembre, la température risquait d’être plus fraîche qu’en Août la nuit, et en plus de vérifier que ceux qui en auraient besoin aient de quoi se couvrir, il faudrait aussi organiser des tours de garde. Et si Alva n’avait confiance qu’en elle pour tenir ce rôle... elle devait bien aussi trouver le temps de dormir un peu, sinon, elle serait bien bonne à rien.

« Avez-vous emporté des couvertures ? Dans le désert, les nuits sont fraîches. »

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Ce petit bain de pied lui fit un bien fou, tant au cerveau qu’à son organisme largement malmené par la route. Milady aimait les calèches, les voitures, pas chevaucher ces quadrupèdes, tout équins pouvaient-ils être. Et à choisir, elle se demandait si ce n’était quand même pas plus reposant le dromadaire et sa démarche souple et chaloupée, mais c’était peut-être l’effet du sable, et le balancement régulier de la bestiole. Par contre, ça sentait le chameau et c’était peu de le dire.
C’était amusant quelques minutes, mais une journée complète… Elle sentait que la reprise le lendemain allait être… sportive. Elle aurait certainement l’air d’une petite vieille mais qu’importe. Il fallait bien en passer par là.

Là-bas, de l’autre côté, le repas commençait à prendre forme. Le toutou de la bande avait trouvé de quoi alimenter tout le monde. Ça économiserait leur provision, même si Milady avait compté sur ses sens d’oiseaux pour chasser si besoin était, mais manifestement, elle pourrait continuer de jouer les humaines lambdas qui sentait… quelque chose. Elle était curieuse de savoir ce qu’elle sentait, mais ce serait relancer les questions gênantes et inutiles pour le moment.

De mauvaise grâce, elle se leva. Elle savait que ce voyage s’annonçait rupestre mais ce n’était pas parce qu’elle le savait qu’elle avait forcément envie de le vivre de bon coeur. Dormir à la belle étoile, manger avec ses doigts, cuisiner comme des paysans, tout cela lui tenait en horreur. Mais il fallait faire avec. Parce que Azazel ne lui donnait pas le choix. Rien que pour ça, il devait payer.
Rassérénée par sa petite introspection avec elle-même, elle se pointa dans le cercle lumineux des flammes, qu’elle jugeait toujours comme inadapté mais tellement essentiel. Les nuits étaient fraîches dans le désert.
Sa pensée fit écho aux paroles de la louve.

« Nous avons tout ce qu’il faut pour nous tenir au chaud cette nuit, je suppose que vous aussi ? » répondit-elle aimablement après avoir remercié avec courtoisie pour l’assiette qu’on lui avait tendue.

«Oui. Nous devons aussi prévoir des tours de garde, deux heures chacun ce qui permettra aux autres de dormir six heures. » proposa la louve.

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Anastasis avait préparé le repas, sous l’aide d’Alva lui demandant ce qu’il avait niveau faune dans le coin. Un lièvre pour quatre il pouvait se ravir de s’être gorgé de soleil pour ne pas mourir de faim ! Enfin, la louve ne connaissait pas vraiment ce besoin journalier et par chance, ils ne voyaient pas dans un pays au ciel grisonnant. Il se fit la remarque qu’il devrait prendre la dernière garde pour justement s'imprégner du soleil sur son corps avant de reprendre la route. Il garda donc cette idée pour plus tard et le repas fut donc servi avec les moyens du bord, se disant qu’il était assurément le seul non noble de ce groupe hétéroclite. Enfin, jadis oui mais encore ce titre de princesse n’était dû qu'à un mariage. Il s’était toujours contenté d’être dans la classe modeste des civilisations, grimpant ou non avec ses faits d’armes en tant que soldats. En tout cas, l’endroit lui rappelait quelques souvenirs de conquêtes auprès des Grecs, son pays de cœur et aussi l’une des premières. En tout cas, il pouvait se satisfaire d’une chose, la conversation avec sa Némésis avait donner un peu d’espoir sur l’ambiance générale de ce voyage et il appréciant quand même que la louve se mette entre elles… y voyant un acte gentil de protection dont était capable Alva et ses grands airs de Duchesse sans cœur.
Niveau couvertures, il pouvait toujours donner une des siennes, il pense ne pas avoir tant besoin de ça avec la chaleur de son corps. Enfin bon, il serait plus apte à la partager avec la louve en premier lieu. Mais tout le monde avait de quoi faire.

« Je prendrais celle du matin, l'avant-dernière ou la dernière selon les préférences. »

Il savait que ni lui ni la louve allait vraiment dormir pendant la garde des deux autres femmes et pour cause, la confiance ne régnait pas ici-bas. Il allait lui soumettre l’idée de faire des veilles à tour de rôle. Mais quand ils seront plus tranquilles. Enfin, pour revenir aux titres de chacun, il devait bien avouer que les deux femmes semblaient s’y accommoder, sûrement avec dégout et par obligation mais ne se plaignait pas. Tant mieux, cela aurait été chiant ! Quant à Alva, elle était avant tout une louve qui pratique le terrain depuis longtemps, donc elle savait le faire avec la rudesse d’un voyage. Son regard se perdit dans le sable du désert et il eut un petit soupir un brin nostalgique, alors que le soleil embrassait l’horizon teintant le ciel de rouge.
« Peu m’importe pour le tour de garde, je ne dors pas beaucoup. » ajouta Charlotte.

« Je n’ai pas spécialement l’habitude de ce genre de choses. Mais je participerai. » répondit la sorcière sans grand enthousiasme.

«Dans ce cas, Comtesse, vous prendrez le premier tour, Lady de Winter le second, je prendrai le troisième et l’inspecteur Anderson prendra le dernier. » proposa Alva choisissant de coller son tour de garde à celui de Anastasis pour s’octroyer les dernières heures pour un véritable sommeil, sachant qu’elle ne fermerait probablement pas l’oeil pendant la garde des deux autres.

« Cela semble très bien. Mais, peut être pourrions nous échanger nos prénoms ? Nous allons avoir une longue route ensemble et bien que je sois attachée à l’étiquette, je pense que la situation est assez exceptionnelle pour que l’on s’en éloigne un peu, ne croyez vous pas? » demanda la Comtesse, laissant glisser son regard sur les deux policiers.

« Très bien pour les tours de garde, au moins ca nous laisse dormir d’une traite en toute confiance. » fit Milay qui n’était manifestement pas dupe et d’ajouter pour suivre Adèle : « Et la Comtesse a raison, bien que monsieur l’inspecteur le sache déjà, je me prénomme Charlotte. »
En toute confiance, elle avait l’art de faire des sous-entendus constamment elle… il soupira un peu pour ne pas s’irriter inutilement.
« Gordon. » répondit-il en se redressant pour étirer son épaule un peu douloureuse, mais surtout il sentait entre ses omoplates la plume qui … lui semblait un peu grande.

«Alva. » concéda la louve sans une once d’émotion.

« J’imagine que je n’ai pas besoin de préciser dans mon cas, mon nom complet doit apparaître assez souvent dans vos dossiers. » ajouta la sorcière sans animosité.

« C’est vrai, Adèle. » dit-il simplement, se disant qu’il allait faire un tour pour se dégourdir les jambes mais surtout vérifier si la présence de la nécromancienne alimente sa plume…

« Nous avons une bonne heure avant de commencer la garde. Prenez ce temps pour vous détendre. » toujours affable et il alla vers les affaires, retirant ses chaussures pleines de sable et marcha pied nu dans l’oasis, cherchant un dernier recoin de soleil pour se gorger de cette lumière de vie. Faisait attention d’être de dos, pour que personne ne puisse voir sur ses bras mit devant lui prendre des arabesques. Il se sentait un peu frustré de ne pas pouvoir retirer sa chemise et s’offrir au rayon du zénith mais bon… cela serait déjà pas mal.

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Le repas fut simple et un peu trop cuit mais au moins leur redonnerait il à tous des forces. La conversation resta purement factuelle et pragmatique ce qui convenait très bien à la louve qui n’avait nullement l’intention de faire ami ami avec ces deux femmes. Même si un part d’elle pouvait compatir au sort de la mère de famille, les dangers qu’elle représentaient toutes deux gardait allumés les voyants de sécurité dans l’esprit de l’agent de la Ligue. La Comtesse pouvait adopter une mine aussi gracieuse qu’elle voulait, cela n’effaçait pas encore l’attitude hautaine et déplaisante qu’elle avait affiché à leur première rencontre et certain le savait, il fallait de solides arguments pour faire changer la traqueuse d’avis face à une menace potentielle. Et comme Gordon semblait plus enclin à s’adoucir.. étrangement... elle devrait garder haut son niveau de vigilance pour deux.

D’ailleurs, son coéquipier s’éclipsa, laissant les trois femmes terminer leur repas dans une atmosphère silencieuse qu’Alva maintenait après avoir été plus ou moins obligée de donner son prénom. Qu’elles s’étranglent en le prononçant, ils seraient débarassés...
Elle soupira intérieurement... même si elle n’appréciait pas leur compagnie, elle ne devait pas oublier que dans l’affaire présente, Adèle était une victime et non un coupable, elle se devrait alors de la ramener en vie avec son rejeton et de s’assurer que la Ligue les garderaient à l’oeil afin qu’elle puisse assouvir cette petite pulsion négative dès qu’elle aurait les preuves pour que ce soit une forme de justice plutôt qu’un meurtre.

Elle récupéra les quelques ustensiles et alla jusqu’au point d’eau pour les nettoyer... nul doute qu’un certain dragon serait en train de se moquer d’elle s’il la voyait faire... Après la pâtisserie, elle continuait dans l’apprentissage de la vie de bonne ménagère... crétin! Elle alla jusqu’aux sacs pour les ranger puis rejoignit son coéquipier.
«Tu vas bien ? » demanda t’elle en grec en fixant l’horizon rougeoyant.
Anastasis se tourna vers elle, elle put entrapercevoir ses bras briller d’arabesques. Elles avaient perdu de la lumière quand elle l’avait surpris, mais voyant que s’était-elle, les couleurs reprirent en intensité.
« Hum. Oui et toi ? … Je pense que pour le tour de garde des deux lady, nous devrions sommeiller chacun notre tour pour être certain de ne pas avoir de coup bas. »
« Ça va. » répondit la louve a s’asseyant «Je n’avais pas vraiment prévu de dormir avant ton tour de garde. As tu assez mangé ? »

« Je prends le second tour de veille, on se partage. Je n’ai pas tes sens, mais j’ai eu l’habitude durant les guerres de faire des tours de gardes. Pour la nourriture : je suis en train de le faire. » dit-il en la rejoignant à terre tout en laissant ses bras s’illuminer. « Si nous étions seuls, je me gorgeais plus en retirant ma chemise mais bon… on va éviter de donner du grain à moudre à madame mystère…. » dit-il avec une pointe d’ironie.
« D’accord, je surveillerais la sorcière et tu surveillera la.... » Elle ne voulut pas prononcer le mot car même en grec il ressemblait bien trop au mot anglais alors elle traça les lettres dans le sable D.E.M.O.N « Je n’en suis pas totalement sûre mais il y a quelque chose dans son odeur qui ressemble à certains d’entre eux. » Elle effaça les lettres aussitôt que Anastasis avait posé les yeux dessus.

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